vendredi 26 septembre 2025

Le Loup des Cordeliers (T.1) - Henri Loevenbruck.

Mai 1789, un vent de révolte souffle sur Paris.

Gabriel Joly, jeune provincial ambitieux, monte à la capitale où il rêve de devenir le plus grand journaliste de son temps. un enquêteur déterminé à faire la lumière sur les mystères de cette période tourmentée.

Son premier défi : démasquer le Loup des Cordeliers, cet étrange justicier qui tient un loup en laisse et, la nuit, commet de sanglants assassinats pour protéger des femmes dans les rues de Paris...

Les investigations de Gabriel Joly le conduisent alors sur la route des grands acteurs de la Révolution qui commence : Danton, Desmoulins, Mirabeau, Robespierre, personnages dont on découvre l'ambition, le caractère, les plans secrets.

Alors que, le 14 juillet, un homme s'échappe discrètement de la Bastille, Gabriel Joly va-t-il découvrir l'identité véritable du Loup des Cordeliers, et mettre au jour l'un des plus grands complots de la Révolution française ?


Un cavaliiiieeer qui surgit hors de la nuiiiit !


Comment, ce n’est pas le bon justifier masqué ?


Il y a pourtant bel et bien un justifier masqué et capé qui sévit dans les rues de Paris, accompagné d’un loup en laisse, qui tue tous ceux portant atteinte aux jeunes filles ou aux femmes, marquant le front de ses victimes avec un triangle inversé.


Pour Gabriel Joly, jeune provincial venu travailler à la capitale, enquêter sur ce mystérieux criminel se révèle bien plus stimulant que son travail au journal où il doit parler des derniers spectacles de Paris sans avoir le droit de les critiquer. Et on le comprend !


Le loup des cordeliers et un polar historique que j’ai tout simplement dévoré. L’intrigue est rythmée, la plume est vivante et dégage un tel peps, un tel dynamisme, et les personnages ne sont pas en reste, à commencer par Gabriel Joly, notre jeune détective en herbe qui n’a rien à envier à Sherlock Holmes dont il partage le goût du mystère, le sens de la justice, mais aussi le sens de l’observation et le talent de la déduction. Véritable enfant du siècle des Lumières, il est épris de vérité, de justice et de modernité. Il est plein d’esprit et, s’il ne se débrouille pas toujours très bien à l’épée, sa langue se révèle être une arme redoutable. Ce fut un plaisir de suivre un tel personnage au cours de l’intrigue.


Il fera de nombreuses rencontres, notamment avec un pirate nommé Récif qui se révélera être un allié plein de ressources, le commissaire Guyot, mais aussi un certain Danton, accompagné de Desmoulin, Lafayette, Robespierre, etc.


Ce roman nous plonge dans les premières heures de la Révolution Française, de mai à juillet 1789. Nous sommes témoin des tensions, le peuple qui gronde de colère et de faim, jusqu’aux premières étincelles qui ont mis le feu aux poudres. Puis, c’est l’ouverture des Etats généraux, les débats houleux entre les trois ordres (la noblesse, le tiers-état et le clergé) qui ne mènent nulle part, le Serment du Jeu de paume, la prise de la Bastille, etc. Un véritable tourbillon rythmé qui nous entraîne des bas-fonds de Paris jusqu’au palais de Versailles. C’est l’occasion de rencontrer tous les protagonistes de la Révolution Française : Louis XVI, Marie-Antoinette, les frères du roi, Robespierre, Danton, Desmoulin, Lafayette, etc.


Le récit est parfaitement construit. On sent que l’auteur s’est bien documenté, et il nous rend l’Histoire aussi vivante que possible. Il nous offre une belle description de la société française de l’époque, avec ses idées nouvelles : droits de l'homme, idées féministes, qui font leur chemin et circulent dans divers milieux. On y retrouve aussi la franc-maçonnerie, on découvre la famille royale et ses malheurs (deuil, complots, etc).


