lundi 30 septembre 2013

Les Misérables - Victor Hugo.



Pour aller plus loin :








Emprunt bibliothèque fac.





Quatrième de couverture :

Le destin de Jean Valjean, forçat échappé du bagne, est bouleversé par sa rencontre avec Fantine. Mourante et sans le sou, celle-ci lui demande de prendre soin de Cosette, sa fille confiée aux Thénardier. Ce couple d’aubergistes, malhonnête et sans scrupules, exploitent la fillette jusqu’à ce que Jean Valjean tienne sa promesse et l’adopte. Cosette devient alors sa raison de vivre. Mais son passé le rattrape et l’inspecteur Javert le traque

Mon avis :

Petite précision avant tout concernant la quatrième de couverture, le roman ce n'est pas que l'histoire de Cosette et de Jean Valjean, et si vous croyez dur comme fer que Javert est le méchant de l'histoire, on ne peut pas être ami. Les Misérables, ça suit plusieurs tranches de vie de divers personnages qui vont, qui viennent, qui partent, qui restent ; c'est une peinture réaliste du Paris du début du XIXe siècle et de la société française de l'époque avec ses hauts, ses bas, ses richesses, ses beautés, ses injustices, c'est une part d'âme que l'auteur a laissé et écrit. C'est un classique incontournable de la littérature française.

Poussée par le fandom, j'ai eu, ces derniers temps, la curiosité de découvrir ce classique alors que je ne m'y attendais pas, que je ne pensais pas attaquer un classique (un "gros" classique qui plus est) de sitôt après Le comte de Monte-Cristo lu cet été.
Les Misérables, on peut dire que c'est ma véritable grande approche de l'oeuvre de Victor Hugo. Après avoir commencé petit il y a des années, au lycée, avec Claude Gueux et Le dernier jour d'un condamné, je me suis attaquée ici à un pavé plus impressionnant. 1600 pages pour mon édition qui était une édition intégrale ! Et si j'avais hâte, surtout vers la fin, de terminer enfin ce gros pavé, je dois dire que les personnages vont me manquer...


Victor Hugo.
Je crois que vous l'avez compris, j'ai aimé ma lecture, mais je dois avouer que lire Les Misérables, c'est un peu devoir s'armer de patience ; pas forcément parce que c'est un gros pavé, mais parce que certaines parties - surtout les quatre premières - sont descriptives, et il ne se passe pas grand chose. Pour ne donner qu'un exemple, l'auteur consacre au moins dix chapitres, si ce n'est plus, au personnage de l'évêque de Digne qui - même s'il est un personnage intéressant, amusant et l'image qu'on aimerait tous se faire de l'homme religieux idéal (alias bon, généreux, souriant, pieux, pardonne, n'est ni dur, sévère ou corrompu) - peut parfois lasser au bout d'un temps et pourtant j'ai adoré le personnage de l'évêque, sans compter qu'il a joué un rôle important dans la vie de Jean Valjean, l'un des personnages principaux de l'oeuvre.


L'auteur nous consacre parfois de longs chapitres pour parler d'un personnage, pour nous peindre le tableau social/politique/religieux/tout ce que vous voulez de la France, et surtout du Paris du XIXe siècle. Une vraie fresque d'histoire (on passe de Napoléon, à la Restauration jusqu'à l'époque des révolutions de 1830), de politique, de la société française de la première moitié du XIXe siècle, il nous parle beaucoup de Paris aussi (il a même consacré quelques chapitres aux égouts de Paris, c'est pour dire, mais ces égouts vont jouer un rôle dans l'histoire) et le décrit même plutôt bien, on a vraiment l'impression de vivre dans ce lieu, à cette époque. On évolue dans ce Paris, dans cette société française coincée entre une Restauration finissante et une monarchie de Juillet condamnée. Sans être vraiment un roman historique à proprement parler, les événements historiques tiennent une grande place dans le roman et les moments les plus marquants sont relatés dans ce roman (on a plusieurs chapitres consacrés à la bataille de Waterloo, aux barricades de l'insurrection de l'enterrement du général Lamarque...). Donc Victor Hugo décrit presque tout et bien (je dis presque tout... je n'aurais pas été contre à ce qu'il nous en révèle un peu plus sur certains personnages... dont Javert), à un point où ça peut paraître long, affreusement long, et j'ai un peu honte d'avouer que j'ai sauté plusieurs pages tellement je n'en voyais pas la fin. Quelques fois, je prenais mon mal en patience.

