dimanche 17 août 2014

La Maison du Péril - Agatha Christie.



Du même auteur :


La mystérieuse affaire de Styles.






Quatrième de couverture :

Un tableau qui se décroche à la tête d'un lit, un rocher qui dévale une falaise et s'écrase sur le sentier, les freins d'une voiture qui lâchent, une balle perdue... Qui en veut à la vie de Miss Buckley ? Hercule Poirot n'aura de cesse de démasquer le coupable...


Mon avis :

Après Meurtre en Mésopotamie, je croyais en avoir fini avec Hercule Poirot pour plusieurs mois au moins, avant de lire une autre de ses aventures, mais finalement, j'ai décidé de lire une de ses aventures, comme Hercule Poirot refusait de quitter ma tête... comme l'a dit le vampire aigri, un détective belge, c'est fourbe ! (et pas modeste en plus, surtout dans ce roman !)

La Maison du Péril est la huitième aventure d'Hercule Poirot, narrée cette fois-ci par son ami le capitaine Hastings, et je ne me lasse pas des aventures du petit détective belge à l’ego démesuré et à la drôle de moustache. Dans cette aventure, Poirot et Hastings sont en vacances à St Loo et le détective profite pleinement de sa retraite... jusqu'à ce que, après une discussion avec la charmante miss Buckley, il ne découvre une balle de revolver à ses pieds, et le chapeau oubliée de la jeune femme troué. Pas de doute, la jeune femme a failli être assassinée. Cette découverte est encore plus alarmante quand miss Buckley leur raconte qu'elle a déjà été, par trois fois, victime d'accidents qui ont failli s'avérer fâcheux pour elle. Simples accidents ou tentatives de meurtres? Hercule Poirot décide de s'intéresser de près à cette affaire et à la jeune Nick Buckley. Qui veut l'assassiner et pourquoi? Elle est orpheline, n'a pas de famille proche, elle ne possède qu'une vieille maison hypothéquée que l'on surnomme « La maison du péril » qu'elle partage avec trois amis: un antiquaire nommé Lazarus, son amie Freddie Rice, et le professeur Challenger qui a un faible pour la jeune Buckley. À priori, il n'existe aucun motif qui justifierait qu'on assassine Nick Buckley, cependant Hercule Poirot est prêt à s'investir à fond dans l'affaire afin d'avoir le fin mot de tout cela... et afin d'éviter que la cinquième tentative d'assassinat ne soit fatale à miss Buckley...



Hercule Poirot (David Suchet) et Arthur
Hastings (Hugh Fraser) d'après la série
Agatha Christie's Poirot.
Ce roman est une excellente surprise, je ne m'attendais pas à grand chose en l'ouvrant, une enquête intéressante certes mais sans plus... mais j'ai été agréablement surprise, et bluffée par la tournure des événements et le fin mot de l'affaire. L'affaire paraît simple au premier abord: une jeune femme victime de tentatives d'assassinat, mais qui paraissent pour être des accidents (un tableau au dessus du lit qui tombe, les freins de la voiture déréglés, un rocher qui tombe d'une falaise), même si à priori, il n'y a aucun motif permettant de justifier qu'on attente à la vie de la victime puisqu'elle n'est pas riche, n'a plus de famille proche, est célibataire, que la maison qu'elle habite est hypothéquée... aucune raison de provoquer la jalousie, l'envie ou un esprit de vengeance. Mais l'affaire va s'approfondir au fil des pages, de façon subtile (un certain personnage, à priori sans aucun lien avec l'affaire, qui est souvent mentionné, l'arme à feu et le testament de miss Buckley qui disparaissent soudainement, les voisins trop gentils pour être vrais), on attend que le responsable cherche une nouvelle fois à atteindre son but tandis que Poirot (et Hastings, même s'il fait surtout ici office de bel accessoire à transporter) interroge les voisins, les amis qui habitent la maison, le jardinier et sa famille afin d'en savoir plus et de trouver d'éventuels succès et un éventuel motif.

