mardi 31 mai 2022

Ice Cream Summer Challenge 2022

 

Je participe fidèlement depuis quelques années au Pumpkin Autumn Challenge et au Cold Winter Challenge et j'ai tenté l'expérience du Blossom Spring Challenge. Il me fallait bien un challenge estival pour boucler la boucle ! Alors que j'avais mes yeux sur le Magical Summer Challenge, aucune nouvelle n'a été donnée de la part de l'organisatrice. Par chance, j'ai découvert le Ice Cream Summer Challenge, tout chaud, tout beau, organisé par Kevin dont c'est la première édition cette année ! 

Ce challenge reprend la même recette que les trois autres challenges saisonniers. Il se déroule du
1er juin au 31 août 2022, avec différentes façons de le valider. À l'instar du challenge printanier, j'ai décidé d'être raisonnable et de me tenir qu'à un livre par sous-catégorie et en essayant de me tenir à ma PAL de départ, même s'il est probable que je change un ou deux titres.

Plus d'informations sur le challenge sur la vidéo ci-dessous :




En avant pour la PAL avec des visuels que j'ai réalisé moi-même (parce que j'aime souffrir et faire des visuels pour les challenges)








- L'île au trésor, de Robert Louis Stevenson

La vie du jeune Jim Hawkins bascule le jour où un marin ivrogne et balafré s'installe dans l'auberge tenue par ses parents. 

Qui est réellement celui que l'on surnomme le "capitaine" ? Pourquoi se cache t-il ? 

Une nuit, des pirates attaquent l'auberge. Jim n'a que le temps de s'enfuir, emportant avec lui le secret du vieux forban : la carte d'une île abritant un fabuleux trésor...





- Les vacances d'Hercule Poirot, de Agatha Christie

Hercule Poirot aimerait bien passer des vacances tranquilles. Une petite île, un hôtel agréable, une cuisine soignée, des pensionnaires charmants. 

Tout irait pour le mieux si, au milieu des estivants, ne tournait Arlena Marshall, une de ces femmes fatales qui font perdre la tête aux hommes. 

Mais était-ce une raison pour l'étrangler ?





- L'incroyable voyage de Coyote Sunrise, de Dan Gemeinhart

Coyote, douze ans, vit avec son père Rodéo dans un vieux bus scolaire. Ensemble, ils sillonnent les États-Unis au gré de leurs envies, embarquant parfois quelques auto-stoppeurs à l'âme en peine.

Quand Coyote apprend que le parc de son enfance va être détruit, elle décide de tenter l'impossible : convaincre son père de traverser le pays en quatre jours pour arriver avant les bulldozers. Un défi de taille, puisque ce dernier a juré de ne plus retourner sur les lieux de la tragédie qui les a précipités sur les routes, cinq ans auparavant.

Mais le voyage est parfois plus important que la destination...






- Heartstopper, tomes 1 à 4, de Alice Oseman 


Ceci est l'histoire de deux lycéens. Nick, le rugbyman au sourire solaire. Charlie, le musicien au cœur solitaire. Parce qu'ils évoluent dans des cercles différents, parce qu'ils n'ont pas le même caractère, leur amitié n'était pas gagnée. 

Pourtant, petit à petit, de façon irrésistible, Charlie tombe amoureux. Même s'il sait que Nick aime les filles. Même s'il sait qu'il n'a aucune chance. 

Alors, pour ne pas mettre en péril cette amitié naissante qui compte pour lui plus que tout, Charlie préfère garder le silence...







- Joyland, de Stephen King

Après une rupture sentimentale, Devin Jones, 21 ans, débarque l’été 1973 à Joyland, petit parc d’attraction sur le littoral de la Caroline du Nord. Il est embauché avec d’autres étudiants pour compléter l’équipe de forains, à la fois étrange et joyeuse. Sa rencontre avec un petit garçon doué de voyance, atteint d’une maladie grave, et surtout de sa mère, va changer la vie de Devin. 

Obsédé par le mystère du train fantôme soi-disant hanté par le spectre d’une femme égorgée 4 ans auparavant, le jeune homme se lance dans l’enquête. Un nouveau meurtre est-il possible ? Parviendra-t-il à l’éviter ? Une chose est sûre, l’aventure le changera à jamais...



- Un océan d'amour, de Grégory Panaccione et Wilfrid Lupano 


Chaque matin, Monsieur part pêcher au large des côtes bretonnes. Mais ce jour-là, c'est lui qui est pêché par un effrayant bateau-usine. 

Pendant ce temps, Madame attend. Sourde aux complaintes des bigoudènes, convaincue que son homme est en vie, elle part à sa recherche. 

C'est le début d'un périlleux chassé-croisé, sur un océan dans tous ses états. Une histoire muette avec moult mouettes.









- Et que quelqu'un vous tende la main, de Carène Ponte

Le Jardin des Cybèles est une maison de repos qui accueille des personnes abîmées par la vie. Cet été-là, elle ouvre ses portes à deux nouvelles pensionnaires : Valérie et Anna.

Quelques jours après leur arrivée, elles font la connaissance de Charline, la propriétaire d’un petit salon de thé voisin. Ce lieu chaleureux devient un véritable refuge pour les deux femmes, qui adorent s’y retrouver pour déguster des gâteaux tout en bavardant.

