dimanche 24 janvier 2021

Pas de Noël cette année - John Grishman

Cette année, la première où leur fille a quitté la maison familiale, les Krank font leurs comptes et décident de faire l'impasse sur Noël. Finis le sapin, les cartes de vœux et Frosty, le bonhomme de neige illuminé, à eux les plages de sable fin, les palmiers et le ciel éternellement bleu! Une croisière financée par les économies réalisées, est exactement ce qu'il leur faut. Mais c'est sans compte sur leurs voisins qui, de l'envie et des encouragement, passent bien vite à une hostilité à peine voilée devant ce rejet des traditions de la petite communauté soudée. Assiégées par des chorales militantes et des supporters de Frosty, les Krank tiennent bon...jusqu'au jour où...



Une confession : non, je n’ai pas choisi ce titre en prévision du Noël de 2020, mais tout simplement parce que l’intrigue avait attisé ma curiosité.


Quelques jours avant Noël, Luther et Nora Krank conduisent leur fille, Blair, à l’aéroport qui a décidé de passer un an au Pérou pour apprendre à lire à de jeunes enfants. Face à la perspective de passer Noël sans leur fille, Luther décide de changer leurs habitudes pour aller se détendre en croisière, direction les îles. Pas de décorations, pas de cadeaux, pas d’invitations, pas de repas, oublié le stress des préparations de Noël. C’était sans compter sur le voisinage, d’abord surpris puis mécontent de cette décision, car Noël dans leur quartier, c’est toute une histoire ! Ils décident ainsi d’entrer en résistance et vont tenter le tout pour le tout pour redonner aux Krank le goût de Noël… qu’ils le veuillent ou pas.


J’ignore comment serait perçue cette situation en France, je me plais à croire que le voisinage n’accorderait pas grande importance au fait qu’un voisin ne veuille pas fêter Noël au profit d’une croisière de rêve. En tout cas, dans ce roman, l’auteur se base indéniablement sur le Noël américain dont les coutumes et traditions nous sont parfois méconnues, sauf celles que l’on connaît à travers les films de Noël. Il y a la tradition du « Frost » qui est un bonhomme de neige de décoration que l’on pose sur le toit, il y a les chorales qui chantent de maison en maison, des personnes qui font du porte à porte pour vendre sapins, calendriers, chocolats au profit d’une œuvre caritative, il y a la compétition de la meilleure maison décorée… Ainsi, lorsque notre couple annonce son intention de ne pas participer cette année, c’est la surprise générale. Le voisinage est choqué et dans l’incompréhension la plus totale, et se met en tête d’inciter Luther et Nora de fêter Noël malgré tout. C’est ainsi que le couple doit supporter les nombreuses interventions du voisinage, alors qu’ils sont attaqués à coups de chants de noël, de reproches, d’incitations… Ces tentatives donnent lieu à des situations plutôt rocambolesques et le roman étant court, on évite le côté répétitif.


On s’amuse des voisins tout comme on lève les yeux au ciel. Est-ce donc un crime de ne pas vouloir fêter Noël, ne serait-ce qu’une seule année ? Noël a-t-il pris une place si importante dans notre société que de ne pas le fêter est vu comme anormal ? Ainsi, à travers ce livre, l’auteur illustre à la fois la pression de vivre dans une communauté, un peu à la Desperates Housewives, tout le monde se mêle de la vie de tout le monde et surveille ses voisins et n’hésite pas à donner son avis, mais aussi une société gouvernée par le capitalisme. Noël est devenu trop commercial, et moins féerique. Les voisins s’étonnent qu’on ne leur achète pas de calendrier ou de sapin ou qu’on ne participe pas à un concours, de ne pas voir de décorations tape à l’œil ou de recevoir des cartes de vœux.