Si j’ai parfois déploré que l’Histoire ait pris le pas sur l’histoire, avec l’enquête sur notre loup des cordeliers passé au second plan, je ne nie pas avoir passé un excellent moment de lecture et que je me suis autant régalée de l’aspect historique du roman que de son enquête policière, d’autant que celle-ci ne s’achève pas avec le premier tome et que Gabriel continuera son enquête dans la suite. Là, sur le coup, j’avais une brochette de suspects concernant notre justifier et l’auteur aura réussi à me surprendre. J’avoue être assez déconcertée, mais peut-être la suite me permettra de mieux comprendre.


Le loup des cordeliers est un roman prenant qui manie aussi bien le récit d’enquête que le roman historique, et qui rappelle un peu les romans d’aventure de Dumas. C’est un premier tome que j’ai dévoré, et je retrouverai avec plaisir Gabriel Joly dans la suite de ses aventures.


Votre arme à vous, c'est la plume ! Bien aiguisée, elle est mille fois plus dangereuse que l'épée. Une lame ne peut toucher qu'un seul homme à la fois, quand une plume peut en toucher des milliers !

samedi 20 septembre 2025

Minuit passé - Gaëlle Geniller.



Guerlain revient en compagnie de son jeune fils vivre dans le manoir où lui-même a vécu avec ses trois sœurs étant enfant. Etrangement, il n'a aucun souvenir de ce temps passé. Alors que Guerlain est sujet aux insomnies et que ses nuits sont compliquées, de curieux événements se produisent entre les murs de cette impressionnante bâtisse. Sont-ils bienveillants ou annonciateurs d'un danger imminent ?



Un manoir ancien et poussiéreux avec son sol qui grince et des ombres inquiétantes qui dansent la nuit, un personnage hanté par son passé et peut-être bien un fantôme aussi, une ambiance purement gothique. Ajoutons à ça de jolis graphismes et trois corneilles facétieuses, et ça donne Minuit Passé.


J’avais déjà lu de l’auteure Le jardin, Paris et Les fleurs de grand-frère, et j’ai constaté avec amusement que même l’atmosphère gothique de Minuit Passé n’empêche pas l’auteure d’évoquer ici des thèmes chers à son cœur, à savoir les fleurs et le langage des fleurs.


Outre la place des fleurs dans cette histoire, j’ai beaucoup aimé l’ambiance fantastique et gothique qui s’en dégage et qui est mise en valeur par les magnifiques planches de dessin, notamment la façon dont le manoir est représenté et les scènes de nuit. Le récit est tout de suite prenant. On se retrouve dans ce grand manoir mystérieux où Guerlain, le protagoniste, emménage avec son fils. Il ne conserve aucun souvenir de ce manoir où il a pourtant passé son enfance en compagnie de ses grandes sœurs, et chaque nuit il est victime d’insomnies et il se retrouve vite hanté par une étrange ombre que son fils semble également voir.


J’ai aimé l’ambivalence du récit. C’est à la fois sombre, angoissant mais c’est aussi coloré et bienveillant. J’ai aimé voir se dévoiler l’enfance de Guerlain, et aussi la symbolique des trois corneilles qui sont plutôt mignonnes. J’ai aimé ce mélange entre l’art victorien et l’Art Nouveau, la beauté et richesse des costumes et des décors, et il y a beaucoup de douceur et de bienveillance dans la relation entre Guerlain et son fils, mais aussi Guerlain et ses sœurs.


Cette lecture aurait pu facilement être un coup de cœur, mais j’avoue avoir été perplexe quant au plot twist. Je me suis longuement interrogée sur l’identité du fantôme ou plutôt de l’ombre qui hante le protagoniste. Une hypothèse revenait souvent dans mon esprit sans que j’y croie entièrement car cela ne faisait aucun sens pour moi, mais force est de constater que j’avais vu juste mais cela me laisse assez dubitative et confuse. Je pense n’avoir tout simplement pas compris cette révélation et le sens global de l’histoire. Je peux comprendre que [spoiler] Guerlain soit hanté par son lui du passé, mais pourquoi le Guerlain enfant a été hanté par son lui du futur ? À moins que ce ne soit une métaphore sur la peur de l’avenir, et que le Guerlain adulte doit réaliser que l’ombre qui le hantait dans son enfance n’était autre que lui-même, soutenant le petit Guerlain [/spoiler]. Bref, tout ceci n’est pas très clair et me laisse plutôt perplexe.


