lundi 21 avril 2025

La Vie secrète des arbres - Peter Wohlleben, Fred Bernard et Benjamin Flao.


Peter Wohlleben est le forestier le plus célèbre du monde, auteur du best-seller La Vie secrète des arbres, traduit dans plus de quarante langues. Ce livre est son histoire.

Avec un formidable talent de conteur, il nous plonge dans l'intimité des arbres, jusqu'à leurs racines. Au fil des pages, il nous entraîne à la découverte de l'extraordinaire fonctionnement de la forêt : comment les arbres interagissent, communiquent, se déplacent et se défendent.

La Vie secrète des arbres nous donne accès à un monde merveilleux mais fragile.

Protéger les arbres, c'est protéger l'humanité tout entière.




Cette bande-dessinée est une adaptation du livre du même nom de Peter Wohlleben, un ingénieur forestier allemand qui nous parle de sa vie, de son amour des arbres et de la nature, et de tout ce qu’il y a à savoir sur les arbres.


Cet ouvrage se présente comme une véritable petite Bible des arbres dans lequel l’auteur nous communique sa passion et son savoir. On en apprend notamment sur les différentes espèces d’arbres, comment ils vivent en forêt comme en ville, comment ils grandissent (un processus pas si évident qu’il n’y paraît), comment ils se reproduisent, comment ils migrent, comment ils communiquent entre eux, comment ils survivent et font face au danger (intempéries, incendies, parasites, etc), mais aussi leur vie sociale (entre eux ou avec les animaux) et les bienfaits des arbres pour nous mais aussi pour la Terre et l’écosystème.


Ce que je peux reprocher à cette bande-dessinée est l’accumulation d’informations. On a en effet un trop plein d’informations parfois décousues et redondantes et qui sont présentées de façon trop académique. J’ai parfois du persévérer dans ma lecture, et il m’a fallu faire de nombreuses pauses. Ce n’est pas un livre qu’on peut lire en une fois car, malgré son format bande-dessinée, la lecture n’est pas toujours fluide, et c’est parfois difficile d’assimiler toutes les informations.


Pourtant, le sujet est passionnant ! N’allez pas croire que j’ai passé un mauvais moment, bien au contraire. J’ai beaucoup aimé en apprendre davantage sur la vie et le fonctionnement des arbres. J’ai appris beaucoup de choses intéressantes et je vois les arbres d’une autre façon à présent !



Ce sont des organismes qui sont plus complexes et intéressants qu’on pourrait le croire de prime abord. Bien que dépourvus de cerveaux, ils sont capables d’apprendre et de mémoriser certaines expériences. Quand un arbre est attaqué par des insectes par exemple, il peut apprendre à se défendre ou à mieux se protéger. C’est notamment le cas des hêtres et des chênes quand trop de sangliers dévorent leurs glands : pendant quelques années, ils vont produire beaucoup moins de glands, forçant leurs prédateurs sangliers à aller chercher à manger ailleurs. Une fois la menace éloignées, ces arbres se remettent à produire. Nous avons aussi des arbres qui rendent leurs feuilles toxiques quand elles sont mangées par des girafes, mais aussi comment certains arbres peuvent développer une écorce épaisse pour se débarrasser de parasites comme les champignons ou des bactéries.


Les arbres sont également capables de communiquer entre eux grâce à un réseau de racines combinées à celles de leurs congénères ou bien grâce à des molécules volatiles, et se prévenir en cas de danger (quand un animal mange leurs feuilles par exemple). En forêt, la communauté des arbres résiste plus facilement car ils s’épaulent et peuvent s’appuyer sur leurs voisins tandis que des arbres plus isolés sont plus fragiles face aux intempéries et autres menaces, ce qui me fait me sentir triste pour les arbres des villes qui ne s’épanouissent pas comme les arbres dans les forêts et qui sont plus isolés et dans un environnement moins sain (l’air est moins pur en ville qu’en forêt).


C’est aussi un ouvrage biographique car l’auteur revient sur sa vie depuis son enfance et son attirance pour le monde forestier depuis le plus jeune âge, son déménagement à la campagne, son métier d’ingénieur forestier qui l’a conduit à utiliser les arbres comme des produits à utiliser, pour le profit, ce qu’il a détesté faire, et comment il en est venu à gérer enfin la forêt de sa ville comme il l’entendait, et faire mieux connaître à la population ce monde qui le fascine tant et les sensibiliser à cette cause qui lui est si chère. J’ai beaucoup aimé cet aspect biographique et la passion de l’auteur est communicative.