Cela aurait été intéressant de découvrir à travers ce roman une sorte de leçon de tolérance envers la vie privée de chacun et la décision de fêter Noël ou pas, et de l’accepter. Seulement, un imprévu vient chambouler les plans du couple, et du coup cette leçon de tolérance passe moins dans l’intrigue. Je n’ai pas trop aimé la direction qu’a prise l’auteur pour son histoire [spoiler] avec la fille qui décide subitement de revenir, obligeant ses parents à annuler leur croisière et à préparer noël à la dernière minute et donc au final, ils doivent bien malgré eux fêter noël [/spoiler], même si j’ai aimé voir le revirement des voisins et amis, ceux qui s’étaient moqués au départ, qui décident de venir au secours de Luther et Nora et de les aider, nous montrant une belle leçon de solidarité et de partage pour Noël, ce qui fait que les personnages passent d’un Noël commercial au vrai sens de Noël, avec plus de féerie.


Ce n’est pas un roman inoubliable, et aucun personnage ne se démarque réellement, je ne garderai pas un souvenir particulier de ce roman, mais c’est une histoire courte qui se laisse lire, et qui reste divertissante à lire, en particulier en période de fêtes.


Les chanteurs passèrent à Vive le vent d'hiver, une interprétation allègre et retentissante, probablement inspirée par l'excitation générale. Le chef de chœur invita les voisins à se joindre à eux, ce qu'ils firent avec joie ; les premières notes de Ô douce nuit jaillirent d'une trentaine de poitrines. Les jeunes gens chantaient juste, mais les voisins n'avaient qu'une idée en tête : faire du barouf pour que Luther ne sache plus où se mettre.

Au bout de vingt minutes, les nerfs de Nora lâchèrent ; elle se réfugia sous la douche. Luther essaya de lire une revue dans son fauteuil, mais les chants de Noël étaient de plus en plus forts. Il rageait, jurait entre ses dents (...) Quand ils entonnèrent Frosty, le bonhomme de neige, il descendit dans son bureau et prit la bouteille de cognac.

Falalalala - Emilie Chazerand.


Chez les Tannenbaum, on est petit.


Trois générations d'achondroplases, soit sept naines, gèrent Tannenland, le paradis des êtres miniatures. Deuxième curiosité alsacienne après la cathédrale de Strasbourg, cette famille n'a rien d'ordinaire.


Sauf peut-être Richard, 19 ans, le seul garçon de la tribu. Le seul grand, aussi...



"Il [Richard] se tortille un moment, inspire, se démarre comme une vieille voiture. Et se lance :  

- Alors, euh... Il était une fois moi, qui vit avec sept naines."


En commençant ce livre, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, excepté qu’il était chaudement conseillé sur les quelques vidéos sur Youtube lorsque j’étais à la recherche d’idées pour ma PAL du Cold Winter Challenge.


Il m’a fallu une bonne dose de persévérance pour arriver au bout de ce roman, mais je ne peux pas dire que je regrette cette lecture. Les pages regorgent de remarques désopilantes ou de situations rocambolesques. Il y a beaucoup de fraîcheur et d’humour, le tout saupoudré de magie de Noël qui fait vivre cette adorable petite famille. Toutefois, dans un roman de plus de 300 pages, on finit par se lasser un peu des loufoqueries et je me suis longtemps demandée où l’auteure voulait en venir dans son histoire, et quel était le but de l’intrigue, outre nous plonger dans le quotidien de la famille Tannenbaum.


En effet, pendant une bonne partie du roman, il ne se passe pas grand-chose et on se contente de découvrir les différents personnages et de voir s’approfondir leur personnalité. Ce n’est que lorsqu’un événement vient frapper la vie de cette famille, et plus particulièrement Ludovika, et que cette dernière décide de secouer un peu sa famille concernant leur comportement envers Richard que ça commence à bouger. L’histoire prend donc du temps à se mettre en place, mais j’ai persévéré et je suis contente d’avoir lu jusqu’au bout et d’avoir découvert la fin, qui était émouvante [spoiler] je m’attendais d’ailleurs, avec ce roman de style cocooning/feel good et le thème de noël, que Ludovika allait s’en sortir et non pas succomber à sa maladie, l’auteure aura réussi à me surprendre de ce côté-là! [/spoiler]


J’ai donc été un peu perdue pendant au moins la première moitié du récit qui repose sur l’alternance de plusieurs temporalités au point que l’on perd un peu le fil des événements…et le nombre de personnages n’aide pas à mieux s’y retrouver ainsi que les dialogues qui s'entremêlent parfois avec les pensées des personnages. Bref, on peut facilement décrocher au milieu de ces paragraphes déroutants, sans compter l’humour assez particulier et cru parfois, qui ne sera certainement pas au goût de tout le monde mais qui fait toute l’ambiance du roman. Heureusement, j’ai trouvé ma lecture bien plus agréable lorsque j’ai abordé la deuxième partie avec une temporalité mieux définie, des personnages qui gagnent en épaisseur et l’intrigue qui se dessine un peu plus nettement.


