Comme toujours avec les romans d’Amélie Nothomb, la quatrième de couverture est énigmatique et ne révèle presque rien de l'intrigue du roman, c’est la couverture qui m’a attiré.
Ce
roman commence avec une conversation des plus insolites, ensuite
nous suivons le narrateur le lendemain. On sonne à sa porte, un
homme se présente et demande à passer un coup de téléphone, son
portable ne fonctionnant plus et sa voiture étant en panne. Bon
samaritain, le narrateur - nommé Baptiste Bordave -
le laisse passer son coup de fil. Jusqu'ici, tout va bien, mais voilà
qu'en faisant l'appel, l'individu en question fait une attaque et
meurt sur le coup ! Alarmé, Baptiste se demande que
faire et se souvient de la conversation insolite qu'il a eue avec un
inconnu chez des amis communs hier : mieux vaut ne pas appeler la
police ou un médecin sous peine de devenir suspect. Que faire de cet
homme qui a eu l'indélicatesse de venir mourir chez lui
? Baptiste choisit une solution osée : prendre la
place et l'identité du défunt et se faire passer pour
lui...
Amélie Nothomb nous offre une fois de
plus un roman court, qui possède un aspect rocambolesque plutôt
plaisant. Le début nous mène dans une conversation plutôt
originale mais intéressante qui nous fait tout de suite plonger dans
le roman, survient ensuite une péripétie où le
narrateur vit une situation peu commune où un parfait inconnu vient
mourir chez lui. Au lieu de prévenir les autorités, il panique et
prend le risque fou de prendre la place du défunt. Commençant donc
de façon plutôt glauque, le roman devient vite assez loufoque et
nous mène dans l'improbable, comme souvent chez les romans de
l'auteur. Si ce roman ne fait certainement pas partie de mes
préférés, il a le mérite d'être intéressant et l'auteure garde
toujours son style décalé que j’aime tant.
Surprenant,
déroutant et absurde seraient les mots pour décrire ce roman, j'ai
juste moins accroché et adhéré selon certaines
parties [spoiler] le
personnage qui prend goût à sa nouvelle vie de luxe, la compagne du
défunt qui accepte facilement la présence d'un inconnu chez elle
même en croyant que le narrateur est un collègue de son compagnon,
le narrateur qui croit pouvoir facilement séduire la
compagne… [/spoiler] et
la fin qui m'a paru précipitée et pas très palpitante, j'ai été
assez déçue), mais je dois avouer que ce roman sur le changement
d'identité est un sujet intéressant à exploiter et le
narrateur s’aperçoit que ce n'est pas si facile que
d'endosser et même de dérober l'identité de quelqu'un d'autre...
surtout de quelqu'un de riche et d'influent, cela ne se fait pas sans
séquelles ! Elle nous fait se questionner sur l'identité : qui
sommes-nous réellement ? Peut-on décider du jour au lendemain de
devenir un autre ? Adopter l'identité d'un inconnu, c'est connaître
le large, c'est connaître des horizons nouveaux, mais il y a des
événements et des sentiments qui nous font parfois prendre
conscience qu'on est allé trop loin, mais quelque loin, au lieu de
s'arrêter avant que tout dégénère, l'ivresse de la situation nous
fait continuer. Impossible de freiner.
Loin
d'être mon préféré, ce roman est pourtant assez pétillant,
et Amélie Nothomb est
la reine des citations, elle écrit toujours des formules chocs qui
plaisent au lecteur et donnent un peu de dynamique à l'histoire.
L'auteur se révèle ici déjantée, inventive et dérangeante ;
bref, la Nothomb qui
me plaît le mieux. Elle a vraiment le don d'écrire des scénarios
improbables mais pourtant convaincants dans un sens et c'est toujours
difficile de parler de ses romans sans trop en dire, de tout
gâcher.
- Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police. Appelez un taxi et dites-lui de vous conduire à l'hôpital avec cet ami qui a un malaise. Le décès sera constaté en arrivant aux urgences et vous pourrez assurer, témoin à l'appui, que l'individu a trépassé en chemin. Moyennement quoi, on vous fichera la paix.
- Pour ma part, je n'aurais pas songé à appeler la police, mais un médecin.
- Cela revient au même. Ces gens-là sont de mèche. Si quelqu'un à qui vous ne tenez pas a une crise cardiaque à votre domicile, vous êtes le premier suspect.
- Suspect de quoi, si c'est une crise cardiaque ?
- Aussi longtemps qu'on n'a pas prouvé que c'est une crise cardiaque, votre appartement est considéré comme une scène de crime. Vous ne pouvez plus toucher à rien. les autorités envahissent votre domicile, c'est à peine si elles n'inscrivent pas l'emplacement des corps avec de la craie. Vous n'êtes plus chez vous. On vous pose mille questions, mille fois les mêmes.
- Où est le problème si l'on est innocent ?
- Vous n'êtes pas innocent. Quelqu'un est mort chez vous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire