mercredi 1 février 2012

Femmes de dictateurs (T.1) - Diane Ducret.

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Elles s'appellent Nadia, Clara, Magda, Jiang Qing, Elena, Catherine, Mira… Ils s'appellent Lénine, Mussolini, Staline, Hitler, Salazar, Mao, Ceausescu, Bokassa. Epouses, compagnes, égéries, admiratrices, elles ont en commun d'être à la fois amoureuses et triomphantes, trompées et sacrifiées, parfois jusqu'à la mort. A leurs hommes cruels, violents et tyranniques, elles font croire qu'ils sont beaux, charmeurs, tout puissants. Car la sexualité est l'un des ressorts du pouvoir absolu, et les dictateurs ont besoin d'enrôler les femmes dans leurs entreprises de domination.

Diane Ducret raconte par le menu les rencontres, les stratégies de séduction, les rapports amoureux, l'intervention de la politique, et les destinées diverses, souvent tragiques, des femmes qui ont croisé le chemin et passé par le lit des dictateurs.



J'ai décidé de renouer avec France Loisirs, et j'ai choisi ce titre qui figurait dans ma wish-list. Je ne pensais pas le lire aussi rapidement, mais sitôt après avoir fini Archives des anges - un livre commandé qui était arrivé en même temps que Femmes de dictateur dans ma boîte aux lettres - j'ai été soudainement très motivée pour découvrir ce titre, puis ça faisait un moment que je n'avais plus rien posté pour le challenge Histoire.

Hitler, Mussolini, Staline et Lénine et Mao sont loin d'être des personnages méconnus, en revanche Bokassa, Salazar et Ceausescu l'étaient de mon côté. La vie des dictateurs n'est pas quelque chose qui me passionne en règle générale. Il est plus aisé de ressentir de la colère et de l'horreur face à ces personnages, d'un autre côté, on peut comprendre qu'il existe une fascination pour eux, les "méchants" fascinent aussi bien que les héros après tout. Ici, on s'éloigne un peu du dictateur pour voir l'homme dans l'intimité, auprès des femmes qui ont accompagné le dictateur. Qu'elles aient été une épouse, une maîtresse, une compagne, une femme de passage, elles ont toutes fait partie de la vie d'un dictateur, avant ou pendant qu'il soit dictateur, que le couple ait été heureux ou malheureux, que la femme ait été consciente de la politique de dictature de son homme ou pas. L'auteur nous dresse de portraits de plusieurs femmes, chacune étant différente et ayant aimé le dictateur à sa façon. 

L'ouvrage se concentre donc sur le destin et l'histoire de ces femmes, épouses, compagnes, concubines ou simples conquêtes des dictateurs du XXe siècle, et elles furent bien nombreuses ! Seul Ceausescu se sera contenté d'une femme qu'il aura beaucoup aimé. Le livre commence tout d'abord avec une introduction qui est plus une succession de lettres d'admiratrices qui m'auront bien déconcerté, ne pouvant comprendre l'admiration et l'amour exclusif que ces femmes ont pu avoir pour des dictateurs tels que Mussolini ou Hitler. Parfois, ce n'est pas de l'amour, c'est de l'obsession, un fanatisme dérangeant, une admiration sans borne, sans limite et c'est dérangeant, surtout quand on sait - l'auteur le révèle - qu'Hitler a pourtant reçu plus de lettres d'admiratrices que les Beatles et Mick Jagger réunis ! C'est très étonnant, on ne peut pas comprendre l'attrait pour un homme tel que lui, et pourtant il savait séduire les foules, aussi bien des partisans que des femmes. L'introduction sert à poser le décors avant de continuer la suite qui sont des chapitres découpés par dictateurs : Mussolini, Lénine, Staline, Salazar, Bokassa, Mao, Ceausescu et Hitler.

Mussolini, homme jaloux, violent, possessif qui veut que ses compagnes ne pensent qu'à lui, ne vivent que par lui ; Lénine qui a été entouré de femmes depuis sa naissance et ne fait confiance qu'à elles, est méfiant vis-à-vis des hommes et a surtout vécu et travaillé avec des femmes ; Staline, tendre avec sa première épouse, et violent avec sa seconde ; Salazar qui ne pouvait se passer de femmes, voulait toujours plaire mais rompait la relation amoureuse si elle devenait trop sérieuse et ne faisait pas confiance aux femmes pour la politique et le pouvoir, il ne s'est jamais marié d'ailleurs ; Bokassa, fervent admirateur de Napoléon (il a même reproduit la scène de son sacre à la manière de l'empereur français !), qui a eu de nombreuses concubines, qui était amoureux de son épouse mais qui avait une drôle de façon de lui montrer (il l'avait fait kidnapper et séquestrer pour qu'elle accepte de l'épouser, c'était un mariage forcé dans lequel Catherine, sa femme, n'a jamais été heureuse) ; Mao qui a eu plusieurs épouses, l'une qui finira exécutée, l'autre abandonnée, quant à sa dernière épouse... elle avait une vision du pouvoir et de l'amour bien à elle, autant dire qu'elle refusait de se laisser marcher sur les pieds par son époux tyrannique, elle était plus dangereuse et ambitieuse que lui ; Ceausescu et son épouse, où l'on se demande qui était vraiment le dictateur entre les deux, Elena Ceausescu qui voulait être un modèle pour la Roumanie, n'avoir aucune rivalité, aimant vivre dans le luxe ; et enfin Hitler. Amoureux discret, timide se cachant pour mieux observer la première fille qu'il a aimé au dictateur qui gardait ses compagnes dans l'ombre de la politique, les éloignant de la scène pour mieux gouverner, ne les laissant pas savoir ses plans pour l'Allemagne et la guerre, une situation dont surtout Eva Braun, sa dernière compagne et seule et unique épouse, a beaucoup souffert au point de faire une tentative de suicide.

