La Grande Illusion,
Réalisé par Jean Renoir.
108min/114min.
Sorti en 1937.
Avec : Jean Gabin, Marcel Dalio, Pierre Fresnay, Erich von Stroheim, Dita Parlo, Ia Peters, Sylvain Itkine, Werner Florian, Julien Carette...
Emprunt bibliothèque fac.
Synopsis :
En 1917, dans un camp en Allemagne, un groupe de prisonniers français, dont l'aristocrate Boëldieu, le contremaître Maréchal et le banquier juif Rosenthal, préparent une évasion. Au dernier moment, ils sont transférés dans une forteresse commandée par Von Rauffenstein, qui sympathise avec Boëldieu...
Mon avis :
Toujours pas guérie de ma dernière fixette sur le film Joyeux Noël, je fouille le net depuis des jours, dans l'espoir de trouver d'autres films, voire même livres ou sites traitant de la première guerre mondiale (ça, il y en a à foison), et plus exactement des fraternités qu'il y a eu entre les soldats à cette époque (ça, c'est moins commun), et c'est durant ces moments de recherches que j'ai entendu parler de La grande illusion, un vieux film en noir et blanc des années 1930. Fort heureusement pour moi, il n'a pas été compliqué de trouver ce film, je devrais peut-être prêter mieux attention à la DVDthèque de la bibliothèque de la fac, je pourrais peut-être tomber sur quelque chose d'aussi émouvant et intéressant que La grande illusion.
Durant la première guerre mondiale, l'avion du lieutenant Maréchal et du capitaine de Boëldieu est abattu par le commandant von Rauffenstein et le hasard veut qu'il connaisse la famille du capitaine de Boëldieu. Les deux officiers français sont envoyés dans un camp de prisonniers officiers en Allemagne où ils font la connaissance avec d'autres prisonniers français, issus de grades et de milieux sociaux différents, dont le lieutenant juif Rosenthal dont la famille est riche et gère dans les finances, le lieutenant Demolder, un amoureux des lettres, Cartier, un sergent populaire. Dans ce camp, les prisonniers vivent au rythme des avancées et reculées françaises qui perd ou gagne des positions sur le front, organisent des activités, partagent les biens et nourritures qui leur sont envoyées par les familles. Ayant bien l'intention de ne pas rester dans le camp à attendre la fin de la guerre, Boëldieu, Maréchal, Rosenthal et leurs compagnons de chambrée décident de s'échapper en creusant un tunnel, créant des diversions pour ne pas être suspectés de vouloir s'enfuir. Mais, la veille de leur évasion, on leur annonce qu'ils vont être transférés dans un autre camp. C'est ainsi qu'après de nombreuses tentatives avortées d'évasion, Boëldieu et Maréchal se retrouvent dans un camp fortifié dans une forteresse en montagne, où ils ont la surprise de découvrir qu'il est dirigé par von Rauffenstein, et de retrouver leur vieil ami Rosenthal...
Concernant l'histoire en elle-même, ce fut une excellente surprise. Peut-être devais-je avoir le préjugé, comme quoi un vieux film en noir et blanc ne peut pas être plaisant et intéressant, que nenni ! Déjà, le fait qu'il soit en noir et blanc ne m'a nullement gêné, je dirai même que ça lui donne un certain charme, comme si je découvrais un classique (et La grande illusion l'est sans doute dans le domaine du cinéma français), bien que comme il s'agit d'un vieux film, j'ai parfois eu quelques petites difficultés à comprendre certaines répliques, devant souvent baisser ou augmenter le son, et ce, malgré la remasterisation et restauration du film, comme je ne veux pas insulter le film ainsi que tous ceux qui y ont pris part, mettons ça sur le compte de mon ouïe pas toujours très fiable (si c'est pas malheureux, à mon âge...) ou alors sur le compte de mon poste télévisé xD ! Mais sinon, l'histoire en elle-même fut une bonne surprise, j'ai pris plaisir à voir ce film et à suivre l'histoire. En même temps, avec un film dit "historique" et qui plus est se situant en pleine guerre mondiale, je suis rarement insatisfaite et j'ai bien aimé suivre ces différents personnages.