L’auteur a aussi parfois un discours alarmiste et provocateur, à raison car on ne peut pas lui reprocher de souligner le maintien fragile de l’écosystème et comment l’Homme traite l’arbre et la nature, davantage comme une source de profit que quelque chose à respecter, à chérir et à protéger. Heureusement, malgré ce discours alarmiste, il nous partage tout de même quelques nouvelles rassurantes et que, même si la situation est inquiétante, il y a des progrès, une prise de conscience, des tentatives d’amélioration.


En outre, une bande-dessinée instructive et passionnante, une véritable plongée dans le monde des arbres qui est constitué de secrets et de richesses insoupçonnés, mais des informations pas toujours présentés de la façon la plus attrayante qui soit. C’est un livre à lire à son rythme, en prenant son temps pour assimiler toutes les informations données. Cela dit, c’était instructif et les dessins, sans être époustouflants, font leur travail. On voit les arbres d’une autre façon, et ça donne envie d’un bon bol d’air frais en forêt !


mardi 8 avril 2025

Sa Majesté Mène l'Enquête (T.1) Bal tragique à Windsor - S.J. Bennett.


Windsor, printemps 2016. La reine Elizabeth II s'apprête à célébrer ses 90 ans et attend avec impatience la visite du couple Obama. Mais au lendemain d'une soirée dansante au château, un pianiste russe est découvert pendu dans le placard de sa chambre, quasiment nu.

Shocking ! Quel scandale si la presse l'apprenait ! Lorsque les enquêteurs commencent à soupçonner son fidèle personnel d'être impliqué dans cette sordide affaire, Sa Majesté, persuadée qu'ils font fausse route, décide de prendre les choses en main. Mais être reine a ses inconvénients, et notamment celui de ne pas passer inaperçue. C'est donc Rozie Oshodi, sa secrétaire particulière adjointe, une brillante jeune femme d'origine nigériane, qui va l'aider à démêler ce sac de nœuds en toute discrétion...

God save the Queen du cosy crime !



Ce qui m’a attiré dans ce roman policier, c’est que, comme son titre l’indique, sa majesté la reine Elisabeth II mène l’enquête ! J’ai apprécié cette originalité et, même si elle envoie sa secrétaire interroger quelques personnes et faire quelques tâches, il n’empêche que sa majesté fait marcher ses cellules grises, à l’instar d’un célèbre détective belge. J’ai aimé suivre l’histoire du point de vue d’Elisabeth, de suivre la reine, la femme mais aussi l’enquêtrice, et de découvrir que son altesse n’en est pas à sa première enquête, loin de là, mais qu’elle souhaite rester discrète et laisser d’autres personnes récolter les fruits de son labeur.

 

Ce que j’ai trouvé plaisant et intéressant dans ce roman, c’est qu’on accède à l’intimité de la reine. On voit l’envers du décor, grâce à une auteure qui connaît manifestement son sujet, et qui s’attache à mettre en relief l’humanité de la reine. J’ai aimé cette plongée dans le quotidien de la monarchie britannique, les rôles de chacun, le poids des mondanités et du protocole, les nombreuses réceptions. Heureusement, les échanges avec le prince Philip sont savoureux, avec son humour particulier et le fait qu’il ne soit pas toujours très conventionnel.

 

La reine est présentée avec respect, on y voit bien les limites et les contraintes de son rôle. Elle doit diriger l’enquête sans en avoir l’air. Que dirait l’opinion et ses sujets ? Mais elle ne peut laisser passer l’affaire, surtout quand les soupçons se posent sur ses proches collaborateurs. C’est pourquoi elle a recours à sa secrétaire, Rosie, qu’elle envoie interroger les témoins ou faire quelques emplettes.