Ce livre nous apporte une toute nouvelle dimension au niveau des dictateurs. Le côté 'l'homme dans le privé' est bien plus exploité, nous découvrons une partie de leur personnalité qu'on n'apprend pas pendant les cours d'Histoire, ils semblent presque plus humains. Certains, comme Mussolini, sont décrits comme des Dom Juan, des amants romantiques et d'autres, des époux tyranniques comme Mao, Bokassa, Staline envers sa seconde épouse, bref dictateurs dans le public comme dans le privé, sauf que dans le privé, l'emprise qu'ils exerçaient n'était plus sur la nation mais sur la femme. Ces dictateurs sont étudiés sous un autre angle, on sort vraiment des sentiers battus, de la politique et les guerres. C'est à la fois intéressant puisqu'on découvre une partie inconnue du dictateur, l'homme derrière le dictateur, et à la fois gênant. Si on ne connait pas si bien les dictateurs, pour certains, c'est assez gênant le fait que les explications de l'auteur sur la question : en quoi était-il un dictateur, sont brouillons, juste traité en surface. Il y a des dictateurs que j'ai étudié en cours et d'autres qui me restent inconnus et l'auteur n'a pas, je pense, suffisamment expliqué en quoi ils étaient dictateurs, le contexte politique, les actes du dictateur, etc.

Certes, le livre se penche sur les femmes des dictateurs, pas sur eux et leurs politiques, mais quelques explications sur leur dictature auraient été la bienvenue, j'ai dû me renseigner sur le net pour avoir plus d'informations. Et même quand l'auteur parle de ces femmes, ce n'est pas exactement un portrait de ces femmes, mais plus un portrait de leur relation avec le dictateur, le côté sentimental est très exploité et au final, on sait peu de choses sur ce qu'on pensé ces femmes sur la politique de leur époux/amant/compagnon pour celles qui savaient (certaines, comme Eva Braun, étaient gardées loin de la politique, dans une cage dorée), si leurs actes ont causé un quelconque problème de conscience à ces femmes, le sujet était effleuré ! Certes, certaines étaient parfaitement au courant et étaient aussi dictatrices que leurs maris (je pense à la dernière épouse de Mao ou encore Elena Ceausescu... et je suppose aussi que Magda Goebbels devait très bien savoir ce qui se tramait , avec un mari comme le sien, et son 'intimité' avec le Führer), mais qu'ont pensé Catherine Bokassa, les femmes de Mussolini par exemple ? Le livre m'a apporté pas mal de réponses comme des questions sans réponses (Catherine Bokassa était-elle l'amante de Valery Giscard d'Estaing ? Encore un sujet creusé qu'en surface !) et c'est bien dommage... il y a pas mal de choses effleurées et laissées dans l'ombre, au final j'ai dû avoir recours à internet pour me renseigner davantage. C'était frustrant, mais je dois quand même avouer que j'ai appris pas mal de choses sur ces femmes de dictateurs et les dictateurs en eux-même dans le domaine du privé, même si selon les messieurs, dans le privé comme dans la politique, il n'y avait aucune différence !

Malgré mes critiques, j'ai beaucoup apprécié ma lecture. Ce livre m'a passionné, c'était instructif et intéressant de découvrir cette facette des dictateurs et 'faire connaissance' avec les diverses femmes ayant fait parti de leur vie, certaines ayant même changé le cours de la vie du dictateur : par exemple, sans deux riches bourgeoises juives, féministes et socialistes, jamais Mussolini ne serait devenu politicien-dictateur, il serait resté sans le sou, instituteur, pratiquement un voyou, la montée de Lénine dans la politique grâce à des femmes... ainsi que quelques anecdotes : Magda Goebbels, femme d'un ministre proche d'Hitler, était juive d'origine, Mao qui ne se lavait jamais et qui disait se laver... à l'intérieur d'une femme. La couverture est très jolie, certains noms de chapitres étaient bien trouvés (Hitler : Un Führer nommé Désir, par exemple) et j'ai apprécié la présence de quelques photographies (j'aurais voulu plus de photos mais bon, c'est mieux que rien), et certains chapitres étaient intéressants, comme celui sur Ceausescu, Magda Goebbels, Eva Braun... c'est un ouvrage intéressant, même si je regrette vraiment que certains sujets étaient seulement creusés en surface, à peine exploités.


Difficile d'imaginer le dictateur à la petite moustache dans la peau d'un sex-symbol. Dérangeant surtout. Pourtant, Adolf Hitler reçut plus de lettres de fans que Mick Jagger et les Beatles réunis. L'afflux constant des lettres à la chancellerie privée du Reich suit sa courbe de popularité : en 1925, les textes sont traités par un seul archiviste. De janvier à avril 1933, il en reçoit plus de 3 000. A la fin de l'année, on en totalise 5 000. En 1934 arrivèrent au moins 12 000 lettres, et en 1941 plus de 10 000. A la chancellerie, on s'organise. Les lettres seront stockées dans l' "Archive A", créée à cet effet, où l'on met celles 'griffonnées par des femmes'. Parmi ces milliers de lettres, entre 1935 et 1938, plus une seule carte de critiques ou de remontrances. L'admiration est uniforme.

Introduction.

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