J’ai pris plaisir à rencontrer la famille Tannenbaum, composée de sept naines et d’un grand gaillard, le seul garçon et le seul grand de la famille. On entre de plein pied dans les traditions de cette famille alsacienne haute en couleur, au langage franc, parfois vulgaire, et au tempérament décapant, et qui a fait de leur maison une véritable attraction touristique, un passage obligé lors des fêtes de Noël. Nous avons la grand-mère qui aime broder des insultes en alsacien pour mieux les vendre, la plus jeune de la famille qui aime reproduire des scènes de crime dans sa maison de poupée, la maman qui n’ose pas révéler son histoire avec le père de Richard, la cousine qui raffole des livres et qui a fait sa liste des choses à faire dans sa vie, l’autre cousine qui se prend pour Juliette Capulet à faire les yeux doux au fils de la famille rivale, etc. Avec cette panoplie de tempéraments différents, elles passent d’une émotion à l’autre tout au long du roman. Elles sont drôles, énervantes, touchantes.


Chacune de ces sept naines ont donc un caractère pétillant et original, ce qui n’est pas pour faciliter le quotidien de Richard. On prend en sympathie ce garçon, qui est réservé et plutôt effacé, qui a du mal à trouver sa place dans cette famille de femmes et de petites personnes, et qui tente de s’y adapter mais qui aime sa famille malgré tout, et on fond devant la complicité qu’il partage avec sa cousine, Ludovika, la seule à faire vraiment attention à lui. Elle va secouer sa famille, planter des graines par-ci par-là et semer un joyeux bazar. Il y a un profond attachement et beaucoup de complicité entre eux qu’on ne peut s’empêcher de trouver leur relation touchante. J’ai aussi beaucoup aimé me plonger au cœur de l’Alsace pendant la période des fêtes de fin d’année, avec les Tannenbaum qui sortent l’artillerie lourde pour fêter Noël et animer leur attraction, Tannenland, un domaine à leur image, à leur taille, jouant de cette singularité pour en faire une attraction très lucrative en fin d'année. On organise un spectacle, on prépare des bredeles, on se chicane en famille pour mieux se rabibocher, fabriquer des casse-noisettes, sans oublier le jargon alsacien… ça sent bon les épices de noël, un noël bien à l’alsacienne !


Malgré les longueurs, j’ai fini par m’attacher à la tribu Tannenbaum et à ses nombreux déboires, et je ne regrette donc pas d’avoir persévéré un peu dans ma lecture !


« Eh bien, Lulu en a assez. Elle veut bien être une naine, mais elle refuse de penser petit, rêver petit, aimer petit, bien à l’abri dans le terrier fait sur mesure pour les créatures comme elle ! Elle a lu tous les livres possibles et estime venu le temps de vivre son aventure à elle. Elle veut avoir mal, avoir peur, avoir faim, avoir envie. Elle veut ressentir des choses essentielles, importantes, majeures. Et si la prochaine étape est de mourir, soit. OK. Faisons ça. Mais c’est décidé : elle mourra grandement. »

samedi 16 janvier 2021

Comment survivre à Noël quand on est introvertie et hypersensible - Chloé Boffy.

L'hiver, Coline adore se retirer dans sa "grotte", cocooner, boire du chocolat chaud, lire des livres et câliner son chat. Passer les vacances sans mettre le nez dehors et sans voir personne lui convient parfaitement.

Sauf que cette année, sa famille a vu grand pour Noël, et son doux foyer se retrouve envahi de cousins et cousines bien agités du bocal.

Comment concilier son envie de s'amuser et de profiter de ses proches avec son besoin irrépressible de calme, de repos et de solitude ?



