jeudi 14 février 2013

Triangle rose - Lerolle, Dufranne et Vicanovic-Maza.

Les auteurs :


Né en 1970 à Bruxelles, Michel Dufranne est chroniqueur BD pour Le Journal du Mardi, et est également auteur et co-auteur de nombreuses bandes-dessinées.


Christian Lerolle, né en 1969, se spécialise dans la bande-dessinée en tant qu'illustrateur. Milorad Vicanovic, dit Maza, est un auteur et dessinateur de bande-dessinée serbe, né en 1965.



Emprunt bibliothèque fac.





Quatrième de couverture :

Dessinateur de publicité et professeur de dessin, Andreas est homosexuel. Pas une "grande folle" travestie mais un homosexuel discret, joyeux et romantique, dans le Berlin des années 30. Mais la peste brune envahit peu à peu les rues, la cité, les institutions. Des lois sont promulguées. Andreas fait l'expérience de la violence, physique ou morale.



Mon avis :

Voici une autre bande-dessinée empruntée à la fac, et que j'avais repéré il y a quelques semaines sur le nouveau blog de Matilda. Je me suis permise de couper la quatrième de couverture qui était un peu trop révélatrice à mon goût, et légèrement mensongère sur la fin. C'est aussi l'occasion de rajouter enfin quelque chose au challenge Histoire, depuis le temps...

L'histoire débute dans le présent, un jeune adolescent avec sa bande qui maudissent leur professeur car celui-ci leur a donné à faire - ô malheur des malheurs (ceci est de l'ironie) - un devoir à faire ! Un exposé plus précisément, concernant la seconde guerre mondiale et les camps de concentration et, sachant que son arrière grand-père a connu les camps, il de décide à l'interviewer, ignorant dans quels tourments et quel sombre passé il va obliger celui-ci à se plonger. Au lieu de raconter son vécu, il se souvient de sa vie durant la seconde guerre mondiale, en Allemagne... On voit la montée au pouvoir d'Hitler, l'opinion des Allemands avant et après son élection, on voit comment les gens considéraient les lois antisémites et les homosexuels... et comment ils étaient traités.


Quand on pense aux Nazis et aux camps de concentration, on pense immédiatement aux Juifs, à l'antisémitisme qui a atteint des sommets à cette époque. On pense beaucoup moins aux autres qui étaient victimes du système, qui avaient droit au même traitement qu'aux Juifs, si ce n'est un peu plus pire : les résistants, les opposants au régime, les gitans, les handicapés... mais aussi les homosexuels. Je savais qu'ils faisaient parti des déportés des camps et que la vie pour un homosexuel à cette époque n'était pas chose facile, et ce, même si on était allemand, mais j'ignorais tout des fameux triangles roses. Ce que je peux dire, c'est que c'est... saisissant ! La bassesse  la stupidité des gens, les mentalités, la haine envers les homosexuels car ils n'étaient pas 'normaux', pas dans la norme, parce qu'ils étaient différents, parce qu'ils ne cadraient pas avec l'idéal Aryen et le régime Nazi.


C'est une BD sombre, bouleversante, qui prend aux tripes. Impossible de rester insensible. Cette BD rend hommage à cette minorité qui a elle-aussi été une victime mais qu'on a préféré nier, oublier. L'histoire débute en douceur, d'abord par l'insouciance de la jeunesse qui s'amuse, puis la prise de conscience de ce que pourrait faire et fait le régime d'Hitler, les difficultés de continuer sa vie, devoir se cacher pour être ce qu'on est, la triste prise de conscience de la réalité, puis l'horreur, les interrogatoires, les tortures, la prison, les camps de concentration... et le déni lors de la libération, car même en sortant des camps, ces triangles roses n'étaient pas aidés. Alors que Juifs et autres déportés étaient indemnisés, recevaient un peu d'aide, de compensation, les homosexuels, eux, ne recevaient rien car l'homophobie persistait toujours, et que parmi les petites gens, on pensait que ces triangles roses étaient des criminels, qu'ils étaient contre-nature et qu'ils avaient peut-être... en quelque sorte... mérité leur sort.


On observe l'impuissance des homosexuels face aux Nazis, mais aussi face aux autres. C'est prenant, réaliste et bien documenté. Je reprocherais peut-être que certains éléments de l'histoire passent trop vite mais l'histoire va droit au but, sans s'attarder de trop sur les horreurs, on ne tourne pas autour du pot et on ressent très bien le malaise, les couleurs dépeignent bien l'atmosphère de l'histoire et des années traversées car on passe des couleurs légères aux couleurs plus sombres et déprimantes. J'ai peut-être moins accroché aux dessins qui ont un style auquel je n'accroche pas tellement, mais c'est compensé par l'histoire et le sujet qu'elle traite, c'est un sujet encore trop méconnu et pourtant ici bien représenté, c'est documenté, on voit que les auteurs savent de quoi ils parlent, alors pour ceux s'intéressant à cette période de l'Histoire et plus précisément ce sujet.



Ce billet est une participation au :


2 commentaires:

  1. Je suis contente que tu aies eu envie de la lire et qu'elle t'ait "plu" si tenté qu'on puisse dire "plaire" quand il s'agit de ce genre de sujet.

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    1. Oui, c'est difficile de s'exprimer sur cette BD, dire qu'on a beaucoup aimé alors que ça traité d'un sujet aussi grave et qui a longtemps été tabou (d'ailleurs, je ne pense pas qu'on parle beaucoup de ce sujet, même en Histoire, de nos jours ; quand on parle de Nazi et des camps, on pense immédiatement aux Juifs, d'ailleurs on m'a dit sur Livraddict que cette BD avait fait "polémique" dans une bibliothèque... enfin disons ce qui posait problème était la vraie place de la BD dans la bibliothèque), mais cette BD est intéressante à découvrir.

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