La surprise dans ce film est qu'il se veut pacifiste et non-antisémite, ce qui n'est pas rien lorsqu'on lit que le film est sorti en 1937, soit deux ans avant la seconde guerre mondiale, je dirai même que c'est assez paradoxal de visionner un film pareil puis de voir ce qu'il s'est passé deux ans après sa sortie. D'ailleurs, si je crois bien comprendre mon ami Internet, la censure a été très importante au niveau de ce film, même s'il paraît qu'Hitler et Mussolini, bien qu'ayant aimé ce film, ont préféré le censuré pour des raisons bien compréhensibles, et qu'il aura plutôt connu le succès en France et aux Etats-Unis. Il est donc intéressant de voir que ce film ne s'arrête pas à la simple histoire où des prisonniers de guerre français décident de s'évader par tous les moyens et où tous les moyens sont bons pour divertir les allemands pour ne pas être surpris en flagrant délit ou être soupçonné de vouloir filer à l'anglaise (des moyens comme le cross-dressing et un spectacle avec chant, danse et claquettes ne sont donc pas à exclure, ce qui était d'ailleurs étrange à voir, dans un camp de prisonnier !), ce qui me revient un peu à dire où contrairement aux films se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, personne n'est torturé, il n'y a pas de méchants soldats allemands. Les soldats ne font ici que leur travail et restent assez courtois avec les prisonniers. Il suffit aussi de voir l'attitude de von Rauffenstein avec le capitaine de Boëldieu !
Ces deux personnages, bien qu'opposés au niveau de leur propre camp durant la guerre, s'entendent relativement bien, malgré une certaine réluctance tout d'abord chez Boëldieu, et sont courtois, il y a une bonne entente entre eux et même une certaine fraternisation, alternant l'anglais et le français durant leurs conversations. L'amitié entre ces deux personnages est vraiment l'un des aspects qui m'a le plus plu dans ce film, de voir ces personnages opposés mais se rapprochant à cause de quelques similitudes qu'ils partagent (leur appartenance à la classe aristocratique par exemple), la courtoisie et camaraderie entre les deux, malgré la guerre, les petites répliques de Boëldieu... puis surtout, le grand moment d'émotion qui m'aura bien fait chialer et donné 'a lot of feels !!!!' [spoiler] le moment où Boëldieu, après s'être sacrifié pour permettre à Rosenthal et Maréchal de s'enfuir, parle une dernière fois avec von Rauffenstein sur son lit de mort, et que von Rauffenstein coupe sa fleur de géranium, ce qui est d'autant plus marquant quand on se rappelle de sa conversation avec Boëldieu où il disait qu'il tenait à cette fleur, que c'était la seule qui tenait dans cette grande forteresse où rien ne poussait ou ne tenait. La musique n'a rien arrangé, avec ces mélodies douces et tristes, j'ai craqué, j'ai bien pleuré et j'ai du me passer de l'eau froide sur la figure pour calmer ça ! [/spoiler] Il semblerait que ce film soit aussi bon que Joyeux Noël pour me faire ressentir autant d'émotion en une seule scène !
Un film pacifiste donc, illustré par la relation Boëldieu/Rauffenstein et celle de Maréchal avec la jeune veuve allemande qui va le recueillir, lui et Rosenthal, après leur évasion, (et sa petite fille, Lotte, est juste craquante quoi !), et où Maréchal essaye de parler un peu allemande et la femme, Elsa, le français. Film aussi non antisémite puisque l'un des principaux personnages est Rosenthal, un lieutenant juif, qui n'est pas du tout maltraité et reste un personnage bien sympathique ! C'est également un film qui décrit un peu les grandes différences entre diverses classes sociales avec une aristocratie qui s'attache à ses anciennes traditions et qui vit toujours dans un monde archaïque, les conversations entre Boëldieu et von Rauffenstein illustrent bien ce monde archaïque mais auquel ils tiennent, malgré son déclin plus qu'évident et à travers les propos de Maréchal sur Boëldieu qui aura cette réplique disant que s'il appréciait beaucoup Boëldieu, ce n'était pas toujours facile avec lui car les deux viennent de mondes différents, Maréchal étant un "titi parisien" si je me souviens du terme. C'est quelqu'un de dégourdi, de franc, de naturel, qui vient des classes populaires tandis que Boëldieu est droit, ferme, parfois d'allure sévère, on sent bien son appartenance à l'aristocratie.
Sans être un film époustouflant chez moi, ce film reste néanmoins un beau film, avec de l'humour, de l'humanité, qui évoque très bien la solidarité, la loyauté, l'espoir (de s'évader), la persévérance (les personnages qui continuent toujours d'essayer de s'évader et de tenir, malgré tout), de la bravoure aussi (le sacrifice de Boëldieu pour Maréchal et Rosenthal, les prisonniers français qui se mettent à chantonner la Marseillaise à l'annonce d'une victoire française... et ce, face à des spectateurs allemands !), qui m'aura permis de découvrir de bons acteurs tels que Jean Gabin ou Pierre Fresnay (je ne dirais pas non à découvrir un film de ces acteurs !) ... Bref, une belle découverte !
