lundi 8 juin 2020

Et ton nom sera Vercingétorix - Philippe Madral et François Migeat.

Amazon.fr - Et ton nom sera Vercingétorix - MADRAL, Philippe ...
Un jeune guerrier celte affronte le maître tout-puissant de la Gaule occupée. Entre l'attirance et la haine, un face-à-face grandiose.

Vercingétorix a tout pour séduire César. C'est un noble jeune et superbe, intelligent, fougueux. Et César a tout pour fasciner le prince arverne : c'est un stratège de génie, un patricien subtil pétri de culture et d'humanisme. Pourtant, ils vont se livrer une lutte à mort. 

Depuis les forêts profondes du pays arverne où les druides initient l'adolescent celte aux secrets des dieux jusqu'au vaste forum où César, général vieillissant rongé par l'ambition, déploie son triomphe, en passant par les ruelles populeuses de Gergovie et les fortifications titanesques d’Alésia, les deux hommes vont de rencontre en rencontre, de paroles d'estime en paroles de défi, de bataille en bataille, de victoire en défaite. Et jusqu'au bout, César espère se faire un ami, un amant, de Vercingétorix...



Intéressée par le personnage de Vercingétorix mais déçue par le film, je me suis mise à la recherche d'ouvrages afin de mieux découvrir ce célèbre et pourtant méconnu personnage historique. Au lieu de commencer par une biographie, pourtant, j'ai été séduite par le titre et le résumé de ce roman.

J'ai été plongée dès les premières pages dans l'histoire que celui qui s'appelait d'abord Khefnos, avant de s'appeler Vercingétorix. Khefnos n'est qu'un nom imaginé par les auteurs, car Vercingétorix, le nom sous lequel on connaît mieux l'homme, serait plus exactement un titre signifiant "Le plus grand roi des guerriers". J'ai été emportée, dès le début, dans cette atmosphère attirante de la Gaule (ou plutôt des Gaules), avec les mystères et rites druidiques, l'omniprésence de la nature et des dieux vénérés des Gaulois que l'on retrouve tout au long du roman. Les personnages gaulois sont fiers, courageux, profondément attachés à leur terre, à leurs dieux, à leurs racines, et cela se ressent. C'est un monde mystérieux peuplé d'hommes et femmes fiers et courageux.

Nous suivons ainsi Khefnos, avant qu'il ne devienne Vercingétorix. Sa jeunesse en Arverne qui devient ébranlée à l'assassinat de son père, les troupes romaines qui envahissent peu à peu la Gaule, son apprentissage par un druide qui deviendra l'un de ses fidèles compagnons, les querelles entre Gaulois dont profitent les Romains. Khefnos n'a qu'un désir : rejoindre l'armée romaine et s'approcher de Jules César, général romain intelligent, charismatique et fin stratège, afin d'apprendre la science de la guerre des Romains. Khefnos tente le tout pour le tout pour approcher le puissant général (il y a d'ailleurs une scène très intéressante avec Khefnos et le cheval de César, mais je n'en dirai pas plus). À la fois surpris et séduit par la détermination et le courage du jeune Arverne, César l'accepte dans son armée et, au fil de ses discussions avec Khefnos, s'attache au jeune homme et pense s'en faire un allié. Il se prépare à une véritable désillusion lorsque Khefnos, instruit et entraîné, quitte son armée pour rejoindre ses terres et compte mettre à profit tout ce qu'il a appris afin de combattre les Romains hors de Gaule, et de continuer son ascension pour le chef que l'on connaît. Désigné comme roi des Arvernes, Khefnos, devenant Vercingétorix, entre en contact avec les chefs des différentes tribus gauloises dans un seul but : combiner leurs forces contre l'envahisseur romain avec Vercingétorix comme chef et commandant...

Le roman oscille entre plusieurs personnages, majoritairement Vercingétorix et Jules César. Chacun est présenté comme un chef charismatique, intelligent et stratège, tous deux déterminés dans leur cause. Il serait tellement facile de peindre un schéma en noir et blanc, avec les gentils Gaulois qui se battent pour leur liberté et les méchants Romains cherchant à envahir le territoire, pourtant les auteurs ont su éviter ce cliché et nous donner des personnages très humains. On s'attache aussi bien à César qu'à Vercingétorix. César montre qu'il sait aussi bien séduire ses contemporains que les lecteurs, il a des pensées, voire des réparties qui prêtent à sourire, c'est un personnage capable de cruauté comme de magnanimité, attaché à son esclave et amant, à ses amis, et à sa regrettée fille. Il se présente également comme un homme visionnaire, avec des pensées se révélant en avance sur son temps, ce qui a été un aspect étonnant mais pas désagréable. Vercingétorix n'est pas en reste, avec sa bravoure, son humanité, sa soif de liberté, son audace, sa fougue, son esprit. Il se montre comme étant le parfait miroir de César et, même si l'on connaît l'issue de la guerre des Gaules, on ne peut s'empêcher d'espérer jusqu'au bout que Vercingétorix s'en sortira.