Plus que ça, l'auteur se fait omniprésent dans cette oeuvre, c'est également pour cela que j'ai écrit que Victor Hugo avait probablement laissé une partie de lui-même enfouie dans ce livre. Les choses qu'il raconte, les thèmes qu'il aborde sont indissociables de l'auteur et montrent sans doute ce qu'Hugo pense, ses convictions sur la politique, la société française... on retrouve bien-sûr un thème cher à Hugo : la condamnation de la prison, de la peine de mort, l'éducation des hommes qui favoriserait mieux l'homme dans la vie, dans la société et qui permettrait de moins remplir les prisons car un homme instruit vit mieux et vit sans délinquance  que ce n'est pas l'homme qui est mauvais, qui devient mauvais de lui-même, c'est la société qui le façonne ainsi. L'image du père et du grand-père est aussi très présente avec Jean Valjean et le grand-père Gillenormand. Jean Valjean qui découvre l'amour paternel en prenant soin de Cosette, ils se découvrent, apprennent à s'aimer, découvrent chez l'un et l'autre une soif, un besoin d'amour, de contact. Valjean change avec Cosette, il apprend à être un père. Les chapitres avec eux sont d'ailleurs très touchants, il y a ce passage que j'aime beaucoup :

La nature, cinquante ans d’intervalle, avaient mis une séparation profonde entre Jean Valjean et Cosette ; cette séparation, la destinée la combla. La destinée unit brusquement et fiança avec son irrésistible puissance ces deux existences déracinées, différentes par l’âge, semblables par le deuil. L’une en effet complétait l’autre. L’instinct de Cosette cherchait un père comme l’instinct de Jean Valjean cherchait un enfant. Se rencontrer, ce fut se trouver. Au moment mystérieux où leurs deux mains se touchèrent elles se soudèrent. Quand ces deux âmes s’aperçurent, elles se reconnurent comme étant le besoin l’une de l’autre et s’embrassèrent étroitement.
(Livre quatrième - La masure Gorbeau ; chp.III : Deux malheurs mêlés font du bonheur)

Il y a aussi le grand-père Gillenormand envers Marius, le vieux a beau être parfois dur, sévère, très axé sur ses convictions politiques et a beau avoir fait des choix que l'on peut voir comme froids (je pense au père de Marius qui m'aura vraiment brisé le cœur), il tient sincèrement à Marius, cela se voit dans le chapitre où il est au chevet de Marius. Le point fort de l'oeuvre aura aussi été les personnages, j'aimerais tous vous les présenter mais ils sont nombreux, je crois que je ne parlerais que de ceux qui m'ont marqué, à commencer par Jean Valjean : condamné à 19 ans de prison pour avoir volé du pain pour nourrir sa famille (jusque là, il a un destin similaire à celui de Claude Gueux) et pour avoir tenté de s'échapper quatre fois, il est remis en liberté mais sans cesse jeté à la porte parce qu'il est un ancien forçat. Écœuré par sa propre noirceur, sa rencontre avec l'évêque de Digne marque le commencement de sa rédemption, de sa volonté de changer, car la générosité de cet évêque va l'inciter à devenir un homme meilleur. Sa rédemption est très touchante et frappante, il devient un autre homme mais est sans cesse rattrapé par son passé. Il saura pourtant prouver qu'il a changé, que cet ancien forçat est un homme bon, secourable, généreux, doux... avec une légère tendance au martyr !

Vient ensuite l'inspecteur Javert. Inspecteur de police, il est sans cesse à la recherche de Jean Valjean. Son devoir, c'est la loi, la justice, il l'applique bien mais parfois avec excès, il ne vit que pour les lois. N'allez pourtant pas croire que c'est le méchant de l'histoire ! Il n'a pas eu une vie facile et croit que la justice est juste, est bonne, qu'elle ne peut pas se tromper. A part cela, c'est un excellent inspecteur, il est intelligent, rapide, rusé, n'a pas froid aux yeux. A l'instar du commissaire Vauvert dans L'enfant des cimetières, Javert m'a paru comme étant impayable, terrible, inimitable. Il est sarcastique aussi, sassy comme diraient les anglophones, il suffit de lire le chapitre où il est face aux Thénardier et au gang de criminels Patron-Minette, et où il lance à une Madame Thénardier qui le menace avec une brique : "la mère ! tu as de la barbe comme un homme mais j'ai des griffes comme une femme !". Il prouve aussi vers la fin qu'il n'est pas fermé d'esprit, à vrai dire, toute son existence va s'en retrouver chamboulée lorsqu'il aura la preuve que Valjean a bel et bien changé, que le monde n'est pas noir et blanc, et la lettre qu'il poste avant [ qu'il ne se suicide ] qui est en fait une liste de recommandation pour rendre la vie des prisonniers un peu moins misérables, pour corriger aussi le comportement peu tolérable de certaines forces de l'ordre. Le chapitre Javert déraillé est vraiment quelque chose, tout le conflit qui règne chez cet homme ! Je me suis vraiment attachée à Javert, même si je n'ai pas approuvé tout ce qu'il a fait (je pense notamment à l'épisode avec Fantine), et ce, malgré son obsession pas toujours très nette envers Jean Valjean :