Mais une nouvelle dramatique va chambouler l’existence de Charline et perturber ce fragile équilibre. Valérie et Anna décident alors de mettre leur propre souffrance de côté pour épauler leur amie dans cette terrible épreuve. Toutes trois embarquent pour une virée au bord de la mer. Le temps de ce séjour improvisé, elles comptent bien réapprendre à profiter de la vie?!





- Ne m'oublie pas, de Alix Garin

La grand-mère de Clémence souffre de la maladie d'Alzheimer. Face à son désespoir, elle prend la décision de l'enlever de la maison de retraite et de prendre la route en quête de l'hypothétique maison d'enfance de sa mamie. 

Une fuite, une quête, un égarement, l'occasion de se retrouver ? 

À moins que ce ne soit plutôt des adieux...






- Félin pour l'autrede Wataru Nadatani

Kensuke Fuji vit un drame… Il adore les chats, mais ces derniers ne le calculent pas !

Ses sœurs y étant allergiques, le lycéen n’a jamais eu la chance d’avoir eu un matou à la maison, et il n’a pas vraiment le mode d’emploi pour leur plaire...

Sa vie bascule le jour où disparaît Tamako, une charmante chatte de gouttière qu’il croisait tous les matins. Parti à sa recherche, Kensuke va faire la rencontre de Jin Nekoya, un "maître chat", qui comprend parfaitement le langage félin. Désormais, le lycéen fera tout pour devenir le disciple de Jin, quitte à accepter les défis les plus improbables, et enfin se faire aimer des chats !

Tout ça sous le regard halluciné de Yamada, une copine de lycée…







- Small Space (T.4) Empty Smiles, de Katherine Arden

It’s been three months since Ollie made a deal with the smiling man to save her friends’ lives and vanished without a trace. Coco, Brian, and Phil are beginning to worry if they’ll ever see Ollie again when they find a mysterious note, possibly from Ollie, on a poster for a traveling carnival set to arrive in town. With their clue in hand, the friends attempt to track Ollie down at the carnival, but the sinister clowns running the show have alternate, horrifying plans and suddenly no one is safe.

With only one way to get Ollie back and to save their town for good, Coco and Brian must play the smiling man’s games one last time, but they only have until sunrise—or game over.


Le livre sortant au mois d'août, si je ne parviens pas à me le procurer d'ici là, alors je me pencherai sur le livre ci-dessous :


- Outlaws, de Lena Shartiaud

James Lloyd est un trappeur, autant dire une espèce en voie de disparition dans un Nouveau Monde où s’achève la conquête de l’Ouest. Criblé de dettes et directement menacé par les nouvelles lois fédérales destinées à réguler son activité, il n’a d’autre choix que d’accepter la surprenante proposition du shérif Philips. Pour sauver sa peau, James endosse le rôle du chasseur de primes et se lance sur les traces du tristement fameux gang Morrison. On raconte que ces hors-la-loi de la pire espèce ne reculent devant aucune bassesse lorsqu’ils attaquent diligences et convois.

Les approcher sans éveiller leurs soupçons n’est pas une mince affaire et James se voit contraint de se faire passer pour un fuyard. Proposant de guider le gang à travers les Rocheuses pour leur éviter les ennuis, il découvre très vite que Philips est loin de lui avoir dit toute la vérité. Si Morrison et ses hommes sont bel et bien des voleurs, ils ne sont pas pour autant les monstres que l’on se plait à décrire dans les saloons. Petit à petit, James se retrouve happé par cette drôle de famille où il se sent plus à sa place que nulle part ailleurs...



- Carlifornia Dreamin', de Pénélope Bagieu 


Ellen naît en 1941 dans une famille juive de Baltimore et, petite déjà, rêve de devenir chanteuse. 

Sa voix est incroyable, mais sa personnalité aussi excentrique qu'attachante cache une faille de taille : Ellen est boulimique. Et grosse. Trop grosse pour espérer un jour devenir une star. 

Pourtant quand, à 19 ans, elle devient Cass Elliot, c'est pour échapper à son avenir de vendeuse de pastrami et tenter sa chance à New York ! C'est là que, happée par la folk de l'époque, Cass tombe amoureuse de Denny, le chanteur des Journeymen…






- Mermaid Prince
de Kaori Ozaki

Mugi a déménagé à Okinawa, tout au sud du Japon. 

Il connaît quelques difficultés à s'intégrer dans son nouvel environnement, ce qui donne du souci à Matori. Car, depuis que Mugi a été gentil avec elle au moment où elle en avait le plus besoin, celle-ci le considère comme son prince charmant. 

Suite à quelques frictions avec son beau-frère, Mugi se retrouve chez la jeune fille, où il découvre l'histoire de la sirène qui exauce tous les désirs



Un bon challenge à toutes et à tous !



mercredi 18 mai 2022

The Corpse Queen - Heather M. Herrman

Alors que sa meilleure amie Kitty vient de mourir dans des circonstances mystérieuses, Molly Green, orpheline de dix-sept ans, découvre l'existence d'une tante dont elle ne savait rien.

Richissime, Ava est disposée à prendre la jeune fille sous son aile... à condition que celle-ci soit prête à en payer le prix. Car Ava a bâti sa fortune en pillant des tombes pour revendre les dépouilles à des étudiants en médecine avides d'apprendre la chirurgie. Et elle veut que Molly l'aide à se procurer les corps.

Or à Philadelphie dans les années 1850, une jeune fille non mariée n'a que peu de perspectives. De plus, Molly est bien décidée à remonter la trace de l'étudiant qu'elle pense être l'assassin de Kitty. Elle accepte donc et découvre son nouveau métier... mais surtout, les leçons d'anatomie du docteur LaSalle, qui vont la fasciner. Mais à cette époque, aucune femme n'est censée étudier pour devenir chirurgienne. Et alors qu'un meurtrier sévit en ville et que la mort de Kitty reste impunie, la poursuite du savoir devient pour Molly une danse... mortelle.


Molly Green a 16 ans lorsqu'elle est confrontée au décès brutal de Kitty, sa meilleure amie, retrouvée mutilée, et lorsqu'Ava, une mystérieuse tante dont elle ne connaît rien la tire de son orphelinat pour lui proposer une vie confortable dans sa demeure à Philadelphie ainsi qu'un travail hors du commun qui demande la plus grande discrétion ainsi qu'un sang froid à toute épreuve ! Car sa mystérieuse tante se cache derrière le plus grand trafic de cadavres de Philadelphie avec pour objectif de fournir son ami médecin pour ses cours clandestins d'anatomie et de médecine. D'abord choquée, Molly décide de mettre à profit cette occasion inespérée d'avoir un toit sous sa tête, une vie confortable ainsi que l'opportunité d'enquêter sur la mort de Kitty... car dans les rues de Philadelphie rôde un assassin qui se plaît à mutiler ses victimes.


L'auteure nous transporte dans la Philadelphie du XIX e siècle dans une ambiance aussi sombre et glauque que les rues de Whitechapel durant le règne de Jack l’Éventreur... Le cadre de l'histoire ainsi que son assassin ne sont d'ailleurs pas sans rappeler ce célèbre tueur en série.


L'intrigue est assez intéressante pour qu'on ait envie de découvrir la suite, et flirte avec deux mystères : celui de la mort de Kitty, et celui de l'assassin de Philadelphie, le Boucher, en installant le cadre original de trafic de cadavres pour des cours d'anatomie et de médecine où le médecin enseignant privilégie les corps avec une certaine particularité, les curiosités.


Sans mauvais jeu de mot, les personnages m'ont laissé de glace. Je reconnais leur valeur en tant que personnages, leur intérêt ainsi que leurs qualités, notamment notre héroïne Molly. Elle est intelligente, courageuse, ambitieuse, pleine de compassion, avec un côté froid et calculateur et ce fut intéressant de la voir évoluer dans ce monde macabre et original. L'une de ses plus grandes qualités, c'est le soin et le respect qu'elle porte aux défunts, elle se soucie d'eux, leur dépouille, leur vie passée, sans même les connaître, et malgré le brin de romance qui apparaît dans le roman, j'ai apprécié que l'auteure n'en fasse pas un thème central. Tom et Ginny, les amis de Molly, sont sympathiques mais sans plus. Je ne me suis pas attachée aux personnages de manière générale bien que Molly soit une héroïne assez plaisante et Ava, sa tante m'a beaucoup intrigué, j'aurais aimé en savoir plus sur elle et sur sa vie.


La force du roman, c'est son ambiance. C'est sombre, c'est poisseux, c'est dangereux. On est à l'aube de la médecine moderne et tout un trafic de cadavres s'organise pour fournir les médecins et étudiants en médecine. C'est un roman qui explore les progrès de la médecine dans les années 1850, la difficulté de recevoir un enseignement de qualité et de devenir médecin à l’époque, la principale difficulté étant de se procurer des cadavres frais pour les travaux pratiques, ainsi que les questions d'éthique face aux progrès de la médecine, le respect des corps. Il est aussi question de la condition de la femme au XIXe siècle, ce qui en fait un roman féministe avec une héroïne prête à tout pour travailler dans ce domaine très masculin qu'est la médecine et ne pas se laisser submergée par ses collègues masculins qui cherchent à la décourager.


C'est un roman très visuel dans ses descriptions, on assiste en effet à plusieurs scènes d'autopsie ainsi qu'un accouchement, certains passages sont assez détaillés et gore. Âmes sensibles s'abstenir.


L'intrigue reste plaisante et intéressante, bien que je lisais sans être tenue en haleine, en attendant qu'il se passe quelque chose d'un peu plus palpitant, sans pour autant m'ennuyer. J'ai été déstabilisée par certaines scènes, et je ne parle pas des scènes macabres mais plutôt quand [spoiler] Molly va au club/bar/cabaret/trucmuche avec Tom et Ginny et que celle-ci la pousse un peu sur la scène avec les autres danseuses et qu'elle s'illustre dans le maniement du fouet, jusqu'à se faire appeler la reine du fouet, mais quoiiii ?? dans QUOI je suis tombée ? [/spoiler], je n'ai pas bien compris l'intérêt ou le divertissement de ces scènes. Cela dit, tout s'enchaîne vite vers la fin qui devient une vraie course contre la montre, les révélations sur l'assassin qui s'accompagne d'un autre plot twist que je n'ai pas vu arriver (mais cela explique les flash-backs que l'on trouve à chaque début de partie de roman, on comprend à qui correspondent ces flash-backs et nous permettent de voir un personnage sous un jour nouveau)


En résumé, un thriller « jeunesse » glauque et mystérieux qui me donne déjà envie d'être à Halloween. J’ai aimé l’ambiance qui se dégage du roman et l’intrigue tient suffisamment en haleine pour que les pages se tournent facilement. J’ai toutefois ressenti quelques longueurs et je n’ai pas su m’attacher aux personnages.