En résumé, une bande-dessinée à l’ambiance étrange et onirique. J’ai aimé l’univers graphique (les dessins, les décors, les couleurs) ainsi que l’ambiance gothique, les corneilles, la relation père-fils, cela dit le plot twist me laisse perplexe. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris et je referme ce livre avec plus de questions que de réponses. Cela reste une très sympathique lecture, mais que je ne suis pas sûre d’avoir tout à fait saisi.


jeudi 18 septembre 2025

La Maison à la porte dorée (T.2) - Elodie Harper.


Entre manigances et amours interdites, la liberté torturée d'une femme à Pompéi. 

Amara, esclave affranchie, mène désormais la vie luxueuse de concubine d'un puissant politicien : elle habite une magnifique demeure, se rend aux plus extravagantes fêtes et se pare des plus beaux tissus. Mais son passé la hante. Si elle a réussi à se libérer de l'Antre des Louves - le lupanar le plus célèbre de Pompéi - l'idée que ses sœurs de cœur y soient restées lui est insupportable.

Décidée à les délivrer, elle devient alors une femme impitoyable et vengeresse, qui usera de stratagèmes terribles pour parvenir à ses fins. Néanmoins, ce nouveau rôle n'est pas sans risques : un faux pas, et elle pourrait tout perdre. Mensonges, trahisons, tromperies et escroqueries... dans l'Empire romain, quand on est une femme, la survie a un prix.


Avant d’ouvrir le second tome de L’Antre des Louves, je me demandais bien ce que l’auteure pourrait trouver à raconter d’intéressant en 400 pages concernant la vie d’Amara, sa protagoniste, après que celle-ci ait été déclarée comme femme libre, libérée à tout jamais de la vie de prostitution, en ayant trouvé un protecteur chez Rufus, fils d’une riche famille, s’étant entiché d’elle. Lectrice de peu de foi que je suis ! Si je ne m’attendais pas à grand-chose, ce second tome a su capter mon intérêt assez rapidement et j’ai replongé avec intérêt dans les aventures d’Amara.


Nous avions quitté Amara, libre, mais le cœur brisé après la perte d’une de ses amies du lupanar. À présent affranchie par Pline et mise sous la protection de Rufus, Amara a été installée dans une belle maison avec serviteurs où elle se retrouve seule la plupart du temps, attendant que son protecteur vienne lui rendre visite.


On découvre que, bien qu’elle soit libre, Amara ne coule pas des jours heureux pour autant. Elle doit faire tout pour garder l’intérêt et l’amour de son protecteur, sans quoi elle risquerait de se retrouver dans la rue, et Amara ne parvient pas entièrement à se satisfaire de sa nouvelle vie en sachant ses amies au lupanar. Elle se met donc en tête de les sortir de leur condition et de les libérer, quitte à devoir faire affaire avec Félix, son ancien et tyrannique maître. Mais il est dangereux de s’associer à pareil homme, surtout quand on lui doit de l’argent.


En parallèle, écrasée de solitude, Amara cherche de l’affection qu’elle trouvera dans les bras de Philos, esclave et intendant de Rufus, une liaison qu’elle doit garder secrète à tout prix…


Dans ce deuxième tome, l’auteure nous raconte la nouvelle vie d’Amara avec ses joies mais surtout ses difficultés. Ne plus être esclave est un grand pas, mais pas suffisant pour assurer ses arrières et la fin de ses soucis. Elle doit garder l’intérêt d’un protecteur qu’elle n’aime pas et qui peut s’avérer tantôt jaloux et violent, tantôt doux et généreux, mais aussi gagner de l’argent pour rembourser Félix à qui elle a racheté la liberté de certaines de ses amies. J’ai d’ailleurs retrouvé avec plaisir certaines d’entre elles, notamment Victoria et Britannica, dont l’évolution m’a bien surprise. L’une en mal, l’autre en bien. J’ai beaucoup aimé les liens qui se sont tissés entre Amara et Britannica, notre farouche celte qui partage le désir de vengeance d’Amara et qui souhaite devenir gladiateur.


