dimanche 23 juillet 2017

L'Aiguille Creuse - Maurice Leblanc.


Lors d'un cambriolage au château de Gesvres, la nièce du comte, Raymonde de Saint-Véran, tire sur un inconnu qui, bizarrement, ne laisse aucune trace. Peu après, la jeune fille est enlevée puis découverte inanimée auprès du corps d'Arsène Lupin. Il est donc mort ? 
C'est ce que croit la police, mais pas le jeune Isidore Beautrelet, détective amateur de génie, qui se met en tête d'enquêter.  
Comme par hasard, un document ancien d'une valeur inestimable - le secret de l'Aiguille creuse, connu des seuls rois de France - disparaît au même moment...




Je poursuis ma découverte d'Arsène Lupin avec ce roman, qui se révèle plus ambitieux que les deux précédentes aventures avec Herlock Sholmès. D'une part, nous avons affaire à un roman et non des nouvelles comme ce fut le cas auparavant ; de l'autre, c'est une véritable aventure qui s'offre à nous et qui nous fait voyager à Ambrumésy, Etretat et d'autres villes françaises, pour mon plus grand plaisir !

Dans cet épisode, Arsène Lupin organise un cambriolage pour récupérer des peintures mais il se fait tirer dessus alors que le méfait est découvert. Malgré sa blessure, personne ne parvient à retrouver sa trace et malgré le vol, personne ne parvient à dire ce qui a été dérobé ! C'est là qu'Isidore Beautrelet, un étudiant sans expérience mais intelligent, intervient. S'intéressant de près à l'affaire, il parvient à découvrir comment Lupin a réussi à s'enfuir et quels objets ont été volés ! Si les personnages ont d'abord du mal à croire ce jeune homme, ils placent en lui tous leurs espoirs alors que, dans un temps d'incertitude, Isidore parvient à répondre aux questions qui se posent et se révèle efficace dans cette affaire... Trop, même, aux yeux des complices de Lupin, dans la déroute alors que leur patron est ressorti blessé du cambriolage au château, qui menacent Isidore si celui-ci continue de parler ! Isidore refuse... et s'engage alors un combat entre ce jeune lycéen et le grand voleur qui va, progressivement et contre toute-attente, se transformer en chasse au trésor ! En effet, une étrange affaire autour d'une aiguille creuse surgit et laisse entendre qu'elle entrepose le trésor que les rois de France se sont transmis au cours de l'Histoire... Un trésor que l'on dit que Lupin cherche à s'approprier... de même que ses adversaires qui cherchent à le devancer, ainsi que l'Etat qui entend profiter de ce trésor.


Le petit (enfin, pas si petit) Isidore
Beautrelet dans la célèbre adaptation
télévisée. Regardez-moi cette bouille d'ange !
Avant de parler de l'intrigue, j'aimerais avant tout parler du personnage que nous introduit le roman : Isidore Beautrelet, et sans conteste mon personnage préféré du roman, et sans doute de la série Arsène Lupin. Jeune lycéen en rhétorique et féru de romans policiers, il se révèle être un détective amateur fort efficace. Extrêmement malin, c'est également un jeune homme sensible, enfantin (mais plus dans un sens naïf, à l'inverse de Lupin qui, s'il est parfois enfantin, l'est plus dans le sens où il est joueur et insouciant), un peu maladroit, qui se laisse parfois vite submergé mais il reste un personnage terriblement attachant, et humain. Isidore parvient assez rapidement à cerner des éléments de l'affaire là où la police piétine, et si c'est  Lupin qui a gagné la partie (comme il fallait s'en douter), Isidore a quand même eu le mérite d'avoir mis le cambrioleur en déroute plus d'une fois ! Outre son intelligence, il se révèle être un personnage attachant et amusant : il ne veut pas de publicité autour de lui car il ne veut pas faire de peine à son père, lorsqu'on lui demande pourquoi il ne s'acharne pas à capturer Lupin, il répond qu'il a tout de même des examens à passer, ou lorsqu'il reçoit une lettre de menace des complices de Lupin, tout ce qu'il trouve à dire est « Quel style ! on voit bien que ce n’est pas Lupin qui tient la plume. »  où, après s'être fait passer pour un journaliste pour avoir des détails sur l'enquête et s'être fait démasquer, il avoue son méfait sans se départir de son enthousiasme. Bless him ]. Oui, j'ai eu beaucoup d'affection pour ce personnage et malgré sa défaite, j'ai apprécié le fait qu'il ne devienne pas aigri (pas comme un certain détective anglais caricaturé à l'extrême...), et s'attache à Lupin, succombe à son charme, sa personnalité et que Lupin lui-même s'attache à lui et décide de lui révéler son but à la fin.

