dimanche 25 novembre 2018

Bohemian Rhapsody


Bohemian Rhapsody retrace le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie, découvrez la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique.


On ne présente plus Queen, ce groupe britannique de rock devenu culte, ni son chanteur, le si flamboyant Freddie Mercury qui nous a quitté il y a 27 ans hier. Quand on y pense, que cette célèbre personnalité et au groupe auquel il a appartenu aient droit à leur propre film, ça n'a rien de surprenant en soi.

Bohemian Rhapsody est donc un biopic retraçant l'histoire du groupe, et plus particulièrement celle de son chanteur. Les grandes étapes de sa vie sont évoquées : la vie avant Queen lorsqu'il n'était que Farrokh Busara ; sa rencontre avec Brian May et Roger Taylor, alors musiciens dans un groupe de musique pour étudiants et l'appropriation de ce groupe qui donnera naissance à Queen ; les premiers succès du groupe, rejoint par son dernier membre, John Deacon ; son baptême autoproclamé en Freddie Mercury ; sa relation avec Mary Austin son premier amour ; comment il a révolutionné le monde de la musique à l’époque, son insolence assumée devant les pontes des maisons de disques, les hauts et les bas de la gloire, sa sexualité, sa rencontre avec Jim Hutton, celui qu'il considérera comme son mari, ses nombreux chats, etc. C'est l'histoire d'un Freddie flamboyant, terriblement doué et audacieux, mais parfois seul...

Lorsque je suis allée voir ce film pour la première fois, je ne connaissais que très peu de choses sur Queen mais j'appréciais assez ce groupe, et surtout son chanteur, pour être attirée par l'idée de ce biopic. Puisque je n'étais pas une puriste, j'ai été éblouie par le film, et ignorante des changements décidés par les producteurs. J'avais été si conquise par ce film qu'en sortant de la salle de cinéma, je n'avais qu'une envie : en apprendre le plus possible, et écouter encore une fois leurs chansons pour rêver à nouveau. Maintenant que j'en sais un peu plus sur le groupe, je suis allée revoir le film avec un œil plus critique, et assez déroutée par les différences par rapport à la réalité historique. Le personnage de Mary Austin, notamment, dont le rôle a été magnifié à l'extrême et à qui les producteurs ont donné beaucoup plus d'importance que nécessaire. Je peux comprendre l'intérêt de montrer l'importance de Mary dans la vie du chanteur, et l'attrait pour le trope "Derrière chaque grand homme, il y a une femme", mais je trouve déroutant l'importance accordée à Mary et le fait que nous voyons un Freddie pathétique car encore jaloux et possessif envers la jeune femme, alors que dans la réalité, ils sont restés de très bons amis.



Freddie Mercury au concert de
Madison Square Garden le
27 juillet 1983.

Les producteurs ont également cherché à ajouter du drame en faisant se séparer le groupe à un moment de leur carrière, lorsque Freddie a souhaité faire une carrière solo. S'il est vrai que Freddie Mercury a bien tourné quelques albums solo, il n'est ni le seul, ni le premier membre du groupe à l'avoir fait et cela n'a certainement pas fait se séparer le groupe qui, malgré des brouilles et des disputes, ne s'est jamais séparé. Cependant, les producteurs ont du décider de faire ce choix pour ajouter du drame à l'intrigue, tout comme leur choix d'avancer la date où Freddie a découvert être atteint du SIDA (il a été diagnostiqué en 1987, mais deux ans avant dans le film).


Je déplore également le fait que le personnage de Jim Hutton soit minime, puisqu'il est le dernier compagnon dans la vie du chanteur et que leur histoire d'amour était telle qu'ils se considéraient comme mariés. De ce point de vue, je partage l'avis de Rami Malek qui avait souhaité explorer davantage cet aspect de la vie du célèbre chanteur, et l'importance de la relation entre les deux hommes. Je déplore donc beaucoup de changements qui ont été fait dans ce film, même si c'était surtout pour ajouter du drame à l'histoire. J'admets néanmoins qu'adapter l'histoire de Queen, et plus particulièrement de son chanteur Freddie Mercury, est un projet ambitieux sur lequel il aurait été facile de se casser les dents, tant la vie du chanteur a été riche et flamboyante. Il y a tant à dire et seulement deux heures pour raconter le plus possible. Forcément, cela paraît peu et des éléments ont du être écartés, modifiés, sinon évoqués de façon superficielle.