J’ai retrouvé avec plaisir Amara, j’ai parfois déploré certains de ses choix mais je comprends aussi que ce qu’elle est et ses actions sont le fruit d’une vie d’esclavage. Elle est calculatrice car elle souhaite survivre, elle considère l’amour davantage comme une faiblesse qu’une force, bien que son amour pour Philos soit touchant et fort. C’était d’ailleurs la relation un peu inattendue mais ils ont fini par me toucher et me laisser le cœur en miette aussi. Je suis curieuse de voir comment leur relation va évoluer dans le dernier tome. J’ai aimé suivre Amara, j’ai crains pour elle, me suis révoltée avec elle. Elle n’est pas une héroïne parfaite. Elle ment, elle trompe, elle ne fait pas toujours les choix les plus justes ou les plus prudents, mais elle ne fait jamais rien dans un pur esprit de cruauté ou d’avidité. Tout ce qu’elle fait, elle le fait pour assurer une vie meilleure à elle et ceux qu’elle aime. On sent que c’est une femme avec ses traumatismes, profondément blessée et révoltée, tout simplement humaine.


J’ai également retrouvé avec plaisir Pompéi et le voyage dans le temps, au plein cœur de la Rome antique, avec son mode de vie, ses codes sociaux, ses fêtes religieuses, et je suis d’autant plus curieuse de poursuivre ce voyage temporel car, dans le dernier tome, le Vésuve grondera… On sent d’ailleurs les prémisses de la catastrophe dans ce second opus. J’ai hâte de voir ce que ça va donner et quel sort l’auteure réserve à ses différents personnages. Honnêtement, je suis incapable de dire si cette trilogie va s’achever sur un happy ending ou pas.


Ce tome a su avoir les ingrédients pour garder mon intérêt : stratagèmes, amour interdit, voyage dans la Rome antique, trahisons, révélations, un récit plus rythmé que dans le tome précédent et chargé d’émotions entre la joie, la peur, la colère. Un second tome que j’ai trouvé aussi, si ce n’est plus, captivant que le premier. Je lirai le dernier tome avec plaisir !


On ne peut pas compter sur la beauté pour s'attarder, et sur les amants, encore moins. Mais je ne pense pas qu'un tas d'argent ait jamais fait pleurer une femme !

mardi 9 septembre 2025

Séance Tea Party - Reimena Yee.



Grandir, c’est difficile…

Les gens sont plus intéressés par leur apparence et de ce que les autres pensent d’eux, plutôt que par des aventures amusantes. Qui veut vivre ainsi ?

Pas Lora.

Après avoir vu son cercle d’amis disparaître, Lora est déterminée à continuer à s’amuser seule. Un goûter un peu spécial va faire redécouvrir à Lora… Alexa, un fantôme qui hante sa maison… mais aussi son ancienne amie imaginaire !




Je ne savais pas trop dans quoi j’allais m’embarquer en commençant cette histoire. Je m’attendais peut-être à une histoire du même style que La vie hantée d’Anya (que j’avais bien aimé). Au final, je découvre une sympathique bande-dessinée automnale qui évoque le passage de l’enfance à l’adolescence, le deuil, l’amitié, les changements de la vie. C’est une jolie petite histoire d’amitié entre une fille qui ne veut pas grandir et une fantôme qui aimerait bien vieillir.


