lundi 11 novembre 2019

Autopsie (T.1) Whitechapel - Kerri Maniscalco.


J'étudie le corps des femmes qu'il assassine de sang-froid.

J'assiste, impuissante, à la terreur qu'il fait régner sur Londres.

Je sens son ombre peser sur moi. Ses sourires malsain, son regard de tueur.

Je pense connaître l’Éventreur...

1888, quartier Est de Londres. Depuis quelque temps, des meurtres sanglants et horribles touchent les femmes de petite vertu de Whitechapel. Une jeune femme, de bonne famille, en avance sur son temps, enquête au côté de son oncle, médecin légiste.



Je reste encore un peu dans des thèmes assez sombres en ce mois de novembre avec Whitechapel, premier tome d’une série de quatre dont seul le premier est traduit en français pour le moment.

Comme son titre a du sûrement vous mettre la puce à l’oreille, ce roman nous plonge dans le Londres des années 1880 où un tueur s’en prend violemment à des prostituées d’un bas quartier de Londres, Whitechapel. Notre héroïne, Audrey Rose, a vent de cette enquête alors qu’elle étudie en secret, auprès de son oncle Jonathan, la médecine, la biologie et le corps humain dans son laboratoire. Apprenant qu’une des victimes a été au service de sa famille, elle se penche sur l’enquête, en même temps que Thomas Cress, un brillant élève de son oncle.

Le Londres de l’ère victorienne, Jack l’Éventreur, enquête criminelle, héroïne aimant pratiquer des autopsies et autres joyeusetés du genre, Whitechapel avait tous les ingrédients pour me plaire. L’héroïne, Audrey Rose, est une jeune femme en avance sur son temps, préférant les études et la pratique de la science aux réceptions et robes de soie, indépendante, dégourdie et têtue. Elle réussi à échapper aux clichés de la femme indépendante qui déteste tout ce qui a attrait à la féminité et persuadée qu’elle n’a pas besoin d’aide. Si Audrey Rose se borne parfois à répéter ne pas avoir besoin d’aide, même pour des situations dangereuses, cela ne revient pas assez souvent pour que je puisse considérer le personnage comme agaçant. Audrey Rose reste plutôt attachante, féminine, intelligente, curieuse, dégourdie et humaine, tout simplement. Elle forme un duo intéressant avec Thomas Cress, jeune homme séduisant, intelligent et quelque peu arrogant mais qui sait être attachant, sans tomber lui-aussi dans les clichés. Ces deux personnages forment une bonne dynamique et leurs échanges sont délicieux, même si on se doute de la tournure que prendra leur relation, car si j’ai bien appris une chose des policiers et thrillers, c’est que le drame et les crimes rapprochent souvent deux personnages !


J’ai beaucoup aimé plonger dans le Londres de l’ère victorienne avec d’un côté ses beaux quartiers et de l’autre la partie plus sombre, glauque et brumeuse de la ville. L’auteur nous tisse également une critique de la place de la femme dans sa société. Les biens nées sont destinées à faire un beau mariage et l’intellect n’est pas souhaité chez ces femmes à l’inverse des robes de soie et autres histoires de chiffon. Les moins fortunées sont réduites à vendre leurs charmes pour vivre et dormir sous un toit.


File:Jack the ripper.jpg
"Another Victim of Jack the Ripper -
 Alleged Attack on Pretty Miss Eisenhart
in the Cooper Hospital, Camden, N. J., Slashing Her in a Terrible Manner".
 Illustration from the National Police Gazette  (February 16, 1889) 
Les descriptions sur les dissections et autopsies sont réussies et parviennent à nous immerger dans cet univers, à se croire presque dans le laboratoire de l’oncle Jonathan, le nez penché au dessus d’un cadavre et tirant des analyses après observations des plaies. L’enquête criminelle est plutôt bien menée, bien que je doive lui reprocher quelques facilités (des libertés historiques prises et des facilités dans le récit, par exemple des personnages masculins admettant notre héroïne à des endroits où elle n’aurait jamais eu le droit de se trouver), quelques éléments prévisibles, et un manque de tension et de complexité que j’aurais aimé retrouver pour faire justice à une enquête aussi sombre que celle de l’assassin de Whitechapel. L’auteur nous dévoile en effet de nombreux indices. Si j’ai bien appris quelque chose des romans d’Agatha Christie, c’est qu’il faut toujours se méfier quand le coupable parfait est annoncé plusieurs chapitres avant la fin, car il faut souvent s’attendre à un retournement de situation ! Néanmoins, la révélation de l’identité de l’assassin et ses motivations ont su me surprendre quelque peu (après, je n’ai pas mené pour enquête pour chercher de mon côté le vrai coupable) et j’ai lu ce roman à une période où je ne souhaitais pas de lecture trop prise de tête. 





L’auteur a également consacré plusieurs pages à la fin de son roman pour nous montrer les libertés prises avec la réalité historiques et ce qu’il s’est réellement passé, un point que j’ai beaucoup apprécié car l’affaire Jack l’Éventreur m’intéresse beaucoup. Toutefois, si vous voulez votre dose d’horreur, vous serez peut-être déçus car l’action prime sur la psychologie des personnages et moins sur une description sanglante des meurtres. Des lecteurs plus adultes ne seront peut-être pas tous rassasiés mais pour ma part, j’ai trouvé ce petit polar victorien fluide, divertissant et assez intéressant pour que les pages se tournent sans difficultés, assez pour avoir envie de lire la suite. Les personnages sont attachants pour la plupart, on entre bien dans l’atmosphère de la Londres victorienne et l’enquête est divertissante. Une agréable lecture en somme. Si la suite de la série est traduite en français, je la lirais avec plaisir !

Le portrait cachait un passage secret. Un filet d'air glacial, provenant d'une descente obscure, me rabattit les cheveux sur le visage. Je n'en croyais pas mes yeux. Il y avait là un escalier en pierre qui attendait d'être exploré. Ou m'ordonnait de décamper. Je comprenais mal à quoi cette gueule béante m'incitait.

Chapitre 27. Un portrait à étudier de près.

1 commentaire:

  1. coucou Marion
    j'espère que tu vas bien
    toujours un plaisir de passer par ici sur ton blog
    A= du troubadour Emmanuel

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