On m'a confié que le petit Isidore n'apparaissait que dans ce roman... Ce que je déplore, car il m'a beaucoup plu ce garçon. Cependant, on m'a révélé quelque chose d'intéressant : Gaston Leroux (auteur du "Fantôme de l'Opéra" ainsi que d'autres romans) se serait inspiré du personnage pour créer son personnage détective de Rouletabille, héros de nombreux romans policiers dont le Mystère de la Chambre Jaune ; du coup, je me sens tout à fait capable de lire ses aventures, tant j'ai adoré le personnage d'Isidore. J'ai tellement d'affection pour ce personnage, que j'avais envie qu'il l'emporte contre Lupin ! Mais Leblanc adorant son héros, il en était hors de question. Qu'importe, Isidore est l'un des points forts de ce roman, et s'il a perdu face à Lupin, il a fait un meilleur adversaire que ne le fut Herlock Sholmès, ou encore Ganimard. Mais là où Sholmès était ridiculisé, caricaturé, Isidore est pris au sérieux par l'auteur... et par Lupin, qui voit en lui une menace.

Un autre point que j'ai beaucoup apprécié au cours du roman, et qui me fait en partie regretter qu'Isidore n'apparaisse pas dans d'autres aventures, c'est la relation entre Isidore et Lupin. L'un est une menace pour l'autre qui est pris en chasse, cependant on comprend progressivement qu'Isidore éprouve du respect, de l'admiration et de l'attachement pour Lupin et que notre voleur lui-même avouera ressentir de l'affection et de l'admiration pour ce jeune homme brillant, et [spoiler] on le voit à la fin, il ne le traite plus comme un ennemi [/spoiler], nous n'avons pas affaire à une histoire en noir et blanc, il y a du respect et de l'attachement entre les deux personnages, et nous avons quelques passages qui le montrent bien :

A la manière dont Lupin lui étreignit le bras, Beautrelet sentit que toute résistance était inutile. Et puis, pourquoi résister ? N'avait-il pas le droit de s'abandonner à la sympathie irrésistible que, malgré tout, cet homme lui inspirait ?

Car malgré tout, comment ne pas résister à Lupin ? Il reste le cambrioleur futé et intelligent que nous avons rencontré dans les deux premiers livres de ses aventures. Sa gaieté, son insouciance, sa joie de vivre, sa gaminerie, son intelligence, comment il sait tirer les ficelles... Il est aussi futé que drôle. J'ai notamment adoré ce moment vers la fin où [spoiler] il se lance dans un grand discours grandiose devant Isidore mais qu'il est interrompu par l'inspecteur Ganimard, qui tambourine derrière la porte, et que Lupin s’agace en disant que, décidément, il ne comprenait pas l'importance historique du moment ! [/spoiler]. Malgré ceci, ce roman est plutôt sombre par rapport aux précédents (sans aller dans les détails, nous avons un Lupin bien malmené qui révèle une face sombre, et quelques scènes dramatiques qui surprendront plus d'un !), avec une trame complexe où Lupin se fait un plaisir de brouiller les pistes en changeant d'aspect, de nom, ou de stratégie, en menant ses ennemis sur de multiples fausses pistes. L'intrigue est bien orchestrée, et elle est riche en rebondissements, jusqu'aux dernières lignes ! La plume de l'auteur reste fluide et agréable, et le sujet travaillé. Maurice Leblanc nous fait voyager à travers la France, et c'est un véritable plaisir, d'autant plus qu'il a très bien su décrire les lieux, et surtout la campagne française.

On peut noter, dans cette aventure, l'importance des paysages de
Normandie, région bien connue de l'auteur, et notamment les falaises
d'Etretat, qui auront été rendues célèbres grâce au roman !

J'ai beaucoup apprécié la tournure de l'intrigue. D'enquête criminelle, on passe à véritable chasse au trésor avec l’énigme de l'Aiguille creuse dans laquelle continuent de s'affronter nos deux héros, ce qui lui donne une autre profondeur. Maurice Leblanc manie bien sa plume, et a su nous monter une énigme prenante, qui mélange histoire avec Histoire. Il utilise sa plume pour nous tromper et nous questionner sur ce qu'est cette aiguille et où elle se trouve, et Arsène Lupin s'en donne à cœur joie dans cette aventure ! Entre déguisements, tours de passe-passe, sans oublier de faire son charmeur, bien que le premier chapitre nous fait semer des doutes sur Lupin, et sur ce qu'il s'est réellement passé lors du cambriolage.

J'ai beaucoup apprécié ce roman ! L'enquête est complexe et intéressante, d'autant plus que Leblanc a donné un véritable adversaire à Lupin, et qu'il n'a pas, cette fois-ci, hésité à mettre son héros en difficulté, et à nous le montrer sous un jour plus complexe, plus violent, plus imprévisible que les tomes précédents.

"Mon cher Beautrelet, j'ai ordre de vous recommander, à propos de cette affaire, la discrétion la plus absolue.- Ordre de qui ? fit Beautrelet plaisantant. Du préfet de la police ?- Plus haut.- Le président du Conseil ?- Plus haut.- Bigre !"Ganimard baissa la voix."Beautrelet, j'arrive de l'Elysée. On considère cette affaire comme un secret d'Etat, d'une extrême gravité." 

Chapitre IX. Sésame, ouvre-toi !


Ce billet est une participation au :

2 commentaires:

  1. bonjour Marion
    en ce 2 septembre 2017 , mon blog FÊTE SES 10 ANS
    bises et A+ du troubadour Emmanuel

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  2. coucou Marion
    en passant par ici
    bises et A+ du troubadour Emmanuel

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