Molly s'aspergea le visage d'eau froide pour chasser les cauchemars. Dans ses rêves, Kitty était  devenue la femme du journal et s'apprêtait à se marier. Le Boucher, vêtu d'habits en lambeaux sortis tout droit d'une tombe, avait mené sa fiancée sans tête jusqu'à l'autel de l'église d'Ava. Mais malgré ses efforts, Molly n'était pas parvenue à voir le visage du tueur. Elle les avait suivis, jetant non pas des pétales de fleurs, mais des cendres dans le sillage de Kitty.

Chapitre 25.

jeudi 12 mai 2022

Les femmes et le sexe dans la Rome antique - Virginie Girod.


Dans une épigramme adressée à sa femme, Martial écrivait : « Je veux bien que tu sois une Lucrèce pendant le jour tout entier, mais c'est une Lais qu'il me faut la nuit. » Ce vers décrit tout le paradoxe de l'érotisme féminin dans l'Antiquité romaine.

Comme une même femme ne pouvait pas être tout à la fois le parangon de la chasteté et une amante dépravée, Virginie Girod montre que les femmes furent classées en catégories et comment leur statut social encadrait leur vie sexuelle en fonction de règles morales établies par les mythes politiques romains et par la religion. La femme mariée, la matrone, se trouvait cantonnée dans un rôle reproducteur dénué de sensualité. C'était aux prostituées (esclaves, affranchies ou plus rarement libres) qu'il incombait de distraire sexuellement les hommes.

Alors, le corps féminin érotique et le corps féminin reproducteur étaient-ils deux choses résolument différentes ? Comment les femmes vivaient-elles la sexualité au quotidien ? Quelles pratiques étaient autorisées ou non et pour qui ? Les grandes figures féminines de l'Empire telles que Messaline ou Agrippine la Jeune étaient-elles représentatives de la vie quotidienne de toutes les Romaines ? Finalement, les Romains étaient-ils des débauchés prêts à toutes les transgressions pour leur plaisir ou ont-ils posé les jalons des normes qui ont régi, des siècles durant, la sexualité occidentale ?

À l'aide d'une documentation considérable, Virginie Girod répond à ces questions pour apporter une nouvelle réflexion sur la condition de la femme romaine.


Cela fait déjà un petit bout de temps que je suis Virginie Girod sur les réseaux sociaux, et que je la découvre dans des documentaires historiques (notamment Secrets d'Histoire). Il était temps que je mette la main sur ses écrits, en particulier ce titre qui me faisait envie depuis un moment.


Dans cet ouvrage, Virginie Girod questionne la représentation des femmes dans la Rome antique, sa place dans la société romaine et ce que le sexe nous révèle sur cette société, ses codes, ses enjeux, en choisissant pour cadre l'Empire romain qui a été une période charnière pendant laquelle les mœurs ont subi une révolution, un élan de liberté favorable aux femmes, des changement et enrichissement sociaux.


L'auteure nous offre une étude détaillée et complète sur le sujet, en s'appuyant sur différentes sources : littéraire, juridique, épigraphique, archéologiques, ainsi que les recherches historiques. Divisé en trois grandes parties et différentes sous-parties, l'ouvrage aborde tous les thèmes et aspects liés à la sexualité féminine : les pratiques sexuelles, les interdits, la contraception, l'avortement, les critères de beauté, etc.  Certains peuvent lui reprocher sa forme plutôt scolaire, et il est vrai que la construction de l'ouvrage ainsi que celle du texte (phrase d'accroche, sujet, conclusion) ne sont pas sans rappeler les mémoires et dissertations d'histoire, ce fut d'ailleurs le sujet de thèse de l'auteure avant d'être publié mais personnellement, je trouve le livre parfaitement structuré, on s'y retrouve aisément, et j'avoue que cela m'a déclenché une certaine nostalgie de mes années en fac d'histoire...



Virginie Girod, historienne et spécialiste de
l'histoire ancienne, l'histoire des femmes et de la sexualité

L'auteure maîtrise à merveille son sujet et nous permet d'en apprendre plus sur la femme romaine et son rôle dans la société. La Romaine idéale était vertueuse, pas querelleuse ni dépensière. Elle savait contrôler son langage et ses passions (il valait mieux, afin de préserver l'honneur de son mari). Elle était complaisante, se livrait sans retenue aux travaux domestiques. Elle devait être chaste, fidèle et féconde pour faire le bonheur de son mari. Sa fécondité était sa plus grande qualité. Si l'on reproche à la femme romaine quelques défauts (la curiosité, le goût des cancans, la jalousie, être dépensière), ceux-ci pouvaient être tolérés, à condition qu'ils ne mettaient pas en danger l'honneur de l'époux. 


