vendredi 31 octobre 2025

The Halloween Moon - Joseph Fink.



Esther Gold loves Halloween more than anything in the world. So she is determined to go trick-or-treating again this year despite the fact that her parents think she is officially too old. Esther has it all planned out, from her costume to her candy-collecting strategy. But when the night rolls around, something feels . . . off.

No one is answering their door. The moon is an unnatural shade of orange. Strange children wander the streets, wearing creepy costumes that might not be costumes at all. And it seems like the only people besides Esther who are awake to see it all are her best friend, her school bully, and her grown-up next-door neighbor.

Together, this unlikely crew must find a way to lift the curse that has been placed upon their small town before it's too late. Because someone is out to make sure Halloween never comes to an end. And even Esther doesn't want to be trapped in this night forever.



Esther Gold aime Halloween plus que tout. Elle aime regarder des films d’horreur et frissonner devant son écran. Elle aime la chasse aux bonbons. Elle prépare toujours trois déguisements : son déguisement principal, un déguisement de rechange, et un déguisement pour l’école. Elle juge les voisins qui ne décorent pas pour Halloween ou qui proposent, en guise de bonbons, des tubes de dentifrice. Halloween, c’est plus qu’une fête pour Esther Gold. C’est un état d’esprit, c’est une saison entière, c’est un mode de vie. Ainsi, elle est choquée d’apprendre que ses parents considèrent qu’Esther, du haut de ses treize ans, est trop âgée pour se déguiser et partir à la chasse aux bonbons.


Faisant fi de l’interdiction parentale, Esther décide de prétexter une simple soirée cinéma avec Agustin, son meilleur ami, pour partir collecter des bonbons une dernière fois. Mais, au fur et à mesure de la soirée, elle remarque des choses inhabituelles : la lune qui s’est parée d’une étrange teinte orange, ces enfants inconnus qui errent dans le voisinage, parés de costumes délavés et abîmés… et puis, ces adultes endormis qu’on ne parvient pas à réveiller et les enfants du quartier qui disparaissent tous. Il y a définitivement anguille sous roche !


The Halloween Moon est un roman jeunesse plutôt efficace à se mettre sous la dent pendant la période automnale, pour se mettre dans l’ambiance d’Halloween. Il faut dire que la protagoniste principale est une fan pure et dure d’Halloween (peut-être un peu trop à mon goût, son désir de célébrer Halloween par tous les moyens la rendant parfois un peu égoïste au début du roman), et cette passion est plutôt amusante à découvrir. Halloween est plus qu’une fête pour Esther, c’est une religion.


Ce roman rappellera un peu Hocus Pocus dans le sens où nous avons un groupe de personnage face à une menace et qu’il s’agit d’une course contre la montre pour éradiquer cette menace un soir d’Halloween, mais les comparaisons s’arrêtent là. J’ai nettement préféré les sœurs Sanderson à la reine d’Halloween, l’antagoniste du roman, qui n’aura pas su me convaincre entièrement. Elle n’est pas toujours très crédible comme menace, on sait peu de choses sur elle, et je m’attendais à en apprendre plus sur elle et que ses raisons de faire d’Halloween un jour sans fin soient un peu plus complexes. Au final, on ne sait pas trop pourquoi le voisin Nathaniel effraie tant que ça cette reine, et qui sont les sbires de la reine, Dan Apel et Ed Pumpkin. Cela dit, j’ai bien aimé son antagonisme avec les chats noirs, et son lien avec les enfants disparus d’Halloween. Il y a du potentiel mais il n’a pas été assez exploité à mon goût.


Cela dit, le roman fait la part belle à la diversité et cette diversité n’est pas là juste pour dire « untel est juif / latino / etc » mais cette diversité sert à l’intrigue, au moins pour mieux comprendre nos personnages. Nous avons Esther qui est juive, Agustin qui est latino, ou encore Sasha qui est coréenne. Dans son ensemble, j’ai bien aimé notre groupe de personnages, avec Esther et Agustin qui sont amis d’enfance, Sasha qui est victime d’harcèlement scolaire à cause de ses origines et qui, en retour, décide d’harceler Esther pour ses origines, même si cela la fait culpabiliser, et enfin Mr Gabler, voisin d’Esther, dentiste qui nous réserve quelques surprises. Un groupe haut en couleur que j’ai aimé suivre et qui vont avoir l’occasion de mieux se connaître et changer ensemble.


J’ai été agréablement surprise de voir que ce roman évoquait des thèmes plus profonds, comme la peur de grandir, la nécessité du changement qu’on ne peut éviter en grandissant, puis accepter de grandir et de changer, même si cela nous fait peur. Il est également évoqué le harcèlement scolaire, l’abandonnement parental, etc.


Ce qui fait donc la force du roman pour moi, c’est son groupe de personnages qui vont braver les danger et évoluer ensemble, la part belle à la diversité, et les thèmes évoqués autour du changement et du fait de grandir. Si l’ambiance Halloween est un petit plus très appréciable, je n’ai malheureusement pas été entièrement convaincue par l’antagoniste. Il y avait du potentiel, mais cette reine d’Halloween ne fait pas partie des éléments les plus mémorables du roman, tout simplement parce que j’ai été frustrée du peu d’informations la concernant, elle et ses sbires, son histoire, ses motivations. Cela dit, ça reste un roman jeunesse sympathique pour se mettre dans l’ambiance d’Halloween !


Maybe you love Halloween. Maybe you dress up every year and put a lot of time and care into your costume. Maybe you watch scary movies and then can’t sleep, but also can’t resist watching more. Maybe candy corn tastes better to you than other candy, not because it tastes better (it doesn’t) but because it tastes like a moment in time, like a season.

But you don't love Halloween the way Esther did.

vendredi 10 octobre 2025

La Lignée des maudits - Bleuenn Guillou.



Édimbourg, 1877.

Dans une Écosse victorienne indépendante, la famille d’Ava a gravi les échelons de l’aristocratie en vendant ses services de médium à la noblesse. Plusieurs générations de services ou… d’arnaques ? Car Ava est en réalité la seule à posséder un don, alors que son entourage est, lui, frappé d’une malédiction. Lorsque l’héritier du trône est assassiné, les Hazegast sont désignés pour trouver le coupable. Ils ont dix jours pour résoudre ce meurtre, sans quoi la reine s’occupera d’éliminer ces parvenus.

Le décompte a commencé pour Ava alors qu’un importun fait son apparition : le fantôme du prince, qui a bien l’intention de déterrer les secrets familiaux…



Je n’attendais pas grand-chose de ce roman, juste passer un bon moment, mais cette lecture s’est révélée être un coup de cœur !

 

Nous sommes dans l’Écosse du XIXe siècle, mais une Écosse pas tout à fait comme nous la connaissons car elle est isolée du reste du monde par une brume mystérieuse et dangereuse qui confère parfois, à ceux qui s’y aventurent, des pouvoirs de médium. Le pays est gouverné par la reine Marie Stuart qui a perdu son fils, l’héritier du trône, dans la fleur de l’âge. Elle somme les Hazegast (et pas Häagen-Dazs, comme j’ai souvent eu le réflexe de le penser), de retrouver le coupable sinon ils en paieront le prix par la mort ou par l’exil, car les Hazegast sont une puissante famille de médiums, capable de communiquer avec l’au-delà… du moins, c’est ce qu’ils font croire pour maintenir leur influence au sein de la famille royale et de l’aristocratie. Chez les Hazegast, seule une infime poignée possède des pouvoirs, dont la jeune Ava qui cache son pouvoir pour ne pas être exploitée sans relâche par sa famille, ce qu’elle parvient sans peine jusqu’au jour où le fantôme du prince héritier ne vienne la hanter avec insistance et ne lui révèle que c’est un Hazegast qui est responsable de sa mort…

 

J’ai beaucoup aimé l’ambiance inquiétante, spooky, légèrement gothique qui se dégage de ce roman. Nous sommes dans l’Écosse brumeuse du XIXe siècle, entre manoirs victoriens et cimetières hantés, ruelles sombres et château avec passages secrets et laboratoire clandestin, sauf que la brume est dangereuse pour la populace. Ceux qui parviennent à y échapper n’en ressortent pas sans conséquence. Les plus chanceux obtiennent un pouvoir de médium, les autres perdent la raison. La plupart des malheureux finissent tout simplement par ne plus jamais revenir. J’ai aimé cet aspect du roman avec cette brume mystérieuse qui intrigue le lecteur comme nos personnages, et qui nous dévoile peu à peu ses secrets. Elle se présente comme un personnage à part entière.

