dimanche 3 décembre 2017

Coco.

Fiche technique :

Réalisation : Lee Unkrich et Adrian Molina.
Scénario : Adrian Molina et Matthew Aldrich.
Société de production : Walt Disney Pictures, Pixar Animation Studios
Durée : 1h40
Sortie : 21 novembre 2017 (USA), 29 novembre 2017 (France)

Avec les voix de :

- VO : Anthony Gonzalez (Miguel), Gael Garcia Bernal (Hector), Benjamin Bratt (Ernesto de la Cruz), Alanna Ubach (Mama Imelda), Ana Ofelia Murguia (Mama Coco), etc.
- VF : Andrea Santamaria (Miguel), Ary Abittan (Hector), Bernard Gabay (Ernesto de la Cruz), Brigitte Virtudes (Mama Imelda), Evelyne Grandjean (Mama Coco), etc.



Synopsis :

Miguel, un mexicain de 12 ans vivant avec sa famille dans une zone rurale du Mexique, résout un mystère générationnel lié à sa famille en déclenchant une série d'événements qui donnera lieu à une réunion de famille, entre défunts et vivants. L'action se déroule lors du traditionnel Jour des morts.

Mon avis :

Au départ, je n'étais pas emballée par ce film après visionnage de la bande-annonce, les avis enthousiasmes m'ont cependant fait changer d'avis et m'ont fait comprendre pourquoi le dernier Disney-Pixar est tant aimé par les critiques et les fans. Sans crier au chef d'oeuvre, Coco s'est révélé être une bonne surprise et un film très sympathique, mais aussi émouvant, à regarder. Mon avis est donc d'aller au-delà de la bande annonce car elle ne peut résumer, au risque de spoiler, tout ce que représente réellement le film car il s'agit plus qu'un film sur un petit garçon amoureux de la musique, mais empêché par la tradition familiale, et se retrouvant par inadvertance au royaume des morts.

Affiche teaser du film.
Les débuts de Coco n'ont pourtant pas été faciles, nombreux sont à avoir hurlé "appropriation culturelle" et "copier-coller de La Légende de Manolo", et il est vrai que ce fut un pari risqué de produire un film animé sur une tradition et fête religieuse célèbre au Mexique, pourtant les productions Disney et Pixar sont parvenus à reproduire fidèlement, sans dénaturer, le Mexique, ses traditions, son atmosphère et ses couleurs ; et si ce film présente quelques similitudes avec La Légende de Manolo (personnage aimant la musique mais pas sa famille, le contexte del Dia de los Muertos), les ressemblances s'arrêtent là, et Coco se présente comme un film avec une histoire différente.

Nous suivons le jeune Miguel, petit garçon Mexicain de 12 ans, vibrant pour la musique mais qui doit garder cette passion secrète, notamment auprès de sa famille qui, suite à une mauvaise expérience, a banni cet art il y a des décennies. Désintéressé par le métier de cordonnier, pratiqué depuis des générations par sa famille, Miguel ne rêve que de suivre les pas de son idole, Ernesto de la Cruz, musicien, chanteur et acteur de talent qui ne s'est arrêté à rien pour devenir quelqu'un. Cette passion pour la musique et son idole conduira Miguel par inadvertance au pays des morts lors du Jour des Morts, capable de voir les défunts venus rendre visite à leur famille. Profitant de cet incroyable coup du sort, Miguel se met en quête pour s'affranchir des traditions familiales et tracer son propre chemin...

Ce film nous fait voyager littéralement au Mexique et nous fait découvrir le pays et ses traditions jusqu'au plus petit détail : les décors avec par exemple les papel picado (ornements suspendus en papier coloré utilisés lors de célébrations), Flor de Muertos, les ofrendas laissées sur les autels pour les morts ; les personnages avec les musiciens Mariachi, Frida Kahlo qui nous apparaît lors de quelques scènes, même le chien Dante que vous pouvez voir sur l'affiche est un chien dit xoloitzcuintle, ou chien nu du Mexique, une race de chien très rare et ancienne originaire du Mexique qui, selon la légende, est supposé nous conduire dans le territoire des morts (et qui accompagne Miguel dans son aventure au territoire des morts ? Le chien). C'est un monde tout en couleur, on en prend plein les yeux, et notamment lors de notre découverte du royaume des morts : c'est vivant, coloré, musical, où les morts dont la mémoire est entretenue vivent une seconde vie. Mais il y a aussi les morts que l'on oublie, ceux qui ne peuvent se rendre auprès de leur famille encore en vie lors del Dia de los Muertos, et ceux qui sont voués à disparaître, nous présentant une dualité dans ce monde des esprits.

