mardi 31 janvier 2023

[Bilan] Pumpkin Autumn Challenge, 2022


(Source)

Le Pumpkin Autumn Challenge s'est clôturé il y a quelque temps déjà, l'heure pour moi de dresser le bilan habituel de mes lectures automnales et mes impressions. C'est parti !





- Là où les esprits ne dorment jamais, de Jonathan Werber : une lecture souvent laborieuse ! Si j'ai aimé l'aspect historique autour des sœurs Fox et l'héroïne qui semblait prometteuse, tout cela est noyé sous une intrigue trop fouillie et au rythme lent. Mais je compte retenter ma chance avec ce roman, en espérant qu'une seconde lecture me permettra de mieux apprécier l'histoire.

- Sherlock Holmes et la bête des Stapleton, de James Lovegrove : quel sympathique pastiche holmésien comme j'ai rarement l'occasion d'en lire ! S'il y a quelques points qui m'ont chagriné, je ressors toutefois avec une très bonne impression pour ce roman. Fidèle à Doyle, l'auteur nous offre une enquête à un rythme qui ne faiblit pas, dans un cadre dépaysant, entre l’Écosse sombre et humide et le Costa Rica chaud et humide. Pour ma part, le pari d’apporter une suite convaincante au Chien des Baskerville est relevé haut la main !



- Vampyria (T.3) La cour des ouragans, de Victor Dixen : malgré des scènes que j’ai trouvé déconcertantes et la romance sortie de nulle part, j’ai aimé voir s’étoffer l’univers de Vampyria mais aussi le découvrir à travers un cadre plus maritime, avec une aventure qui ne manque pas de rythme et qui apporte son lot de révélation. Pas le meilleur tome de la saga mais un roman qui reste appréciable.

- Momies : Corps conservés autour du monde, de Juliette Cazès : quel plaisir de retrouver la plume de l'auteure à travers un nouvel ouvrage tout aussi instructif que le précédent. Ici, nous nous penchons sur les momies dans différents coins du globe. Sans aller dans les détails, elle nous offre une synthèse intéressante sur le sujet tout en posant quelques réflexions sur le sujet qui donnent à réfléchir. Une lecture instructive et passionnante !





Sombres citrouilles, de Malika Ferdjoukh : Abandonné... Je n'ai pas réussi à avancer dans ma lecture, je n'ai pas eu un seul once d'intérêt pour les personnages ou l'intrigue, j'ai eu du mal à me rappeler qui était qui et la succession des (nombreux) points de vue m'a perdu... tout me semble sans dessus dessous ! 

- Pumpkin Heads, de Rainbow Rowell : une lecture bonbon, parfaite pour la saison automnale ! C'est cocooning et ça se savoure comme une bonne part de tarte aux pommes. Quelques running gags amusants, une romance mignonette mais ce n'est pas celle-ci qui m'aura enchanté mais davantage l'ambiance qui se dégage de l'œuvre, un véritable festival d'automne !



- L'épouvanteur (T.5) L'erreur de l'épouvanteur, de Joseph Delaney : je me suis replongée dans cet univers avec plaisir. L'horreur est vibrante sans être explicite, le rythme est soutenu et les rebondissements ne manquent pas et un adversaire de taille commence à pointer le bout de ses sabots, et quel adversaire !

- L'île aux mensonges, de Frances Hardinge : un thriller victorien élégant aux limites du fantastique, avec une ambiance sombre, gothique et parfois oppressante qui laisse toutefois la part belle à la science, sur fond de mensonges et un cadre féministe. Je ne partais pas convaincue, pourtant l’histoire est bien plus prenante que ne le laissait supposer les premiers chapitres !



- La dame au linceul, de Bram Stoker : un roman dans lequel se dégage une merveilleuse ambiance gothique avec tous les ingrédients indispensable : château sombre et mystérieux, une nature sauvage et enchanteresse, une crypte inquiétante, une dame mystérieuse. La résolution m'a totalement prise au dépourvu, l'auteur aura bien réussi à me mener en bateau ! J'ignore d'ailleurs si je dois le féliciter m'avoir surpris à travers son plot twist inattendu ou si je dois me plaindre d'avoir été bernée !

- The wicked deep : La malédiction des Swan sisters, de Shea Ernshaw : un livre jeunesse plutôt sympathique. J’ai aimé l’ambiance autour de la malédiction, le cadre portuaire et le plot twist. En revanche, pour la crédibilité, on repassera. Malheureusement, la romance prend trop souvent le pas sur l’intrigue autour de la malédiction et les personnages ne sont pas mémorables ou attachants.






- Over the Garden Wall : ce dessin animé est une petite pépite que je trouve méconnue en France, pourtant cette mini-série c'est la quintessence de l'automne. Une ode à l'automne et ses charmes mais aussi l'amitié et la famille. C'est parfois absurde, déjanté, attachant, original, parfois sombre, toujours rythmé et addictif. Véritable coup de cœur pour cette œuvre !

- Nouvelles de Poudlard, de J.K. Rowling : j'ai choisi de lire les trois recueils de cette série qui nous propose de replonger dans le monde des sorciers et découvrir bien des choses à son sujet : sur Poudlard, le Ministère de la Magie, Azkaban, les Animagus... mais aussi se pencher sur des personnages et voir leur passé se dévoiler à nous. Une lecture intéressante qui m'a permis de replonger dans cet univers que j'aime tant.



- Horseman, de Christina Henry : coup de cœur pour ce roman qui propose à la fois une revisite et une suite à Sleepy Hollow (la nouvelle et non le film). C’est un véritable page turner, avec une intrigue rythmée et parfois horrifique, et une ambiance à la fois sombre et inquiétant, avec une ode au pouvoir de l’imagination, ainsi qu’un décor très automnal.

- Hocus Pocus 2 : c'est un film sympathique qui se laisse regarder avec plaisir et qui met dans l'ambiance d'Halloween et l'automne. Quel plaisir de revoir les sœurs Sanderson qui sont toujours aussi hilarantes et attachantes, elles sont le cœur du film. A l'inverse, je n'ai pas été attachée ni convaincue par le trio d'adolescentes et cette suite reste au-dessous du premier film.


Les comptes à la loupe


Livres prévus : 14
Livres lus : 13 (un abandon)


Le mot de la fin


Hormis un abandon, j'ai eu de nombreux coups de cœur et de lectures mémorables, et ce fut dificile de n'en choisir que trois pour mon top 3. Je confirme que ce challenge est celui qui me fait découvrir le plus de lectures intéressantes et mémorables, et j'ai pris autant de plaisir à participer cette année que les années précédentes. Vivement la prochaine édition !


Mon t
op 3 

HorsemanC. HENRY

- Over the Garden Wall
L'île aux mensongesF. HARDINGE

dimanche 29 janvier 2023

Les étoiles de décembre (T.1) Il faut parfois déplier les étoiles - Erika Boyer.


