Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre un monde insoupçonné, délicieusement excentrique ; celui d'un club de lecture au nom étrange inventé pour tromper l'occupant allemand : le « Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates ».
De lettre en lettre, Juliet découvre l'histoire d'une petite communauté débordante de charme, d'humour, d'humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey...
Ceci est la chronique inutile pour un roman qui a été relu et chroniqué des milliers de fois depuis sa sortie. Je n’aurais pas grand-chose à dire qui n’ait déjà été dit par de nombreux lecteurs, mais il était temps que je dépoussière ce roman qui dormait sur mes étagères depuis au moins 2010. Après tout, le ménage de printemps concerne aussi nos PAL !
Sous ce titre très original se cache une histoire qui parle de livres, d’amitié, de Seconde Guerre Mondiale, et d’une charmante île du nom de Guernesey.
Juliet Ashton est une écrivaine londonienne à la recherche d'un sujet pour son prochain livre. Par une heureuse coïncidence, elle reçoit une lettre d’un dénommé Dawsey Adams, habitant de l’île de Guernesey, qui a trouvé un livre ayant autrefois appartenu à Juliet. Il a tant aimé le livre qu’il souhaite en apprendre plus sur la vie et les autres œuvres de l’auteur, ce que Juliet fait avec joie. S’ensuit alors un échange de lettres entre Juliet et Dawsey, où Juliet apprend l’existence d’un cercle littéraire au nom bien original qui s’est crée de façon inattendue pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’est en cherchant à en apprendre plus sur l’histoire de ce cercle et de ses membres que Juliet sera amenée à correspondre et à se lier avec chacun d’entre eux…
Il y a plusieurs aspects que j’ai aimé dans ce roman. Déjà le côté épistolaire qui, s’il peut faire fuir certains lecteurs, a ici son charme et nous permet de faire connaissance avec chaque personnage. Les lettres se suivent mais ne se ressemblent pas, les sujets se répondent et rebondissent les uns sur les autres, pour former peu à peu une construction cohérente. L’histoire va à son rythme tranquille, sans pour autant être long. Il prend le temps de se poser et de nous introduire chaque personnage avec fluidité.
Ensuite, on a le contexte historique (et vous connaissez mon goût pour l’Histoire), nous sommes sur une île anglo-normande au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, et le roman pose à la fois de contexte d’après-guerre avec la reconstruction aussi bien psychologique que matérielle, mais aussi le contexte de la guerre car nos personnages reviendront sans cesse sur leurs souvenirs de la guerre et notamment l’occupation allemande de leur île et ce que ça a engendré (les restrictions alimentaires, le couvre-feu, les relations amoureuses avec des soldats allemands, l’évacuation des enfants, la position du Royaume-Uni concernant Guernesey, etc).
J’ai été charmée par l’atmosphère conviviale et bucolique de Guernesey et la chaleur de ses habitants dont j’ai aimé faire la connaissance. Ils ne sont pas seulement des gens habitant un lieu, ils forment une véritable communauté, notamment nos chers membres du cercle littéraire qui sont plus que des voisins et des amis, c’est une famille unie. On ne peut qu’être sensible à la solidarité qui règne entre eux, ainsi qu’aux épreuves qu’ils ont vécues, les proches qu’ils ont perdus, les joies et les drames qu’ils ont partagés. Le caractère de chacun s'affine au fil des lettres et on s’attache petit à petit à eux au fur et à mesure qu’on apprend à les connaître au fil de leurs lettres, à l’image de notre protagoniste Juliet. J’ai également beaucoup aimé les liens qui se sont tissés entre Juliet et les différents membres du cercle littéraire, et comment elle a été accueillie, d’abord à travers ses lettres, puis lors de son arrivée à Guernesey. On a aussi une romance qui s’installe, certes prévisible mais plutôt mignonne.
Malgré certains sujets graves évoqués au fil de l’histoire (disparition de proches, les camps de concentration, bombardements, etc), il se dégage du récit de la solidarité et de l’optimisme face à l’adversité et l’espoir dans la reconstruction et vers l’avenir. C’est un roman qui traite avec sensibilité et bienveillance à de nombreux thèmes variés autour de l’Histoire, les relations humaines, l’entraide, la reconstruction (de soi comme du foyer) mais aussi sur les bienfaits de la lecture. J’ignore si l’expression « feel good historique existe » mais, comme l’a déjà dit une lectrice sur Babelio, je trouve que ça correspond bien à ce roman. En outre, ce fut une jolie découverte !
Je me demande comment cet ouvrage est arrivé à Guernesey. Peut-être les livres possèdent-ils un instinct de préservation secret qui les guide jusqu’à leur lecteur idéal. Comme il serait délicieux que ce soit le cas.