jeudi 20 mai 2010

Dracula l'Immortel - Dacre Stoker et Ian Holt.


En 1888, un groupe de six intrépides a réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l’un d’eux a laissé sa vie les poursuit. Combat quasi mystique contre les forces du mal, vengeance d’amoureux endeuillés ou inextinguible jalousie : les raisons mêlées de leur acte continuent de perturber leur existence et la disparition du prince des ténèbres n’a pas apaisé leurs tourments.

Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un deuxième assassinat d’une effroyable cruauté au cœur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier latin à Piccadilly Circus, l’ombre de Dracula semble à nouveau planer… Les héros d’autrefois devront faire face à un ennemi insaisissable aux attaques sournoises ou d’une violence inouïe, mais aussi à leurs propres démons. De quoi brouiller les pistes et troubler les esprits, dans une intrigue menée avec maestria qui ressuscite le fantasme et la malédiction de l’immortalité.

Dracula étant l’un de mes romans préférés, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre qui s’annonçait comme sa suite, d’autant plus qu’elle a été écrite par l’un des descendants de Bram Stoker et par un spécialiste des vampires et de Dracula. Alors, verdict ?



Affligeant. Consternant. Décevant.



Pauvre Bram Stoker qui doit se retourner dans sa tombe. Qu'a-t-on fait à son célèbre Dracula ? J’ai bien envie d’aller retrouver les héritiers de Bram Stoker et de les secouer et de leur demander pourquoi ils ont donné leur approbation quant à la publication de ce livre qui dénature clairement l’œuvre de leur aïeul, alors qu’ils l’annoncent comme étant une œuvre fidèle. Avec un tel slogan sur la couverture, j’aurais du me douter que le livre allait être médiocre. Je ne m’attendais pas à une telle horreur !



Je n’ai rien à reprocher au style d’écriture, bien que l’on s’éloigne du style épistolaire du roman d’origine. La lecture est relativement facile avec un style pas trop désagréable, ça se lit sans trop de peine… à condition de pouvoir y parvenir, car plus on avance dans l’intrigue et plus on a envie (moi en tout cas) de jeter le livre par la fenêtre.



Peut-être aurait-ce été une meilleure histoire si les auteurs avaient raconté une histoire de vampire avec des personnages à eux. L'intrigue était intéressante pourtant : nos héros, 25 ans après, vieux et fatigués, mais obligés de se confronter de nouveau au mal qu'ils ont combattus auparavant, alors que le fils de Jonathan et Mina : Quincey Harker, est dans l'ignorance la plus totale concernant le passé de ses parents.



À ceux qui ne veulent rien savoir, ne continuez pas. Sinon, cliquez et faites passer votre souris pour lire les spoilers :



Ça commence ici >> D'abord, j'ai du mal à comprendre la présence de l'auteur, Bram Stoker, dans ce livre. Surtout qu’il est représenté ici comme un homme malheureux, colérique et jaloux du succès de son rival, Oscar Wilde, car il est persuadé que son Dracula sera vite oublié de la littérature tandis que l'on se souviendra pendant des années du Portrait de Dorian Gray. Son Dracula est d’ailleurs une histoire vraie que le Professeur Van Helsing aurait raconté à l’auteur, trahissant ainsi le groupe qui avait fait serment de ne jamais divulguer quoique ce soit de leur passé. Ça ne rend vraiment pas hommage à Bram Stoker !



Les personnages n’ont plus aucune saveur… et pour cause, ils ont été dénaturés par les auteurs ! Encore que je suis trop gentille dans cette expression… ils ne dénaturent pas les personnages… je veux dire qu’ils les piétinent, les roulent dans la boue, les massacrent à coup de hache en passant la voiture dessus en marche avant-arrière-avant-arrière avant de brûler le reste puis de le jeter aux ordures.



Van Helsing qui trahi le groupe en dévoilant leur histoire… Van Helsing transformé en vampire par Dracula… Encore que le concept aurait pu être intéressant : le chasseur de vampire devenu lui-même vampire, quelle ironie du sort… mais voilà, au lieu de s’en épouvanter, il y prend goût, et il n'hésiterait pas à tuer Quincey Harker si le jeune homme n'adhérerait pas à ses idées ! Mais la cerise sur le gâteau est que ce serait Van Helsing et non pas Dracula, qui aurait tué Lucy à la suite d'une mauvaise transfusion sanguine. Le bon Dracula, dans son immense bonté, l'aurait transformée en vampire pour la sauver !