Un des aspects du roman à m'avoir plu est la relation entre César et Vercingétorix. Bien que le résumé mentionne que César espère s'en faire un amant, je n'ai pas trouvé que c'était le cas. Un allié, un ami, certes, mais pas un amant. Jusqu'au bout, César voudra le faire gagner à sa cause. Ils sont présentés comme étant à la fois le contraire mais aussi, et surtout, le miroir de l'autre. Ils ont été initialement attirés par l'autre, par ses qualités, puis seront obsédés par l'autre au fur et à mesure que la guerre des Gaules atteint son zénith. Chacun est le miroir de l'autre, son ombre, si bien qu'on découvre que, s'ils sont ennemis à cause des circonstances, ils auraient très bien pu être amis car sous beaucoup d'aspects, ils se ressemblent et auraient pu s'entendre, dans un autre univers. À travers eux, c'est également deux conceptions du monde qui se font face : d'un côté, la magie des rites celtiques et druidiques, l'importance de la nature et l'omniprésence des dieux, de l'autre côté la raison et les coutumes romaines.

Ce roman est une véritable fresque historique, qui nous fait voyager : la Gaule mystique et rebelle, la Rome fastueuse et flamboyante. On y découvre divers personnages, aussi bien Gaulois que Romains. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé les scènes avec Cicéron, Pompée et Marc-Antoine. L'histoire est prenante et les pages se tournent sans difficulté. Les scènes de bataille sont maîtrisées avec les stratégies, embuscades, chevaux au galop, la bravoure des soldats, le choc des armes, etc. Toute la guerre des Gaules est racontée de façon prenante et le roman se présente comme une fresque historique plutôt fidèle, ce que j'apprécie beaucoup. Je n'ai toutefois pas compris la présence de Brutus, fils adoptif de César et son célèbre assassin, qui n'a jamais participé à la guerre des Gaules, et que j'aurais davantage vu Marc-Antoine à sa place, car il était un de ses lieutenants les plus proches et les plus fidèles, et j'ai déploré qu'il n'arrive que peu de temps avant la fin du conflit.

Je trouve aussi que l'ouvrage, aussi bien le livre que l'ebook, aurait pu bénéficier d'une couverture plus attractive, surtout l'ebook tandis que la couverture du roman manuscrit fait plutôt penser à Excalibur avec le roi Arthur que Vercingétorix et son épée, mais ce n'est que mon opinion. L'histoire en elle-même est prenante, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman historique que je pense classer parmi une de mes meilleures lectures de l'année !


Description de cette image, également commentée ci-après
Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César, tableau de Lionel Royer (1899)

La seule humanité de ce cauchemar, il la trouve dans Servilius. Esclave étrusque, le gardien n'a jamais quitté Rome de sa vie. Vercingétorix lui parle de sa terre, la Gaule généreuse et nourricière, et du pays averne. Il lui fait entrevoir un monde étrange et mystérieux : les chants sacrés destinés au dieu Borvo, tapi au fond des eaux du lac noir, ou les interminables cavalcades de la déesse Epona sous la lune bleue. Il lui raconte la cérémonie de la cueillette du gui par les druides resplendissants d'or et de blanc. Il lui parle avec chaleur de la fête du printemps, tandis que s'allongent sur les flancs de la montagne les cortèges de jeunes vierges aux fronts ceints de leurs et que, dans les rues de Gergovie, au son des sistres et des tambourins, s'enflamment les danseurs. Il lui dit le bonheur des moissons, les amours des jeunes gens à l'ombre des charmilles, la nuit de la Samain qui marque le début de l'année celte, à l'automne, lorsque tout peut se produire, au moment où les morts viennent visiter les vivants. Servilius aime ces contes d'un ailleurs inconnu, ces divinités fantastiques, ces prêtresses sensuelles, ces cultes dont les forêts sont les temples.

2 commentaires:

  1. un poétique coucou Marion

    çà me fait penser à la série télé Rome (2005 à 2007) (en deux saisons) sur la chute de la république romaine et la naissance de l'empire romain.
    la saison 1 commence avec jules César qui revient de Gaule à la fin de son mandat de proconsul et (---) lutte de pouvoir entre Pompée et césar et autres intrigues (---)
    la saison 2 lutte de pouvoir entre Marc-Antoine et Octave (---)
    au fil des deux saisons de la série on suit aussi les aventures de deux soldats de la 13 ème légion, Titus Pullo et Lucius Vorenus (---)

    j'ai bien aimé cette série
    A+ du troubadour Emmanuel

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    Réponses
    1. Bonjour cher troubadour !
      Je connais cette série, j'ai vu la première saison l'année dernière, c'était plutôt sympa malgré les libertés historiques ^^;
      J'espère que tu passes un bel été !

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