samedi 18 janvier 2025

Monstrueuse tempête - Fabien Fernandez.


Un chalet isolé en pleine montagne, une tempête qui démarre et un monstre qui rôde... Ces vacances au ski s'annoncent vraiment mortelles !

Comme chaque année, les familles de Théo et Mati se retrouvent pour passer les vacances de février à la montagne. Mais cette fois, tout est différent pour Théo. Surtout ses sentiments pour Mati, qu'il ne voit plus comme une simple amie d'enfance...

Et à peine arrivés, les deux ados se retrouvent seuls dans le chalet isolé. Alors qu'une tempête éclate, que les bourrasques de vent et les chutes de neige n'en finissent plus, le courant se coupe et leurs parents restent bloqués au supermarché ! Ce que Mati et Théo ne savent pas encore, c'est qu'un monstre avide d'émotions rôde dans la vallée...

Vont-ils se rendre compte que "Ça" se trouve déjà à l'intérieur du chalet ? Vont-ils mettre un terme à ces non-dits sentimentaux entre eux deux ? Et surtout, vont-ils survivre d'ici le retour de leurs parents ?


Monstrueuse tempête est un roman jeunesse d’épouvante qui n’est pas sans rappeler les Chairs de Poule de notre enfance. Nous suivons deux adolescents qui voient leurs vacances à la montagne prendre une tournure beaucoup plus effrayante lorsqu’une mystérieuse créature, aussi intelligente que dangereuse, se réveille d’un long sommeil et part en quête de nourriture… et ces deux jeunes humains présentent, pour elle, un morceau de choix !


Ce roman ne me laissera pas un souvenir mémorable, bien que la lecture fut divertissante. J’ai bien aimé le monstre que nous a concocté l’auteur pour effrayer ses lecteurs. La créature se désigne comme étant Ça, elle est très intelligente, capable de se métamorphoser, et elle aime jouer sur la peur de ses proies avant de les manger car cela leur donne de la saveur. Elle n’est donc pas sans rappeler Pennywise, le célèbre clown dans Ça de Stephen King. La nature de la créature reste un mystère. Le dessin sur la couverture suggère qu’il s’agit de Krampus mais toutes les interprétations sont possibles.


D’ailleurs, il est intéressant de noter que le roman alterne entre les chapitres du point de vue de nos adolescents et les chapitres avec le point de vue du monstre, ce qui nous permet de savoir ce qu’elle pense, comment elle compte piéger ses proies et leur faire peur, comment elle apprend de ses erreurs et essaye de s’adapter.


Toutefois, même s’il s’agit bien d’un roman horrifique, j’aurais apprécié des trigger warning, au moins pour [spoiler] la présence de mort et maltraitance animale, heureusement que le chien a survécu, même s’il a pris cher ! [/spoiler]


Les références à Stephen King sont d’ailleurs nombreuses, on sent l’amour de l’auteur pour le maître de l’épouvante, car les personnages le citent souvent, mais aussi Lovecraft et un peu Harry Potter également. Ça, Cujo, Cthulhu, etc. De petits clins d’œil sympathiques !


Quant à nos personnages, ils font l’affaire et remplissent bien leur rôle, sans pour autant être mémorables. Cela dit, j’admire leur courage et leur débrouillardise, même si je trouve qu’ils ont accepté trop vite l’idée que le monstre existe et le fait qu’ils arrivent à garder la plupart du temps leur sang-froid. Soit est-ce une solution de facilité pour l’auteur, ou alors c’est dû au fait que nos deux adolescents connaissent très bien les codes des films d’horreur, et savent quelles décisions il ne faut surtout pas prendre !


Il y a aussi une petite romance assez mignonette avec Théo qui nourrit des sentiments pour Matilda, ou « Mati » comme elle est désignée dans le roman, son amie d’enfance mais il tait ces sentiments car il n’est pas sûr de leur réciprocité. Les dangers qu’ils rencontrent vont les amener à se rapprocher davantage et trouver en l’autre une source de réconfort à travers la peur.