Lora est un personnage sympathique, j’ai aimé sa passion pour Halloween et pour les histoires de paranormal, mais aussi sa peur de grandir et de perdre ses passions qu’elle a depuis l’enfance, alors qu’elle ne reconnaît plus ses amis d’enfance qui ont grandi et ont des préoccupations et des passions d’adolescents. Elle ne s’y retrouve plus et se raccroche à ses passions plus que jamais. Je me suis associée à ce personnage à qui la vie d’adulte (ou plutôt d’adolescent) fait peur, et qui a peur de perdre ses valeurs et ses passions, et qui a du mal à se connecter avec les gens de son âge. Fort heureusement, Lora trouve un soutien et une oreille attentive en la présence d’Alexa, un fantôme et qui se révèle être l’amie imaginaire de son enfance.


Alexa est un esprit doux et compréhensif, qui comble la solution de Lora mais qui l’aide aussi à aller vers les autres, à ne pas avoir peur de partager ses passions. C’est une jolie histoire d’amitié entre ces deux jeunes filles mais nous les suivons également dans leurs parcours parallèles : alors que Lora apprend doucement à grandir, Alexa redécouvre peu à peu son passé oublié et découvre l’origine de sa condition de fantôme. Toutes les deux vont évoluer avec Lora qui apprend à grandir et s’accepter, et Alexa qui se redécouvre à travers son passé et les gens qu’elle a connu de son vivant. C’est triste et touchant, de voir ce fantôme qui essaye de se reconnecter à ce qui lui reste de son ancienne vie, et qui essaye de se vieillir, sans succès. C’est d’autant plus poignant que seuls ceux qui sont enfants ou ont gardé une âme d’enfant peuvent la voir, et qu’elle devient leur amie imaginaire.


J’ai été touchée par Lora, sa passion et sa peur de grandir, et j’ai aimé voir son évolution, la voir s’épanouir et grandir, qui a pu aller de l’avant, tout en restant fidèle à elle-même, tout comme j’ai été touchée par Alexa, son histoire, son désir impossible de vieillir, sa proximité avec les enfants, mais aussi son lien avec ses amis de sa vie passée.


C’est plus qu’une histoire fantastique qui parle de fantômes, c’est un récit doux, sensible et poétique qui traite de la période charnière et délicate entre enfance et adolescence. On y parle de la vieillesse et du fait de grandir, de dire au revoir à l’enfance. C’est à la fois triste et mélancolique mais aussi très lumineux et doux dans son dessin, ses couleurs, mais aussi le thème de l’amitié qui revient souvent (et pas seulement entre nos deux protagonistes). C’est aussi une lecture qui sent bon l’automne (dit celle qui n’aime pas cette période de l’année), on est plongés dans un décor d’Halloween, où se côtoient magie et fantômes, chats noirs et les histoires de paranormal dont raffole Lora.


En résumé, c’est un récit sensible, touchant, poétique et lumineux qui fait la part belle à l’amitié, et dont le message sur le fait de grandir ou de vieillir ne pourra que nous parler. J’ai aimé suivre nos deux personnages, leur amitié mais aussi leur cheminement individuel pour accepter le fait d’aller de l’avant. Une jolie découverte ! Mon seul regret : pas assez de séances de tea party... 

samedi 6 septembre 2025

Rose & Crow - Amélie Sarn et Lise Garçon.



Lorsque Rose parvient à donner vie à des plantes par magie, ces dernières se transforment en ronces envahissantes et agressives. Son grand-père qui l'élève, lui interdit d'user de ses pouvoirs et refuse de répondre à toute question concernant ses parents. 

Frustrée, elle va chercher les réponses à ses questions dans l'amour naissant qu'elle porte à Crow, personnage ambivalent et un peu inquiétant.




« Tu es l’élue, Rose ! Toi seule, avec ta magie, peut sauver notre monde en péril des méchants pas beaux ! Suis-moi, moi parfait inconnu mais beau mec brun et ténébreux. Tu peux me faire confiance ! Au fait, je t’ai dit que je connaissais tes parents tragiquement disparus et dont tu ne sais rien ? »



Voici à peu près les prémisses de cette bande-dessinée jeunesse !