Malgré ces libertés et incohérences qui me chagrinent, je trouve que Bohemian Rhapsody est un biopic relativement réussi dans l'ensemble, et que Rami Malek mérite définitivement un Oscar pour son rôle tant il a été spectaculaire ! Il a fait un travail remarquable, on voit qu'il y a mis tout son cœur et son âme et qu'il a fait du travail de recherche et s'est adapté à son look pour reprendre les faits et gestes ainsi que la façon de parler de Freddie à la perfection. Il admire énormément cet homme et ça se voit, ça se sent, et on ne peut que s'incliner face au talent de l'acteur. C'est une performance parfaitement réussie, mais les autres acteurs ne sont pas non plus en reste (notamment avec Ben Hardy qui joue Roger Taylor).

Si l'on choisit d'ignorer les incohérences prises dans le film, l'histoire est prenante. On rit et on pleure en suivant Freddie Mercury. Les chansons qui accompagnent l'histoire rythment le film et nous donne plus qu'envie d'écouter leurs chansons pour s'en imprégner encore et raviver des souvenirs grandioses de ce groupe mythique. On est vraiment pris dans l'histoire, et réécouter ces chansons est un pur plaisir !




Scène de l'enregistrement de la chanson Bohemian Rhapsody, dont le
film tire son titre. Cette chanson, que l'on disait qu'elle serait invendable à cause
de sa durée (six minutes !) est devenue l'un des plus grands succès du groupe.

Il me reste toutefois un dernier regret concernant l'histoire (attention, spoilers !) :

J'aurais voulu que le film se termine avec le groupe enregistrant The Show Must Go On, l'une des dernières chansons, la plus culte,  de Freddie Mercury et la réaction des fans écoutant ce dernier morceau, car Freddie a mis tout son cœur pour cette chanson considérée comme son testament musical. La chanson est présente uniquement dans le générique de fin, alors qu'elle aurait mérité d'avoir sa place dans ce film. 

Ce choix peut cependant s'expliquer par le fait que Freddie était déjà bien malade lors de l'enregistrement de cette chanson, et que ce biopic n'avait pas pour ambition de montrer explicitement sa maladie et ses dernières années, mais d'être une célébration de sa vie et que montrer un Freddie mal en point en train d'enregistrer sa dernière chanson aurait été contradictoire.

Je trouve cependant dommage que le film s'achève sur le triomphe de Queen lors du concert caritatif de Life Aids, alors que ce n'est pas l'apogée du groupe, et qu'il y avait encore tant à montrer ! Je peux comprendre le désir de ne pas montrer les dernières années de la vie du chanteur, mais je pense que montrer sa force de caractère lorsqu'il a fallu faire les derniers enregistrements  pour terminer sur l'enregistrement de The Show Must Go On aurait été une façon parfaite de conclure ce film.

Malgré tout, Bohemian Rhapsody est un biopic relativement réussi, malgré les nombreuses libertés prises et les incohérences par rapport à la réalité historique. Il ne faut pas oublier que, biopic ou pas, cela reste un film romancé, et qu'il ne faut pas prendre comme parole d'évangile. Malgré mes reproches et mes regrets, je reconnais que c'est un film avec de nombreuses qualités, et il ne saurait en être autrement puisqu'il a été produit avec l'aide de Brian May et Roger Taylor, tous deux membres de Queen. Malgré tous les défauts que je peux trouver à ce biopic, je ne peux nier que c'est ce film qui m'a fait redécouvrir Queen et qui m'a fait véritablement tomber amoureuse de ce groupe et de son exceptionnel chanteur...

Bref, on en prend plein la vue au niveau des costumes, des décors, de la performance des acteurs et surtout de la musique ! C'est un film qui sent bon le rock, et qui reprend la plupart des hits du groupeDans la salle de cinéma, les gens ont ri et pleuré, j'ai rarement vu ça pendant une séance et c'était une expérience merveilleuse à vivre. Est-ce un film que je recommande ? Oui, très certainement ! En gardant toutefois à l'esprit que c'est une histoire qui a été romancée et qu'il ne faut pas croire que tout ce que dit ce film est réalité ;) cependant, Queen méritait bien son biopic, et les fans apprécieront !

mardi 13 novembre 2018

Les jours sucrés - Loïc Clément et Anne Montel.


À 25 ans, Églantine apprend le décès de son père et part pour Klervi, le village breton de son enfance. Elle y retrouve sa vie d'avant, ses souvenirs et la pâtisserie paternelle (qui est désormais la sienne), mais aussi Gaël, son amoureux de l'époque, sa tante Marronde et tous les chats du village. Surtout, elle découvre le journal intime de son père. Il y a mis tous ses secrets de vie et de cuisine. Un véritable guide pour Églantine. Et si c'était l'occasion d'un nouveau départ ?


Si un jour, vous avez le moral dans les chaussettes ou tout simplement une envie d'illuminer un dimanche gris ou pluvieux, je vous conseille cette petite douceur, accompagnée d'une tasse de thé ou de chocolat chaud avec une pâtisserie ! Car oui, le moral n'est pas toujours au rendez-vous, et j'avais besoin d'un petit moment de douceur que ce titre, Les Jours Sucrés, a su m'apporter.

Dans cette histoire, nous suivons Églantine, jeune femme de 25 ans, un peu le cliché de la Parisienne stressée, ronchonne, et légèrement égocentrique, qui balance entre ses clients jamais satisfaits et une relation compliquée avec son patron. Son quotidien est bouleversé par le coup de fil d'un notaire lui apprenant le décès de son père, qu'elle n'a pas revu depuis l'enfance, et qui l'oblige à retourner dans sa Bretagne natale. À peu à l'instar du film Bienvenue chez les Ch'tis, c'est le cliché de la Bretagne grise et pluvieuse qui attend Églantine qui n'a qu'une hâte : régler au plus vite cette histoire d'héritage et reprendre la vie qu'elle a laissé à Paris. Vous vous en doutez un peu, tout ne va pas se passer comme prévu car la jeune femme apprend qu'elle hérite de la boulangerie de son père, baptisée Brav eo.

Cette histoire n'apporte évidemment pas une intrigue originale puisque c'est un thème qu'on voit souvent, particulièrement dans des feuilletons de noël. On retrouve le thème classique de la personne qui va plaquer sa vie de Parisien.ne pour la vie paisible de la province et reprendre le commerce d'un proche et le faire renaître de ses cendres. Seulement, le côté prévisible n'empêche pas de découvrir une jolie petite histoire qui fait chaud au cœur.

Nous retrouvons le thème du retour aux sources avec notre héroïne qui redécouvre sa Bretagne natale. Là-bas, elle retrouve également Gaël, son ami d'enfance qui propose du soutien-scolaire aux enfants du village, ainsi que Marronde sa tante loufoque, souvent entourée de chats et de canards. Cette bande-dessinée reprend aussi le thème des secrets de famille qui refont surface à travers la famille d’Églantine, ainsi que quelques flash-back de son enfance qui apportent un brin de nostalgie à l'ouvrage. Car, oui, si cette bande-dessinée apporte sa dose de douceur, les auteurs abordent différents thèmes tels que l'abandon, la filiation, le poids des secrets familiaux… ainsi que le problème des petites villes et des villages qui sont peu à peu désertés.

À travers cette intrigue où Églantine reprend la boulangerie et tente de la faire revivre de ses cendres, tout en étant confrontée aux souvenirs de son passé que son retour au village lui cause, nous assistons à son évolution de jeune femme blasée qui ne veut pas se reconnecter à son passé et reprendre sa vie à Paris à une personne qui va progressivement s'épanouir dans son village natal et comprendre un peu mieux son passé. Comme notre héroïne, je me suis posée des questions sur son passé, je voulais découvrir le fin mot mais au final, l'histoire se termine mieux qu'elle n'a commencé, avec Églantine qui s'est réconciliée avec son passé et qui est devenue une jeune femme plus apaisée qu'elle ne l'était au départ. 

Ainsi, malgré ses moments doux et drôles, l'histoire a ses quelques moments où l'on se plonge dans la contemplation. Alors certes, l'histoire est prévisible et cliché comme un feuilleton de noël bien guimauve, mais jamais on ne sombre dans la mièvrerie, il y a juste ce qu'il faut, comme une pâtisserie parfaitement dosée et c'est savoureux à lire !

Les dessins accompagnent très bien le côté doux de l'histoire. Le style de dessin est doux, aéré, dépourvu de cadre, au trait simple mais efficace avec des couleurs claires, dans des tons pastels, c'est semblable à de l'aquarelle et ça ne pouvait que me plaire ! L'histoire est également divisée en chapitres et chaque chapitre débute par un nom de pâtisserie (collant avec le contexte du dit-chapitre) ainsi qu'une petite scénette avec les matous du quartier, ce qui est un bonus fort appréciable ! Ajoutons à cela des personnages attachants, avec mention spéciale pour Marronde, la tante loufoque, gourmande avec un caractère fort, qui aime taquiner Mei, la collègue de sa nièce. 

Je n'ai pas grand-chose à ajouter, sans risquer de spoiler. Je retiendrais simplement des Jours Sucrés comme étant une histoire douce et réconfortante comme une pâtisserie, avec une atmosphère cosy et chaleureuse, sans excès. Bref, une bande-dessinée qui se dévore !