Dans une Écosse victorienne indépendante, la famille d’Ava a gravi les échelons de l’aristocratie en vendant ses services de médium à la noblesse. Plusieurs générations de services ou… d’arnaques ? Car Ava est en réalité la seule à posséder un don, alors que son entourage est, lui, frappé d’une malédiction. Lorsque l’héritier du trône est assassiné, les Hazegast sont désignés pour trouver le coupable. Ils ont dix jours pour résoudre ce meurtre, sans quoi la reine s’occupera d’éliminer ces parvenus.
Le décompte a commencé pour Ava alors qu’un importun fait son apparition : le fantôme du prince, qui a bien l’intention de déterrer les secrets familiaux…
Je n’attendais pas grand-chose de ce roman, juste passer un bon moment, mais cette lecture s’est révélée être un coup de cœur !
Nous sommes dans l’Écosse du XIXe siècle, mais une Écosse pas tout à fait comme nous la connaissons car elle est isolée du reste du monde par une brume mystérieuse et dangereuse qui confère parfois, à ceux qui s’y aventurent, des pouvoirs de médium. Le pays est gouverné par la reine Marie Stuart qui a perdu son fils, l’héritier du trône, dans la fleur de l’âge. Elle somme les Hazegast (et pas Häagen-Dazs, comme j’ai souvent eu le réflexe de le penser), de retrouver le coupable sinon ils en paieront le prix par la mort ou par l’exil, car les Hazegast sont une puissante famille de médiums, capable de communiquer avec l’au-delà… du moins, c’est ce qu’ils font croire pour maintenir leur influence au sein de la famille royale et de l’aristocratie. Chez les Hazegast, seule une infime poignée possède des pouvoirs, dont la jeune Ava qui cache son pouvoir pour ne pas être exploitée sans relâche par sa famille, ce qu’elle parvient sans peine jusqu’au jour où le fantôme du prince héritier ne vienne la hanter avec insistance et ne lui révèle que c’est un Hazegast qui est responsable de sa mort…
J’ai beaucoup aimé l’ambiance inquiétante, spooky, légèrement gothique qui se dégage de ce roman. Nous sommes dans l’Écosse brumeuse du XIXe siècle, entre manoirs victoriens et cimetières hantés, ruelles sombres et château avec passages secrets et laboratoire clandestin, sauf que la brume est dangereuse pour la populace. Ceux qui parviennent à y échapper n’en ressortent pas sans conséquence. Les plus chanceux obtiennent un pouvoir de médium, les autres perdent la raison. La plupart des malheureux finissent tout simplement par ne plus jamais revenir. J’ai aimé cet aspect du roman avec cette brume mystérieuse qui intrigue le lecteur comme nos personnages, et qui nous dévoile peu à peu ses secrets. Elle se présente comme un personnage à part entière.
L’intrigue est multiple, sans qu’elle n’en soit fouillis et nous perde dans tous les sens car elle est finement menée et tout fini par se rejoindre. Nous sommes autant dans la recherche du meurtrier du prince Duncan que dans la découverte des secrets de la famille Hazegast, on navigue entre intrigues politiques et les secrets de la brume. On fait la connaissance de plusieurs personnages, aussi bien des vivants que des morts.
L’intrigue est rythmée et prenante, elle se fait sans temps mort et gagne en intensité au fil des pages au fur et à mesure que l’enquête autour de la mort du prince évolue, et qu’Ava en découvre plus sur sa famille et ses vilains petits secrets. C’est un autre aspect que j’ai beaucoup aimé dans ce roman. Nous avons affaire à une famille qui, à défaut de pouvoir communiquer avec les morts, cache des cadavres dans ses placards. Pour maintenir l’illusion qu’ils sont de grands médiums, ils sont prêts à tout, qu’il s’agisse de tromper les clients par différents mécanismes et une enquête approfondie sur leur proche disparu, ou bien de se salir les mains. Pour autant, ils ne sont pas tous diabolisés mais sont présentés comme complexes, tout simplement humains. Ils ont chacun des traumatismes, des secrets, un vécu qui les rendent intéressants.
Il se dégage des thèmes comme le deuil, l’enfance et comment les secrets de famille rejaillissent tôt ou tard sur les membres de la famille, sinon des descendants. Si j’avoue avoir été perdue au début entre tous ces membres, j’ai appris à les différencier au fil de ma lecture. J’ai aimé cette idée d’une famille qui s’est bâtie un empire sur un mensonge et par des manipulations, et qui ont tous des secrets qu’on se délecte de découvrir.
J’ai aimé les liens entre Ava et ses cousines qui sont très soudées et, bien que le prince Duncan peut être énervant à souhait, il a finalement une bonne alchimie avec Ava, leurs échanges sont souvent savoureux, et Duncan gagne un peu plus d’humanité au fur et à mesure qu’il passe du temps avec Ava. Dieu merci, l’auteure a évité la romance entre ces deux-là…
Entre fantômes, secrets de famille, ambiance spooky, ce roman s’est révélé être un vrai coup de cœur ! L’histoire est prenante et l’intrigue rythmée, si bien qu’il est difficile de lâcher ce roman qui gagne en intensité au fil des chapitres. Petite mention à la couverture que je trouve très jolie, j’ai également apprécié la présence d’un arbre généalogique en début de roman.
Savoir que quelqu'un les observait et connaissait leur plus grand secret lui fit tourner la tête. C'était une peur profondément ancrée. Dans les autres familles, on évoquait le croquemitaine ou le monstre sous le lit, chez les Hazegast, on apprenait aux enfants que si quiconque découvrait leur imposture, ils seraient tous pendus. Les mystères faisaient partie de l'essence de leur existence. Ils se croyaient toutefois à l'abri, derrière les grilles de leur grand manoir, derrière leur richesse et leur popularité.

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