Malgré tout, tous les ingrédients d’un huis-clos efficace sont là : un chalet isolé en pleine montagne, une forte tempête qui démarre, un monstre qui rôde… Le tout qui donne une situation oppressante et anxiogène. Malgré tout, l’intrigue n’aura pas réussi à m’arracher quelques frissons, et j’ai trouvé le dénouement trop rapide.


Un roman jeunesse d’épouvante plutôt sympathique, mais qui ne me laissera pas un souvenir mémorable, mais je pense que le roman n’aura aucun de mal à plaire au lectorat auquel il se destine !


vendredi 10 janvier 2025

Le miraculeux Noël de George Bishop - Catherine Doyle.


Une réécriture magique d'Un chant de Noël de Charles Dickens.

Depuis le décès de sa mère, la vie de George n'est pas très joyeuse. Son père, qui s'est plongé dans le travail, n'a jamais de temps à lui accorder, et encore moins à Noël.


Mais lorsque George découvre une mystérieuse boule à neige dans un magasin étrange, sa vie bascule. Le soir même, une drôle de lutine et un renne violet débarquent chez lui pour les embarquer son père, sa mamie et lui dans une folle aventure...


Les voilà propulsés dans les Noëls passés, présents et futurs !



Bien que Noël soit passé (sans doute le mois de décembre le plus court de l’histoire des mois de décembre), cette lecture m’a permise de rester un peu dans cette ambiance de fête et de magie.


Le miraculeux Noël de George Bishop se présente comme une réécriture jeunesse d’Un Chant de Noël. Ne vous attendez pourtant pas à un bête copier-coller de l’histoire de Dickens car l’auteure a su apporter sa propre touche et créer sa propre histoire autour du classique que l’on connaît si bien. Notre Scrooge, c’est Hugo Bishop, le papa de notre héros. Parce qu’il a perdu son épouse lors d’un accident à la période de Noël, il a décidé de bannir cette fête de sa vie et de celle de son fils, George. Hors de question de fêter Noël chez les Bishop ni même d’en parler ! Pas le moindre cookie de Noël, pas la moindre décoration, pas de houx, de sapin ou de cracker de Noël. Pour couronner le tout, Hugo a coupé les ponts avec le reste de la famille, à l’exception de mamie Flo, qui habite chez eux, et il s’enferme dans son travail.


Grâce à une boule de neige magique, achetée à un mystérieux Marley et sa boutique magique, George va faire le vœu de faire retrouver à son père la magie de Noël et d’avoir toute sa famille à nouveau réunie. Mais son père est un dur à cuire et il faudra à George toute la magie de sa boule de neige et plusieurs voyages dans le temps pour essayer de raisonner Hugo Bishop.


Ici, point de fantômes mais une elfe excentrique, un renne violet et un ancêtre Bishop sorti tout droit de son portrait. On retrouve quelques références au conte d’origine avec Marley devenu ici marchant dans une boutique magique, la rue Ebenezer Scrooge, les voyages dans les Noëls passé, présent et futur où sont propulsés George, son Scrooge de père et sa mamie Flo, et bien entendu la magie de Noël. C’est un roman très divertissant, avec beaucoup d’humour, tout en évoquant des sujets comme le deuil et la reconstruction.


Que l’on connaisse ou pas le conte dont il s’inspire, la finalité du récit n’étonnera personne, on se doute comment les choses vont évoluer. L’intérêt se situe dans l'aventure que George va vivre. L’auteure nous offre un récit bien rythmé, entre temps morts et aventures, c’est drôle, avec des situations cocasses et des rebondissements, ce qui ne pourra que plaire au public jeunesse. Les personnages sont assez sympathiques. George est attendrissant, attachant et plein de bon sens, Hugo Bishop remplit bien son rôle et j’ai apprécié qu’il ne soit pas convaincu et changé tout de suite mais qu’il ait fallu plusieurs voyages et situations pour que la forteresse autour de lui se fissure. Bien-sûr, mention spéciale à Mamie Flo, mon personnage préféré, une vieille dame pétillante qui a gardé son âme d’enfant, qui a une vitalité et un humour à toute épreuve, et très complice avec son petit-fils. Il nous faudrait tous une mamie comme Flo !