 

L’intrigue est multiple, sans qu’elle n’en soit fouillis et nous perde dans tous les sens car elle est finement menée et tout fini par se rejoindre. Nous sommes autant dans la recherche du meurtrier du prince Duncan que dans la découverte des secrets de la famille Hazegast, on navigue entre intrigues politiques et les secrets de la brume. On fait la connaissance de plusieurs personnages, aussi bien des vivants que des morts.


L’intrigue est rythmée et prenante, elle se fait sans temps mort et gagne en intensité au fil des pages au fur et à mesure que l’enquête autour de la mort du prince évolue, et qu’Ava en découvre plus sur sa famille et ses vilains petits secrets. C’est un autre aspect que j’ai beaucoup aimé dans ce roman. Nous avons affaire à une famille qui, à défaut de pouvoir communiquer avec les morts, cache des cadavres dans ses placards. Pour maintenir l’illusion qu’ils sont de grands médiums, ils sont prêts à tout, qu’il s’agisse de tromper les clients par différents mécanismes et une enquête approfondie sur leur proche disparu, ou bien de se salir les mains. Pour autant, ils ne sont pas tous diabolisés mais sont présentés comme complexes, tout simplement humains. Ils ont chacun des traumatismes, des secrets, un vécu qui les rendent intéressants.


Il se dégage des thèmes comme le deuil, l’enfance et comment les secrets de famille rejaillissent tôt ou tard sur les membres de la famille, sinon des descendants. Si j’avoue avoir été perdue au début entre tous ces membres, j’ai appris à les différencier au fil de ma lecture. J’ai aimé cette idée d’une famille qui s’est bâtie un empire sur un mensonge et par des manipulations, et qui ont tous des secrets qu’on se délecte de découvrir.

 

J’ai aimé les liens entre Ava et ses cousines qui sont très soudées et, bien que le prince Duncan peut être énervant à souhait, il a finalement une bonne alchimie avec Ava, leurs échanges sont souvent savoureux, et Duncan gagne un peu plus d’humanité au fur et à mesure qu’il passe du temps avec Ava. Dieu merci, l’auteure a évité la romance entre ces deux-là…


Entre fantômes, secrets de famille, ambiance spooky, ce roman s’est révélé être un vrai coup de cœur ! L’histoire est prenante et l’intrigue rythmée, si bien qu’il est difficile de lâcher ce roman qui gagne en intensité au fil des chapitres. Petite mention à la couverture que je trouve très jolie, j’ai également apprécié la présence d’un arbre généalogique en début de roman.


Savoir que quelqu'un les observait et connaissait leur plus grand secret lui fit tourner la tête. C'était une peur profondément ancrée. Dans les autres familles, on évoquait le croquemitaine ou le monstre sous le lit, chez les Hazegast, on apprenait aux enfants que si quiconque découvrait leur imposture, ils seraient tous pendus. Les mystères faisaient partie de l'essence de leur existence. Ils se croyaient toutefois à l'abri, derrière les grilles de leur grand manoir, derrière leur richesse et leur popularité.

vendredi 3 octobre 2025

What Manner of Man - St John Starling.

What would tempt you to sin?

A sweet and naïve priest at war with his desires, tormented by nightly dreams of a wicked demon.

A vampire lord forced to do the unthinkable, battling needs he can scarcely control.

Father Ardelian has been summoned to a distant, secluded island to perform an exorcism. What will happen when he begins to suspect his host — the mysterious, nocturnal lord of the manor — of wanting him for another reason entirely? Will the piously celibate priest be able to resist his monstrous host’s diabolically seductive charms?

What Manner of Man is a blasphemous queer horror romance about a priest and a vampire, inspired by Bram Stoker’s Dracula. A tale of forbidden love with themes of devil worship, demonic possession, and human sacrifice — this is the long-awaited completed version of the widely beloved story which rose to fame and fortune in the form of a newsletter!


What Manner of Man est un de ces romans dans lesquels il me tardait de me plonger, et pour lesquels je ne pouvais pas attendre d’éventuelle traduction française un jour. Et puis, je ne pouvais pas envisager de Pumpkin Autumn Challenge sans vampires !


Dans les années 1950, le jeune prêtre Victor Ardelian débarque sur une île reculée au large de l’Angleterre, à la demande de Lord Vane en quête d’un prêtre exorciste pour exorciser sa demeure ancestrale qu’il pense rongée par le mal. Mais, plus le Père Ardelian passe de temps auprès de son étrange hôte, plus il lui semble évident que c’est le Lord en personne qui est possédé par le démon, et non sa demeure. Ardelian se met ainsi en quête d’informations afin d’en apprendre plus sur Lord Vane et les circonstances de cette possession, et décide donc d’explorer le château et ses environs, et découvrira bien plus qu’il ne l’espérait : passages secrets, ancien autel païen, ruines de cathédrale, mais aussi une attirance de plus en plus profonde pour son mystérieux hôte.


J’ai beaucoup aimé me plonger dans l’ambiance purement gothique du roman. On y retrouve les principaux ingrédients du genre : l’omniprésence d’une nature sauvage, des ruines, des décors lugubres, la présence du surnaturel et une intrigue qui mêle à la fois l’horreur, le romantisme et le mystère. Étant friande de ce genre de littérature, j’ai été servie avec ce roman, et je dois dire avoir été vraiment bien nourrie. Et comme j’avais été visiter l’exposition gothique au Louvre-Lens, cette lecture tombait bien pour me permettre de rester un peu dans le thème.


Notre protagoniste, le Père Victor Ardelian, n’est pas un prêtre comme les autres. Peut-être est-ce sa jeunesse qui le rend ainsi, toujours est-il que notre prêtre est naïf (peut-être un peu trop naïf), idéaliste, peut-être trop enclin à faire rapidement confiance et… oserais-je dire innocent quand notre père ne cache pas aux lecteurs que nous sommes sa fascination pour les monstres et les démons, et qu’il prend vite goût aux étranges rêves érotiques dont il est victime ? Oui, le père Ardelian est indéniablement un personnage intéressant. Quel prêtre peut se vanter d’une telle fascination envers l’ennemi qu’il est supposé combattre ? D’autant plus qu’il était assez délicieux de le voir peu à peu succomber à la tentation, et qu’il y a quelque chose d’attrayant dans ce mélange de religion et d’érotisme, ce goût d’interdit qui revient sans cesse.


Quand à notre vampire, Lord Vane a tout d’un gentleman, même si on devine bien vite sa nature. Il est toutefois intéressant de constater que le nom de sa nature n’est évoqué que tardivement dans le roman. Lord Vane est un vampire qui souffre de sa condition, sans pour autant se la jouer Edward Cullen. Il souffre de sa nature de vampire, mais il n’en demeure pas moins monstrueux pour autant, mais peut-être davantage à l’image d’un dieu, capable d’actes monstrueux comme de clémence.


Il est indéniablement charmant et charismatique, et on sent chez lui une certaine humanité qui nous fait nous dire qu’il n’est peut-être pas complètement perdu, mais il n’en demeure pas moins un monstre avec des appétits. Il a soif de sang, et il aime séduire et corrompre ses victimes (ici, en l’occurrence, notre prêtre), il sait séduire, mais on devine aussi qu’il ne demeure pas insensible aux charmes d’Ardelian et qu’il est attiré par sa bonté et son humanité.


J’ai beaucoup aimé aussi le développement de leur relation, et jusqu’au bout je me suis demandée quelle fin attendait nos deux amants tragiques. Cela dit, je trouve que [spoiler] Ardelian se retrouve peut-être un peu trop à l’aise par rapport à sa sexualité et le fait qu’il est séduit et attiré par un vampire, je pensais qu’il aurait été un peu plus en conflit avec lui-même sur ce plan, et il finit par rejeter sa foi sans beaucoup de regrets alors que je pensais sa foi solide, même si je m’attendais à ce qu’il ait une crise de foi [/spoiler]. J’ai aussi trouvé la fin un peu trop précipitée, et je m’attendais à quelque chose de plus gros concernant l’origine du vampirisme de Lord Vane.


Cela dit, cela reste un roman que j’ai tout simplement dévoré. J’ai aimé son ambiance gothique, cette romance interdite, son île maudite, et la religion catholique qui se heurte aux anciennes religions païennes, et une belle plume qui nous transporte. Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus, j’ai bien aimé le marin Silas ainsi que le couple formée par les charmantes Danny et Sylvia. En somme, ce roman est une belle découverte !


”This silence from Heaven is more than I can bear. I know Christ is with me, but I cannot hear him. I yearn for Him to take me again, bend me beneath His force, break me, make me anew. It is only in servitude to Him that I can be free. And yet for all that I have laboured to admit Him, I find I am betrothed to his enemy.”

vendredi 26 septembre 2025

Le Loup des Cordeliers (T.1) - Henri Loevenbruck.