Tout se construit au fur et à mesure. Bien entendu, on ne devine pas le fin mot de l'affaire avant que Poirot ne le révèle de façon théâtrale [ bien que la séance de spiritisme... juste après l'annonce du testament de Nick Buckley, j'ai trouvé que ça tombait un peu comme un cheveu dans la soupe ! ], mais sincèrement, j'ai été bluffée ! Je m'attendais à tout sauf à cette conclusion ! [ même si, la victime qui est en fait la responsable, c'est un schéma que l'auteur a déjà repris dans ses romans, mais amené de cette façon, c'était ingénieux et bien trouvé ! Je me suis laissée berner jusqu'à la fin ]. J'ai été aussi surprise de voir l'inspecteur Japp, je ne m'attendais pas à le voir dans cette aventure mais je ne vais pas m'en plaindre, parce que je commence à me prendre d'affection pour ce personnage. Il apporte la touche divertissante du roman, au même titre que l'ego démesuré de Poirot (et ses chevilles enflent dans ce roman, quand il parle de lui ! Au moins, il ne risque pas de souffrir de manque d'amour propre !)

Toujours au niveau des personnages, je déplore qu'Hastings ne soit pas vraiment utile et qu'il se limite à son rôle de narrateur, à se demander pourquoi Poirot se le trimbale avec lui dans ses affaires, si ce n'est à cause de son amitié et son esprit romantique qui le diverti. Au moins, il ne s'est pas vraiment ridiculisé dans ce roman, au contraire ! Hastings a montré ici qu'il ne se laissait pas toujours faire quand Poirot le taquinait ou se plaignait de ses manières ou son esprit imagé et romantique, ses piques avec Poirot ont pimenté ce roman pour mon plus grand plaisir. Hastings a aussi eu son bref moment d'utilité en lançant quelques réflexions, et paroles d'apparence anodines, qui feront réfléchir Poirot. Ça m'a fait momentanément plaisir de le voir utile, pour une fois, même si, franchement, s'il faut attendre que ce brave garçon ait la fièvre pour avoir quelques éclairs de génie, soit disant parce que la montée de la température stimule l'intellect, autant me mettre à souhaiter que ce brave capitaine soit malade quand il enquête avec Poirot. Ce n'est pas qu'il soit débile, ce garçon, c'est juste, comme le dirait Poirot, quelqu'un d'honnête et droit dont l'esprit et les morales sortent tout droit de l'ère victorienne. Donc, un moment de respect pour ce brave garçon, parce que quelqu'un d'aussi droit et honnête qu'Hastings, ça ne se fait plus de nos jours ! En revanche, j'ai eu un CHOC d'apprendre l'impensable : Hastings a une moustache ! Un choc pour moi, puisque je l'imaginais avec la bouille imberbe et bien britannique d'Hugh Fraser ! Mais ce n'est qu'un détail...

Miss Buckley m'a également, moyennement plu, c'est une jeune femme charmante mais jeune et écervelée. Elle ne prend pas ces tentatives d'assassinat au sérieux au départ, et agacera plus d'une fois Poirot en prenant l'affaire à la légère. Néanmoins, ce choc des mentalités – celle de Poirot, et celle plus inconsciente de Buckley – est intéressant à voir ! Voir Poirot agacé et déconcerté par le comportement inconscient de la jeunesse, et s'apercevoir qu'il n'est pas connu des jeunes, et que, décidément, la jeunesse, ce n'est plus ce que c'était ! C'était amusant à voir. Il était aussi intéressant de noter quelques petites références à Sherlock Holmes (quand un personnage compare Hastings au docteur Watson, ou qu'une anecdote révèle qu'en 1893, Hercule Poirot a subi un échec cuisant lors d'une affaire qui impliquait une boîte de chocolat, et que dès que Poirot commençait à trop se vanter, Hastings devait le calmer avec les fameux mots « boîte au chocolat » … ce qui rappelle une certaine enquête de Sherlock Holmes et du fameux mot « Norbury »).

En résumé : un bon roman policier, l'affaire - à priori simple - se révèle intéressante, on avance en douceur mais sans lenteur. Hercule Poirot demeure incroyable et impayable, avec sa drôle de petite moustache, ses manières occidentales confrontées aux mœurs anglaises, son amour propre, ses étonnantes cellules grises. La conclusion de l'affaire est bluffante, et l'humour anglais délicieux, comme toujours !