 

Le paradoxe de ce roman est que j’ai davantage préféré les scènes sur Elisabeth, ses échanges avec son mari, sa vie de famille, ses tâches de reine, et les petits détails sur la vie de la monarchie, que l’enquête criminelle en elle-même qui ne m’aura pas bien palpité. Pourtant, ça partait très bien au début ! On est dans un cozy mystery, mais avec des tenants et aboutissants politique entre la Russie, la Chine et l’Angleterre. Ça parle d’attentat, d’espionnage, de Poutine et ses magouilles. Nous avons même la visite du couple Obama ! Autant dire que j’ai été agréablement surprise.

 

Malgré cela, l’intrigue policière est loin d’être à la hauteur. J’ai trouvé l’enquête molle, avançant à un rythme bien trop long. Je me suis ennuyée à plusieurs reprises, j’ai été tentée de survoler plusieurs passages, et j’avais hâte d’en finir avec ce roman. Les rebondissements ne sont pas très nombreux et le suspense est moyennement prenant. Je ne suis d’ailleurs même pas sûre d’avoir tout compris à l’intrigue et à la résolution de l’enquête. Outre les scènes sur Elisabeth, ce roman ne me laissera malheureusement pas un souvenir bien mémorable, et je ne pense pas lire les prochains tomes. U voyage en Angleterre sympathique mais non mémorable, malheureusement.


La reine était assise sur son lit, occupée à écrire son journal. Elle n’y notait jamais beaucoup de choses et surtout pas de cette nature. De nombreux historiens devaient déjà rêver d’avoir accès aux pages qu’elle remplissait rigoureusement chaque soir à la main, et qui seraient un jour déposées aux archives royales, dans la tour Ronde, avec celles de la reine Victoria. Il y avait cependant de fortes chances qu’ils soient déçus. Ceux qui liraient ces documents au XXIIe siècle y trouveraient des informations détaillées sur les courses hippiques, des observations sur le manque de vivacité d’esprit de certains premiers ministres et des anecdotes familiales mineures. Ses réflexions les plus profondes restaient entre elle et Dieu.

dimanche 30 mars 2025

Jules César - William Shakespeare.



Préférez-vous César vivant, et mourir esclaves, ou César mort, et tous vivre libres? César m'aimait, je le pleure. Il connut le succès, je m'en réjouis. Il fut vaillant, je l'honore. Mais il fut ambitieux et je l'ai tué. Pour son amitié, des larmes. Pour sa fortune, un souvenir joyeux. Pour sa valeur, du respect. Et pour son ambition, la mort. Qui parmi vous est assez vil pour accepter d'être esclave ? Si un tel homme existe, qu'il parle. Car lui, je l'ai offensé. Qui est assez grossier pour ne pas désirer d'être un Romain ? Si un tel homme existe, qu'il parle. Car lui, je l'ai offensé. Qui est abject au point de n'aimer pas son pays ? Si un tel homme existe, qu'il parle. Car lui, je l'ai offensé.

(Acte III, scène 2)




« Prends garde aux Ides de Mars. »


A l’approche du mois de mars, internet prépare blagues et memes à l’occasion des Ides de Mars, une façon se de moquer gentiment de la mort de Jules César, journée devenue mémorable sur les réseaux sociaux. A cette occasion, j’ai décidé de me coller enfin à la pièce de Shakespeare. Au final, je termine cette pièce le 30 mars (à 15 jours près, ça va, ça passe xD)


Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu de pièce de théâtre. L’avantage, c’est que ça se lit vite. Ce qui m’a aussi rendu la lecture agréable est que cela touchait une période historique qui me passionne, à savoir la Rome antique, et plus particulièrement la fin de la République romaine. Les événements de la pièce n’ont donc pas été une surprise pour moi, mais c’était intéressant de voir ce tableau historique peint par Shakespeare et comment il a choisi de représenter les personnages.


Parmi les personnages, nous avons Brutus, qui m’a bien surprise car il est souvent représenté comme le pire des traîtres. Ici, il est décrit comme un personnage noble et moral, peut-être même le seul dans cette œuvre, tiraillé entre son affection pour César et sa crainte que celui-ci n’abuse de ses pouvoirs et ne devienne un tyran, mettant à mal la démocratie à Rome. Au final, s’il décide de se joindre aux conspirateurs, ce n’est pas de gaieté de cœur, mais pour le bien public, car il craint que César ne devienne un tyran, mais jamais il n’aura un mot visant à salir César. Néanmoins, je pensais tomber sur une histoire père-fils tourmentée et tragique, ce qui n’est pas tant le cas. Brutus est davantage une figure tragique car il est influencé et entraîné dans l’histoire bien malgré lui, ce qui lui vaudra sa perte, alors qu’il ne voulait que le bien commun.

