samedi 27 octobre 2012

Une place à prendre - JK Rowling.



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Quatrième de couverture :

Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable.

Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie
.



Mon avis :


C'est avec beaucoup de curiosité et d'appréhension que j'ai commencé ce livre il y a quelques semaines. Depuis la fin de la série Harry Potter en 2007, j'ai attendu le jour où l'auteur se remettrait à l'écriture d'un nouveau roman, qu'il soit un dérivé de la série Harry Potter ou un tout autre roman. J'étais heureuse et impatiente d'apprendre cette année la parution d'un nouveau roman, un peu plus adulte et contemporain mais j'appréhendais tout de même en découvrant le résumé car, soyons clair, s'il n'avait pas été écrit par JK Rowling, j'avoue que j'aurais accordé au livre à peine un regard car la quatrième de couverture ne me tentait que trop peu ; alors oui, c'est surtout parce que ce livre a été écrit par mon auteur préférée et que j'étais impatiente de lire un nouveau roman d'elle que j'ai attendu la sortie de ce gros pavé et l'ai lu. Je me demandais comment elle allait s'en sortir avec un roman d'un tout nouveau genre pour elle qui n'avait alors écrit que de la littérature jeunesse, si elle allait me transporter, si elle allait me faire oublier qu'elle était l'auteur d'Harry Potter... ce roman allait être la preuve qui me montrera si JK Rowling continuerait à me plaire par son écriture même si c'était autre chose que Harry Potter. Alors, verdict ?


L'histoire, tout d'abord, commence de façon assez brutale : Barry Fairbrother, membre aimé et conseiller paroissial de la ville de Pagford, meurt frappé par une crise d'anévrisme le jour de son anniversaire de mariage. Dans la petite ville de Pagford, c'est le choc ! Membre très aimé de la communauté, Barry était connu pour son énorme contribution pour Padford et ses habitants. Et malgré le choc, Barry Fairbrother ne sera même pas encore mis en terre que des habitants se disputeront le siège vacant laissé par le défunt. Ce sont trois habitants bien connus de Pagford qui se feront candidats pour reprendre le rôle de Barry dans l'espoir de changer Pagford, pour le meilleur ou pour le pire. Cette histoire, jusqu'alors banale, va grossir et impliquer plus que les candidats mais aussi leurs familles et la majorité des habitants de Pagford. Entre élections paroissiales, des familles se déchirent, des conflits apparaissent et grossissent entre pauvres et riches, entre parents et enfants, entre voisins, entre jeunes adolescents... peu à peu vont ressortir l'hypocrisie de certaines personnes, des rancoeurs, des mensonges... Plusieurs camps vont s'opposer dans une situation où tous les coups seront permis et où l'on ignore qui aura le dessus, en fin de compte...


Comme je l'avais dit précédemment, le livre commence d'emblée, dès le premier chapitre, avec la mort de Barry Fairbrother qui s'effondre sur le parking d'un terrain de golf, d'une crise d'anévrisme, alors qu'il allait fêter son anniversaire de mariage avec sa femme. C'est un couple de connaissances, les Mollison, qui le conduisent à l'hôpital mais il est trop tard. Dès le lendemain, la nouvelle de sa mort se répand très vite dans la bourgade de Pagford et cause pour la plupart surprise, consternation et choc. Tout le monde, ou presque, appréciait cet homme jovial qui a beaucoup sacrifié pour Pagford, qui soutenait les défavorisés, qui s'occupait de bien des choses pour le bonheur de Pagford et ses habitants, même s'il délaissait quelque peu sa famille pour cela. Et le défunt n'est même pas encore enterré que vont se disputer des personnes réputées dans Pagford pour prendre sa place au conseil paroissial, que ces personnes aient été des amis proches du défunt ou de simples connaissances. Tous vont se déchirer pour le précieux poste de Barry. Cette affaire qui ne concernait que les trois candidats va peu à peu impliquer les familles, les amis, les proches... enfants comme adultes. Cette situation va faire rejaillir rancoeur, hypocrisie, mensonges... bref, la noirceur de chacun qui, pour certains, seront prêts à tout pour assouvir leur désir de pouvoir, de contrôle.