J'ai trouvé très intéressant que Disney et Pixar sortent des terrains battus pour se pencher sur une culture que nous Occidentaux ne connaissons peu sinon pas du tout. C'est dépaysant et vraiment très sympathique à découvrir, et cela ne s'arrête pas au niveau des graphismes, mais aussi du langage : ceux ayant étudié l'espagnol reconnaîtront quelques mots prononcés par les personnages (le dialogue n'est bien-sûr pas en espagnol, mais quelques mots espagnols se glissent par-ci par-là dans les paroles des personnages) et dans les chansons. La différence avec les autres Disney, c'est qu'aucun personnage ne chante pour expliquer un contexte ou sa situation (comme Ariel dans 'Partir là-bas', ou encore Raiponce dans 'Où est la vraie vie'), les chansons ici s'inscrivent dans un autre contexte : lors d'un concert, des membres de la famille chantant ensemble une mélodie familiale, ou lors d'une fête, et chaque chanson s'inscrit dans son univers, celui du Mexique. Il y a de très belles chansons, notamment La Llorona, Un Poco Loco ou Remember MeLe Mexique et ses traditions ont été très bien respectées ; bon après je ne suis ni une experte, ni d'origine Mexicaine mais je pense que Disney et Pixar s'en sont bien sortis, qu'ils ont fait du beau travail de recherche, allant même jusqu'à engager un dessinateur mexicain très critique.


Miguel devant l'autel de sa famille avec les ofrendas et flores de muertos.

Rien à redire au sujet de la bande-son et des graphismes, visuellement c'est super, on nous en met plein la vue et ça nous fait surtout penser à la mort sous un autre aspect ! Même si ce fut intéressant de voir abordé le sujet des morts dont le souvenir parmi les vivants commence à faiblir jusqu'à s'éteindre définitivement, et les morts qui n'ont pas leur photo sur des autels pour les ofrendas, et ce qu'il advient de ces morts. Mais sinon, au sujet de l'histoire ? Le thème passion du héros non approuvée par les membres de sa famille, ça n'a rien de nouveau et ici c'est assez exagéré 

[spoiler]

Genre, un membre de la famille ne veut plus entendre parler de musique depuis qu'un musicien de la famille est parti loin de la famille sans revenir... et tous les membres, même des générations suivantes, suivent le mouvement, sans avoir eu eux-mêmes de mauvaises expériences avec la musique ?? ça apporte certes des moments comiques que j'ai moi-même apprécié, surtout au travers du personnage d'Abuelita, mais il faut avouer que ça reste un peu exagéré surtout que ; outre le "dédain" pour la musique et leur respect des traditions, la plupart des membres de la famille de Miguel ne se démarquent pas trop...


 [/spoiler]

Sinon, c'est un beau film sur le thème des traditions et de l'importance de la famille sans pour autant dénigrer l'importance d'avoir une passion et de s'y consacrer, car ce film c'est aussi une histoire d'amour sur la musique, aussi bien que sur l'importance de chérir la mémoire de nos ancêtre, d'aimer nos proches. Pour parler rapidement de nos protagonistes, ils sont réussis dans l'ensemble. Si Miguel n'est pas, pour moi, le plus inoubliable, il reste sympathique à suivre et à découvrir. C'est un jeune garçon plein de courage et de détermination, créatif et passionné de musique, mais aussi très attaché à sa famille. Hector, qui le guidera au travers du royaume des morts, s'est révélé être une figure très attachante et sympathique, et bien plus qu'un comic relief avec un vécu le rendant tragique et attachant. Je parlerais bien des autres personnages, mais ce serait spoiler le film.

L'histoire est intéressante dans l'ensemble et aborde des thèmes à la fois universels et personnels, plus matures, comme la mémoire, la transmission des valeurs, la mort, la généalogie, l'importance de nourrir sa passion et de tracer son propre chemin sans pour autant dénigrer ce qui est important. Il y a du rose dans cette odyssée mais aussi du gris, voire même du noir, même si j'ai fini par deviner certains plot twists [spoiler] Pour être honnête, je m'y attendais dès le départ qu'Ernesto ne serait pas tout blanc et cacherait une part plus sombre sous les paillettes et la célébrité ; puis c'est progressivement que j'ai fini par me rendre compte qu'en fait, l'ancêtre de Miguel n'est pas Ernesto comme on le croyait... mais Hector. Comme quoi, on croyait qu'Ernesto comme ancêtre de Miguel était le plot twist, mais en fait non ! [/spoiler], l'histoire ne manque pas de qualité, et ne s'adresse pas qu'aux plus jeunes mais à tous... En somme, une belle découverte !


Manolo (Book of Life / Légende de Manolo) et Miguel.
(Source)