C’est souvent farfelu et je pense que l’humour ne peut pas forcément plaire à certains adultes, mais pour ma part, c’était très divertissant. En résumé, c’est un roman sympathique avec de l’action, de l’aventure et de la magie, à lire sous le sapin !


Il tint fermement sa boule à neige, qui brillait avec l'éclat d'un soleil dans sa poche. C'était là l'origine de toute cette aventure improbable, et même s'il ne comprenait pas comment elle pouvait avoir lieu, il savait parfaitement d'où, ou plutôt de qui, provenait cette magie. George tendit le globe à Walter tandis qu'un autre Noël se déroulait devant eux à vitesse grand V.

- Vous connaissez sûrement Marley, alors ? C'est lui qui vous a envoyé nous rendre visite ?

Walter Bishop considéra la boule avec un intérêt fugace.

- Marley, répéta-t-il en s'interrompant pour se tapoter le menton. Tête allongée ? Petites lunettes à monture métallique ? Yeux d'un autre âge hantés par une existence qui transgresse les lois du temps ?

- Euh... hésita George.

- Goût prononcé pour la vente et le troc de babioles magiques ?

- Voilà ! C'est lui !

- Jamais entendu parler de ce gugusse.

dimanche 5 janvier 2025

Meurtres sur le Christmas Express - Alexandra Benedict.


La veille de Noël, dix-huit passagers montent à bord d’un train couchette à destination des Highlands. Mais au beau milieu de la nuit, le convoi déraille et les festivités des voyageurs tombent à l’eau. Alors que le train est coincé sous une tempête de neige au milieu de nulle part, un mystérieux tueur parcourt ses wagons. Ceux qui s’endorment pourraient bien ne jamais se réveiller…

Parmi les voyageurs se trouve Roz, une ancienne inspectrice s’apprêtant à rejoindre sa fille sur le point d’accoucher six semaines avant le terme. Roz parviendra-t-elle à arrêter le meurtrier ?


C’est la veille de Noël et Roz Parker, inspectrice à la retraite (à seulement 50 ans ! Et dire qu’on veut nous imposer la retraite à 64 ans !), prend le train, direction les Highlands, pour rejoindre sa fille sur le point d’accoucher. Malgré le retard de train, elle espère pouvoir arriver à temps pour offrir à sa fille une présence réconfortante dans cette épreuve. Malheureusement pour elle, une tempête de neige et un meurtre en ont décidé autrement. Une célèbre influenceuse est retrouvée assassinée dans sa cabine, et son conjoint colérique et volage fait un suspect idéal… mais l’est-il vraiment ?

 

Meurtres sur le Christmas Express nous propose un huis-clos ferroviaire avec tous les ingrédients qui vont avec : des tensions entre les personnages, un assassin qui rôde, un passager clandestin, des secrets, une tempête de neige, un accident, des souvenirs qui rejaillissent, et même des meurtres.... À défaut d’avoir un détective belge moustachu, nous avons Roz Parker, d’origine écossaise, qui a un faible pour les caramels, une relation compliquée avec sa fille et un passé douloureux qui va se dévoiler au fil de l’intrigue.

 

En plus de Roz, nous avons une brochette de personnages qui vont nous accompagner tout au long du récit. Parmi eux, il y en a un que l’on a envie d’assassiner d’emblée. Grant, starlette de télévision, imbu de sa personne, jaloux, violent et possessif avec sa conjointe mais qui n’hésitera pas à aller flirter et tremper son biscuit ailleurs. Nous avons aussi sa conjointe, Meg, influenceuse, qui se filme plusieurs fois par jour et dont les fans suivent avec grande attention les hauts et les bas de sa relation avec Grant. Nous avons un groupe de jeunes fans de quizz, une famille, un homme et sa mère, un homme dont le charme ne laisse pas Roz indifférente, etc.

 

Le roman commence très bien avec l’assassin qui rôde, une dispute de couple, les derniers instants de la victime, avant que l’auteure nous fasse repartir en arrière pour poser le contexte et nous présenter les différents personnages. On peut reprocher à ce roman des longueurs. En effet, il faut attendre presque la moitié du roman pour tomber sur un cadavre. Malgré cela, l’histoire était assez plaisante pour que les pages se tournent toutes seules de mon côté.

 

Après ce premier meurtre, tout s’enchaîne, l’intrigue repart de plus belle et le rythme augmente avec l’enquête, les autres meurtres, la résolution finale avec un twist dont j’ignore encore si je le trouve bluffant ou peu crédible.

 

Au fil du roman, nous avons quelques chapitres du point de vue de l’assassin, mais aussi des flash-backs sur le passé de notre inspectrice qui, s’ils nous paraissent inutiles de prime abord, permettent à l’héroïne d’avoir plus de profondeur, et on comprendra au fil des pages la raison de ces flash-backs.

 

Les personnages ne sont pas attachants mais ils remplissent bien leur rôle et ils font l’affaire. Le roman est similaire au cozy mystery, avec des ingrédients propres à ce genre, mais il s’y ajoute des thèmes durs mais hélas toujours d’actualité [spoiler] le viol notamment [/spoiler] et qui empêchent le roman d’être un pur cozy mystery léger et divertissant. Cela dit, cela reste un bon petit polar de Noël à lire au coin du feu.


- L’autre problème, poursuivit Bella, c’est que le système de chauffage a aussi été endommagé par le déraillement. Je me suis échinée à le remettre en marche jusqu’à présent, mais il a complètement arrêté de fonctionner. Il va commencer à faire très froid.

- Est-ce qu’il y a des couvertures prévues en pareil cas ? demanda Craig.

- On pourrait récupérer les couettes des cabines pour que tout le monde reste au chaud ? suggéra Rose.

- Bonne idée. Mais il y a pire encore…

Bella ferma les yeux et soupira comme si elle se préparait à avouer le crime le plus atroce qui soit :

- On est à court de thé.

vendredi 20 décembre 2024

Vous reprendrez bien un peu de magie pour Noël ? - Carène Ponte.


Victoria Delmas, trente-cinq ans, dirige d'une main de fer son agence de publicité. Dans son quotidien réglé comme une horloge, aucune place n'est laissée à l'improvisation, et encore moins aux relations humaines qu'elle considère comme une perte de temps pure et simple.

Jusqu'à un matin de décembre où sa vie bascule. Renversée par un bus, Victoria sombre dans le coma et atterrit dans un... centre de réhabilitation de Noël ! Cette mystérieuse organisation lui propose un marché : pour se voir accorder une seconde chance, elle devra se racheter auprès d'une personne qu'elle a fait souffrir par le passé, et ce avant le 26 décembre, minuit.

Une mission qui risque de lui donner du fil à retordre. Car si Victoria excelle dans son métier, nouer des liens avec ses semblables n'est pas son fort.

Mais s'il y a bien un moment de l'année où l'on peut espérer un miracle, c'est à Noël !


Après Embarquements immédiats pour Noël que j’avais beaucoup aimé, je me suis laissée tenter par un autre roman de Noël de l’auteure avec ce titre qui me paraissait bien prometteur.


Nous suivons deux femmes très différentes. Nous avons Victoria, une femme d’affaire ambitieuse qui ne vit que par et pour son travail, et qui doit être allergique au code du travail et à toute forme de divertissement. Elle tient d’une main de fer son entreprise et ne laisse aucune place dans son agenda pour les plaisirs, les loisirs ou l’amour. Puis, nous avons Dakota, orpheline qui vit avec sa grand-mère, et qui anime une émission de radio. C’est une jeune femme au grand cœur, tournée vers les autres, qui prend grand soin de sa grand-mère avec qui elle fait de nombreuses activités, et qui en pince pour un de ses auditeurs.


De façon paradoxale, j’ai préféré suivre Victoria que Dakota. En tant que personnage, j’ai trouvé que Victoria avait plus de peps et de saveur, et elle est assez amusante. Même si, avouons-le, avoir une cheffe comme elle serait un véritable cauchemar et on remercie le ciel qu’elle ne soit qu’un personnage fictif. J’espère en mon fort intérieure que l’auteure a bien poussé l’exagération même si je pense qu’il existe malheureusement des patrons comme ça.


Victoria tient vraiment d’une main de fer son agence de pub, et ne laisse aucune place au sentimentalisme, au lâcher-prise et à la convivialité. Elle interdit à ses employés de mettre des objets personnels sur leur bureau comme des photos de famille ou de leur animal de compagnie. Fêter Noël au bureau à travers un repas ou une réunion ? Il faudra lui passer sur le corps ! Un employé a de la fièvre et souhaite se reposer chez lui ? Qu’il prenne un paracétamol et vienne bosser ! D’ailleurs, si ça ne tenait qu’à elle, elle interdirait les fenêtres dans les bureaux de ses employés, car ils seraient tentés de regarder par la fenêtre et cela les distrairait, et ça nuirait à la productivité ! Elle n’écoute que des podcasts sur la réussite professionnelle. Travail, productivité, rentabilité, voilà tout ce qui compte pour Victoria, qui doit très certainement avoir un compte LinkedIn et détester devoir dormir la nuit car cela fait des heures de travail en moins.


Bref, l’auteure fait tout pour nous la rendre détestable, mais elle est drôle par ces aspects (en tant que personnage j’entends, si elle existait vraiment, ce serait un cauchemar de patronne !)


Dakota est… sympathique, sans plus. Je m’attendais tout de même à ce que les deux jeunes femmes se lient davantage, car si Victoria tisse vraiment un lien avec quelqu’un, c’est avec son frère Austin qui ne la laisse pas indifférente, mais surtout Antoinette, dite « Mounette », la grand-mère de Dakota. Cela dit, on peut comprendre pourquoi. Mounette est hilarante, pétillante, même si elle commence à souffrir de troubles de la mémoire. C’est une bulle d’air frais et de bonne humeur, cette petite dame. On gagnerait tous à avoir une Mounette dans sa vie ! J’ai beaucoup aimé les interactions entre Victoria et Mounette, deux forces de la nature qui se rencontrent, pour former des étincelles. Là où Mounette ne jure que par des marathons de films Sissi pour Noël (la base), Victoria, elle, préfère encore Les Gremlins comme film de Noël.


C’est un roman de Noël divertissant qui fait passer le temps, il y a des répliques piquantes, des situations savoureuses. Sous couvert d’humour et de légèreté, l’auteure évoque des thèmes comme la solitude, la vieillesse, la réussite sociale, l’empathie. C’était intéressant de voir le développement de personnage de Victoria, dont on apprend qu’elle n’a pas toujours été ainsi mais qu’elle a été conditionnée par un père qui ne jure que par la réussite professionnelle et le travail, et qui l’a éduqué dans ce sens, en bannissant toute forme de divertissement.


Cela dit, je trouve à ce roman moins de saveur que Embarquements immédiats pour Noël que j’avais adoré. Je l’ai trouvé avec moins de mordant et de piquant que d’habitude avec des personnages un peu plus lisses, mais aussi une fin trop brutale à mon goût. La conclusion aurait mérité un peu plus de développement. En résumé, un bon petit roman de Noël qui ne me laissera pas un souvenir mémorable.


- Allons-y ! Et on les mangera devant Sissi !

- Tu veux encore regarder ce film ? me lamenté-je aussitôt.

- C’est une tradition de Noël ! Chaque année, juste avant de décorer le sapin, on regarde Sissi. Une tradition est une tradition, pas question d’y déroger.

- Tu aurais dû proposer ça à Lucienne hier soir.

- Pour qu’elle gâche tout ? Certainement pas ! Si tu veux mon avis, elle est encore pire que l’archiduchesse Sophie. C’est la belle-mère de Sissi, mais avec des hémorroïdes en plus !

samedi 26 octobre 2024

Contes des royaumes oubliés (T.6) Le Prince et le Chasseur - Isabelle Lesteplume.

Il était une fois une reine voulant un enfant. Désespérée, elle brave les interdits pour s'aventurer dans la forêt ensorcelée. Une malédiction s'abat alors sur le royaume, plongé dans un hiver éternel, et un conflit sanglant éclate entre les créatures magiques et les humains.

La reine revient de la forêt enceinte, sans vouloir dire à personne ce qui s'y est passé. Elle met au monde un fils à la peau pâle comme la neige, aux cheveux noirs comme l'ébène et aux lèvres rouges comme le sang. Un enfant étrange, inquiétant, terriblement beau... Et pas tout à fait humain.

La reine meurt, puis le roi se remarie et décède à son tour, laissant le trône à une sorcière cruelle. Prête à tout pour se débarrasser de son beau-fils, elle fait appel à Guerre, un impitoyable chasseur décidé à éradiquer les créatures magiques. Mais l'espoir de briser la malédiction pousse le prince et le chasseur à s'allier, malgré leur haine mutuelle, pour s'enfoncer au cœur de la forêt... Dans ce royaume de secrets, qui sait si les monstres se cachent dans les ombres ou les reflets ?



Ce qu’il y a de bien, avec les romans d’Isabelle Lesteplume, c’est que j’ai toujours la garantie de passer un bon moment. Ça n’a pas loupé avec le petit dernier qui se présente comme une réécriture M/M du conte de Blanche-Neige.



Bien que ce qui m’a attiré avant tout était la promesse d’une romance entre nos deux protagonistes, l’auteure a su démontré une nouvelle fois qu’elle sait construire un univers riche et complexe ainsi qu’une intrigue intéressante, tout comme elle sait mener ses personnages à travers moult périples, leur fait vivre bien des péripéties et des dangers qui sauront les faire évoluer et créer des liens.



Parmi eux, nous avons le Prince Siloë, un homme aussi magnifique que méprisé au sein de la cour de sa belle-mère qui cherche à se débarrasser de lui. C’est un jeune homme qui a peu d’estime de lui-même et de son importance, car il n’est pas habitué à ce qu’on s’attache à lui, mais qui a une langue bien acérée et qui n’hésite pas à balancer des piques à Guerre, d’abord pour l’attaquer puis ensuite pour le taquiner. Malgré son vécu tragique, il a un côté joueur et une part de mystère qui entoure ce personnage, de par ses origines mystérieuses et la magie de sang qu’il pratique. Je me suis beaucoup attachée à ce personnage.



Ensuite, nous avons Guerre (nous apprendrons plus tard qu’il ne s’agit pas de son vrai nom), un chasseur endurci qui a passé de nombreuses années à traquer et tuer les créatures magiques pour qui il n’éprouve que haine et méfiance. Penser que ce personnage n’est que le stéréotype du chasseur ou guerrier dur, sans sentiments, serait mal connaître l’auteure et nous apprenons au fil des pages que Guerre a lui-aussi ses blessures et qu’il a fallu qu’il s’endurcisse. C’est le personnage qui va le plus évoluer au cours du roman, en apprenant à aller au-delà de ses préjugés et à briser peu à peu les barrières qu’il s’est forgé autour de lui (bon, avouons-le, Siloë a aussi pris un malin plaisir à le faire) pour se laisser être vulnérable et s’attacher à nouveau à quelqu’un. Ce ne sera pourtant pas chose facile, notre chasseur est quelqu’un de têtu et son vécu tragique fait qu’il a peur de s’attacher à nouveau à quelqu’un. J’ai vraiment beaucoup aimé son développement de personnage et la relation qui se noue entre lui et Siloë.