Tout au long de l’année, Eliott enferme ses vœux à l’intérieur d’étoiles en papier, dans l’espoir de les voir un jour se réaliser. Ils sont variés : monter tout en haut de la Tour Eiffel, avoir son BAC, manger une bonne brioche, acheter une nouvelle paire de baskets… À 16 ans, il y a tant de choses qu’il désire !

Mais quand Sora, son meilleur ami, prend sa jarre à souhaits et s’engage à en réaliser un par jour, pour se faire pardonner d’avoir encore oublié son anniversaire, Eliott n’est plus très sûr de vouloir que ses rêves deviennent réalité.

Parce que dans ses étoiles, il y a aussi de grands secrets, comme l’amour qu’il porte à Sora depuis des années…

24 jours, 24 vœux et 24 chances d’être démasqué.

Décembre promet d’être agité !



Il faut parfois déplier les étoiles est une lecture doudou, une romance de Noël chaleureuse qui se lit à la façon d'un calendrier de l'avent avec 24 chapitres qui correspondent aux 24 jours de décembre jusque Noël. On peut néanmoins lire tout d'un coup, si on est plus gourmand.



On suit le quotidien paisible de deux adolescents, Eliott et Sora. Deux amis aux caractères complètement opposés mais qui se complètent. Sora est une boule d'énergie qui n'a aucun de mal à s'exprimer, mais qui reste discret sur ses sentiments et notamment sur ses blessures intérieures. Elliott est plus renfermé, il aime sa famille et son petit cocon, sortir de sa zone de confort lui est parfois bien difficile ! J'ai aimé découvrir les personnages, leur tempérament, leur façon de se taquiner, de se soutenir. Il y a une forte complicité et de l'attachement entre ces deux amis qui se connaissent depuis l'enfance, ainsi la romance ne paraît pas forcée ou sortie de nulle part, mais vient tout naturellement.



L'idée de départ est simple mais efficace. Pour se faire pardonner une faute, Sora a subtilisé la jarre à souhaits d'Elliott, tous notés sur un papier plié en forme d'étoile, et s'est donné comme objectif de réaliser un souhait par jour jusque Noël. Les souhaits d'Elliott n'ont rien de grandioses. Manger un dessert, avoir le courage de sécher les cours rien qu'une fois, faire quelque chose qu'il n'avait jamais fait auparavant, que Sora lui prête un DVD qu'il n'a jamais voulu prêter, etc. Néanmoins, ils restent assez divertissants pour nous offrir des chapitres amusants, Sora ne manquant pas de ressource et d'imagination pour réaliser chaque souhait. Bien entendu, on se doute bien que de nombreux vœux concernent Sora puisque Elliott est secrètement amoureux de son ami, et qu'il craint par dessus tout que Sora découvre l'ampleur de ses sentiments et ainsi gâcher leur amitié. Le lecteur attendra bien-sûr de savoir quel souhait sera "le bon", celui qui fera prendre conscience à Sora des sentiments de son ami. Va-t-il les découvrir au milieu, ou à la toute fin ?



C'est donc une lecture cocooning, feel good. Tout le long de la lecture, nous sommes dans une bulle chaleureuse, sucrée, innocente. Les personnages sont plaisants à suivre et leurs familles respectives toutes aussi attachantes, malgré les blessures de Sora et sa fratrie vis-à-vis de l'absence de leurs parents, partis vivre au Japon. Il y a une très bonne entente entre les deux familles, si bien que cela nous donne l'impression qu'il s'agit d'une seule et même famille. La famille n'est pas là pour faire office de figurants ou de décors, ce sont des personnages à part entière.



La légèreté du roman autour de ses thématiques de Noël, d'amitié, d'amour, n'empêchent pas à l'auteure d'aborder des sujets comme l'abandon, la peur du changement ou encore la confiance en soi. Les nombreuses références au Japon sont également appréciables, Sora et sa famille étant d'origine japonaise. De nombreux aspects de cette culture sont évoqués (la gastronomie, la musique, les films d'animations, les mangas bien-sûr, etc).



C'est un joli petit roman à se mettre sous la dent pour la période hivernale (ou après). C'est bourré d'amour, d'humour, de convivialité et de chaleur.


— Papa... dis-je, d’une voix faible.
— Qu’est-ce qu’il y a, mon fils ?
— Je suis amoureux de quelqu’un.
— C’est vrai ?

Je tente de hocher la tête, mais mon corps est tellement lourd que je ne sais pas si j’ai vraiment bougé. Pourtant, mon père reprend :

— Tu veux me dire qui c’est ?
(...) — C’est Sora, avoué-je.

Je suis convaincu qu’il sourit en entendant ma réponse. Je ne sens aucun mouvement, j’ignore ce qu’il fait, trop fatigué pour ouvrir les yeux, mais j’en suis quand même sûr.

— C’est un bon garçon, se contente-t-il de dire.
— Il a un sale caractère, il oublie tous nos rendez-vous, il peut parfois avoir des goûts de merde quand il s’agit d’animes et il est insupportable quand il s’y met, corrigé-je.
— Mais tu l’aimes.
— Mais je l’aime...
— C’est bien de savoir aimer quelqu’un tout en connaissant ses défauts.
— Est-ce que ça ne montre pas plutôt que je suis idiot ?
— Bien au contraire. Beaucoup de gens tombent amoureux d’une image qu’ils se font des autres, et quand vient la découverte, ils n’arrivent pas à l’accepter. Savoir que quelqu’un est imparfait et être capable de l’aimer quand même, c’est une très belle chose.

Je n’y connais pas grand-chose à l’amour, mais j’imagine que mon père sait tout ça mieux que moi...

samedi 28 janvier 2023

Contes des royaumes oubliés (T.2) Le prince cygne - Isabelle Lesteplume.


Il était une fois deux royaumes amis, que la disparition d'un prince précipita dans une guerre sans merci.

Dix ans plus tard, Siegfried, héritier du trône, écrasé par ses responsabilités et déchiré par la perte de ses proches, fuit la bataille en s'engouffrant dans une forêt dite maudite. Il y rencontre Ode, un jeune homme ensorcelé, cygne le jour, humain la nuit, dont le visage lui semble étrangement familier. Qu'est-il réellement arrivé au prince disparu ? Quel rapport avec ce bal dont Siegfried ne cesse de rêver ?


Alors qu'ils se penchent sur ces mystères, une ombre rôde, tout près. Humain ou monstre, souvenir ou simple cauchemar, derrière tout cygne blanc se trouve un cygne noir...