Je suis moqueuse. En réalité, malgré les (nombreux) clichés, typique des récits fantastiques jeunesse, j’ai passé un bon moment à la lecture de cette bande-dessinée. Il faut dire que les graphismes sont très beaux. On en prend plein les yeux, les traits sont doux et harmonieux, et la palette de couleurs est sublime, et j’aime l’esthétique de ce monde imaginaire où magie et nature vivent en harmonie, ce qui n’est pas sans rappeler l’univers de Miyazaki. C’est doux et coloré, et offre un contraste intéressant avec le monde de technologie, aux couleurs plus froides, de nos antagonistes.



Alors, oui, c’est cliché. Nous avons la jeune fille avec des pouvoirs extraordinaires, qui a été élevée dans le monde des humains, et qui apprend être l’élue d’un monde magique qui est en fait le sien. On a le beau mec brun, ténébreux et torturé dont l’héroïne va tomber amoureuse. On a les antagonistes qui veulent imposer leur monde de technologie sur la nature et la magie, celle-ci considérée comme non naturelle. Personnellement, j’ai trouvé ça assez manichéen. Oui, il est important de souligner l’importance de la nature, mais toute technologie n’est pas mauvaise et la technologie peut être bénéfique, tant qu’elle n’empiète pas sur la nature. Tous ces clichés sont-ils assumés ou sont-ils là pour être progressivement détruits au fil de l’intrigue. Seul l’avenir nous le dira.





Mon autre problème avec cette bande-dessinée, c’est que ça va trop vite. L’histoire est vite expédiée et survolée, ça manque d’approfondissement et les réactions de l’héroïne manquent parfois de vraisemblance. Les événements sont précipités, au détriment de l’histoire car cela ne laisse pas le temps à l’intrigue et aux personnages d’être développés. On prend le temps de rien, certains points auraient mérité qu’on se pose et que ce soit approfondi.



Malgré cela, l’histoire est assez prenante. J’ai aimé découvrir Udover, ce monde de nature et de magie et le voir se dévoiler au fil des tomes, découvrir les enjeux du conflit entre les deux camps et le développement de cette guerre, j’ai aimé que la magie soit liée à la nature. J’ai aussi aimé la relation conflictuelle entre Ebba et Rose. Ebba n’a rien de [spoiler] la mère idéale, davantage obnubilée par son désir de vengeance que par sa fille [/spoiler], mais son traumatisme explique en partie son comportement, je suis vraiment curieuse de voir comment son personnage et sa relation avec Rose vont évoluer. C’est un personnage complexe, tout comme Crow qui est énigmatique et nous réserve, j’en suis sûre, encore des surprises. Est-il un allié, ou un traître, que cherche-t-il vraiment, son attachement pour Rose est-il sincère ? Encore tant de choses à découvrir dans les tomes suivants (il y en a quatre pour le moment, avec le 5e prévu pour ce mois-ci). J’aime aussi les flash-back mis en place par les auteures, nous permettant de découvrir le passé de Rose et de ses parents, et de comprendre mieux le conflit en place et les pouvoirs de Rose.



En résumé, cette bande-dessinée propose une trame de fantasy assez classique, mais avec des graphismes sublimes qui sont tout juste un délice pour les yeux, mais une histoire qui pose les bases d’un récit épique et magique prometteur. Toutefois, c’est très cliché et le scénario expéditif fait qu’on ne prend pas le temps de développer l’histoire et les personnages. Dommage… Cela dit, c’est une bande-dessinée que je suivrai avec intérêt !

Squad - Lisa Sterle et Maggie Tokuda-Hall.



Quand Becca est transférée dans un lycée des beaux quartiers de la banlieue de San Francisco, elle n'a qu'une peur : ne pas s'intégrer. C'est avec surprise que les trois filles les plus populaires de l'école vont l'accueillir à bras ouverts au sein de leur groupe. 

En apparence parfaite, les nouvelles amies de Becca cachent pourtant un lourd secret qui ne se révèlera qu'à la pleine lune.




Des loups-garous au lycée ? Rassurez-vous, nous ne sommes pas dans Twilight.