 

Nous avons également Cassius, un des conspirateurs, qui est un paradoxe. Homme envieux et sans scrupule, il est prêt à tout pour convaincre Brutus de se joindre à la conspiration mais il voue d’ailleurs à Brutus une amitié et une loyauté qui vont jusqu’à la dévotion presque amoureuse. Ensuite, Marc-Antoine, proche de César, j’ai beaucoup apprécié sa loyauté envers César, mais aussi son intelligence, on peut même dire son côté calculateur et fourbe que l’on voit parfaitement illustré dans son discours funèbre au peuple, auprès de la dépouille de César, qui fut tout simplement un délice à lire lorsqu’il fait mine de ne pas avoir de griefs pour les conspirateurs tout en les accusant indirectement et en attisant la colère du peuple sur eux. Le peuple est ici vu comme une girouette, elle a un côté versatile qui est assez comique mais aussi réaliste. Il faut se l’avouer, le peuple a toujours été ainsi, se faire amadouer par nos politiciens.

 

Finalement, le seul qui soit plus discret dans cette œuvre, c’est bien celui qui donne à la pièce son titre, alias Jules César lui-même. Après la première moitié du 3e acte, exit le grand César, terrassé par les conspirateurs. Mais, au final, que ce soit avant et après les Ides de Mars, César est au cœur même de l’intrigue. Tout d’abord, à travers les conspirations visant à l’assassiner, puis après sa mort, lorsque Octave, petit-neveu de César, et Marc-Antoine vont s’atteler à venger César et à traquer les conspirateurs.

 

Je n’ai pas grand-chose à dire concernant César. Shakespeare a su en faire un personnage humain. Il est au sommet de sa gloire mais on sent la fragilité de l’âge et, peut-être, de nombreuses années de guerres. Shakespeare reste énigmatique finalement sur la question : César voulait-il abuser de son autorité pour devenir roi et régner sans partage, ou les conjurés ont-ils anticipé un péril qui n’avait pas lieu d’être ?

 

J’ai aimé me plonger dans cette fresque historique, entre complots, assassinat, tensions politiques et guerre civile. La tragédie monte en intensité au fur et à mesure qu’arrive le meurtre de Jules César puis la dernière partie est tout aussi intense dans la guerre que se livrent Brutus et Cassius d’un côté et Octave et Marc-Antoine de l’autre, jusqu’à la victoire d’un camp. Un classique que je ne regrette donc pas d’avoir découvert, de par l’histoire qu’elle met en scène, où l’Histoire se mêle à l’histoire de nos personnages qui sont complexes et finalement humains.


Ô jugement tu t’es réfugié chez les bêtes brutes, et les hommes ont perdu leur raison ! Veuillez me supporter avec patience ; mon cœur est ici dans ce cercueil avec César, et il faut que je m’arrête jusqu’à ce qu’il me revienne.

vendredi 28 mars 2025

Mémoires de la forêt (T.4) La Saison des adieux - Mickaël Brun-Arnaud et Sanoe.


Autour de la famille Renard, on s'active aux préparatifs de l'anniversaire des quatre-vingts ans de la librairie de Bellécorce quand soudain, une branche craque. C'est le premier signe d'une terrible maladie : le croquebois. 

Pour en venir à bout, une seule solution : couper l'arbre. Mais, ça, Ernest Renard ne peut s'y résoudre. Le vieux chêne abrite les souvenirs et les œuvres de sa mère, Anouchka. S'il disparaît, c'est aussi elle qui s'en ira encore un peu plus. 

À moins que l'arbre des souhaits, un pommier magique dont Anouchka lui avait parlé quand il était petit, n'accomplisse un miracle. Sa quête à travers la forêt lui réservera bien des pépins, et la vie à croquer.




Ça me fait bizarre de dire au revoir à cette série.


Comme les tomes précédents, celui-ci est un petit bijou, tant au niveau du récit qu’au niveau visuel. C’est mignon, tendre, émouvant, gourmand et intergénérationnel. On retrouve les thèmes chers à la série : la mémoire, la transmission, la famille et l’amitié.