Avant d'aborder la sexualité des Romaines et leur rôle dans la société romaine, Virginie Girod aborde en première partie les lois et la morale qui fixent le comportement sexuel de la femme et ancrent son rôle dans la société


Tout d'abord, à travers la place des femmes dans les mythes romains et ce que cela nous révèle sur la figure de la femme, des figures héroïques ou non, illustrant la bonne ou la mauvaise Romaine. Par exemple, Rhéa Sylvia dont le rôle a été procréateur car elle a donné naissance aux fondateurs de Rome ; les Sabines, femmes du peuple des Sabins qui ont été enlevées par les Romains, alors que Rome était une toute jeune cité, afin d'être des épouses et des mères ; Lucrèce, qui a préféré se suicider pour préserver l'honneur de son mari, après avoir été violée, plutôt que d'incomber à son mari une femme dont la pureté et l'honneur ont été souillés. Mais il existe aussi des figures moins honorables telles que Tarpéia et Tullia qui symbolisent le stupre et l'ambition.


Les femmes prenaient également part à des cultes autour de la fécondité, de la sexualité, des cultes qui encadrent la sexualité des femmes (exemple : les Lupercales) et comment les femmes prennent part à la religion romaine.  Du statut particulier des vestales, qui représentaient le plus haut degré de pureté, devant conserver leur virginité à tout prix, aux matrones devant donner descendance à son mari en priant les divinités pour avoir un enfant mâle, ou encore les non-matrones qui prennent part à des cultes favorisant leur attractivité sexuelle dans le but de stimuler la virilité des citoyens romains.



Fêtes des Lupercales d'Andrea Camassei (vers 1635). Des jeunes hommes armés de lanières
fouettaient les femmes qu'ils rencontraient afin de leur assurer une grossesse dans l'année


Qui dit morale, dit aussi interdits, les unions qui sont contraires à la morale romaine et qui sont prohibées, telles que l'inceste, l'union avec un esclave (union interdite car l'esclave est considéré comme un sous-homme), ou encore les mésalliances entre différentes classes sociales qui risquaient de souiller le sang noble des patriciens.


Virginie Girod nous raconte ensuite dans une seconde partie que le corps féminin est avant tout un corps reproducteur. Dès qu'elle est toute petite, la fille Romaine est préparée à cela. Sa fécondité est la qualité la plus importante. Ainsi, il y avait l'attente des règles et leur importance car leur arrivée signifiait que la fille était en âge de procréer et donc en âge de se marier. Les filles étaient ainsi mariées entre l'âge de 12 et 14 ans, contre 14 - 16 ans pour les garçons. Pour autant, il fallait éviter le traumatisme de la défloration à une jeune fille à peine mariée, ce qui pouvait amener l'époux à pratiquer d'abord la sodomie.


Ce qui comptait donc dans le choix d'une épouse était sa fécondité. Il fallait qu'elle donne à son mari une descendance et à Rome des citoyens. La stérilité était ainsi perçue comme une malédiction, un handicap, ce qui pouvait être un motif de répudiation du mari envers sa femme. Sitôt adulte, la vie sexuelle de la femme devait être tournée vers la procréation (Ovide étant le seul à parler des relations sexuelles pour le plaisir des deux amants).



Mariage romain, toile d'Emilio Vasarri (1914)


L'auteure évoque la grossesse (les Romains pensaient qu'elle durait entre 7 et 13 mois ! bien que la période de gestation reste la même qu'aujourd'hui), mais aussi l'accouchement, l'allaitement, mais aussi les méthodes contraceptives, les méthodes abortives, et la place de la femme âgée et la sexualité après la ménopause qui était d'ailleurs mal vue car la femme ne devait avoir de rapports que pour la procréation, pour la société romaine. Qu'elle continue à en avoir malgré la ménopause était considéré comme une sorte de perversion. À noter que chez les Romains, une Romaine de 35 ans était déjà considérée comme.... âgée !


Il est également question des critères de beauté (chevelure, corps, visage), les moyens de se mettre en valeur (maquillage, parure) mais aussi des pratiques sexuelles habituelles, celles qui sont approuvées par la société et celles qui sont mal vues. On apprend ainsi que le cunnilingus était mal vu car la langue du citoyen romain devait être utilisée pour l'exercice de la loi, pour la cité et non pour être souillée de cette façon. La fellation était également interdite, bien que cela n'empêchait pas sa pratique, ainsi que l'homosexualité féminine (l'homosexualité masculine était tolérée mais seulement bien vue pour l'homme qui dominait, pas le dominé)


À Rome, la femme occupait grosso modo deux rôles : soit elle était matrone, soit l'épouse d'un citoyen romain, soit elle était prostituéeL'une avait pour fonction de donner une descendance à son mari, l'autre à apporter du plaisir au citoyen romain. Bien-sûr, il y avait quelques exceptions, comme le cas particulier des vestales.


Virginie Girod nous présente des exemples de matrones à travers les femmes de l'entourage des empereurs de la dynastie julio-claudienne : mères, amantes, épouses... notamment Agrippine, mère de Néron ; Livie, épouse d'Auguste ; Julie, fille d'Auguste (alias ma nouvelle héro... la dernière figure historique en date à m'intéresser) ; Poppée, épouse de Néron ; Messaline, etc. J'ai beaucoup aimé cette partie que j'ai trouvé très intéressante, et alors que je m'intéresse davantage à la République Romaine et ses personnages, j'en viens à vouloir en apprendre plus sur l'empire romain et surtout les personnages de la première dynastie.