Extrait :

- Dites-moi, Poirot, demandais-je néanmoins, n'êtes-vous jamais tenté de reprendre vos activités ? Cette vie oisive...
- ... me convient à merveille, mon bon ami. Se prélasser au soleil, connaissez-vous rien de plus agréable ? Descendre de son piédestal au comble de la gloire, est-il geste plus sublime ? Les foules disent de moi : "Cet homme, là, c'est Hercule Poirot ! ... Le grand..., l'unique ! ... Il n'y en avait jamais eu un comme lui, et il n'y en aura jamais plus !" Voilà qui me suffit. Je ne demande rien de plus. Je suis modeste.

Modeste n'était pas le mot que j'aurais employé. J'eus l'impression que la vanité de mon compagnon n'avait pas diminué avec les années, bien au contraire. Ronronnant presque d'autosatisfaction béate, il se renversa dans son fauteuil tout en caressant sa moustache.

1. L'hôtel Majestic.

5 commentaires:

  1. bonjour Marion
    me voici de retour , après une semaine de vacances en Charentes maritimes avec du bon soleil et de belles visites.
    une grande romancière Agatha Christie .j'aime bien .
    bises et A+ du troubadour Emmanuel

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    1. J'espère que tes vacances se sont bien passées :) Au moins tu as pu profiter du soleil qui s'est fait timide jusque mercredi. J'ai bien reçu ton message sur facebook, cependant je tiens à signaler que je n'y vais que très rarement, ainsi tu auras plus de chance de me voir te répondre ici sur ton blog :)

      J'espère que ta fin de vacances se passe bien :)
      Bises !

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    2. un poètique coucou par ici, Marion
      oui de sympathique vacances ensoleillées.
      bises et A+ du troubadour Emmanuel

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  2. C’est un chat ! C’est un chat ! D:
    Mais je connais aussi ce sentiment : Poirot, une fois installé avec son chocolat chaud nous impose d’acheter toutes ses enquêtes… On le devine ; il est peinard sur son fauteuil, il ronronne quand on cède, désarmés, en pleine librairie et ne s’émeut pas de nous voir agoniser avec le porte-monnaie éventré…
    Donc je confirme : C’est un chat ! C’est un chat ! D:

    Enfin, tu le sais, j’étais déjà attirée par ce roman mais ton avis m’encourage. J’adore aussi les piques échangées entre Poirot et Japp, si Hastings est de la partie pour les joutes verbales, j’imagine que ça doit être fameux !
    Par contre, tu me choques aussi ! Hastings avec une moustache ! (Il pense que c’est l’ingrédient qui rend intelligent et veut surpasser Poirot ?…) Même avant de voir Hugh Fraser, quand je lisais La Mystérieuse Affaire de Styles, je l’imaginais imberbe comme un enfant.

    Et je me régale toujours quand il y a des chocs de culture, Poirot avec ses « de mon temps… », « les femmes étaient plutôt comme-ci, comme-ça », et j’en passe !

    Bon, il faut absolument que je me le dégote maintenant !

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    1. ... Je n'ai pas pensé au chat, bien trouvé xD quand je pense que j'aurais pu appeler le seul chat mâle de la famille Hercule (quelle allure xD), il est peinard, réclame beaucoup d'attention, s'occuper de lui demande de l'argent... mais c'est pour sûr ! Un chat ! Ce n'est pas pour rien que des fanfictions anglophones décrivent Poirot comme un chat ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ??

      Tant mieux, j'espère que tu pourras le trouver :) en attendant, il y a "Les Quatre", "Hercule Poirot quitte la scène" et d'autres romans alléchants qui t'attendent, d'ailleurs j'attends ton avis sur les deux premiers. Mais je pense que celui-ci pourra te plaire, surtout avec Hastings qui ouvre un peu sa bouche et ose répondre un peu à son ami belge qui, sur le coup, est un peu choqué ("Hastings ! Et vos manières de gentleman ?" "Parties en vacances !" <- ce n'est pas exactement la conversation mot pour mot mais ça y ressemble :3)

      Je suis aussi choquée que toi concernant la moustache d'Hastings (qui est loin de surpasser celle de Poirot niveau classe et élégance, comme le lui fait si bien remarquer le chat détective :p), moi qui me suis toujours imaginée Hastings grâce à Hugh Fraser... et même avant de voir la série, pour moi Hastings est imberbe. Celui qui porte la moustache (et la culotte) dans ce duo, c'est Poirot !

      J'espère que ce roman rejoindra vite ta PAL !

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