Mai 1789, un vent de révolte souffle sur Paris.

Gabriel Joly, jeune provincial ambitieux, monte à la capitale où il rêve de devenir le plus grand journaliste de son temps. un enquêteur déterminé à faire la lumière sur les mystères de cette période tourmentée.

Son premier défi : démasquer le Loup des Cordeliers, cet étrange justicier qui tient un loup en laisse et, la nuit, commet de sanglants assassinats pour protéger des femmes dans les rues de Paris...

Les investigations de Gabriel Joly le conduisent alors sur la route des grands acteurs de la Révolution qui commence : Danton, Desmoulins, Mirabeau, Robespierre, personnages dont on découvre l'ambition, le caractère, les plans secrets.

Alors que, le 14 juillet, un homme s'échappe discrètement de la Bastille, Gabriel Joly va-t-il découvrir l'identité véritable du Loup des Cordeliers, et mettre au jour l'un des plus grands complots de la Révolution française ?


Un cavaliiiieeer qui surgit hors de la nuiiiit !


Comment, ce n’est pas le bon justifier masqué ?


Il y a pourtant bel et bien un justifier masqué et capé qui sévit dans les rues de Paris, accompagné d’un loup en laisse, qui tue tous ceux portant atteinte aux jeunes filles ou aux femmes, marquant le front de ses victimes avec un triangle inversé.


Pour Gabriel Joly, jeune provincial venu travailler à la capitale, enquêter sur ce mystérieux criminel se révèle bien plus stimulant que son travail au journal où il doit parler des derniers spectacles de Paris sans avoir le droit de les critiquer. Et on le comprend !


Le loup des cordeliers et un polar historique que j’ai tout simplement dévoré. L’intrigue est rythmée, la plume est vivante et dégage un tel peps, un tel dynamisme, et les personnages ne sont pas en reste, à commencer par Gabriel Joly, notre jeune détective en herbe qui n’a rien à envier à Sherlock Holmes dont il partage le goût du mystère, le sens de la justice, mais aussi le sens de l’observation et le talent de la déduction. Véritable enfant du siècle des Lumières, il est épris de vérité, de justice et de modernité. Il est plein d’esprit et, s’il ne se débrouille pas toujours très bien à l’épée, sa langue se révèle être une arme redoutable. Ce fut un plaisir de suivre un tel personnage au cours de l’intrigue.


Il fera de nombreuses rencontres, notamment avec un pirate nommé Récif qui se révélera être un allié plein de ressources, le commissaire Guyot, mais aussi un certain Danton, accompagné de Desmoulin, Lafayette, Robespierre, etc.


Ce roman nous plonge dans les premières heures de la Révolution Française, de mai à juillet 1789. Nous sommes témoin des tensions, le peuple qui gronde de colère et de faim, jusqu’aux premières étincelles qui ont mis le feu aux poudres. Puis, c’est l’ouverture des Etats généraux, les débats houleux entre les trois ordres (la noblesse, le tiers-état et le clergé) qui ne mènent nulle part, le Serment du Jeu de paume, la prise de la Bastille, etc. Un véritable tourbillon rythmé qui nous entraîne des bas-fonds de Paris jusqu’au palais de Versailles. C’est l’occasion de rencontrer tous les protagonistes de la Révolution Française : Louis XVI, Marie-Antoinette, les frères du roi, Robespierre, Danton, Desmoulin, Lafayette, etc.


Le récit est parfaitement construit. On sent que l’auteur s’est bien documenté, et il nous rend l’Histoire aussi vivante que possible. Il nous offre une belle description de la société française de l’époque, avec ses idées nouvelles : droits de l'homme, idées féministes, qui font leur chemin et circulent dans divers milieux. On y retrouve aussi la franc-maçonnerie, on découvre la famille royale et ses malheurs (deuil, complots, etc).


Si j’ai parfois déploré que l’Histoire ait pris le pas sur l’histoire, avec l’enquête sur notre loup des cordeliers passé au second plan, je ne nie pas avoir passé un excellent moment de lecture et que je me suis autant régalée de l’aspect historique du roman que de son enquête policière, d’autant que celle-ci ne s’achève pas avec le premier tome et que Gabriel continuera son enquête dans la suite. Là, sur le coup, j’avais une brochette de suspects concernant notre justifier et l’auteur aura réussi à me surprendre. J’avoue être assez déconcertée, mais peut-être la suite me permettra de mieux comprendre.