Ce titre n’était pas prévu dans ma PAL pour le challenge, mais j’apprécie ces lectures imprévues en cours de challenge, et le titre a rapidement attisé ma curiosité, je savais que j’avais des chances de me reconnaître en l’héroïne, et à raison.


Coline est étudiante à l’approche des vacances de Noël. Elle se réjouit d’avance de pouvoir se glisser sous sa couette avec son chat, une boisson chaude et un bon livre. Sauf que ses parents reçoivent de la famille pour les fêtes, et pas seulement papi et mamie, non non. On parle des oncles, des tantes et des cousins. Tout un joyeux groupe qui va vivre sous le toit de Coline, sa sœur et ses parents. Si Coline se réjouit de revoir ses cousins, qu’elle n’a pas revu depuis l’été, elle ne peut pas s’empêcher de redouter ce moment, elle qui chérie ses moments de solitude, bien à elle. Il faut penser aux cadeaux, au déguisement de Père Noël, aux repas et au couchage de certains. Toute la famille est enthousiaste, même si Coline se sent déjà nerveuse à l'idée du bruit et de l’agitation, et nerveuse à l'idée de partager sa chambre…


Cette nouvelle est une sympathique petit lecture ! Je me suis retrouvée en Coline, étant introvertie comme elle. Comme elle, j’aime Noël et j’aime bien revoir la famille (encore que ça dépend de qui… ahem) mais je redoute cette période de fête, synonyme de rassemblements et dîners en famille avec l’omniprésence du bruit, du mouvement, de la fête, l’obligation de devoir rester à table sous peine de paraître malpolie ou antisociale. Lorsqu’on est introvertie et hypersensible, ce n’est pas toujours un bon moment à passer pendant toute la durée des fêtes et si l’amour des proches et la bonne humeur sont bien présents, ce n’est pas toujours facile à gérer et on est un peu en décalé face au reste de la famille.


J’ai apprécié l’initiative de l’auteure d’aborder ce sujet, qu’on retrouve au final rarement dans la fiction. C’est un moyen de découvrir le point de vue d’une introvertie, comment elle voit et perçoit le monde, comment elle ressent les choses selon certaines situations, et comment c’est une particularité difficile à vivre dans une société où être extraverti est davantage la norme.


J’ai aimé la plume de l’auteure, c’est fluide, parfois drôle, juste et réaliste. J’ai aimé son portrait très réaliste de notre société, comment elle a réussi à se mettre dans la peau d’une étudiante, avec des références culturelles d’époque (j’ai notamment beaucoup apprécié les références à Kaamelott, qui est une série que j’adore) avec des anecdotes qui font sourire, et son regard sur une société dans laquelle il n’est pas toujours facile de s’adapter. On peut facilement s’identifier à Coline, son parcours, sa personnalité, ses pensées, son besoin de s’éloigner un peu de la foule et « recharger ses batteries », le fait qu’elle considère sa chambre comme un lieu sûr où elle peut se reposer, être elle-même, c’est son refuge… de plus, elle adore les livres, est fan de Kaamelott et d’Harry Potter, donc ce fut facile de m’identifier à elle. On se love dans son univers avec décontraction. J’ai aussi aimé cette ambiance familiale dans ce cadre de fête de noël, qui plus est un noël en Alsace, assez cocooning en fin de compte.


Après, c’est une nouvelle qui ne va pas bien loin dans le sens où il ne faut pas chercher une intrigue bien précise, juste le quotidien d’une jeune fille introvertie et hypersensible et comment elle fait face à cette période heureuse mais en même temps compliquée pour elle. J’avertis également que c’est une histoire très actuelle, dans le sens où elle fait référence aux événements de 2020 (la situation sanitaire, le confinement, la distanciation sociale), sans que ce soit trop présent, heureusement. Je reste tout de même sur ma faim, avec l’impression qu’il manquait quelque chose, sans parvenir à définir quoi, et que ça s’est achevé un peu brutalement. Toutefois, j’ai passé un bon moment de lecture et l’auteure a réussi à me faire sourire plus d’une fois.

Joyeux Noël Mr Miggles - Eli Easton.