Scène d’accouchement ornant le monument funéraire de la sage-femme Scribonia Attica.
Celle-ci constate de la main droite l’état d’avancement du travail tout en détournant la tête
pour ne pas froisser la pudeur de sa patiente assise sur un siège obstétrical.


Après les matrones, ce sont les prostituées qui ont droit à leur portrait. On en apprend plus sur leur métier, leur rôle, comment elles étaient perçues dans la société romaine. D'autres sujets sont également évoqués, tels que le traitement de la femme adultère, le traitement des affaires de viol, etc.


Pour résumer, ce livre constitue une véritable mine d'informations concernant le statut de la femme romaine dans l'antiquité. Dans un style clair, très bien documenté, l'auteure nous invite à parcourir cet univers et nous apprend beaucoup de choses, et déconstruit également certains clichés sur la société et les mœurs à l'époque romaine. Les différentes parties et sous parties permettent une progression rapide et facile de la lecture. J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture qui m'encourage à découvrir les autres ouvrages de l'auteure, j'ai appris bien des choses ! Seul bémol, j'aurais apprécié la présence de photographies de pièces de monnaies, fresques, peintures, statues, etc, pour mieux illustrer ses propos, mais ce n'est qu'un détail... 


Réunir les meilleures conditions n'était pas suffisant pour des parents (...). Certes, on voulait un enfant en bonne santé, mais s'il était beau, cela ne gâchait rien. Dans l'Antiquité, on craignait beaucoup que les pensées de la mère au moment de la conception ne puissent s'imprimer sur la physionomie de l'enfant à venir. Soranos illustre ce concept par deux exemples. Les femmes qui auraient vu des singes - et cela ne devait pas être banal - pendant la conception auraient donné le jour à des enfants aux traits simiesques. Le tyran de Chypre, réputé pour sa laideur, forçait sa femme à regarder de belles statues pendant l'amour pour avoir de beaux enfants.

Moi les hommes, je les déteste - Pauline Harmange



Et si les femmes avaient de bonnes raisons de détester les hommes ?

Et si la haine des hommes était un chemin joyeux et émancipateur ?

Dans ce court essai, Pauline Harmange défend la misandrie et entend lui redonner ses lettres de noblesse.

Un livre féministe et iconoclaste.




En dépit de son titre polémique, Moi les hommes, je les déteste est un essai plutôt posé et nuancé dans ses propos où l'auteure questionne davantage la place des hommes dans la société et dans la vie des femmes, nous rappelle les réalités sur cette place plutôt que de lancer un appel à la haine. Remettre en cause le pouvoir des hommes et le droit de ne pas ressentir d'attirance pour eux.


Elle s'interroge sur le pourquoi les hommes sont ce qu'ils sont. Tous les hommes ne sont pas des violeurs, des agresseurs ou des machos, mais une grande majorité des violeurs, des agresseurs et des machos sont des hommes. Elle présente les défauts fréquents des hommes et comment la société demande aux femmes de les accepter avec grâce. La société dira boys will be boys tandis que les femmes doivent apprendre à faire avec, le contraire catégoriserait ces femmes comme des hystériques, des mal-baisées, des lesbiennes.


L'auteure nous raconte trouver refuge dans la misandrie, voir en elle un moyen de se protéger. Toutefois, la misandrie est mal vue dans son ensemble. Elle décrédibilise la cause des femmes et les hommes se plaignent qu'il est difficile pour eux de la vivre... que dire dans ce cas de la misogynie qui est, elle, beaucoup plus fréquente et fait beaucoup plus de mal aux femmes que la misandrie les hommes ? La misandrie ne totalise au final qu'un nombre de zéro décès et zéro blessé. Pourtant, il serait difficile pour les hommes de vivre avec et d'être un homme de nos jours, avec tous ces mouvements de #MeToo, Men Are Trash ou #Balancetonporc. Ils ne savent plus comment draguer, comment approcher une femme, comment se comporter avec les femmes, comment faire des blagues.


Qu’ont-ils encore le droit de dire et de faire ? Tant d’angoisses existentielles pour lesquelles je n’arrive pas à ressentir beaucoup d’empathie. Tout le temps qu’ils passent à pleurnicher sur leur sort de pauvres mecs persécutés, ils esquivent habilement leur devoir : celui d’être un peu moins des purs produits du patriarcat.


Force est de constater que les hommes sont trop peu nombreux à s'interroger sur leur place au sein de la société et le pourquoi de ces mouvements féministes, préférant expliquer aux femmes que, eux, ne sont pas comme ça, que ce n'est pas bien de faire des généralités. Not all men. Des commentaires que je retrouve que trop fréquemment sur la toile, dans des commentaires d'articles ou d'une publication d'une femme osant se plaindre des hommes et parler de viols ou féminicides, en ne manquant pas de nous dire que ce genre de commentaire n'allait pas aider les femmes dans leur lutte ou de voir les hommes les rejoindre. Pourtant, nous pouvons constater une certaine indifférence des hommes envers les femmes concernant les chiffres sur le viol, le harcèlement, les féminicides et les débats. Je ne dis pas que tous les hommes agissent ainsi, il faut cependant bien avouer que ce sont des sujets bien plus souvent dénoncés par des femmes que par des hommes.