Jo a un incroyable talent pour peindre le réalisme d'une fresque sociale, pour épingler l'hypocrisie, l'incompréhension, l'intolérance, l'égoïsme... bref, toutes les noirceurs et lâchetés de l'âme humaine qui prend le dessus sur tout. Cette femme a un talent diabolique pour ça, elle m'a épaté ! J'ai, bien-sûr, retrouvé son humour (même si ici, c'est surtout un humour noir, sarcastique ou... subjectif), la richesse de son écriture, de ses descriptions qui vont dans le soucis du détail. Avec cela, il y a eu quelques longueurs parfois assez pénibles et on a un sacré manque d'action puisque Jo prend son temps pour nous présenter la ville, son histoire, ses habitants avec leurs vécus ; la candidature et l'élection prend aussi du temps et même l'enterrement de Barry ne se fait que vers les pages 100-200 mais malgré quelques longueurs, j'ai beaucoup aimé me plonger dans la ville de Pagford, connaître un peu son histoire et connaître les personnages. Il y en a pas mal et il a été un peu difficile, au début, de bien les retenir : qui est qui, qui fait quoi, qui fait parti de quelle famille... un peu comme dans les Agatha Christie, mais en se plongeant bien dans le roman, on apprend vraiment à bien faire leur connaissance, à apprendre leurs problèmes, métiers, vécus... c'est vraiment un roman bien construit, bien maîtrisé avec des personnages différents, intéressants et hauts en couleurs ! Personne n'est épargné car chacun a ses qualités comme ses défauts... surtout ses défauts !


Nous avons les Fairbrother qui est la famille la moins présente du roman, celle avec qui on passe le moins de temps même si Barry Fairbrother est omniprésent et est même le sujet principal du roman car c'était un membre du conseil paroissial et de ce fait, il a énormément contribué à la ville, à ses habitants... chacun se souvient de lui d'une manière ou d'une autre. Mary reste la douce veuve assez effacée, accablée par le deuil, qui aimait son mari malgré la rancoeur qu'elle conservait à son égard car il s'occupait plus de Pagford que de sa famille, et l'on voit à peine les quatre enfants Fairbrother également. Nous suivons ensuite d'autres familles comme Miles et Samantha Mollison : lui est avocat, elle a sa propre entreprise de lingerie, ils ont deux filles adolescentes, mais leur couple bat de l'aile car Samantha rêve de changement dans leur vie de couple, elle veut voyager, faire le tour du monde avec son mari comme ils se l'avaient promis avant leur mariage et elle qui déteste Pagford n'est pas ravie lorsque Miles annonce son intention de prendre le siège laissé par Barry. Ensuite, Howard et Shirley Mollison, parents de Miles. Howard tient une épicerie et est déjà membre du conseil, avec sa femme, ils encouragent de tout coeur la candidature de Miles. Shirley est la mère qui déteste sa belle-fille et le lui fait savoir, elle est la femme stricte, bourgeoise, raffolant de commérages  Sournoise et hypocrite, elle n'a pas manqué de me divertir... surtout quand elle et Samantha étaient en guerre, se lançant des piques.


S'ajoute à eux Maureen, la veuve du premier associer d'Howard, qui travaille avec ce dernier à l'épicerie, qui s'habille un peu n'importe comment et qui a la fâcheuse manie de s'incruster dans la vie privée des Mollison pour le plus grand déplaisir de Shirley. Ensuite, Kay, assistante sociale fraîchement débarquée à Pagford pour vivre avec son dernier amant en date : Gavin, un avocat associé à Miles. C'est en emmenant sa fille adolescente Gaia qu'elle déménage à Pagford et Gaia, qui était alors bonne copine avec sa mère, lui en veut énormément pour l'avoir arraché à Londres et ses amis pour attérrir dans un coin paumé où l'on se moque de son accent londonien. Pourtant célèbre dans la gente masculine, Gaia choisit de se lier d'amitié avec une des filles des Jawanda : Sukhvinder, le souffre douleur de sa classe, victime par ceux de son école d'harcèlement moral. C'est un personnage qui m'a beaucoup touché, elle veut bien faire, elle veut se faire aimer mais elle n'est pas populaire, elle est sans cesse moquée par ceux de son école, a peine à croire qu'une fille aussi jolie et aussi populaire que Gaia veuille d'elle comme amie, elle est rabaissée par sa mère, Parminder qui travaille dans le domaine de la médecine comme son mari, qui  ne lui trouve que des défauts et est persuadée qu'elle ne fera rien de bien dans la vie. Laissée dans l'ombre de ses frères et soeurs, personne parmi les adultes ne perçoit sa détresse, son mal-être profond. On continue avec les Wall : Tessa est conseillère d'orientation à l'établissement scolaire dont son mari, Colin, est le proviseur adjoint. C'est un homme dépressif et bourré de tocs. Ancien ami de Barry, il se présente comme candidat en sa mémoire pour poursuivre le travail accompli par son ami. Ensemble, Tessa et Colin ont un fils : Stuart, dit Fats, qui prend un malin plaisir à se comporter de manière ignoble envers ses parents et ses amis...