Dracula n’est pas mieux loti ! Le si cruel Dracula, ici, est transformé en pauvre innocent incompris, pris pour le grand méchant de l'histoire, alors qu'il n'a rien fait de mal. Il a emprisonné Jonathan dans son château ? C’était pour sa sécurité ! Les marins du Démeter ? Il ne les a pas tué, c’est la peste ! Lucy ? Il a voulu lui sauver la vie !



Le moment où j'ai vraiment failli balancer le bouquin est lorsque les auteurs nous ont servi un scénario à la Star Wars : "Non Quincey, je n'ai pas tué Jonathan Harker, celui que tu crois être ton père... non... JE SUIS TON PERE !!!". Ok, où sont mes pilules de cyanure ?



………………… Quincey ? Fruit d'une relation Mina/Dracula ? Dracula et Mina qui s'aiment ? Mina en vampire ? Mina qui trompe son mari, Mina qui a toujours aimé Dracula ? Et le reste des héros : Jonathan, Arthur, Seward... tous transformés en abrutis incapables qui ont mal vieillis, sans aucune profondeur.



La présence d’Élisabeth Bathory, la très tristement célèbre comtesse sanglante, l'évocation de l'ère victorienne, du Titanic et de Jack l’Éventreur paraissaient tellement prometteurs pourtant... et vlan, qu'on nous sort : Bathory est Jack l’Éventreur, c'est elle le grand méchant de l'histoire, elle qui veut se venger des héros, elle qui veut tuer Dracula qui veut la tuer pour stopper le carnage en la suppliant de laisser nos héros tranquilles. Quelle plaisanterie ! Mais pincez-moi, je rêve ! >> FIN !



De plus, les auteurs dénaturent le mythe du vampire tel que raconté dans le roman d’origine : ils peuvent regarder sans crainte des crucifix, on voit leur reflet dans la glace, Dracula peut encore procréer alors que lui et tout son organisme sont sensés être morts, et ainsi de suite !



Si on considère le livre en lui-même, c'est une bonne histoire de vampire avec ses défauts et ses qualités. Le problème est que ce n'est pas une simple histoire de vampire : les auteurs ont misé haut en s'attaquant à une suite de Dracula. A côté du chef-d’œuvre, cette suite ne tient pas la route et même si les auteurs ont beaucoup repris l’œuvre originale, il trahissent beaucoup d'éléments de Dracula, contredisent Bram Stoker, et on ne retrouve pas les personnages originaux. Ils vont à l'encontre des idées reçues, on a de la violence gratuite, des personnages méconnaissables... Bien-sûr, on peut prendre des libertés sur une œuvre, ça n’empêche pas sa qualité, mais ici c’est plus que prendre des libertés, c’est complètement retourner une œuvre ! J’ai l’impression d’avoir lu une très mauvaise fanfiction. Et c’est dommage, car une suite de Dracula était tellement prometteuse !



Maintenant, je vais tenter de me remettre de cette lecture en relisant l’œuvre d’origine. Si vous voulez du Dracula, découvrir le vrai Dracula, lisez le roman d'origine !



Un bruit de pas à l'extérieur lui fit dresser l'oreille.
- Beth ?
N'obtenant pas de réponse, il se reprit : - Wentworth ?
Toujours rien. Derrière la porte, une ombre passa sur le sol de marbre. On marchait dans le couloir. Des bruits de pas, à nouveau... Holmwood se précipita dans le corridor.
- Qui est là, nom d'un chien ?
Silence. Manifestement, Arthur était seul. Il sentit un courant d'air froid, puis perçut comme une respiration. Il regarda autour de lui, rien. Il remarqua alors la fenêtre ouverte. Le mystère est résolu. Il alla pour la fermer, souriant de sa paranoïa, et pensa à ses anciens camarades légionnaires qui se seraient volontiers moqués de lui. Une fois le loquet baissé, Arthur revint au bureau, quand il huma une odeur familière. Du lilas ? Sûrement pas en cette saison. le parfum préféré de Lucy... Cette seule pensée lui donna la chair de poule. A l'époque, il le faisait venir de Paris spécialement pour elle.


Chapitre XXXII.

vendredi 14 mai 2010

De Gaulle et Churchill : La mésentente cordiale - François Kersaudy.

http://petitelunesbooks.cowblog.fr/images/Couverturesdelivres/DeGaulleChurchill.jpg
Churchill : ... De Gaulle, un grand homme ! Il est arrogant, il est égoïste, il se considère comme le centre de l'univers... il est... vous avez raison, c'est un grand homme ! ...


De Gaulle : Pauvre Churchill ! Il nous a trahit, et il nous en veut d'avoir à nous trahir...