Après Les Amants de Baker Street, j’étais curieuse de découvrir les autres romans de l’auteure, ce qui m’a amené à ma découverte de ses Contes des royaumes oubliés dans lesquels elle nous propose une revisite de contes célèbres tout en y ajoutant une romance M/M. Bien que mes contes préférés restent La Belle et la Bête ainsi que La Petite Sirène, mon choix s’est porté sur Le Prince Cygne car c’est une histoire qui me plaît (j’avoue, j’ai davantage grandi avec Le Cygne et la Princesse qu’avec le célèbre ballet du Lac des Cygnes) mais aussi parce que la couverture semblait se prêter au Cold Winter Challenge.



Ce ne fut pas le coup de cœur que j’ai eu avec Les Amants de Baker Street, mais Le Prince Cygne reste un roman fort sympathique que j’ai pris plaisir à découvrir. Je dois toutefois avouer avoir davantage accroché à l’enquête qu’à l’histoire d’amour, même s’ils sont adorables nos deux tourtereaux. Chacun a son propre vécu, ses propres blessures, et une personnalité avec ses qualités et ses défauts qui rendent nos personnages profondément humains et attachants. Ode nous semble de prime abord froid et méfiant, ce qui est justifié compte-tenu de son vécu, ce qui ne le rend toutefois pas fragile et il se révèle plus malicieux qu’on le pense. S’il subit sa malédiction, il ne s’apitoie pas sur son sort et fait preuve de beaucoup de persévérance et de courage.



Mais je dois avouer que ma préférence va au prince Siegfried, pas comédien pour deux sous, rêveur, courageux, parfois maladroit. C’est un personnage profondément marqué par le deuil qui a du, tout au long de sa vie, abandonner ses rêves et ses passions pour être le prince et le soldat qu’on attendait de lui qu’il soit. Sous l’influence d’Ode, il va retrouver l’âme de rêveur qui sommeillait en lui, se réapproprier tout ce qu’il aimait, l’art, la danse, la lecture. Il n’en demeure pas moins un prince désintéressé qui grandit tout au long du roman, loyal envers ses sujets et prêt à tout pour leur bonheur, pour rétablir la paix au sein de son royaume, pour que son royaume et ses habitants réapprennent à vivre dans le bonheur et l’insouciance. J’ai beaucoup aimé son parcours et son évolution tout au long du roman, tout comme j’ai aimé sa dynamique avec sa mère, ses sœurs d’adoption Odile et Claude (et comment Claude est un personnage à part entière, présente tout le long du roman bien qu’elle ait trouvé la mort en début de roman) mais aussi avec Rothbart, sorcier et ministre.



J’ai aimé la réappropriation du conte par l’auteure. Si la véritable identité de l’antagoniste, celui qui est à l’origine de la malédiction d’Ode, ne sera pas une surprise pour qui connaît un minimum l’histoire du Lac des Cygnes, l’intrigue n’en demeure pas moins intéressante. Tout commence avec l’histoire de la disparition du prince Ode du royaume de Pyrh, un soir de bal donné au château du royaume voisin d’Ezrhyn. Siegfried, alors âgé d’une dizaine d’années, a assisté à cette disparition sans en garder de souvenirs. La reine de Pyrh accuse le royaume d’Ezrhyn de la disparition de son fils. Peu de temps après, on attente à la vie de Siegfried et le royaume de Pyrh est accusé. Depuis, les deux royaumes se livrent une guerre sans merci, qui dure depuis dix ans, n’accordant une trêve qu’à la période hivernale. C’est au cours de cette guerre que Siegfried, grièvement blessé, découvre des bois mystérieux, coupés du monde, dans lesquels vit toute une troupe… des déserteurs ayant trouvé une meilleure vie au sein de ces bois, et l’ancien prince Ode, condamné à revêtir une forme de cygne le jour et redevenir humain la nuit. Ode et Siegfried font connaissance, mais très vite Siegfried fait le lien entre cet étrange jeune homme et le prince disparu. Pour rétablir la paix et briser la malédiction de son ami, Siegfried décide d’enquêter sur le bal où tout a changé.



J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette enquête et découvrir en même temps que Siegfried les événements du passé, voir les morceaux du puzzle s’assembler lentement mais sûrement pour reformer la nuit où Ode a été maudit puis a disparu. Si l’identité du coupable ne m’a pas surprise, il en était autrement des enjeux autour de la malédiction d’Ode [spoiler] le fait qu’Ode n’était pas un cas isolé même s’il était la « pièce maîtresse » si je peux dire, les raisons qui ont fait que le sorcier l’a ensorcelé et qui suggère de la pédophilie. Ce n’est pas montré, simplement suggéré mais cela suffit à nous faire glacer d’effroi [/spoiler], sans oublier la véritable personnalité de l’antagoniste qui se dévoile… malsain, manipulateur, menteur, dangereux et perfide. Un méchant plus que réussi qui nous fait glacer d’effroi une fois les masques tombés.



Les personnages secondaires et tertiaires ne sont pas en reste, et s’ils sont moins mémorables, ils restent plutôt sympathiques. L’enquête tient toutes ses promesses, la romance reste mignonne et avance à son rythme et de façon crédible, même si certains moments le sont beaucoup moins [spoiler] par exemple, Siegfried à peine sorti d’un coma trouve la force de courir hors de son royaume pour retrouver Ode tout en gardant sa forme, pas crédible pour deux sous ! Ou encore lorsque la reine de Pyhr accepte sans trop se méfier la proposition de paix de celle à qui elle fait la guerre depuis dix ans, même si la proposition de paix était sincère, comment pouvait-elle le savoir ? [/spoiler]. Si la fin reste un peu trop précipitée à mon goût, cela n’enlève rien à l’appréciation positive que j’ai de ce roman qui reste une sympathique découverte. Je continuerai par la suite ma découverte des revisites de cette série.


Un grand calme avait envahi Siegfried, qui continuait d’avancer en tenant le bras d’Odile, sans s’arrêter ni se presser. Il avait vaguement conscience que les gens se regroupaient pour les suivre en procession, mais n’y prêtait pas vraiment attention. Il ne pouvait pas voir le tableau qu’ils représentaient, son amie et lui. Un prince en deuil, marchant dignement au milieu de son peuple, partageant sa peine et continuant pourtant sans faillir un seul instant. 

Il songea à Claude. Qu’aurait-elle dit ou fait si elle avait été là ? Qu’aurait-elle pensé ? Il songea à elle et, pour la première fois depuis qu’il l’avait quittée, il ne vit pas son visage éclaboussé de sang, mais souriant, heureux, décidé, comme il l’avait toujours été. Cette vision s’imprima dans sa mémoire. En un sens, elle marchait aussi à ses côtés.

Il prit une grande inspiration, délivré d’un poids. Rien ne serait comme avant. Mais il avait Odile. Il avait Ode. Il avait la vie devant lui. 

