dimanche 28 mai 2023

Nimona - Noëlle Stevenson.


Nimona est une jeune fille impétueuse qui a le chic pour la bagarre, les plans diaboliques et le chaos en règle générale. Elle a le don de changer d'apparence, ça aide (surtout quand elle se transforme en dragon) ! Lord Ballister Blackheart est l'homme le plus célèbre du royaume : cantonné dans le rôle de méchant, il veut rétablir la vérité et prouver à tous que sir Goldenloin et ses potes du ministère ne sont pas les héros qu'on croit. Ensemble, ils mènent une vendetta impitoyable et explosive.



Avant de commencer ma lecture, je m’attendais à une histoire d’heroic fantasy, l’histoire d’un mage noir, d’un preux chevalier et d’une jeune fille mêlée dans cette aventure épique. Nimona s’est révélée être au-delà de mes attentes.

 

Nimona est une histoire pleine d’énergie, d’humour et d’action dans un univers mélangeant la fantasy, la magie et la technologie anachronique. Nimona, métamorphe de son état, parvient à persuader Lord Ballister, un mage noir solitaire, de la prendre comme stagiaire super-villaine. Elle se révèle vite être une stagiaire pleine de volonté et plus va-t’en-guerre que Ballister, un méchant certes, mais avec un code d’honneur et de conduite s’il-vous-plaît ! Chose que Nimona a du mal à accepter, d’autant plus que leur ennemi juré, le chevalier Goldenloin, n’est autre que l’ancien coéquipier et ami de Ballister, et qu’il ne cesse de conjurer Ballister de revenir “du bon côté”.

 

J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette histoire qui est rocambolesque et très rythmée, et surtout pleine d’humour, sans oublier bien-sûr quelques moments touchants et une intrigue qui tient la route sous fond de magie, de science et de complots d'état. A ma grande surprise, j’ai plutôt aimé le mélange médiéval/technologie mais ce sont les personnages le gros point fort du roman graphique. Ils sont, pour la plupart, attachants, profonds et plein d'humour et n’hésitent pas à bousculer les clichés accolés habituellement à leur archétype.


J’ai apprécié de voir une héroïne ronde, pas forcément jolie, qui dégage une telle fraîcheur, un tel peps, un peu abrupte mais terriblement drôle et attachante. J’ai aimé la dynamique entre Nimona et Ballister, la confiance fragile qui s’installe progressivement jusqu’à devenir inséparables. J’ai aussi aimé la relation ambiguë qui lie Blackheart et Goldenloin, ennemis jurés mais en réalité bien plus que cela, et que malgré tout ce qui les séparent n'empêche pas les deux hommes de continuer à ressentir de profonds sentiments pour l'autre. Alors oui, on a les gentils pas si gentils et les méchants pas si méchants, mais on a une réelle complexité chez ces personnages qui sont bien plus que cela, du moins pour nos personnages principaux.


Bref, c’est un énorme coup de cœur pour cette BD intrigante, haletante et tellement touchante !


vendredi 19 mai 2023

Never, Never - Brianna R. Shrum.

James Hook is a child who only wants to grow up.

When he meets Peter Pan, a boy who loves to pretend and is intent on never becoming a man, James decides he could try being a child - at least briefly. James joins Peter Pan on a holiday to Neverland, a place of adventure created by children's dreams, but Neverland is not for the faint of heart. Soon James finds himself longing for home, determined that he is destined to be a man. But Peter refuses to take him back, leaving James trapped in a world just beyond the one he loves. A world where children are to never grow up.

But grow up he does. And thus begins the epic adventure of a Lost Boy and a Pirate.

This story isn't about Peter Pan; it's about the boy whose life he stole. It's about a man in a world that hates men. It's about the feared Captain James Hook and his passionate quest to kill the Pan, an impossible feat in a magical land where everyone loves Peter Pan. Except one.



Je m’embarque dans un nouveau pastiche de Peter Pan, qui se présente à la fois comme une préquelle et comme une réécriture de l’histoire d’origine, à travers le regard de James Hook (alias le capitaine Crochet en VF).