Le loup des cordeliers est un roman prenant qui manie aussi bien le récit d’enquête que le roman historique, et qui rappelle un peu les romans d’aventure de Dumas. C’est un premier tome que j’ai dévoré, et je retrouverai avec plaisir Gabriel Joly dans la suite de ses aventures.


Votre arme à vous, c'est la plume ! Bien aiguisée, elle est mille fois plus dangereuse que l'épée. Une lame ne peut toucher qu'un seul homme à la fois, quand une plume peut en toucher des milliers !

samedi 20 septembre 2025

Minuit passé - Gaëlle Geniller.



Guerlain revient en compagnie de son jeune fils vivre dans le manoir où lui-même a vécu avec ses trois sœurs étant enfant. Etrangement, il n'a aucun souvenir de ce temps passé. Alors que Guerlain est sujet aux insomnies et que ses nuits sont compliquées, de curieux événements se produisent entre les murs de cette impressionnante bâtisse. Sont-ils bienveillants ou annonciateurs d'un danger imminent ?



Un manoir ancien et poussiéreux avec son sol qui grince et des ombres inquiétantes qui dansent la nuit, un personnage hanté par son passé et peut-être bien un fantôme aussi, une ambiance purement gothique. Ajoutons à ça de jolis graphismes et trois corneilles facétieuses, et ça donne Minuit Passé.


J’avais déjà lu de l’auteure Le jardin, Paris et Les fleurs de grand-frère, et j’ai constaté avec amusement que même l’atmosphère gothique de Minuit Passé n’empêche pas l’auteure d’évoquer ici des thèmes chers à son cœur, à savoir les fleurs et le langage des fleurs.


Outre la place des fleurs dans cette histoire, j’ai beaucoup aimé l’ambiance fantastique et gothique qui s’en dégage et qui est mise en valeur par les magnifiques planches de dessin, notamment la façon dont le manoir est représenté et les scènes de nuit. Le récit est tout de suite prenant. On se retrouve dans ce grand manoir mystérieux où Guerlain, le protagoniste, emménage avec son fils. Il ne conserve aucun souvenir de ce manoir où il a pourtant passé son enfance en compagnie de ses grandes sœurs, et chaque nuit il est victime d’insomnies et il se retrouve vite hanté par une étrange ombre que son fils semble également voir.


J’ai aimé l’ambivalence du récit. C’est à la fois sombre, angoissant mais c’est aussi coloré et bienveillant. J’ai aimé voir se dévoiler l’enfance de Guerlain, et aussi la symbolique des trois corneilles qui sont plutôt mignonnes. J’ai aimé ce mélange entre l’art victorien et l’Art Nouveau, la beauté et richesse des costumes et des décors, et il y a beaucoup de douceur et de bienveillance dans la relation entre Guerlain et son fils, mais aussi Guerlain et ses sœurs.


Cette lecture aurait pu facilement être un coup de cœur, mais j’avoue avoir été perplexe quant au plot twist. Je me suis longuement interrogée sur l’identité du fantôme ou plutôt de l’ombre qui hante le protagoniste. Une hypothèse revenait souvent dans mon esprit sans que j’y croie entièrement car cela ne faisait aucun sens pour moi, mais force est de constater que j’avais vu juste mais cela me laisse assez dubitative et confuse. Je pense n’avoir tout simplement pas compris cette révélation et le sens global de l’histoire. Je peux comprendre que [spoiler] Guerlain soit hanté par son lui du passé, mais pourquoi le Guerlain enfant a été hanté par son lui du futur ? À moins que ce ne soit une métaphore sur la peur de l’avenir, et que le Guerlain adulte doit réaliser que l’ombre qui le hantait dans son enfance n’était autre que lui-même, soutenant le petit Guerlain [/spoiler]. Bref, tout ceci n’est pas très clair et me laisse plutôt perplexe.


En résumé, une bande-dessinée à l’ambiance étrange et onirique. J’ai aimé l’univers graphique (les dessins, les décors, les couleurs) ainsi que l’ambiance gothique, les corneilles, la relation père-fils, cela dit le plot twist me laisse perplexe. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris et je referme ce livre avec plus de questions que de réponses. Cela reste une très sympathique lecture, mais que je ne suis pas sûre d’avoir tout à fait saisi.