Il s’agit ici d’un slow burn enemies to lovers, donc une romance qui évolue lentement entre deux personnages qui se détestent, mais l’attente en vaut largement la peine et c’est un bonheur de les voir se rapprocher petit à petit, d’autant que la plupart de leurs échanges provoquent de vraies étincelles. C’est un délice de les voir se taquiner tout comme les voir se rapprocher à travers des confidences ou des périples partagés.



Nos personnages secondaires ne sont pas en reste. Il y a également les deux fées gardiennes, Magda, capable de se transformer en louve, et Akim, capable de se transformer en corbeau, qui vont former, avec Siloë et Guerre, un groupe haut en couleur qui collaborent bien malgré eux pour venir à bout de la malédiction. La collaboration n’est pas toujours aisée. Magda et Akim ne font pas entièrement confiance à Siloë, dont elles considèrent la mère comme responsable de leurs malheurs. Guerre a pour devoir de ramener le cœur du prince à sa belle-mère, et il déteste les créatures comme les fées ou les trolls. Le voyage n’est pas toujours de tout repos entre les nombreux périples et les tensions entre les personnages, surtout du côté de Guerre qui est buté et qui est fermé comme une coquille. Le voyage est donc une bonne occasion pour eux d’apprendre à se connaître, voir au-delà des apparences, voir se briser peu à peu leurs préjugés, et enfin se lier petit à petit jusqu’à devenir inséparables. Que des choses que j’aime !



J’ai aussi bien aimé le troll et l’elfe Toky et Fidelin qui vont accompagner notre groupe pour une partie du voyage, ainsi que le mystérieux Roi Cerf que je ne décrirai pas pour ne rien dévoiler, mais c’est un personnage important du roman, malgré le peu de fois qu’il apparaît, et il dégage une présence vraiment imposante et charismatique !



J’ai aimé cet univers où humains et créatures magiques se côtoyaient, vivant en parfaite harmonie, jusqu’à la guerre qu’ils se sont menés, avec cette histoire de malédiction qui aurait été déclenchée par la reine Gwendolyne, mère de notre héro, et qui aurait plongé le royaume dans un hiver éternel où les fleurs et les arbres verdoyants appartiennent au passé, où les créatures sont soit traquées et tuées par les chasseurs, soit contraintes de se cacher. Je me suis interrogée sur les tenants et aboutissants de cette malédiction, sur la nature réelle du prince Siloë ainsi que ses origines. L’auteure nous offre les informations au compte goutte, parfois elle nous ajoute des interrogations au lieu de réponses. Qui est ce mystérieux Roi Cerf qui régnait sur la forêt, pourquoi a-t-il disparu, qu’a fait réellement la reine Gwendolyne et quels secrets a-t-elle emporté dans sa tombe, pourquoi les créatures se sont retournées contre les humains après des années de vie en parfaite harmonie, etc. Que de mystères dont les réponses sont, pour moi, satisfaisantes.



J’ai aussi aimé la présence de la diversité dans ce roman, au-delà de la romance entre Siloë et Guerre, mais quand on connaît les romans de l’auteure, on ne sera pas surpris et même plutôt ravis ! J’ai aussi aimé la façon dont l’auteure a su réutiliser les éléments cultes du conte d’origine, à savoir la pomme, le cercueil de verre ou encore le miroir magique. En bref, ce roman a été une réussite de mon côté et Isabelle Lesteplume confirme de plus en plus sa place parmi mes auteurs.es préférés.es.


- Nous avons fait un peu de reconnaissance, déclara la fée-louve. Val'artar avait raison, les collines du nord sont contaminées, et un conflit a éclaté à l'est depuis notre dernier passage. Nous allons bel et bien être obligés de traverser le Marécage des Âmes.

- C'est ironique, s'amusa amèrement Akim. Tout le monde évitait cet endroit avant la malédiction, et voilà qu'il devient le moins dangereux...

- Je suppose qu'il ne s'agit pas d'un joyeux petit marécage verdoyant où nagent les canards ? s'enquit Siloë sans grand espoir.

Les deux fées lui jetèrent un regard amusé.