Durant la première guerre mondiale, l'avion du lieutenant Maréchal et du capitaine de Boëldieu est abattu par le commandant von Rauffenstein et le hasard veut qu'il connaisse la famille du capitaine de Boëldieu. Les deux officiers français sont envoyés dans un camp de prisonniers officiers en Allemagne où ils font la connaissance avec d'autres prisonniers français, issus de grades et de milieux sociaux différents, dont le lieutenant juif Rosenthal dont la famille est riche et gère dans les finances, le lieutenant Demolder, un amoureux des lettres, Cartier, un sergent populaire. Dans ce camp, les prisonniers vivent au rythme des avancées et reculées françaises qui perd ou gagne des positions sur le front, organisent des activités, partagent les biens et nourritures qui leur sont envoyées par les familles. Ayant bien l'intention de ne pas rester dans le camp à attendre la fin de la guerre, Boëldieu, Maréchal, Rosenthal et leurs compagnons de chambrée décident de s'échapper en creusant un tunnel, créant des diversions pour ne pas être suspectés de vouloir s'enfuir. Mais, la veille de leur évasion, on leur annonce qu'ils vont être transférés dans un autre camp. C'est ainsi qu'après de nombreuses tentatives avortées d'évasion, Boëldieu et Maréchal se retrouvent dans un camp fortifié dans une forteresse en montagne, où ils ont la surprise de découvrir qu'il est dirigé par von Rauffenstein, et de retrouver leur vieil ami Rosenthal...
De gauche à droite : Rosenthal, Maréchal et Boëldieu. |
La surprise dans ce film est qu'il se veut pacifiste et non-antisémite, ce qui n'est pas rien lorsqu'on lit que le film est sorti en 1937, soit deux ans avant la seconde guerre mondiale, je dirai même que c'est assez paradoxal de visionner un film pareil puis de voir ce qu'il s'est passé deux ans après sa sortie. D'ailleurs, si je crois bien comprendre mon ami Internet, la censure a été très importante au niveau de ce film, même s'il paraît qu'Hitler et Mussolini, bien qu'ayant aimé ce film, ont préféré le censuré pour des raisons bien compréhensibles, et qu'il aura plutôt connu le succès en France et aux Etats-Unis. Il est donc intéressant de voir que ce film ne s'arrête pas à la simple histoire où des prisonniers de guerre français décident de s'évader par tous les moyens et où tous les moyens sont bons pour divertir les allemands pour ne pas être surpris en flagrant délit ou être soupçonné de vouloir filer à l'anglaise (des moyens comme le cross-dressing et un spectacle avec chant, danse et claquettes ne sont donc pas à exclure, ce qui était d'ailleurs étrange à voir, dans un camp de prisonnier !), ce qui me revient un peu à dire où contrairement aux films se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, personne n'est torturé, il n'y a pas de méchants soldats allemands. Les soldats ne font ici que leur travail et restent assez courtois avec les prisonniers. Il suffit aussi de voir l'attitude de von Rauffenstein avec le capitaine de Boëldieu !
Ces deux personnages, bien qu'opposés au niveau de leur propre camp durant la guerre, s'entendent relativement bien, malgré une certaine réluctance tout d'abord chez Boëldieu, et sont courtois, il y a une bonne entente entre eux et même une certaine fraternisation, alternant l'anglais et le français durant leurs conversations. L'amitié entre ces deux personnages est vraiment l'un des aspects qui m'a le plus plu dans ce film, de voir ces personnages opposés mais se rapprochant à cause de quelques similitudes qu'ils partagent (leur appartenance à la classe aristocratique par exemple), la courtoisie et camaraderie entre les deux, malgré la guerre, les petites répliques de Boëldieu... puis surtout, le grand moment d'émotion qui m'aura bien fait chialer et donné 'a lot of feels !!!!' [spoiler] le moment où Boëldieu, après s'être sacrifié pour permettre à Rosenthal et Maréchal de s'enfuir, parle une dernière fois avec von Rauffenstein sur son lit de mort, et que von Rauffenstein coupe sa fleur de géranium, ce qui est d'autant plus marquant quand on se rappelle de sa conversation avec Boëldieu où il disait qu'il tenait à cette fleur, que c'était la seule qui tenait dans cette grande forteresse où rien ne poussait ou ne tenait. La musique n'a rien arrangé, avec ces mélodies douces et tristes, j'ai craqué, j'ai bien pleuré et j'ai du me passer de l'eau froide sur la figure pour calmer ça ! [/spoiler] Il semblerait que ce film soit aussi bon que Joyeux Noël pour me faire ressentir autant d'émotion en une seule scène !