Viennent ensuite les Price avec Simon qui travaille dans une imprimerie, et Ruth qui est aide-soignante à l'hôpital et qui aime commérer avec Shirley. Ils ont deux enfants : Paul, et Andrew. C'est une famille très repliée sur elle-même, il faut savoir déjà que le mari est autoritaire, élève la voix facilement et est violent. Andrew, meilleur ami de Fats et qui en pince pour Gaia, le déteste et n'hésitera pas à effectuer des coups bas pour se venger de lui. On termine avec les Weedon, une famille défavorisée vivant dans la Cité des Champs : Terri est une femme vivant seule avec sa fille de 16 ans, Krystal, et son fils de trois ans, Robbie. Terri n'a pas eu une vie facile et se drogue facilement ; sans grande volonté, elle fait souvent des cures de désintoxication sous la menace des services sociaux de lui enlever ses enfants. Face à l'impuissance de sa mère, Krystal, livrée à elle-même, essaye de se débrouiller seule et de s'occuper de son petit frère, elle fait tout pour que sa famille ne soit pas disloquée. Si Krystal me paraissait parfois brutale et hargneuse  son vécu l'a rend bouleversante et on voit vraiment bien qu'elle tient à sa famille, surtout au petit Robbie ; au contraire, j'ai trouvé Terri pathétique et irresponsable, elle cédait vite à la facilité.


Parmi les autres personnages, on peut toujours citer un certain "fantôme de Bary Fairbrother" qui fait des ravages sur le forum paroissial de Pagford, révélant de "belles" surprises, donnant révélations sur révélations, alimentant les commérages et amenant un certain... chaos en pleine élection municipale ! Bref, divers personnages hauts en couleur qui touchent toutes les catégories sociales. On passe par beaucoup de sentiments, on rentre dans les détails de la vie de chacun, dans ses pensées, les qualités et défauts sont mis à jour, personne n'est épargné ! Chaque personnage est important et a son rôle dans l'histoire. On apprend à bien les connaître, à connaître la famille, qui aime qui, qui déteste qui, qui pense quoi sur qui... et, bien-sûr, sentiments et hypocrisies sont là, ce qui donne du piment ! Des coups-bas même jusque dans les foyers, ainsi que des secrets, des déchirures : des familles se disputent, des amitiés se font ou se défont, les voisins à l'affût des derniers potins qui se délectent du malheur des autres... JK Rowling a vraiment bien travaillé ses personnages ! C'est comme Desperate Housewives, mais en pire ! Plus noir, plus d'hypocrisie, plus de trahisons, plus de secrets... du linge sale qui se lave en famille... ou pas...


On suit donc plusieurs famille mais chaque histoire, chaque élément finit par se rejoindre, et chacun nous apporte sa version des faits, sa propre vision de la ville et, alors oui, c'est long, il n'y a pas d'action car il faut vraiment prendre le temps de bien comprendre les liens qui se nouent entre les différents personnages, il faut bien comprendre l'histoire de la ville et l'origine des conflits (je pense notamment à la Cité des Champs, qui appartenait à Yarvil, mais qui a finit par être rattachée à Pagford pour le déplaisir de certains car Les Champs est devenu l'endroit où poussent "les mauvaises herbes") je me suis parfois plainte de cette longueur, à présent je comprend que c'était pour bien vivre chaque journée avec les personnages, les comprendre, les connaître .. et chaque personnage n'est ni blanc, ni noir ; ce sont des êtres humains, comme nous, avec des qualités et des défauts, ils vivent selon ce qu'ils connaissent. C'est vraiment une analyse sociologique profonde et fouillée, les rapports humains sont décrits dans toutes leur complexité. En fin de compte, c'est des rapports humains dont Jo parle.