J’ai malgré tout trouvé l’histoire moins touchante et prenante par rapport aux tomes précédents, sans que ça n’entache la qualité du roman. C’est clairement l'histoire la plus triste de la série, l’ambiance est plus sombre, il y a moins d’humour, moins de légèreté et les lieux visités m’ont moins fait rêver. Pour autant, ça reste une jolie histoire, l’auteur vise toujours juste au niveau de la psychologie des personnages et des thèmes abordés.


À ma grande surprise, nous ne suivons pas Archibald dans ce dernier tome mais Bartholomé, son neveu devenu adulte et papa de deux jeunes renardeaux, Ernest et Lothaire, et qui a repris la librairie familiale. Alors que toute la famille Renard et Bellécorce fêtent l’anniversaire de la librairie, l’assemblée découvre avec stupeur que l’arbre qui abrite la librairie est en train de tomber en ruine. Le verdict est sans appel. L’arbre est atteint de la terrible maladie du croquebois dont le champignon ronge le bois petit à petit et dont il n’existe aucun remède.


Alors que Bartholomé, le cœur lourd, se résout à déménager sa petite famille et les livres, son aîné Ernest ne peut s’y résoudre. C’est qu’il a tous les souvenirs de sa maman disparue dans cette maison, il refuse de croire que c’est sans espoir. C’est ainsi qu’il se met en quête, en compagnie de son amie taupe Mathilde, de retrouver l’arbre aux souhaits dont sa maman lui racontait l’histoire, dans l’espoir de sauver la librairie familiale.




À l’insu de leurs parents, Ernest et Mathilde partent donc à l’aventure, traverser Bellécorce et faire différentes rencontres. Je dois avouer que [spoiler] je m’attendais à ce qu’ils ne puissent pas sauver l’arbre [/spoiler] mais cette issue ne m’a pas déçue et je m’y attendais, et ce n’était pas vraiment le but de l’intrigue mais plutôt de délivrer un joli message touchant sur le fait de grandir, de devoir laisser derrière soi des choses pour avancer dans la vie et ce malgré les épreuves. On ne peut que trouver touchant Ernest, ce petit renardeau si jeune mais déjà marqué par la vie et qui forme une amitié touchante avec Mathilde. Concernant celle-ci, j’ai eu un peu de mal à cerner qui était cette Lilas au départ avant de comprendre qu’il s’agissait [spoiler] d’une allusion à son handicap, sa peau pelée, l’occasion pour l’auteur d’aborder les thèmes du handicap, de l’acceptation de soi [/spoiler]


On repart aussi plusieurs fois en arrière, dans le passé de Bartholomé quand il était jeune renardeau et son amitié avec Ferdinand Taupe. Bien que j’aie trouvé leur amitié touchante, surtout leur dernière scène ensemble, je dois avouer que j’aurais préféré que ce soit Archibald à la place de Bartholomé, je trouvais ce choix plus pertinent et plus logique de terminer la saga sur les deux personnages avec qui nous avons commencé la série, et cela aurait donné une dimension plus forte et touchante à l’amitié entre Archibald et Ferdinand. Cela dit, les scènes avec Ferdinand étaient très touchantes, et la dernière scène avec ce personnage m’aura fait verser ma petite larme, d'autant que ce roman aura été l'occasion de revoir tous les personnages de la saga, peut-être pour un au revoir aux lecteurs également... 



Archibald m’aura quand même manqué ans ce tome, mais j’ai été agréablement surprise d’apprendre que [spoiler] il est marié à Célestin Loup. Monsieur Brun-Arnaud, je veux une histoire courte nous racontant cette histoire d’amour !! [/spoiler]



Je quitte donc cette saga et cet univers avec regret, et je remercie l’auteur et l’artiste pour ces incroyables aventures touchantes comme cozy. Si l’auteur écrit d’autres romans jeunesse, je les découvrirai avec grand plaisir !