Lorsque s'affrontent les deux plus grands hommes d'Etat du XXe siècle, il faut bien s'attendre à des gerbes d'étincelles... Ayant consulté vingt fonds d'archives et interrogé de nombreux témoins, François Kersaudy reconstitue plus de trente rencontres entre le Premier ministre britannique et le chef de la France libre. Un livre véritablement unique, puisque c'est le seul ouvrage qui soit exclusivement consacré aux relations d'amour et de haine entre les deux hommes... L'ayant refermé, le lecteur considérera nécessairement d'un autre œil les Mémoires de guerre du général de Gaulle et ceux de Winston Churchill...


Voici une de mes lectures coup de 
cœur, l'un des livres chéris de ma bibliothèque !
Il s'agit d'un document historique sur les relations d'amour et de haine entre deux grands personnages historiques qui me fascinent, un petit pavé sur les rencontres mouvementées de deux grandes figures de notre histoire : Winston Churchill, que l'on connaît surtout pour avoir été le premier ministre de la Grande-Bretagne durant la seconde guerre mondiale, et Charles de Gaulle, célèbre général français qui s'est surtout illustré par son appel du 18 juin, par ses actions pour la Résistance et qui fut aussi un de nos présidents de la cinquième république. 

Deux hommes que tout oppose mais qui sont partagés par le même amour d'un même pays, la France. Petite surprise de ce côté-là, ce livre m'aura appris tout l'amour et l'attachement que Churchill portait à notre pays, sans cela, De Gaulle aurait vraiment eu du mal à s'occuper de la Résistance Extérieure, Churchill a vraiment aidé De Gaulle de ce côté-là... à soutenir le général contre vents et marées... avant que Roosevelt ne fourre son nez dans l'affaire et n' 'oblige' Churchill à voir De Gaulle comme le président américain le voyait, il faut dire que Roosevelt ne portait pas vraiment De Gaulle dans son cœur... et qu'il a bien fait savoir à Churchill que l'Angleterre était l'allié majeur de l'Amérique et il a voulu qu'il partage son opinion de De Gaulle, il a réussi dans un certain temps, les relations entre Churchill et De Gaulle ont souvent été mouvementées, leur amitié testée...

On voit De Gaulle seul, exilé, méprisé par les Américains, malmené par Churchill, s'imposer contre vents et marées. Il a des exigences. Il parvient à faire représenter la France parmi les Grandes Puissances qui cosignent la paix en 1945... L'exploit n'est pas mince. On découvre également les arcanes d'une politique étrangère américaine bien ambiguë, en tous cas ouvertement anti-gaulliste. Roosevelt, en politique soucieux de sa réélection à la présidence, flatte le gouvernement de Vichy et n'ose pas parier sur un De Gaulle qui se prétend la France à lui seul. Puis, on nous montre le soutien du Parlement anglais, de la presse et du peuple britannique envers le Général et ses quelques Français. Encore une surprise de ce côté-là. On découvre aussi des personnages « secondaires » comme Anthony Eden qui soutient De Gaulle et tente d'arrondir les angles avec Churchill.

C'est une drôle de relation, celle entre De Gaulle et Churchill, surtout que De Gaulle se méfiait un peu de la "Perfide Albion", de l'Angleterre, mais il n'y a pas eu que des mauvais moments, Churchill a porté beaucoup d'espoir en De Gaulle, surtout en 1940, et leur relation tantôt houleuse tantôt amicale est une "histoire" qui se finit bien, quelques années après la fin de la guerre, les rancœurs se sont calmées et les deux hommes partagent une amitié au-delà de la politique, jusqu'à leur mort, parfois c'était touchant, j'avais un grand sourire idiot collé sur ma figure. Mais honnêtement, j'ai dévoré jusqu'à la fin, un très bon livre sur Churchill et De Gaulle, leur relation, et toutes ces choses qui nous permettent d'en savoir plus et même de mieux comprendre les événements de la Seconde Guerre Mondiale... finalement, Churchill, c'est vraiment une personnalité intéressante à étudier.


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Sir Winston Churchill et le général Charles de Gaulle durant la Seconde Guerre Mondiale.


'Alors que je traversais le couloir plein de monde qui menait à la cour, écrira Churchill, je vis le général de Gaulle qui se tenait près de l'entrée, immobile et flegmatique. Le saluant, je lui dis à mi-voix, en français : "L'Homme du Destin". Il resta impassible.' 
L'aide de camp du Général, qui se tient à ses côtés, n'entendra pas ces paroles prophétiques. Et de Gaulle, lui, a-t-il entendu ? "Non, je n'ai pas entendu", dira plus tard le Général. Et il ajoutera : "Vous savez, Churchill, c'est un romantique."
3. Naufrage.