Vingt fois, quand il était dans cette voiture face à face avec Jean Valjean, le tigre légal avait rugi en lui. Vingt fois, il avait été tenté de se jeter sur Jean Valjean, de le saisir et de le dévorer, c’est-à-dire de l’arrêter
(Livre cinquième : Jean Valjean ; chp.IV : Javert déraillé) 

Outre Javert et Valjean, nous assistons aux malheurs de Fantine, prête à tout pour donner tout ce qu'elle a pour sa fille ; nous avons les Amis de l'ABC avec Pretty Face alias Enjolras, à la fois un Saint-Just et un Robespierre et leader du groupe ; Grantaire, prêt à tout pour Enjolras qui, lui, passe son temps à douter de lui ; Courfeyrac ; Combeferre qui est un peu la figure intellectuelle et philosophe du groupe ; le jeune Gavroche, Bossuet, Jean Prouvaire et autres qui se préparent à la révolution (d'ailleurs, les chapitres avec la barricade sont spectaculaires !), j'ai aimé la façon de l'auteur de nous les présenter, je me suis beaucoup attachée à eux. Vient ensuite Marius, l'amoureux transi qui se trouve presque malgré lui au cœur des insurrections de juin 1835, il y a la jeune Cosette, il y a le couple sans scrupules des Thénardier... beaucoup de personnages donc, tous très bien fouillés, et qui, à un moment ou à un autre, sont ou seront ce qu'il convient d'appeler "un misérable", de différentes manières : socialement, politiquement, sentimentalement, financièrement...

Je ne vais pas m'attarder davantage sur ce roman, je n'ai pas tout dit mais il vaut mieux que je m'arrête là, sinon cet article risque de s'avérer plus long que prévu. Tout ça pour dire que malgré les longueurs et la patience dont il faut s'armer pour tout lire, Les Misérables est un bon classique, un très bon classique, avec des personnages tous les plus intéressants les uns que les autres, très bien racontés, très bien fouillés. Victor Hugo écrit très bien, il a une manière très humaine de raconter les émotions humaines, les relations humaines, il nous peint avec réaliste le Paris et la France de la première moitié du XIXe siècle, une véritable fresque historique, sociale, politique. Les descriptions qu'il nous offre sont puissantes, comme un mélange grandiose entre Histoire et Humanité. Les développements sur la psychologie et la nature humaine sont avant-gardistes... bref, un roman prenant qui place le lecteur devant sa propre humanité. J'ai beaucoup aimé ce roman et je retenterai sans hésiter une autre oeuvre de Victor Hugo un jour !



Image tirée de la dernière adaptation en date des Misérables.



Extrait :

Il achevait à peine qu’un effroyable fracas ébranla la boutique. Une vitre de la devanture venait de s’étoiler brusquement. Le perruquier en devint blême.
_ Ah Dieu ! cria-t-il, c’en est un !
_ Quoi ?
_ Un boulet de canon.
_ Le voici, dit le soldat.
Et il ramassa quelque chose qui roulait à terre. C’était un caillou.
Le perruquier courut à la vitre brisée et vit Gavroche qui s’enfuyait à toutes jambes vers le marché Saint-Jean. En passant devant la boutique du perruquier, Gavroche […] n’avait pu résister au désir de lui dire bonjour, et lui avait jeté une pierre dans ses carreaux.
_ Voyez-vous ! hurla le perruquier qui de blanc était devenu bleu, cela fait le mal pour le mal. Qu’est-ce qu’on lui a fait à ce gamin-là ?

Chapitre 3 : Juste indignation d'un perruquier. (Livre onzième : L'atome fraternise avec l'ouragan)

3 commentaires:

  1. bien le bonjour Marion
    ah voilà un grand classique de la littérature "les misérables" et un grand auteur monsieur Hugo.
    bises et A+ du troubadour Emmanuel

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  2. hello Marion
    oh temps gris aujourd'hui , va falloir s'habituer petit à petit au changement de températures et saisons nouvelles à venir. en espérant que tu vas bien, un poètique coucou par ici, bises et A+ du troubadour Emmanuel

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    1. Coucou !

      Désolée de répondre en retard, je suis prise par la fac, cette année d'étude se révèle plus chargée que la précédente et je profite de ma semaine de congé pour te répondre et pour mettre à jour ce blog. Je dois continuer mon travail imposé par la fac, mais je trouve quand même le temps d'écrire quelques posts pour ce blog, j'en ai encore un ou deux à terminer et à poster pour ce mois-ci.

      J'espère que tu vas bien et que tu n'es pas trop perturbé par le changement d'heure, on passe par là deux fois tous les ans, mais j'ai parfois du mal à m'y habituer. On dort une heure en plus, mais le temps paraît plus long et il fait nuit rapidement ! On sent bien la fin de l'été... surtout niveau température. On a eu un mois d'octobre plutôt doux mais les températures commencent déjà à changer.

      Bises et a+ :)

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