De gauche à droite, le personnage du capitaine de Boëldieu, incarné par Pierre Fresnay, et le commandant von Rauffenstein, joué par Erich von Stroheim. |
Un film pacifiste donc, illustré par la relation Boëldieu/Rauffenstein et celle de Maréchal avec la jeune veuve allemande qui va le recueillir, lui et Rosenthal, après leur évasion, (et sa petite fille, Lotte, est juste craquante quoi !), et où Maréchal essaye de parler un peu allemande et la femme, Elsa, le français. Film aussi non antisémite puisque l'un des principaux personnages est Rosenthal, un lieutenant juif, qui n'est pas du tout maltraité et reste un personnage bien sympathique ! C'est également un film qui décrit un peu les grandes différences entre diverses classes sociales avec une aristocratie qui s'attache à ses anciennes traditions et qui vit toujours dans un monde archaïque, les conversations entre Boëldieu et von Rauffenstein illustrent bien ce monde archaïque mais auquel ils tiennent, malgré son déclin plus qu'évident et à travers les propos de Maréchal sur Boëldieu qui aura cette réplique disant que s'il appréciait beaucoup Boëldieu, ce n'était pas toujours facile avec lui car les deux viennent de mondes différents, Maréchal étant un "titi parisien" si je me souviens du terme. C'est quelqu'un de dégourdi, de franc, de naturel, qui vient des classes populaires tandis que Boëldieu est droit, ferme, parfois d'allure sévère, on sent bien son appartenance à l'aristocratie.
Sans être un film époustouflant chez moi, ce film reste néanmoins un beau film, avec de l'humour, de l'humanité, qui évoque très bien la solidarité, la loyauté, l'espoir (de s'évader), la persévérance (les personnages qui continuent toujours d'essayer de s'évader et de tenir, malgré tout), de la bravoure aussi (le sacrifice de Boëldieu pour Maréchal et Rosenthal, les prisonniers français qui se mettent à chantonner la Marseillaise à l'annonce d'une victoire française... et ce, face à des spectateurs allemands !), qui m'aura permis de découvrir de bons acteurs tels que Jean Gabin ou Pierre Fresnay (je ne dirais pas non à découvrir un film de ces acteurs !) ... Bref, une belle découverte !
La Grande Illusion - Affiche. |
coucou Marion
RépondreSupprimerj'ai déjà eu l'occasion de le voir à la télé
c'est un bon film .
bientôt la reprise à la fac pour toi ?
bises et A+ du troubadour Emmanuel
Un bon film en effet, je regrette de ne pas l'avoir découvert plus tôt !
SupprimerJ'ai repris la fac le 9 septembre en fait, ce semestre vient à peine de commencer que je sens que ça va être un vrai marathon... j'espère y survivre, je voudrais bien faire archéologie comme prévu au semestre suivant !
J'espère que tu vas bien, et que le mauvais temps et le froid ne t'ont pas déprimé, comme ça peut arriver. Il paraît qu'on aura bientôt du beau temps... reste à voir !
Bises et a+
Un autre film que j'ai vu ! :D Je l'ai regardé dans le cadre d'un cours sur l'Histoire du cinéma. C'est un des films que j'ai les plus apprécié. La scène du bureau avec Boëldieu et von Rauffenstein est celle que j'ai dû analyser pour le partiel. ^^
RépondreSupprimerComme tu le dis à la fin, ce film brasse plein de sentiments. J'ai aussi aimé que tous les personnages soient si différents mais parviennent à créer des liens d'amitié.
Si tu recherches des films en noir et blanc, j'ai beaucoup aimé Les Quatre Cents Coups de Truffaut.
:D tu l'as vu toi-aussi ? Mais dis-moi, tu fais quoi comme études pour avoir cours sur l'Histoire du cinéma ? J'étudie à la fac d'Arras et je sais que les étudiants en seconde année d'Histoire, au semestre 4, pouvaient avoir ce cours selon le parcours qu'ils prenaient et selon les options, mais je me demande si on retrouve ce genre de cours dans d'autres "cadres" d'études...
SupprimerOui, j'ai aussi beaucoup aimé cet aspect-là, toute cette camaraderie entre tous ces différents personnages, les moments les plus drôles ont eu lieu dans la première prison quand ils étaient tous ensembles. Finalement, pour une prison, la vie n'avait pas l'air d'être si terrible que ça pour eux, c'était plus, je crois, le sentiment patriotique qui les obligeaient à s'évader.
Merci pour la recommandation :)
J'ai fait Lettres Modernes mais c'était dans le cadre d'une option. On avait une UE à choisir dans n'importe quel domaine et j'ai pris celle-ci. Si c'était intéressant, ça demandait beaucoup de travail et de temps (5 feuilles par cours...) pour voir tous les films.
RépondreSupprimerAh d'accord, c'est une option qui a l'air d'être intéressante ! Je me demande quels films vous avez bien pu étudier dans cette option, mis à part "La grande illusion".
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