Ils mirent une heure à arriver au temple, suivis d’une foule énorme, dont le silence se propagea à ceux qui attendaient déjà sur le parvis. 

La Reine, qui commençait à s’impatienter, se tut aussi en voyant Siegfried arriver, si calme, si solennel, guidant un peuple entier. Son cœur se serra brusquement. Elle fut surprise de sentir une larme se former au coin de ses yeux. Son fils n’était plus un enfant. Plus un prince. Il était roi, déjà, dans son cœur et celui de ses sujets.

mardi 17 janvier 2023

Là où réside l'hiver - Laetitia Arnould.


À dix-sept ans, Edda Nightingale est une jeune fille solitaire et hypersensible. Orpheline, elle vit avec sa belle-mère et la fille de cette dernière. Même mise à l'écart, elle veille chaque jour sur le manoir de son enfance et les bois de Moonland.

Garant des glaciers, Jack Frost est la quintessence de l'hiver. Pourtant, qui connaît encore son nom ? Invisible pour les hommes, délaissé des fantômes, Jack œuvre sans relâche : il roussit les feuilles, souffle le givre et fait danser les flocons...

Est-ce le vent du nord, un étang gelé ou une aurore boréale qui va mettre Edda et Jack sur le même chemin ? Si la première découvrira un univers de conte, le second devra côtoyer les humains, ces Ephémères qui l'ont laissé pour compte.

Quand les rêves de neige disparaissent et que la Terre surchauffe, Edda et Jack devront s'apprivoiser et s'allier aux Veilleurs de l'Hiver, pour que demeure l'équilibre des saisons...


Lorsque j’ai entendu parler de ce roman avant sa sortie, j’étais très emballée et j’ai tout fait pour avoir une copie, alors que j’étais arrivée tard pour la campagne autour du roman. Le livre en lui-même est un très bel objet, relié avec sa languette bleue, ainsi que de jolies illustrations et une couverture sublime aux motifs et couleurs de l’hiver. Le résumé « teaser » que l’on avait au départ avait attisé ma curiosité. Une histoire fantastique autour de l’hiver et du personnage de Jack Frost – que j’affectionne beaucoup après l’avoir découvert dans le film Les Cinq Légendes - voilà qui me semblait prometteur !



Mais… voilà. Après lecture, je dois avouer ne pas avoir été très convaincue par son histoire qui me semblait pourtant pleine de promesses.



Je n’ai absolument pas adhéré au personnage d’Edda Nightingale dont même le nom de famille fait Mary-Sue. C’est une hypersensible (entendons là une fille specialz, dans le sens où elle est sensible à la magie, à ce que nous ne pouvons pas voir habituellement), amoureuse de l’hiver (dans tous les sens du terme, hélas), sensible, imaginative, incomprise de tous, pure, désintéressée… bref, la fille parfaite quoi et donc inintéressante pour moi. L’auteure a voulu lui donner un vécu tragique avec son statut d’orpheline et le cliché de la belle-mère méchante qui traite plus ou moins Edda comme une sorte de Cendrillon. Que l’auteure me pardonne, je n’y ai pas été sensible même si je la remercie de ne pas s’être enfoncée davantage dans le cliché en créant une rivalité entre Edda et Ally, sa demi-sœur et que je trouve leur lien plutôt attachant.



J’ai largement préféré à Edda le personnage de Jack Frost. Son tempérament, ses pouvoir, son histoire et ses tourments qui lui rendent cette humanité qu’il a perdue en devenant l’incarnation même de l’hiver. C’est un personnage imparfait, énigmatique et touchant et j’aurais voulu en apprendre plus sur lui et son passé. Je déplore cependant le fait que l’auteure ait crée une romance entre Jack Frost et Edda, d’autant plus que le rapprochement est trop rapide à mon goût, sans vraisemblance. Ils s’attachent vite (trop vite) l’un à l’autre. Je l’avoue que mon ressenti est aussi dû au fait que je ne m’attendais pas à une romance, ni n’en attendait une, même si elle n’est clairement pas le focus du roman, et je déplore une fois de plus le fait que les romans YA se sentent toujours obligés d’ajouter une romance à leur intrigue, fut-elle secondaire ou non et qu’il est impossible pour eux de faire une amitié garçon-fille, qu’elle soit fusionnelle ou pas, sans en faire une romance.



J’ai toutefois aimé l’ambiance qui se dégage globalement du roman. Il adopte des sonorités de contes par sa magie et son folklore, son monde caché et ses êtres surnaturels. Ce roman n’est ni plus ni moins qu’une ode à l’hiver, une lettre d’amour pour cette saison et cet amour est palpable et communicatif. Il nous rend nostalgique des hivers d’autrefois et nous donne envie de se promener dans des bois enneigés et enchanteurs. J’ai également trouvé intéressant le fait que chaque saison a non seulement sa propre personnification mais les mois de l’année également et que l’on appelle les Veilleurs de l’An, capables de revêtir une forme humaine mais aussi animale, et qui jouent un rôle dans les saisons. Je trouve cependant plutôt exagéré que l’auteure ait rendu Edda encore plus spéciale en [spoiler] faisant de sa mère décédée l’esprit du mois de Décembre. C’est bon, on a fini avec ses caractéristiques qui font d’elle une fille spéciale et parfaite pour l’hiver ? [/spoiler].



J’ai également apprécié et trouvé intéressant que l’auteure confronte ce folklore – en grande majorité hivernal – à des problématiques plus actuelles, notamment notre dure réalité écologique car la problématique que le roman nous dépeint ni plus ni moins est la mort progressive des saisons et surtout de l’hiver. Nous pouvons le voir par nous-mêmes. La neige se fait plus rare, il y a également la fonte des glaces, des hivers de plus en plus doux, et cela impacte les saisons et les veilleurs de l’an dans ce roman, qui vont essayer de sauver ce qu’ils peuvent sauver, de préserver l’hiver, de faire prendre conscience à tous de la gravité de la situation. Le message est fort, car le bouleversement climatique ici est associé à une mort programmée du folklore et de l’imaginaire et, peut-être même de manière indirecte, notre enfance. J’ai trouvé que c’était très bien amené et j’ai apprécié cet aspect du roman, d’autant plus que, sans faire une fin où tout le monde est sauvé, le réchauffement climatique n’est plus, les oiseaux chantent, le soleil brille… ça n’aurait pas été réaliste d’avoir une conclusion heureuse aussi soudaine. Ainsi l’auteure ne nous offre pas un véritable happy ending ni de fin malheureuse mais entre les deux, une fin douce et amère à la fois qui est plus crédible.



Sans m'être ennuyée, je n'étais pas non plus complètement immergée dans cet univers si attrayant de prime abord. Cela reste quelque chose de très personnel et je ne doute pas que beaucoup de personnes arrivent à se laisser porter, savourant simplement l'univers qui nous est proposé ici ainsi que d’adorer ses personnages et la relation qui se lie entre nos deux protagonistes, ce qui est pourquoi j’ai choisi de me séparer de ce livre pour l’envoyer à quelqu’un qui, je l’espère, saura mieux l’apprécier que moi et être envoûté par sa magie. Pour conclure, ce livre n’est pas une déception dans le sens où c’est un livre mauvais. Il n’est pas dénué de qualité et j’ai apprécié certains aspects du roman. Il y en a cependant qui m’ont beaucoup plus chagriné et qui m’empêchent d’apprécier le livre et de le trouver mémorable, mais je ne doute pas que ce livre trouve amplement son succès ailleurs.


Comment avons-nous pu en arriver à cet instant, à cette époque où les saisons ont fini par perdre leurs repères ? Ça me dépasse. L'équilibre du monde ne tient qu'à un fil mais j'estime qu'il est du devoir de chacun de tout faire pour qu'il ne se rompe pas. Nous avons déjà trop tardé.

lundi 16 janvier 2023

Sherlock Holmes et le démon de Noël - James Lovegrove.


1890. Peu avant Noël, Sherlock Holmes et John Watson reçoivent à Baker Street la visite d'une nouvelle cliente. Eve Allerthorpe, fille aînée d'une dynastie prestigieuse, mais quelque peu excentrique du Yorkshire, se trouve dans une profonde détresse : elle se croit possédée par un démoniaque esprit de Noël.

Eve doit hériter d'une fortune à condition d'être saine d'esprit, mais il semble que quelque chose - ou quelqu'un - menace son équilibre mental.

Holmes et Watson partent enquêter au château de Fellscar, demeure familiale des Allerthorpe, mais s'aperçoivent vite que l'affaire est plus complexe qu'il y paraît.

Un autre esprit hante la famille ; et lorsque l'on découvre le cadavre d'un membre de la maisonnée, le duo comprend que nul n'est au-dessus de tout soupçon...




Après avoir beaucoup apprécié ma lecture de Sherlock Holmes et la bête des Stapleton, j’étais résolue à découvrir un autre pastiche holmésien de l’auteur avec Sherlock Holmes et le démon de Noël, qui s’est révélé être une lecture qui tombait à pic pour le Cold Winter Challenge.



Nous débutons ce roman avec un Père Noël en fuite, coursé par Sherlock Holmes et le Dr Watson. Car oui, ce père Noël est une ordure crapule qui a décidé que la générosité et la charité que l’on prête à la saison de Noël commencerait tout d’abord et surtout par lui-même, en subtilisant une panoplie de bijoux. Nous commençons ainsi ce roman avec une mise en bouche amusante et qui nous fait entrer directement dans l’action.



Sitôt le Père Noël arrêté, une jeune femme du nom de Miss Eve Allerthorpe – qui a assisté à la scène – prend son courage à deux mains pour demander de l’aide au célèbre détective. Appartenant à une ancienne et illustre famille, Eve Allerthorpe fêtera sa majorité peu de temps après Noël. Sa tante décédée a fait d’elle l’unique héritière de sa fortune, à la seule condition d’être saine d’esprit. Un jeu d’enfant n’est-ce-pas ? Pas pour la jeune femme dont la mère, que l’on disait folle, s’est tragiquement donnée la mort dans la fleur de l’âge et l’on craint au sein de sa famille que sa folie ne soit héréditaire… Or, Eve Allerthorpe craint pour sa santé mentale depuis qu’elle est victime de vilains tours qu’elle attribue à un personnage du folklore de son enfance : Thurrick le Noir, sorte de Père Fouettard, qui enlève les enfants si on ne lui fait pas d’offrande et qui laisse un paquet de brindilles dans chaque maisonnée. Eve Allerthorpe est persuadée de l’existence de ce sinistre personnage qu’elle affirme avoir croisé en pleine nuit, d’autant plus qu’elle retrouve des brindilles sur son rebord de fenêtre. Pour Sherlock Holmes, on joue un tour à la jeune femme pour lui faire douter de sa santé mentale et lui subtiliser son héritage. C’est ainsi que le détective et son ami décident de passer Noël au manoir des Allerthorpe pour mener l’enquête.



J’ai beaucoup aimé l’ambiance surnaturelle, folklorique qui se dégage du roman, entre la figure du Thurrick Noir et du fantôme de Perdita Allerthorpe qui hanterait l’aile du manoir où elle se serait suicidée et où personne n’ose mettre les pieds. Pourtant, bien que saupoudrée de surnaturel, l’enquête s’ancre définitivement dans l’univers rationnel de Sherlock Holmes. Ainsi, l’auteur nous offre – à l’instar de La Bête des Stapleton – une enquête policière où l’aspect surnaturel s’explique par des raisons rationnelles. On se doute bien que le Thurrick ne soit pas réel et que sous ce déguisement inquiétant se cache notre criminel en chair et en os. Cela n’enlève rien au charme de la campagne anglaise et de ses villages dans lequel s’ancre le manoir Allerthorpe et l’intrigue en elle-même, ainsi que l’ambiance de Noël dans les vieux manoirs anglais, que j’ai beaucoup aimé lors de ma lecture. Je déplore toutefois que l’auteur ait rendu le Dr Watson superstitieux, au point de croire en l’existence du fantôme ou du Thurrick alors que – dans mon humble opinion – c’est un homme terre-à-terre que des années passées en la compagnie du rationnel Sherlock Holmes auraient fini de convaincre que derrière chaque chose inexplicable se cache quelque chose de plus concret et rationnel. Et puis, personnellement, j’ai du mal à croire que Watson – qui a connu des criminels sans scrupules aux côtés de Holmes et qui est un vétéran d’une guerre où il a dit avoir vu ses camarades déchiquetés – prenne peut à la simple évocation d’un fantôme ou d’une créature folklorique, même si les peurs ne sont jamais rationnelles.



Toutefois, je ne peux pas nier que le duo Holmes/Watson fonctionne sous la plume de l’auteur et que les deux personnages restent fidèles à eux-mêmes. Holmes est toujours aussi efficace, cynique, rationnel, dynamique et intelligent. Si Watson est parfois un peu plus lent pour comprendre le raisonnement de son ami, il ne reste pas les bras croisés et sait montrer son utilité en tant qu’homme d’action ou en tant que médecin, et ses remarques parfois sarcastiques sont tout simplement savoureuses. L’amitié qui lie nos deux personnages reste perceptible, ce sont deux amis que l’on sait proches et qui le montrent, qui se taquinent, sont inséparables, s’aident mutuellement et qui travaillent très bien ensemble. On retrouve avec plaisir leur complicité et leur verve, d’autant plus que l’auteur nous a offert des moments touchants avec eux sur la fin du roman [spoiler] Holmes qui s’inquiète lorsque Watson est blessé par le coupable, ou encore lorsqu’il débarque chez les Watson déguisé en Père Noël [/spoiler]



L’enquête est classique mais bien ficelée, elle nous tient en haleine du début à la fin. Elle ne souffre pas de longueur et le rythme est soutenu avec un bon équilibre entre les moments de calme et les moments d’action. Il y a juste de qu’il faut en terme de longueur pour garder le suspense et l’intérêt du lecteur, sans s’éterniser. L’auteur a réussi à me surprendre concernant l’identité de Thurrick le Noir, sans que la révélation ne soit tirée par les cheveux. Son style reste très agréable à la lecture. Dans son style et sa façon de construire l’intrigue, il a su tirer son inspiration d’Arthur Conan Doyle. On sent bien l’influence doylienne ainsi que l’amour de l’auteur pour son univers, et il parvient à nous plonger dans une ambiance de roman gothique (le manoir mystérieux, le folklore local avec Thurrick le Noir, et le fantastique avec le présumé fantôme) et du conte de Noël victorien, ce qui nous donne un étonnant mélange entre la féerie et le macabre et qui fonctionne à merveille et qui doit beaucoup à l’ambiance très particulière du château.



En résumé, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. L’auteur respecte l’univers et ses personnages, l’enquête est bien menée, l’ambiance est réussie, le tout donnant un sympathique pastiche holmésien à savourer à la période de Noël… voire hors saison !


Lorsque nous arrivâmes de nouveau à proximité du château de Fellscar, j’étais gelé jusqu’aux os. J’avais vraiment hâte de rentrer. Le château ne me semblait pas moins sévère et sinistre qu’avant, mais du moins offrait-il la perspective d’un minimum de chaleur.

Il s’avéra que Holmes avait d’autres projets.

— Si nous faisions le tour du lac ? proposa-t-il.

— Ai-je le choix ?

— Je ne suis pas votre maître. Vous êtes parfaitement libre d’aller où bon vous semble.

— Mais si je pars de mon côté, je risque de rater une partie de l’enquête.

— Ne pourrais-je être tout simplement pris d’une fantaisie ?

— Je vous connais, Holmes. Vous agissez rarement par fantaisie. En fait, vous êtes la personne la moins fantaisiste que j’aie jamais rencontrée.

— Ah diantre. Je crains de ne plus être une énigme pour vous.

— Au contraire. Vous demeurez diablement énigmatique. Mais j’ai appris certaines de vos manies les plus évidentes.

dimanche 15 janvier 2023

Guardians of Childhood (T.1) Nicholas St. North and the Battle of the Nightmare King - William Joyce.


Before SANTA was SANTA, he was North, Nicholas St. North—a daredevil swordsman whose prowess with double scimitars was legendary. Like any swashbuckling young warrior, North seeks treasure and adventure, leading him to the fiercely guarded village of Santoff Claussen, said to be home to the greatest treasure in all the East, and to an even greater wizard, Ombric Shalazar. But when North arrives, legends of riches have given way to terrors of epic proportions! North must decide whether to seek his fortune…or save the village.

When our rebellious hero gets sucked into the chaos (literally), the fight becomes very personal. The Nightmare King and his evil Fearlings are ruling the night, owning the shadows, and sending waves of fear through all of Santoff Clausen. For North, this is a battle worth fighting...and, he’s not alone. There are five other Guardians out there. He only has to find them in time.


Sans le film d’animation de Dreamworks, Les Cinq Légendes, que j’affectionne beaucoup, jamais je n’aurais entendu parler de la série de romans jeunesse qui a inspiré le film, ni n’aurais poussé la curiosité à lire ce tome. Connaissant le film par cœur, j’étais vouée à le comparer au roman mais, outre quelques noms, les deux sont radicalement différents, ce qui n’empêche pas la qualité de l’un comme pour l’autre.



Comme d’autres romans avant et après lui, ce tome s’attache à nous faire connaître la figure du Père Noël avant qu’il ne devienne ce gros bonhomme joufflu qui offre des cadeaux. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ses origines sont pour le moins surprenantes ! Nicholas Saint North était alors un brigand des contrées russes, à la tête d’un groupe de bandits, mais au fond c’est un brigand au grand cœur qui n’hésite pas, le moment venu, à porter secours à des enfants qu’il ne connaît pas et à leur prêter main forte lorsque ces enfants et leur mentor, le sage mage Ombric, sont menacés par Pitch, le roi des cauchemars, et son armée de fearlings.



Le personnage en lui-même est plutôt sympathique, courageux et prompt à venir en aide aux enfants. Toutefois, rien n’indique que ce personnage est le futur Père Noël et rien ne laisse deviner qu’il le deviendra. Il pourrait s’agir de n’importe quel personnage. J’ai été plutôt déçue sur cet aspect, je m’attendais vraiment à découvrir les prémisses du Père Noël. Je ne demandais pas forcément à le voir devenir Père Noël, mais au moins les débuts, quelques indices pour nous laisser voir ce qu’il deviendra, mais il n’en est rien. Ajoutons à cela que la quatrième de couverture laisse supposer une rencontre entre North et les autres gardiens (le lapin de Pâques, le marchand de sable, etc) … mais nada, silence radio, pas de son et pas d’image ! Quelle déception.



Concernant les autres personnages. Ombric remplit son rôle de sorcier farfelu mais sage, puissant et protecteur. Katherine est la jeune enfant au cœur pur et courageuse. J’avoue avoir été davantage intriguée par Pitch, le roi des cauchemars, ce qu’il était auparavant et comment il est devenu ce qu’il est et qui constitue la tragédie de sa vie, ainsi que l’étendue de ses pouvoirs. C’est un antagoniste intéressant et mystérieux que je souhaite revoir. J’ai également beaucoup aimé la figure de Nightlight, ce mystérieux garçon spectral et lumineux qui ne semble pas parler et qui utilise les rayons de lune.



On retrouve de nombreux codes de la littérature jeunesse. Le mage sage et bienveillant, un groupe d’enfants courageux, des méchants tout droit sortis de nos cauchemars, une quête, la mise en avant du courage, de la loyauté et de l’amitié. Rien de bien inédit et si ça ne contribue pas à rendre le roman mémorable pour l’adulte que je suis, l’histoire est toutefois restée divertissante. Je retiendrais surtout certains personnages ainsi que la mythologie autour de l’univers qui semble bien prometteur, notamment avec les figures mystérieuses de Nightlight et de l’Homme sur la lune qui ne demandent qu’à être dévoilées davantage. J’espère revoir Pitch et je suis curieuse de découvrir l’histoire des autres gardiens.