C’est pourtant égocentrique de ne savoir réagir que par un « not all men » quand une femme a le malheur de laisser échapper qu’elle en a marre des hommes ou parle d’un violeur ou agresseur. Tous les hommes ne sont pas des violeurs mais quasiment tous les violeurs sont des hommes, et quasiment toutes les femmes qui ont subi des violences de la part des hommes, c’est là le problème.


L'auteure se revendique misandre, tout en remarquant que les femmes ont du mal à se revendiquer misandres, au risque d'être considérées comme des hystériques, des lesbiennes ou des mal baisées. Si elles le font, c'est avec beaucoup de second degré. Il y a beaucoup de malaise à clamer, même entre femmes, une hostilité et une méfiance envers les hommes. Pourtant, elle trouve en la misandrie une sorte de porte de secours, un échappatoire, un moyen de sortir sa colère légitime.


L'auteure évoque également les hommes dits féministes. Pas qu'un homme féministe soit une espèce inexistante dans notre société, une denrée rare. Toujours est-il qu'hommes féministes ou soi-disant féministes reçoivent bien des lauriers pour le minimum qu’ils font, comme partir plus tôt du boulot pour aller chercher son enfant à l’école alors que les femmes sont soumises à d’impossibles standards, sont pointées du doigt et critiquées, quels que soient leurs choix. Cela ne veut pas dire pour autant que les hommes ne doivent pas s'intéresser au féminisme et ne pas prendre part aux tâches du foyer, cependant beaucoup s'y intéressent que trop peu ou pour les mauvaises raisons (pour draguer par exemple), sans oublier que derrière chaque homme féministe un peu conscient de ses privilèges masculins, il y a une ou plusieurs femmes qui ont travaillé pour l'aider à ouvrir les yeux, et ça, peu d'entre eux le reconnaissent.


Il y a un monde entre « comprendre une oppression, ses mécanismes et reconnaître sa place dans ce système » et « se l’approprier pour prendre le devant de la scène et tout rapporter à soi encore une fois ». On demande aux hommes d’utiliser leur pouvoir, leurs privilèges, à bon escient : en poliçant les autres membres masculins de leur entourage, par exemple, pas en expliquant aux femmes comment mener leur combat. On demande aux hommes de rester à leur place. Non, en fait, on exige d’eux qu’ils apprennent à en prendre moins. Ils n’ont pas le premier rôle et il va falloir s’y faire.


Il y a également le problème de la charge mentale. Même s'il y a eu une certaine amélioration, force est de constater qu’au XXIe siècle, c’est encore la femme qui s’occupe essentiellement des enfants, des courses, du travail émotionnel, elle doit rappeler à l’homme ses rendez-vous, lui expliquer comment faire certaines tâches à la maison... Bref, la charge mentale reste encore le poids de la femme qu'elle porte seule… Le problème est aussi dans le fait que les hommes prennent toute la place dans l’espace public, dans les conversations, quand ils rient à des blagues sexistes parce que « ça ne fait de mal à personne », ou qu’une femme l’a peut-être un peu cherché en se faisant violer ou agresser... 


Mais les hommes, pourquoi détestent-ils les femmes ? Depuis des siècles qu'ils profitent de leur position de dominants, qu'ils profitent d'une société patriarcale, qu'ont fait les femmes pour mériter encore et toujours leur violence et leur haine ? Lorsque l'on compare la misogynie à la misandrie, on remarque tout de suite une différence au niveau des chiffres : la misandrie ne fait pas de victime dont le nombre morbide augmente chaque jour. Personne n'empêche d'autant plus les hommes à exercer la passion ou le métier qu'il souhaite. On ne dit pas à un homme comment s'habiller, où et jusqu'à quelle heure sortir, il peut marcher librement dans la rue à la nuit tombée et s'exprimer comme il l'entend.


L'auteure adresse un autre point : la colère des filles n’est pas encouragée. Une fille peut se mettre en colère mais c’est difficile pour elle face à un homme de son entourage d’exprimer des reproches et des critiques. Les filles sont élevées pour être douces, calmes, dociles, compréhensives. On n'encourage pas les filles à se mettre en colère et à rendre les coups, alors que c'est tout l'inverse pour les garçons car c'est vu comme de la virilité. Les filles sont aussi élevées pour douter d’elles, tandis que garçons grandissent avec l’assurance qu’ils peuvent faire beaucoup de choses. On place bien des attentes sur les épaules des femmes, les femmes sont celles qui pensent beaucoup, qui ont beaucoup d'inquiétudes en tête.