Toby Kincaid aime son poste de bibliothécaire junior. Il passe ses journées entouré de livres à discuter avec les clients. Il adore tout particulièrement le bibliothécaire en chef, Mr. Miggles, un homme gentil, plein d'esprit, qui sait tout sur tout et qui est désespérément accro à Noël.

Mais Sean le tient à distance et il y a en lui une tristesse que Toby n'arrive pas à expliquer. Quand Sean se retrouve accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, Toby se rend compte qu'il est le seul à pouvoir sauver la bibliothèque – et leur bibliothécaire en chef.

Le jeune homme va devoir découvrir le sombre passé de Sean et lui prouver qu'il mérite une deuxième chance, dans la vie comme en amour. Et puisque les miracles de Noël ne sont pas loin, peut-être Toby réalisera-t-il son vœu le plus cher : aimer et être aimé de Mr. Miggles.



Chaque année, à partir de novembre, on n’y échappe pas, c’est la période des films de noël clichés mais que j’aime regarder pour me mettre dans l’ambiance des fêtes. J’ai décidé de profiter du Cold Winter Challenge pour découvrir les romances de noël dans la littérature, d’abord avec cette histoire courte réunissant des éléments qui m’attirent : une romance homosexuelle, noël, des livres, l’univers des bibliothèques.


Nous suivons le point de vue de Toby Kincaid, employé de bibliothèque, qui aimerait que sa vie sentimentale soit aussi épanouissante que sa vie professionnelle. En effet, son couple subit quelques tensions, et son attirance secrète pour son patron, Mr Sean Miggles, ne simplifie pas les choses. Alors que Mr Miggles commence les préparations pour noël à la bibliothèque, des situations qu’ils n'avaient pas prévues vont changer la donne de leur vie.


Joyeux Noël Mr Miggles est une mignonne petite romance de Noël, avec des personnages attendrissants. Toby est un personnage attentif, investi et loyal tandis que Mr Miggles est un homme discret, posé, secret, un peu vieux jeu mais ce qui lui ajoute un côté charmant, qui plus est aime les références littéraires, et qui est très attentionné envers les usagers de la bibliothèque. On comprend facilement la fascination que Toby ressent pour lui. J’ai aimé voir la relation entre ces deux personnages évoluer et les voir se rapprocher, ainsi que la tendresse qui se noue entre eux.


Je regrette toutefois que l’histoire soit courte car elle aurait mérité davantage de développement, notamment au niveau de la romance et de l’affaire dans laquelle se retrouve mêlé Mr Miggles malgré lui, car j’ai parfois eu cette impression que ça allait vite pour ce genre d’affaire qui est assez grave dans la vie réelle, et dans le développement de la relation amoureuse [spoilers] notamment lorsque Toby rompt avec son petit-ami et qu’il met peu de temps à se remettre de cette rupture pour sauter dans les bras de Miggles, la dualité entre ses sentiments pour son petit-ami et pour son patron, et le fait qu’on entende plus parler de l’ex après la rupture [/spoilers]


J’ai tout de même passé un agréable moment de lecture. Si elle est courte et aurait bénéficié de plus de profondeur, l’histoire reste bien menée, alternant entre tranche de vie d’une petite ville, une intrigue suffisamment pertinente pour nous maintenir en alerte et romance de Noël qui fait son petit effet. Il n’y a pas ou peu de surprises sur le scénario mais c’est bien écrit et c’est efficace, et on a les ingrédients pour passer un agréable moment de lecture qui réchauffe le cœur. Tout n’est pas si rose que cela mais le dramatique de la situation ne recouvre pas la magie des miracles de Noël.


Outre Toby et Mr Miggles, on a une panoplie de personnages secondaires attachants, prêts à s’investir pour la bibliothèque et leur bien-aimé Mr Miggles, nous permettant d’en apprendre plus sur le tempérament du personnage qui cache aussi bien ses secrets que ses attentions envers les autres. Ce n’est pas seulement une romance, mais aussi une histoire où nos personnages s’engagent pour la bibliothèque et qui forment une communauté au sein d’une petite ville, et j’ai aimé découvrir cette ambiance de petite ville.


