Je continue, lentement mais sûrement, ma lecture et découverte des romans policiers d'Agatha Christie. Les lire tous me prendra sûrement beaucoup de temps puisque la dame a écrit environ 66 romans, et encore je ne compte pas les recueils de nouvelles ! Je pensais cette fois découvrir l'autre détective de la dame du crime, Miss Marple, mais après quelques réflexions, j'avais décidé que j'avais encore envie de passer du temps avec Hercule Poirot.
Jane
Wilkinson est
une jeune actrice new yorkaise de talent fort belle et fort connue à
Londres, où elle est également connue sous le nom de Lady
Edgware,
son nom d'épouse. Seulement voilà, Jane a
jeté son dévolu sur un baron plus jeune qu'elle et souhaite
l'épouser. Heureusement pour elle, c'est réciproque ;
malheureusement pour elle, son mari refuse de divorcer. Lady
Edgware s'en
va donc demander audience au détective Hercule
Poirot,
pensant que celui-ci pourrait l'aider à la sortir de cette situation
bien gênante. Bon gré, mal gré, Poirot s'en
va voir le mari pour le persuader de briser le contrat de mariage...
uniquement pour apprendre que le mari en question accepte de divorcer
et l'avait même fait savoir à son épouse par lettre il y a des
mois ! Lettre que la Lady n'a pas reçu, ce qui complique un peu les
choses lorsque Lord
Edgware est
retrouvé assassiné. Lady
Edgware ayant
clairement fait comprendre son désir de divorcer et les ennuis
causés par les nombreux refus de son mari font évidemment d'elle la
coupable idéale. Cela paraît même trop évident, et pourtant,
est-elle bien la coupable où est-ce que des personnes ayant intérêt
à voir l'actrice tomber dans la disgrâce auraient monté un plan
pour la piéger ?
On
retrouve le talent qu'a l'auteur pour nous plonger complètement dans
son intrigue et à nous faire perdre sous un nuage de preuves et
d'indices que seul Hercule
Poirot sait
déchiffrer et dont on aura le fin mot que vers la fin du roman, sauf
si on s'avère être un futur détective en herbe capable avec
seulement les indices et récits de témoins comme outils pour faire
fonctionner sa tête. Non, comme d'habitude avec Hercule
Poirot,
pas de longues courses à la recherche d'indices, de fouilles
minutieuses pour trouver un cheveu, des cendres de cigarette ou des
traces de pas comme chez Sherlock Holmes. C'est Scotland
Yard qui
se charge de tout ça tandis qu'Hercule
Poirot,
avec ce dont il dispose, préfère rester chez lui faire
fonctionner ses petites cellules grises, ce qui exaspère un
peu Hastings qui
aimerait bien voir son ami se bouger un peu et partir à la recherche
d'indices au lieu de laisser tout le travail à la police.
Néanmoins, fouiller des maisons, écouter aux portes, s'introduire chez quelqu'un pour avoir des indices, il ne faut pas compter sur Hastings pour faire ce genre de tâche ! Là-dessus, il est très anglais et se montre très, trop même, attaché aux valeurs morales. Tandis que Watson, malgré ses valeurs morales, s'introduirait bien illégalement dans la demeure d'un suspect avec Holmes ou serait même capable d'aller écouter aux portes si Holmes le lui demandait ! Autant je suis une pro-Watson à 100%, autant Hastings - même si je l'aime bien au fond et l'excuse comme je peux - m'insupporte parfois. Heureusement que dans ce roman, il a été un tantinet plus utile que dans les précédents que j'ai lu, et a été moins ridiculisé qu'à l'ordinaire. Sans compter que je l'ai trouvé plutôt agréable à suivre, l'humour dans sa narration est toujours la bienvenue, parfois j'adore ses remarques !