- Ton amie Mathilde a raison, mon amour, murmura tendrement Anouchka, une patte sur sa joue. Dans la vie, il y a des choses qu’on doit tout faire pour retenir, et d’autres qu’il faut accepter de laisser partir. Je suis certaine que tu trouveras la force, la patience et le courage de les discerner les unes des autres. N’oublie jamais, mon ange, même lorsque ta patte refuse de lâcher prise, même lorsque tu as mal à en pleurer, perdre, c’est parfois retrouver… Un arbre ne peut grandir que si on lui laisse la place de pousser, tu ne crois pas ? Fais-moi confiance, Ernest. Maintenant, tu peux lâcher prise.

vendredi 21 mars 2025

Sherlock Holmes et le complot de Mayerling - Nicole Boeglin.



En cet hiver 1889, une jeune femme se présente au 221B Baker Street. La dame de compagnie de l'impératrice Sissi vient, dans la plus grande discrétion, requérir l'aide de Sherlock Holmes. En effet, le fils de l'impératrice a été retrouvé mort dans le pavillon de chasse de la propriété de Mayerling. L'enquête officielle a conclu au suicide. Un peu vite. Holmes et Watson découvrent rapidement des indices pour le moins suspects.

Qui est cette jeune femme retrouvée morte aux côtés du prince et que l'on a enterrée en secret ? Et pourquoi un tableau a-t-il été volé au moment du meurtre ? La mort du prince n'est que la partie émergée d'une vaste affaire. Sherlock va devoir faire appel à toutes ses capacités de déduction pour en démêler les fils...




Ce roman me laisse une impression plus que mitigée…


Pourtant, il avait tout pour me plaire ! Sherlock HolmesSissi, la tragique histoire de Rodolphe de Habsbourg, un polar historique sur l’une des affaires les plus passionnantes et les plus mystérieuses de la fin du XIXe siècle. Tous les ingrédients étaient là, et j’ai commencé ma lecture avec beaucoup d’enthousiasme.


Il faut dire que c’est une affaire encore non élucidée à ce jour, qui a fait couler beaucoup d’encre depuis 1889. Que s’est-il passé ? Le prince héritier Rodolphe s’est-il réellement suicidé après avoir tué sa jeune maîtresse ? Pour quelle raison ? Sa dépression ou la maladie incurable dont il était atteint ? Ou bien s’agit-il d’un assassinat politique déguisé en suicide ? Plusieurs théories vont se succéder au fil des ans, sans qu’aucune ne soit totalement avérée, d'autant plus que l'enquête a été bâclée et que de nombreuses preuves ont disparu, voire ont été volontairement détruites comme la scène du crime. Avec un tel mystère, pas étonnant que la fiction s’en soit emparée, et pour mon plus grand plaisir !


J’ai retrouvé avec plaisir Holmes et Watson qui sont plutôt fidèles à ceux écrits par Doyle. Je n’aurais pas été contre un Watson plus dans l’action et un petit moins long à la détente, surtout sur des choses qui ont semblé évidentes même à la modeste lectrice que je suis, même si tel est le rôle de Watson. À l’instar du canon, il est perdu, pose de nombreuses questions à Holmes pour nous permettre de mieux comprendre les aboutissants de l’intrigue. Je dois aussi avouer avoir été déconcertée de voir Watson appeler et désigner Holmes par son prénom, chose qu’il n’a jamais faite dans le canon. Vous me direz, je chipote pour un petit détail mais c’est un détail qui a son importance pour moi.


Toutefois, j’ai pris plaisir à suivre Holmes et Watson qui, depuis ma toute première lecture de SH, sont comme des compagnons qui m’accompagnent depuis longtemps et que je prends plaisir à retrouver. J’ai ainsi aimé les suivre dans une nouvelle enquête. Étant fan de l’histoire de Sissi, des Habsbourg et la tragédie de Mayerling, l’enquête ne pouvait que me plaire. Si le récit peut s’alourdir en nous présentant tout l’arbre généalogique des Habsbourg et de voir apparaître plusieurs noms de cette illustre famille et les liens entre eux, ça n’a pas gâché mon plaisir puisque j’étais déjà, de base, très intéressée par tout ça. Sans être une spécialiste, je peux toutefois affirmer que l’auteure s’est basée sur de solides sources et a su reconstituer fidèlement le cadre familial mais aussi socio-politique de l’époque et se réapproprier ces éléments, notamment dans le cadre de l’enquête (l’affaire demeurant irrésolue à ce jour).