C’est un joli petit hommage à nos rayons de bibliothèque préférés, à tous ces bâtiments intemporels qui nous permettent l'accessibilité à la culture, l'échange sans conditions de classes ou de statuts et le plaisir du partage.


dimanche 3 janvier 2021

De rouille et de glace - Manon Bousquet.


Entre flocons de neige et de cendre, Ageron veille sur ses protégés, que la guerre entre humains et races extraterrestres a privé trop tôt de leurs parents. 


Pour leur redonner du courage, le robot-majordome entreprend de ressusciter une antique fête terrienne, et peu importe si plus personne ne sait comment la célébrer...




La science-fiction n’est pas un genre qui m’attire habituellement, même s’il m’arrive de faire des exceptions et ce titre en fait partie car j’ai été intriguée par sa quatrième de couverture.


L’auteure nous propose de fêter Noël dans une galaxie lointaine, dans un futur où les humains ont quitté la Terre pour vivre sur d’autres planètes, en cohabitation avec d’autres extra-terrestres, en laissant derrière eux nombreuses de leurs coutumes, y compris la fête de Noël. C’est en voulant apporter du réconfort aux jeunes orphelins dont il a la charge que le robot androïde Ageron se propose de ressusciter cette fête… avec les moyens du bord. Car, comment trouver un sapin, des décorations de Noël, une bûche et des marrons à déguster dans l’espace ? Ageron et ses petits protégés vont faire de leur mieux pour trouver des alternatives.


J’ai trouvé intéressant l’univers proposé par l’auteure, dans lequel les humains ont été contraints de quitter la Terre pour coloniser l’espace, ce qui les a obligés à vivre dans un nouvel environnement et à abandonner certaines de leurs coutumes. C’est ainsi un bon prétexte pour faire revivre la fête de Noël et de la faire découvrir à de jeunes enfants, humains comme aliens. Le sujet m’a d’emblée plu, le fait de faire revivre Noël avec les moyens du bord à des enfants qui ne connaissent pas cette fête mais se lancent dans les préparations de bon cœur, en essayant de trouver un sapin, des boules, des guirlandes, une étoile, des marrons glacés, des cadeaux, etc. Le fait que leur environnement ait été ravagé par la guerre permet de mieux mettre l’accent sur Noël qui est une fête de bonheur et de partage. J’aurais cependant souhaité que l’auteure passe plus de temps sur les recherches et courses des enfants pour reconstituer Noël, pour prolonger le plaisir et accentuer la magie de Noël.


J’ai trouvé la fin un peu triste et précipitée, bien que j’ai aimé découvrir leur fête de Noël et ce qui en a découlé, enfin j’ai trouvé touchant l’attachement d’Ageron pour ses protégés. Bien que ça reste une histoire courte, et qui aurait pu bénéficier de davantage de développement, c’était une lecture plutôt sympathique dans l’ensemble, pas inoubliable, mais agréable à lire, surtout en période de fête, et qui apporte une certaine originalité, comme un souffle de fraîcheur sur les classiques histoires de Noël.


«  Mais dites, vous avez beau n’être qu’un tas de fer, j’en sais assez sur les robots pour me rendre compte que vous en avez plus dans la cervelle que moi. Pourquoi vous vous donnez tant de mal pour cette bande de mioches que jamais personne ne viendra adopter  ? Les gens vont chercher les plus jeunes, vous le savez mieux que moi. Ils sont trop vieux les vôtres. Et trop étranges.  » 

Devant le silence de l’androïde, l’artisan reprit : 

«  Vous n’auriez pas voulu faire autre chose  ?  » 

Oui, Ageron aurait aimé faire autre chose de son existence, à commencer par des voyages, loin au-delà de la ceinture d’astéroïdes. Le testament de ses maîtres stipulait un être en chair et en os pour procurer de la chaleur humaine à ceux qui en manquaient. Mais voilà, personne ne voulait s’occuper d’eux, il n’y avait qu’Ageron, et il ne pouvait les abandonner – et ce n’était pas qu’une question de lois de la robotique. 

Il haussa les épaules : «  Peut-être que les robots aussi veulent être papas, qui sait  ! Bonne soirée et joyeux Noël  !  »