Tout ce que désire le jeune James est de grandir, être considéré comme une grande personne et devenir marin comme son père. Cela ne l’empêche pas de repenser occasionnellement à son enfance qui lui manque malgré tout, et de se plonger dans ses rêves d’enfant dans lesquels il est le capitaine d’un magnifique vaisseau, à la tête d’un équipage de pirates, vivant d’aventures. Lorsqu’il rencontre Peter Pan et qu’il lui propose de l’emmener au Pays Imaginaire, James voit là l’occasion de revivre son enfance une journée avant de revenir à Londres. James découvre ainsi le Pays Imaginaire, ses indiens, ses pirates, ses sirènes mais aussi les garçons perdus auprès de qui il s’intègre et avec qui il vivra plusieurs aventures. Comblé, James sait pourtant que toutes les bonnes choses ont une fin mais alors qu’il demande à Peter de le ramener chez lui, ce dernier refuse et, très vite, le rêve se transforme en cauchemar pour James qui se retrouve prisonnier du Pays Imaginaire.



Si je lui préfère Lost Boy, ce pastiche de Peter Pan n’en demeure pas moins intéressant. L’intrigue de base est excellente. Peter Pan amène James Hook au Pays Imaginaire et en fait un garçon perdu, sauf qu’il n’a jamais eu l’intention de le ramener chez lui et voici donc James contraint de vivre au Pays Imaginaire, d’abord auprès des garçons perdus, puis auprès des pirates auprès de qui il trouvera foyer et hospitalité après avoir été attaqué par Peter Pan pour avoir eu l’outrage de grandir. James n’aura alors de cesse de vouloir se venger de Peter Pan et de chercher désespérément le moyen de rentrer chez lui.



L’autre originalité du roman est la place de l’imagination. Tout ce qui existe au Pays Imaginaire est soit le fruit de Peter Pan, soit celui des garçons perdus. Chacun a imaginé un élément pour le Pays Imaginaire qui s’est donc formé pour exister. Ainsi, James découvre que les pirates – présents déjà bien avant son arrivée – sont le fruit de son imagination et qu’ils existent car James les a rêvés. De ce fait, les pirates reconnaissent dès le début James Hook comme étant leur capitaine, celui qu’ils ont longtemps attendu, celui à qui ils doivent leur existence. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé les interactions entre James et ses pirates. C’est un aspect du roman que j’ai beaucoup apprécié, d’autant que cela apporte de la richesse mais aussi une certaine forme de tragédie à l’intrigue [spoiler] par exemple, Lily la Tigresse est née car Peter l’a voulu, il a imaginé une jeune princesse indienne comme étant sa compagne et Lily doit malgré elle devenir l’amie de Peter, elle est attachée à lui par le pouvoir de son imagination. Même lorsqu’elle souhaite se rapprocher de quelqu’un d’autre, elle reste liée à Peter [/spoiler].



Ce roman ne manque pas en aventures, qu’il s’agisse du temps que James a passé avec les garçons perdus ou celui passé en compagnie des pirates. Cependant, l’aspect qui se dégage davantage de ce roman pour moi est la tragédie. Si nous suivons l’histoire du point de vue du capitaine Crochet et qu’il ne dépeint donc pas Peter Pan de façon favorable, l’auteure ne nous présente pas Crochet comme étant un personnage irréprochable avec Peter qui est uniquement le méchant de l’histoire (même si Peter Pan est loin d’être blanc dans cette histoire). James a également ses tords et si sa colère envers Peter est justifiée, à cause de tout ce que Peter lui a fait subir et lui a enlevé, James se raccroche à sa haine comme un coquillage à la coque d’un bateau. Même lorsqu’il y a de belles choses qui arrivent dans sa vie, il n’arrive pas à laisser derrière lui l’image du capitaine sanguinaire, ennemi juré de Peter Pan et qui veut sa perte à tout prix. Sa haine envers Peter a une telle emprise sur lui qu’il est incapable d’évoluer et d’aller de l’avant. S’il grandit physiquement, il reste obstiné dans son désir de vengeance et il ne peut garder ces choses qui le rendent heureux. Il est son propre frein, il se sabote lui-même au point où, à la fin, tout ce qu’il a et tout ce qu’il lui reste est sa haine et son désir de vengeance.



Pour autant, le roman souffre tout de même de longueurs, j’ai survolé de nombreux passages. Si la lecture restait divertissante, je n’étais pas fâchée d’avoir terminé ma lecture pour passer à autre chose. Il y a de très bonnes idées et ça se lit sans trop de difficultés, mais il manquait un je-ne-sais-quoi pour rendre la lecture plus dynamique. Je déplore également un peu le fait que James et Peter n’ont finalement pas brillé ensemble, en dehors de leur animosité, qu’ils n’ont pas commencé comme amis avant de finir ennemis, ce qui aurait ajouté un peu plus à la tragédie de l’histoire. Même lorsque James était à ses côtés, il n’était finalement qu’un garçon perdu parmi tant d’autres… Le roman reste toutefois plaisant à découvrir. C’est une réécriture intéressante de Peter Pan et du passé de James Hook, mais je lui préfère Lost Boy de Christina Henry.


“Strike, then,” Pan said. “Kill me now, and put an end to this adventure. I do not like it anyhow.” 

The look on his face tore into James’s heart. It was the confusion that hurt him so. That, and the profound misunderstanding Pan had regarding death, as though it was nothing, temporary. Hate him though he might, James knew that he was readying himself to kill a child. A child who deserved nothing less than death, but a child nonetheless. Like Peter had killed the child in him so long ago.

That, in truth, was all Peter was—a wicked, selfish boy who thrived on play and imagination and youth and understood nothing of the real world. James’s arm shook more and more violently, as did the blade, and he felt a helplessness welling up in him. Though everything in his heart told him to gut the boy and be done with it, he could not. He could not kill Peter Pan.

jeudi 4 mai 2023

L'Ickabog - JK Rowling.



La Cornucopia est un petit pays prospère gouverné par le naïf roi Fred. Mais ce pays coloré vit sous la menace d'un monstre : l'Ickabog. Un monstre devenu légende, que personne n'a jamais vu mais que le roi va décider de poursuivre afin de satisfaire ses sujets. Arrivé dans les Marécages, rien ne se passe comme prévu et cette quête est le début de nombreux problèmes qui va résulter à la lente descente aux enfers du pays.




C’est bien la première fois que je ne suis pas emballée par un récit de JK Rowling… La lecture fut bien laborieuse et il m’a fallu un moment avant d’entrer vraiment dans l’histoire et celle-ci était un peu longuette. Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, ce qui ne m’a pas aidé à entrer dans le livre. Les personnages sont corrects, ils remplissent bien leur rôle, mais je ne les ai pas trouvé bien mémorables ou attachants. Il n’y a vraiment que le personnage de l’Ickabog qui s’est démarqué par son originalité.


Le roman reprend les bases du conte : un royaume idyllique (ici fait de fromage, charcuteries et pâtisseries), des gentils bons et courageux, des méchants sournois et perfide, un monstre terrible, une morale. Ajoutons-y un roi faible et sans volonté, Fred Sans Effroi que ses deux conseillers cupides et perfides, Lord Flapoon et Lord Crachinay, vont réussir à amadouer. Comment ? En utilisant l’Ickabog, bien-sûr. Ce monstre, que personne n’a vu, cause bien des tracas à la populace de Cornucopia. Le roi, qui cherche à tout prix bien se faire voir de son peuple, se laisse ainsi manipulé en mettant en place une série de lois destinées à tuer l’Ickabog, en apparence du moins car, en réalité, les deux conseillers mettent à profit ces lois pour s’enrichir et éliminer les personnes ayant découvert leur stratagème. Morts et prisonniers se multiplient au sein du royaume. Autrefois idyllique, Cornucopia se transforme en tyrannie. Deux enfants, Bert et Daisy, vont devoir faire preuve de discrétion et d’ingéniosité pour s’en sortir…


Donc, des gentils très gentils et des méchants très méchants, point de nuance mais c’est un conte donc je laisse passer. L’auteure nous prouve une nouvelle fois son talent pour développer des intrigues ingénieuses, en dénonçant ici l’abus de pouvoir caractéristique des politiciens avec leurs manipulations et leurs mensonges et fake news.


On retrouve également des thèmes chers à l’auteure (l’amitié, la famille, le courage, …) et j’ai beaucoup aimé l’Ickabog, mais je ne m’épancherai pas sur lui pour éviter de spoiler. J’ai également apprécié trouver des dessins d’enfants illustrer le récit en fin de roman, c’était une initiative très sympathique.


Toutefois, malgré son côté satyre politique intéressant et un Ickabog fort bien sympathique, la lecture fut laborieuse, j’ai trouvé le récit long et mollasson jusqu’au moins la moitié du roman. Ce n’est pas un mauvais roman, mais JK Rowling m’avait habitué à mieux. Au final, je n’en garderai pas un souvenir mémorable. Dommage…


Au nom d'un pauvre vieux berger puant et de son misérable vieux cabot, lui, le roi Fred Sans Effroi, partait à la chasse à l'Ickabog ! D'accord, l'Ickabog n'existait pas, mais c'étai quand même drôlement gentil et noble de sa part de traverser tout le pays, à cheval, en personne, pour le prouver !