En résumé, ça reste un livre jeunesse des plus classiques, qui reprend pas mal de codes de la littérature jeunesse et qui ne présente rien d’inédit, à part la mythologie autour des gardiens de l’enfance que promet la saga ainsi que des personnages mystérieux qui ne demandent qu’à être étoffés. C’est d’ailleurs ces deux points qui vont me pousser à tenter la lecture du second tome. Je déplore toutefois que la figure du Père Noël, que le personnage principal est supposé incarner, n’est même pas évoqué. Il pourrait être un personnage comme les autres sans que ça change quoique ce soit. Quel dommage… 


When children have nightmares, they struggle to awaken, knowing that comfort lies just beyond their tightly shut eyes. But for Katherine, the nightmare was all around her, and so sleep was her escape. She spent the night drifting in and out of dreams. But hers were no ordinary ones.

There’s a rare kind of dream that children have, a dream that unfolds like a storybook, but a story in which the dreamer does not take part. They watch, instead, the adventures of someone dear to them in a sort of movie of the mind. And the dream Katherine was having starred Nicholas St. North. North was a hero of a thousand adventures. He was not a wizard, a thief, or a warrior, but a powerful figure of unending mirth, mystery, and magic, who lived in a city surrounded by snow.

mardi 10 janvier 2023

Les voyages de Lotta - Marie Zimmer et Ofridé.



Depuis la mort de sa femme Esther, Olaf, éleveur de rennes en Laponie, vit seule avec ses deux filles jumelles de 15 ans, Solveig et Lotta. La première, mutique, vit dans son monde, tandis que la seconde protège sa sœur et parle pour deux. Lotta désire devenir chamane afin d'entrer en relation avec les esprits et retrouver celui de Solveig. Sa formation s'annonce longue et difficile.

C'est l'histoire de deux sœurs vivant dans un pays du froid. L'une d'elle possède des capacités extraordinaires... Non, il ne s'agit pas d'Elsa et Anna de La Reine des Neiges, mais de Solveig et Lotta, deux jumelles liées mais différentes. Lotta aspire à devenir chamane, à la fois par raison d'être mais aussi dans l'espoir de remédier au handicap de Solveig. Mais communiquer avec les esprits n'est pas chose facile, et Lotta doit faire preuve de beaucoup de patience et de volonté pour arriver au bout du voyage, ainsi que de la persévérance et beaucoup de ruse car son père, Olaf, ne l’entend pas de cette oreille et compte bien freiner les ambitions de sa fille.



J’ai apprécié que les auteures ne prennent pas la voie de la facilité et posent des obstacles sur le chemin de Lotta. Je ne parle pas tant de la résistance paternelle mais le fait que Lotta soit une jeune fille avec ses défauts, ce qui contribue à la rendre plus humaine et attachante. Elle est frustrée de ses échecs, veut aller trop vite dans son apprentissage, est têtue. Elle veut avoir la solution à tout et tout de suite, et les esprits ne vont pas lui faciliter les choses. Ces défauts ne nous empêchent pas d’apprécier ce personnage car on comprend que cette vocation est une passion pour elle mais aussi et surtout un moyen d’aider sa sœur, ainsi chaque échec la désespère car elle est déterminée à aider sa sœur. Ainsi, elle doit faire un travail sur elle-même de patience et de respect, prendre le temps d’écouter et de voir ce qui l’entoure et surtout comment mieux gérer ses émotions, sans s’emporter.



C’est une jolie introduction à la Laponie et au chamanisme. J’ai apprécié découvrir la Laponie à travers ses magnifiques paysages ainsi que le peuple Sami et leurs coutumes comme la course de rennes et le chamanisme. Concernant les graphiques, les couleurs sont sublimes, douces, lumineuses et fraîches. Le décor nordique est réussi, avec ses forêts sauvages, ses traîneaux, ses rennes, ses parties de pêche et les auteures présentent de façon douce et colorée le chamanisme avec les animaux totems et les voyages en transe, donnant un aspect fantastique, mystérieux et sauvage. D'une page à l'autre, on alterne entre les couleurs froides caractéristiques d'un paysage glacé et des teintes plus chaudes de la chaleur d'un foyer.



Car en effet, Les voyages de Lotta dessine de très beaux liens familiaux. Il y a les liens soudés entre deux sœurs fusionnelles, mais aussi les liens entre un père et ses deux filles. On appréciera la volonté de s’éloigner de l’aspect manichéen du parent autoritaire qui ne comprend pas la passion et l’ambition de son enfant et qui veut l’empêcher de devenir ce que l’enfant souhaite être, mais que le père évolue et souhaite malgré tout faire le bonheur de ses filles, même si ça reste une trope classique et qui revient trop souvent à mon goût (le parent qui ne comprend pas la passion de son enfant avant de voir tout le bien que ça fait et d’accepter enfin). Toutefois, je déplore que la raison du mutisme de Solveig ne soit pas réellement expliquée de façon logique, et j’ai trouvé finalement facile que ce soit réglé en un seul tome (bien que je comprenne qu’il s’agisse ici d’un mutisme causé par choc et non un handicap de naissance).


L’univers est onirique et emprunt de magie et de fantastique, mais ne néglige pas de peindre les réalités du monde, plus particulièrement dans le second tome qui a une dimension plus écologique et aborde des sujets tels que la déforestation, le réchauffement climatique et l’impact sur la nature et les animaux tout en usant de fantastique pour illustrer ces propos (les bois des rennes qui grandissent de façon disproportionnés). Ce tome s’intéresse aussi à un personnage du premier tome, qui nous le présentait alors comme une teigne de garçon qui est méchant par pure méchanceté, en le peignant de façon plus nuancé et éloignant ainsi la vision très manichéenne et clichée du premier tome, pour mon plus grand plaisir.


En résumé, cette bande-dessinée (je le suppose, encore en cours) nous embarque dans un voyage onirique et magique au cœur d’une Laponie ancestrale et se penche de plus près sur le chamanisme, un sujet assez méconnu et surtout dans le domaine de la jeunesse et de la bande-dessinée. L’ambiance alterne entre rêve et réalité, tout en se parant d’une belle touche de poésie et d’émotions à travers l’amitié et les liens familiaux. L’atmosphère qui se dégage de l’histoire est juste parfaite pour une lecture hivernale.


mardi 3 janvier 2023

My Dearest Holmes - Rohase Piercy.

... The accounts of these cases are too bound up with events in my personal life which, although they may provide a plausible commentary to much of my dealings with Mr Sherlock Holmes, can never be made public while he or I remain alife ...


Although Dr Watson is known for recording some sixty of his adventures with the celebrated Sherlock Holmes, he also wrote other reminiscences of their long friendship which were never intended for publication during their lifetimes. Rescued from oblivion by Rohase Piercy, here are two previously unknown stories about the great detective and his companion, throwing a fresh light upon their famous partnership, and helping to explain much which has puzzled their devotees.