J'ai
été un peu déçue au niveau de l'enquête, j'étais en train de
débattre avec plusieurs suspects et au final, le coupable s'avère
celui qui, au tout départ, s'annonce d'emblée comme le coupable
idéal, celui qu'on accuse tout de suite alors que tout le long du
roman nous montre qu'il y a d'autres coupables potentiels et que le
coupable d'origine s'avère au final trop évident qu'il faut que ça
soit quelqu'un d'autre... s'avère au final celui qui est responsable
de tout ça ! Un peu comme dans Mort
sur le Nil ou La
mystérieuse affaire de Styles !
Certes, le résultat reste bluffant : A est présumé coupable car c'est le coupable idéal, ça s'annonce comme évident que c'est lui ! Mais au final, c'est peut-être trop évident, ça doit être quelqu'un d'autre qui a fait tout ça pour rejeter la faute sur le coupable idéal, donc A n'est pas coupable, et... et... et au final, A se révèle être le vrai coupable !! Celui que l'on n'attendait pas, mais qui paraissait être d'emblée le coupable tellement c'était logique, est finalement le responsable ! L'intrigue a quand même le mérite de présenter ça différemment des autres romans qui reprennent un peu le même schéma et les révélations et les explications de l'intrigue sont bluffantes et ingénieuses, j'espère juste qu'Agatha Christie n'a pas repris le même schéma pour plusieurs de ses romans.
La
prochaine fois, je crois qu'au lieu de chercher le coupable (parce
qu'à chaque fois, je me trompe et me fait royalement menée en
bateau par Agatha
Christie),
je vais suspecter tout le monde, même les personnes présumées
innocentes, ça ne sera pas difficile, en général l'auteur fait
peser la suspicion sur pratiquement tous ses personnages
(sauf Poirot et Scotland
Yard,
qui enquêtent, et Hastings qui
lui ne serait pas capable de commettre un meurtre. Il refuse d'aller
écouter aux portes, alors assassiner quelqu'un...). Mais bon, malgré
ma petite déception, je sais qu'en prenant un Agatha
Christie,
je ne serais pas déçue et que je lirais un bon roman policier et
que je ne ne vais pas m'ennuyer. J'aime par dessus tout l'humour que
l'auteur emploie, dans sa narration ou dans les paroles de certains
personnages (ne serait-ce que l'inspecteur Japp que
je trouve parfois insupportable mais à qui je finis toujours par
pardonner, surtout que lui me fait rire avec son franc parler, il a
bien utilisé d'ailleurs dans ce roman !).
Ce
n'est pas mon roman préféré d'Agatha
Christie,
mais je dois avouer qu'à chaque fois, elle sait se moquer des
personnages, mais plus que tout, elle sait écrire et elle sait
construire des intrigues qui tiennent la route et qui parviennent à
nous surprendre lors de sa résolution, et c'est en partie pour ça
que la Dame fait partie de mes auteurs préférés ! Son héro reste
lui-même, taquin avec Hastings,
imbu de lui-même, drôle, malin comme un singe et efficace, il
résout tout et admirablement bien, c'est un personnage pour qui je
me suis véritablement attachée, si bien que j'ai du mal à le
quitter pour aller découvrir Miss Marple. Cette dernière devra, je
crois, attendre car je ne me lasse pas encore d'Hercule
Poirot,
il y a justement deux aventures du détective belge que j'espère me
procurer bientôt, il s'agit d'Une
mémoire d'éléphant et
de Meurtre
en Mésopotamie.
- Lord Edgware avait-il des ennemis ? demanda soudain Poirot.
- Absurde ! lâcha miss Carroll.
- Qu'entendez-vous par absurde, mademoiselle ?
- Des ennemis ! Les gens n'ont plus d'ennemis, de nos jours ! En tout cas, pas les Anglais !
- Et pourtant, lord Edgware a été assassiné.
- Par sa femme, dit miss Carroll.
- Une épouse ne peut pas être un ennemi... ?
- Cette histoire est tout à fait extraordinaire. je n'ai jamais entendu parler d'une chose pareille - j'entends dans notre classe sociale.
Pour miss Carroll, les crimes étaient manifestement toujours commis par les ivrognes des basses classes.
7. La secrétaire.