Même si j'ai reconnu le style Rowling, elle m'a totalement fait oublier qu'elle était l'auteur d'Harry Potter, on retrouve son humour, certes, mais c'est cette fois-ci teinté d'ironie e d'amertume. On sent aussi que c'est plus adulte par cette analyse sociologique, l'humour sarcastique et les sous-entendus plus ou moins sexuels, c'est cru, incisif, intelligent. Elle a fait fort : drogue, fantasmes sexuels, viol, pauvreté, hypocrisie, mensonges, harcèlement moral... c'est ultra-réaliste. Elle pose d'abord comme une sorte de bombe à retardement au début du roman, puis au fur et à mesure de la lecture, des choses se révèlent puis... Boum ! Il faut dire qu'on a eu une fin... wouah, quoi, qui a vraiment changé la ville d'une certaine façon. Il y a des changements pour le meilleur ou pour le pire, des renversements de situation... une fin à la fois dramatique mais qui peut nous laisser croire que des choses vont changer pour le meilleur (je pense notamment aux Mollison, aux Champs, au conseil paroissial, à Fats, à Sukhvinder...).


Alors, si ce roman n'est pas un coup de coeur, pas une lecture inoubliable, j'ai été loin d'être déçue ! JK Rowling a fait un merveilleux come-back dans le monde de la littérature avec ce gros pavé bien construit, intelligent, cru, libérateur, fluide, tellement humain et ce, malgré les longueurs. Le changement de cap de Jo me plaît beaucoup, elle a réussi à prouver avec Une place à prendre qu'elle savait écrire autre chose qu'Harry Potter, autre chose que de la littérature jeunesse. On retrouve ses descriptions visuelles vivantes avec le soucis du détail, son humour grinçant, la densité de ses personnages, la fluidité de son écriture... bref, Jo a l'art et la manière de raconter des histoires, elle a vraiment un talent de conteuse et elle a réussi à me surprendre ! Loin des Harry Potter, elle a pu se lâcher avec des insultes, des sous-entendus sexuels, elle s'est vraiment éloignée de la saga qui a fait son succès, mais c'est tant mieux car on peut à présent parler de JK Rowling autrement que par Harry Potter, c'est une auteur qui se diversifie dans ses écrits et celui-ci est fort réaliste, complexe et lucide avec une fin émouvante, bouleversante qui plombe le moral !


Donc, bref, les quelques longueurs sont probablement la seule critique que je pourrais faire, ça et le fait que j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire mais une fois bien familiarisée avec Pagford et ses habitants, on démarre vraiment bien dans l'histoire. Ce n'est pas un coup de coeur, mais c'est un bon roman contemporain qui m'a fait renouer avec l'écriture de Jo :)





JK Rowling, glorieuse maman de Harry Potter et d'Une place à prendre.



Extrait :

Shirley n'exprimait jamais sa contrariété de manière ouverte ; pas une seconde elle n'autorisait son sourire ou sa voix douce et raisonnable chanceler, mais chaque fois que Howard se laissait aller à l'un de ces hommages libidineux, elle décochait immanquablement à sa belle-fille, dans les minutes qui suivaient, une flèche empoisonnée, camouflée sous l'empennage de la plus irréprochable bienveillance. Elle évoquait les frais de scolarité de plus en plus exorbitants des filles, s'inquiétait avec sollicitude des progrès du régime de Samantha, demandait à Miles s'il ne trouvait pas admirable la taille de guêpe de Mary Fairbrother... Samantha subissait toujours ces remarques en souriant - et les faisait payer à Miles plus tard.


6. Première partie. (Mardi)

4 commentaires:

  1. bonjour Marion
    je passe par ici découvrir ton autre blog , et je l'ai glissé dans les liens du mien. sympa par ici.
    bises poétiques et A+ du troubadour Emmanuel

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    1. Merci beaucoup, je suis contente que ça te plaise :) j'ai eu du mal à me décider sur un décors en particulier mais finalement, celui-là me plaît bien et je m'habitue plutôt bien avec cette plate-forme.

      Désolée pour mon absence sur la blogosphère, je profiterai de ma semaine de congés pour visiter et commenter ton blog :)

      bises et a+ !

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  2. Je ne l'ai toujours pas lu...

    Je vais sûrement le faire bientôt ;).

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    1. Prépare-toi, c'est un gros pavé mais on retrouve bien l'écriture et le style de JK Rowling, et même si ce n'est plus du Harry Potter, elle parvient toujours à nous épater :)

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