Arianna est l’alpha d’une meute de louves garous. Cette nature leur donne certains avantages physiques, ainsi qu’une forme du tonnerre, mais, à la pleine lune, elles doivent se nourrir… Et les garçons misogynes et agresseurs sexuels de leur lycée offrent pour elles un repas de choix. Becca, qui vient d’être transférée au lycée de Piedmont à San Francisco, est invitée à les rejoindre. Désireuse de se faire des amies, elle accepte… Ainsi débute la vie de ce quatuor, entre vie étudiante et soirées de chasse à la pleine lune, jusqu’au jour où la mauvaise victime menace de perturber la vie tranquille de Piedmont et le fragile équilibre de notre groupe d’amies.


J’ai beaucoup aimé cette revisite du mythe du loup-garou, avec un aspect féministe puisque l’intrigue met en avant les thèmes de la sororité, de la tolérance, du consentement et autres réflexions féministes. Nos quatre louves garous ciblent en particulier les garçons misogynes et ceux qui veulent forcer leurs avances sexuelles sur les filles, tout en prenant garde à ne pas attaquer les garçons de leur lycée pour ne pas attirer l’attention sur elles. D’autres thèmes se dégagent aussi, comme l’intégration, l’acceptation de soi, la complexité des relations dans un groupe, etc.


Le récit est parfaitement dosé entre les scènes frissonnantes et sanglantes et celles plus ordinaires de la vie d’étudiante. C’est dynamique, parfois sombre, avec une touche de romance entre Becca et une de ses amies, ce que j’ai trouvé touchant.


J’aime que les auteures aient pris des risques. On croit nos protagonistes à l’abri mais les événements s’enchaînent lorsque l’une d’entre elles commet une erreur, la relation entre les filles changent, la tension monte et le récit nous offre un dénouement final prenant et inattendu. Pour autant, j’ai eu parfois l’impression que l’histoire était survolée, avec des actions précipitées par instant. Je n’aurais pas été contre un peu plus d’informations et d’approfondissement, notamment sur les trois amies de Becca, leur passé, le pourquoi de leur transformation, pourquoi certaines semblent parfois hostiles envers Becca tandis qu’à la scène d’après, elles agissent comme les meilleures amies du monde. Je n’ai pas toujours su sur quel pied danser, notamment concernant Mandy.


Cela dit, cette bande-dessinée est une belle découverte et une bonne surprise ! J’ai beaucoup aimé cette revisite féministe du mythe du loup-garou, entre tranche de vie étudiante et moments plus sombres, avec une belle petite romance F/F. Malgré le sous-titre « N’importe qui tuerait pour être populaire », ce n’est pas une histoire de filles populaires mais superficielles, les enjeux sont plus sombres et complexes. Ce fut une lecture prenante et qui se dévore !

vendredi 5 septembre 2025

La main noire (T.1) Les maudits - Tarn Richardson.



Arras, 1914. Sur la ligne de front, le lieutenant Henry Frost donne l'assaut. À sa grande surprise, sa troupe ne rencontre aucune résistance.

Dans la tranchée adverse, les soldats allemands ont été tués, leurs corps atrocement déchiquetés. Au même moment, le père Andreas est retrouvé sauvagement assassiné dans la cathédrale.

Le Vatican décide d'envoyer l'inquisiteur Poldek Tacit. Sa mission : protéger l'Église de ceux qui cherchent à lui nuire. À n'importe quel prix.



Si on m’avait dit qu’il existerait un roman historique avec des loups-garous, dont l’intrigue se déroulerait essentiellement à Arras et le nord de la France, je n’y aurais pas cru.


Pourtant, c’est le défi que s’est lancé Tarn Richardson qui nous offre un thriller historique et fantastique dans lequel l’Inquisition n’a pas complètement disparu (mais l’Église fait croire le contraire), et où des loups-garous sèment la terreur aussi bien au sein de l’Église que dans les tranchées ! Comme si les soldats de la Grande Guerre n’avaient pas assez de soucis comme ça, les voilà qu’ils se font massacrer et pas que par leurs ennemis ! Lorsqu’un prêtre est retrouvé sauvagement assassiné à son tour, le Vatican envoie son meilleur inquisiteur, Poldek Tacit enquêter à Arras, accompagné de sœur Isabella qui est secrètement chargée de le surveiller. 


Car c’est qu’il n’est pas commode, notre Tacit ! Homme perturbé, violent, dépressif, avec un passé tragique (il ne manque plus que l’alcool pour cocher toutes les cases du cliché du détective déprimé, alcoolique et violent… oh wait !). Pour autant, on se retrouve à suivre ce personnage avec un certain intérêt. Est-ce qu’on s’attache à lui ? À vous de me le dire. Je ne l’ai trouvé ni attachant, ni détestable, juste efficace. Nous avons quand même de nombreux retours dans le passé, pour nous permettre de mieux comprendre le parcours et la vie de ce personnage peu commode. Comment est-il devenu ce qu’il est, quelle a été sa vie, quelle est sa famille. Nous apprendrons tout cela tout au long de l’intrigue. Il m’a un peu rappelé le héro du film Van Helsing avec qui il partage quelques similitudes. En plus de Tacit, nous suivons également le lieutenant britannique Henry Frost, bien décontenancé face aux événements étranges dans les tranchées, l’un des rares personnages que j’ai aimé suivre et que je voulais voir survivre !


Je dois dire que c’était sympathique de lire un roman dont une partie de l’action se situe à Arras. Malheureusement pour moi, l’auteur aurait pu décrire n’importe quelle ville, ça n’aurait fait aucune différence. Si seulement il avait mentionné le beffroi ou la Grand Place, ou s’il avait employé le terme « Bove » pour parler des carrières souterraines ! Que nenni ! Tant pis pour le chauvinisme… Toutefois, pour ne pas faire la mauvaise langue, je dois bien saluer l’effort pour recréer l’ambiance de l’époque, et le contexte que l’intrigue va développer.


Ce que j’ai le plus aimé, c’est le mélange des genres. Ce roman se présente à la fois comme un thriller, un roman historique et un récit fantastique avec des loups-garous et l’auteur s’en sort sur les trois plans. Il prend le temps de poser le décor et les bases de l’enquête. Il a bien su recréer le contexte et l’ambiance historique, et nous offrir un thriller prenant et, ma fois, sanglant. Attendez-vous à trouver de l’hémoglobine assez régulièrement, mais aussi des corps démembrés. Ces loups ne font pas dans la dentelle ! Rassurez-vous, le roman évite de trop sombrer dans le gore et à plutôt bien doser l’hémoglobine. La tension est également bien menée, et il prend soin de ne pas trop dévoiler avant la fin.


J’ai aimé cette réinterprétation du mythe des loups-garous, notamment leurs origines, le lien avec l’Église, leur histoire, mais aussi le cas de l’Hombre Lobo. Ce n’est pas qu’une histoire de lycanthropes, cette affaire d’attaques de loups-garous n’est qu’une goutte dans un vaste engrenage, l’intrigue est plus complexe qu’il n’y paraît. La personne que l’on croyait être le coupable cache en réalité autre chose, et les coupables ne sont pas forcément ceux que l’on pense… Et que dire de l’Église qui, à force de chasser les hérétiques, est devenue experte dans les tortures et magouilles ? Le Vatican, on le découvrira, est essentiellement un nid de secrets et d’entourloupes et ses hommes de Dieu ne sont pas tous des enfants de chœur…


Ce roman présente donc le mélange étonnant de roman historique, thriller et récit fantastique, un mélange risqué mais réussi pour ma part. L’auteur a su développer son scénario et ses personnages avec justesse, et à nous offrir un polar prenant. Est-ce que cela me donne envie de lire la suite ? Je l’ignore encore, mais ce premier tome reste une découverte sympathique !


Il se retourna pour scruter ses hommes dans l'obscurité. "Si une fusée s'élève, tout le monde à terre.

- Si une fusée s'élève et qu'elle est accompagnée d'une mitrailleuse, on n'aura sans doute pas besoin de se souvenir de cet ordre pour tomber à terre.

- Ouais bah fermez-la."