 

Si tant de mecs peuvent se frayer un chemin dans le monde sans approcher même de loin la perfection dans aucun domaine, il est peut-être temps de nous autoriser à lâcher du lest aussi. 
Ils sont où, les hommes qui culpabilisent jusqu’à ne plus dormir parce qu’ils ont laissé leur enfant à leur partenaire pour un déplacement professionnel ? Ils sont où, les hommes qui ressassent pendant deux semaines une confrontation avec un·e collègue en craignant d’avoir été trop cash ? 
Je ne dis pas qu’on doit s’abaisser au niveau relationnel abyssal de la majorité des hommes. Juste qu’il est temps de ne plus culpabiliser d’échouer à être des Wonder Women doublées de saintes, qu’il est temps de nous laisser être des humaines avec quelques défauts. Les standards sont très bas pour les hommes, mais pour les femmes ils sont bien trop hauts. Réservons-nous le droit d’être moches, mal habillées, vulgaires, méchantes, colériques, bordéliques, fatiguées, égoïstes, défaillantes


L'auteure évoque également le piège de l’hétérosexualité.

Depuis l’enfance, filles et garçons sont conditionnés pour être en couple : le traditionnel « alors tu as un amoureux ? », ou dire d'un garçon qu'il sera un tombeur lorsqu'il fait la bise à une fille. Ce conditionnement est davantage placé sur les femmes à qui on fait comprendre qu'il y a nécessité à être en couple, qu'une femme célibataire a moins de valeur qu'une femme en couple avec des enfants. L'opinion collective imagine la femme célibataire et sans enfant comme seule, triste, égoïste, aigrie. Beaucoup d'énergie est déployée pour persuader les femmes d'être en couple avec un homme et que ce serait la chose la plus bénéfique pour elles, la peur de la vieille fille à chats plane au-dessus d'elles comme un spectre sinistre et que l'épanouissement ne passe que par un homme, quand bien même il serait insensible et paresseux. Tout, plutôt que d'être seule. Pourtant, le bonheur de vivre seule existe, être son propre chef avec seulement nos propres inquiétudes et pas celles des autres, cultiver nos réseaux de relations non amoureuses. Personnellement, je ne vois pas le mal dans le fait de vivre entourée de chats et dont les personnes de ma vie seraient des personnes de ma famille et des amies.


Est également évoquée la sororité et comment les femmes ne sont pas encouragées à être unies, soudées. Quand on est jeune, on se targue de ne pas être une fille comme les autres, surtout lorsqu’on ne partageait pas les passions communément considérées comme féminines. Se dire qu’on est pas comme les autres filles, mépriser ces dernières, c’était avoir cette impression d’être cool, surtout auprès des garçons, une chose que j'avoue avoir vécu et reproduit dans ma jeunesse avant de me rendre compte que ce comportement était plutôt puéril... 


Or, il est bon de solidifier ses relations avec les femmes, celles de son entourage mais aussi les inconnues. Être des alliées pour elles lorsqu’elles ne se sentent pas en sécurité, être à leurs côtés si elles sont victimes de sexisme ou d’agression. Donner aux femmes du réconfort, de l’amitié, du soutien et il y a dans les relations féminines une réciprocité. La sororité fait du bien. Pourtant, bon nombre d’hommes ne voient pas d’un bon œil les rassemblements entre femmes, ne saurant tolérer d’être tenus à l’écart.


Ce n’est pas tant qu’on se rassemble entre femmes qui les choque : quand ce sont des clubs de tricot, des associations de mères ou des réunions Tupperware, rien ne pourrait moins les intéresser. Ce qu’ils ne supportent pas, ce qui les effraie même, c’est qu’on s’organise, qu’on s’assemble et qu’on forme une masse politique d’où émergent des idées et des plans d’action. Et qu’on ne leur accorde aucune importance.



En bref, je pourrais citer tout l’ouvrage tant les propos de l’auteure sont justes et percutants, mais j’ai déjà cité bien des extraits… impossible de me décider sur mon préféré, celui qui m’a le plus frappé, tant l’auteure a abordé tout un tas de sujets essentiels dans un court ouvrage. La plume et le style sont agréables, cela se lit avec beaucoup de fluidité.


Bien que son titre soit provocateur, c’est un essai qui touche juste et qui comprend une vraie réflexion autour du mal qu’engendre le patriarcat à la société, la trop grande place des hommes dans cette dernière, la charge mentale, la différence d'éducation entre les hommes et les femmes, sexisme ordinaire et autres sujets. L’auteure explique le cheminement de sa pensée, ce qui l’a mené à la misandrie, sans pour autant que ce soit un texte scandaleux qui appelle à cramer les hommes. Non, c’est une simple explosion de sa colère, de son ras-le-bol, sans que le ton soit agressif ou haineux. C’est un essai qui touche juste, qui est instructif et percutant, tout en s’appuyant sur d’autres textes féministes et de statistiques. Je conseille, aussi et surtout si l’on n’a pas le courage de se lancer dans un long essai féministe.



Si la misandrie est la caractéristique de qui déteste les hommes, et la misogynie celle de qui déteste les femmes, il faut bien admettre qu’en réalité, ces deux concepts ne sont pas égaux, que ce soit en termes de dangerosité pour leurs cibles ou de moyens utilisés pour s’exprimer. On rappelle que les misogynes usent d’armes allant du harcèlement en ligne jusqu’à l’attentat, comme celui de l’École polytechnique de Montréal en 1994, dont il n’y a à ce jour pas d’équivalent misandre. On ne peut pas comparer misandrie et misogynie, tout simplement parce que la première n’existe qu’en réaction à la seconde.