Together Holmes and Watson face disturbing revelations as they investigate the case of the Queen Bee; and we finally learn what actually happened at the Reichenback Falls, and the real reasons which lay behind Holmes' faked death and his subsequent return.


La trilogie d’Isabelle Lesteplume ne m’a pas guéri de mon envie de me replonger dans les histoires de Sherlock Holmes, en particulier le Holson (nom de couple Holmes/Watson), et si les fanfictions ne manquent pas sur ce fandom et sur le couple, j’étais curieuse de découvrir si des pastiches holmesiens avaient osé aller aussi loin en nous présentant une romance entre nos deux personnages.



My Dearest Holmes est un ouvrage, encore non traduit en français, divisé en deux nouvelles : A Discreet Investigation et The Final Problem. La première se présentant comme une nouvelle inédite tandis que la seconde se présente davantage comme une réécriture de la nouvelle du même nom d’Arthur Conan Doyle.



A Discreet Investigation reprend les mêmes codes des aventures de Sherlock Holmes telles qu’elles ont été écrites par l’auteur. On sent clairement l’influence Doylienne dans cette histoire, avec une enquête très sympathique comme on a l’habitude de lire dans le canon holmesien et une cliente, Miss D’Arcy, très appréciable également, notamment dans son vécu, son tempérament et son amitié avec le docteur Watson dont les discussions et confidences nous donnent une analyse intéressante de la relation entre Holmes et Watson. L’ensemble de nos personnages sont très sympathiques à suivre et Holmes reste ce détective admirable que l’on connaît et admire. J’ai toutefois été un peu chagrinée concernant le personnage de Watson qui est appréciable quand son humeur s’y prête, car, au risque de sortir des clichés que je déteste employer, Watson se comporte souvent comme s’il avait ses règles avec son irritabilité presque constante envers Holmes et ses émotions qui prennent bien trop souvent le pas à mon goût. Si Holmes est certes le cerveau et Watson le cœur dans leur relation, et que le docteur apporte la touche plus humaine de leur duo, et qu’il est toujours appréciable de voir un Watson qui ne se laisse pas faire face aux manies souvent insupportables de Holmes, le montrer ainsi incapable de gérer correctement ses émotions et s’irriter sur Holmes pour un oui ou pour un non m’a paru franchement exagéré et caricatural. Je dois également avouer ne pas avoir adhéré à l’interprétation de Mycroft Holmes, qui est un personnage que j’affectionne beaucoup, en lui donnant une certaine homophobie alors que je pense que, même à l’époque victorienne, la sexualité de son frère serait bien le cadet de ses soucis, surtout quand on sait dans quelle sorte de pétrin Holmes a pour habitude de se fourrer.



The Final Problem est, quant à elle, une réécriture de la nouvelle du canon où la tension amoureuse de nos personnages s’ajoute à la tension que fait planer la Némésis de Sherlock Holmes, le professeur James Moriarty, obligeant nos personnages à voyager à travers l’Europe jusqu’à la confrontation finale aux chutes du Reichenbach. La différence avec le canon holmesien – outre donc la romance – est que les retrouvailles Holmes/Watson se font beaucoup plus tôt que dans le canon [spoiler] au lieu des trois ans de hiatus, Watson est amené à se rendre à Paris où il sera rejoint par Holmes au bout d’un an [/spoiler] J’avoue avoir beaucoup apprécié cette approche ainsi que l’ambiance parisienne de l’histoire. Je déplore toutefois la tension amoureuse mal gérée car ici Watson demeure irritable et songe à l’impensable, à savoir quitter Holmes, ce qui me donne l’impression que Watson agit plus ou moins lâchement et préférait envisager quitter Holmes plutôt que de se battre pour rester à ses côtés malgré tout ou sans laisser à Holmes le choix ou le temps de prendre une décision concernant leur relation. J’ai trouvé Holmes plus cohérent et plus brave dans cet aspect. Heureusement que cela s’arrange en fin d’histoire, lorsqu’arrive la partie se déroulant à Paris.



La romance dans son ensemble reste très pudique, très sensible, à l’image des mœurs victoriennes sans aucun doute. On sent la romance sans pour autant s’en prendre plein la face. C’est subtil, progressif, à demi-mots. On sent la tension amoureuse au fil des pages en se demandant si tout cela va se concrétiser. Bien que dans l’ensemble, je trouve parfois la tension amoureuse mal gérée avec le tempérament de Watson et l’impression que cette tension soit là pour ajouter du drama là où il n’y en a pas besoin, ou alors au détriment de la « vraie » tension dangereuse entre l’animosité de Holmes et Moriarty, j’ai aimé que l’auteure ne nous jette pas immédiatement dans la romance mais qu’elle s’installe tout doucement, tout en pudeur pour enfin nous offrir la concrétisation que nous attendons tous à la fin [spoiler] rien de trop physique cela dit, un baiser et quelques gestes simples [/spoiler]. Cela ne pourra pas toujours convenir à certains lecteurs qui pourraient s’attendre à quelque chose de plus physique, de plus concret, j’avoue que j’aurais moi-même ressenti de la frustration si l’auteure ne nous avait pas donné un os à ronger sur la fin, si je puis dire, hem hem.



Malgré les griefs que j’ai pu avoir, j’ai tout de même aimé l’ouvrage dans son ensemble. Les histoires sont proches au possible du style de Doyle et du canon holmesiens, la romance reste intéressante à découvrir, tout en douceur et en pudeur jusqu’au moment où cela se concrétise enfin, pour notre plus grand bonheur. J’ai également aimé la réinterprétation du Problème Final avec une réunion plus précoce entre Holmes et Watson. Cela reste un pastiche holmesien intéressant à découvrir dans la mesure où il nous présente une relation romantique entre nos personnages principaux et comment l’intégrer dans le canon holmesien sans fausse note, avec toutes ses implications (le mariage de Watson, etc). 


« The assurance is that Mr Sherlock Holmes feels much for you, though he seems unable to show it. Why else would he provoke you as he does, why administer drugs to himself in your presence if he does not want to stimulate a reaction and be assured of your concern for him ? He is more dependant upon you than you realise ; he gives to you, and to you alone, his vulnerable side, all his needs, all his love, so far as he is able. However there exists in him some deep emotional wound, inflicted long ago no doubt, which prevents him from acknowledging his own feelings and compels him to present himself as all brain and no heart. The cost of his inner struggle is high, as his need for the drug testifies. Now, I do believe that you will change him ; as far as I can see, if you let matters remain as they are he will hurt you badly. Of his basic preference for his own sex, and his indifference to mine, I have no doubt whatsoever. But rather than accept himself, he will be cruel, even to one he loves. You, Dr Watson, are more stable than he, and unless I am much mistaken, more naturally versatile. You are also, by virtue of your being more demonstrative and self-accepting, more at risk. »