J’ai aimé le cadre socio-politique qui se dévoile au fur et à mesure que l’on avance dans l’intrigue. Un jeune prince libéral qui critique la politique conservatrice de son père, des relations fragiles entre l’empire autrichien et le jeune empire germanique qui gagne en puissance, une alliance fragile entre l’Autriche et la Hongrie, sans compter les tensions et secrets au sein de la grande famille des Habsbourg. L’auteure a su nous repeindre fidèlement le portrait du prince Rodolphe, et on en apprend davantage sur lui, ses engagements, son passé difficiles, etc. En bref, je n’ai pas boudé mon plaisir, bien au contraire ! La plume de l’auteure est fluide et on ne peut que féliciter son travail de documentation parfaitement élaboré.


Puis, en plein milieu de roman, nous sommes propulsés dans les années 1990 à suivre la correspondance entre deux jeunes femmes, Tania et Lily, qui enquêtent elles-aussi sur l’affaire Mayerling [spoiler] on apprendra d’ailleurs que l’une est une descendante des Habsbourg et l’autre une descendante d’Irène Adler ; je n’ai pas compris l’intérêt que Tania soit une Adler, comme ça ne sert strictement pas à l’intrigue [/spoiler]. J’ai eu du mal à m’habituer à ce changement de ton soudain puisque le récit se fait plus contemporain et surtout épistolaire. Non pas que les romans épistolaires me déplaisent mais le changement de style m’a dérouté. Surtout, je ne comprends pas ce choix. Pourquoi, dans les années 90, nos deux protagonistes n’auraient pas utilisé le téléphone pour échanger des informations censées être importantes et urgentes concernant leur enquête ? D’autant que certaines lettres faisaient juste du remplissage (par exemple, nous avons une lettre de deux lignes où Machine dit à Trucmuche qu’elle va se promener. C’est tout).


Au cours de leur enquête, l’une sera accompagnée par un journaliste dont nous ignorons l’identité réelle mais qui a des capacités de déduction et une intelligence semblables à celles de Holmes ainsi que des yeux gris… Nous n’avons pas de nom mais on peut imaginer qui était son ancêtre.


Je dois avouer avoir un peu décroché pendant cette seconde partie dont le rythme de lecture a été plus lent. Cette partie n’est pas dénué de qualités et elle se laissait lire bien volontiers mais avec moins d’enthousiasme de mon côté.


Je n’ai réussi à avoir un regain d’intérêt que lorsque nous repartons sur le récit de Watson. J’ai trouvé la résolution de l’enquête (la véritable nature de la mort du prince héritier) et les raisons du silence de Holmes et Watson sur cette affaire plutôt crédibles, le méchant un peu moins [spoiler] le fait de faire de Moriarty un prince de la famille des Habsbourg m’est plus risible qu’autre chose, et que son descendant veuille poursuivre sa vengeance, alors que l’empire austro-hongrois n’est plus et les Habsbourg ayant perdu leur puissance et influence d’antan, pas franchement crédible [/spoiler]. Je dois cependant avouer avoir été frustrée par la fin qui n’en est pas vraiment une pour moi puisqu’elle nous laisse sur un cliffhanger, et je suis laissée frustrée et sur ma faim. Peut-être aura-t-on droit à une suite… Mais si elle se penchera surtout sur Tania et Lily, sans Holmes et Watson, je pense que je passerai ma route…


En conclusion, malgré des ingrédients prometteurs (une enquête historique, plusieurs personnages historiques et notamment présence de Sissi et Franz, la présence de Mycroft, etc), l’ensemble du roman peine à convaincre et me laisse donc un avis mitigé.


L'année 1889 fut chargée. Elle le fut tout particulièrement en cette fin du mois de janvier. J'avais promis à mon ami Sherlock Holmes que tout ce que j'allais écrire sur cette affaire le serait dans le plus grand secret, et que mon récit ne serait jamais publié de notre vivant. Car cette histoire pourrait semer le chaos et la consternation dans les plus hautes sphères de la société, et surtout, mettre l'Europe à feu et à sang. Je n'ai nul besoin de préciser qu'une semblable indiscrétion est impensable et que ces archives seront soigneusement dissimulées. Le monde n'est pas encore prêt.