Alexandre/Alexander
Réalisé par Oliver Stone
Durée : 2h50min
Sorti en 2004 (USA) / 2005 (FR)
Avec : Colin Farrell (Alexandre), Angelina Jolie (Reine Olympias), Jared Leto (Héphaïstion), Anthony Hopkins (Ptolémée âgé), Val Kilmer (Philippe II de Macédoine), Rosario Dawson (Roxanne), Gary Stretch (Cleitos), Rory McCann (Cratère), Francisco Bosch (Bagoas), Jonathan Rhys-Meyers (Cassandre), Robert Earley (Ptolémée jeune), Christopher Plummer (Aristote), ...
Synopsis :
Roi à 20 ans, chef de guerre redoutable, Alexandre le Grand chercha à étendre son empire au-delà des limites du monde connu. mais, trahi par ses passions et par ses hommes, celui qui voulut être l'égal des dieux courut autant vers sa chute que vers la gloire...
Mon avis :
Je me suis découvert un certain amour pour les péplums, et ce mois-ci c'est sur le film d'Oliver Stone, Alexandre, que j'ai jeté mon dévolu. Ce film représente surtout un véritable défi, la vie d'Alexandre le Grand est riche, remplie, exceptionnelle et c'est difficile de représenter tout ce que fut sa vie – tant au niveau personnel, politique et militaire – en quelques heures et le personnage en lui-même ! La version cinéma représente déjà 2h50min à elle toute seule, alors que la version longue et entièrement remontée par Oliver Stone dure 3h24 environ, j'ai pourtant visionné les deux et en ai tiré un grand plaisir !
La vie d'Alexandre le Grand est exceptionnelle. On le dit fils de Zeus, descendant d'Achille. Prince de Macédoine, il est tiraillé entre un père qui le dit faible et une mère qui le met au rang de dieu, il est placé sous l'enseignement du philosophe Aristote, et apprend la lutte avec le Spartiate Léonidas, avec ceux qui seront ses compagnons toute sa vie et participeront à ses campagnes militaires : Héphaïstion, son meilleur ami et supposé amant, Ptolémée, Cassandre, Perdiccas, Philotas... Devenu roi à 20 ans et rêvant d'étendre l'empire de Macédoine, Alexandre fera des campagnes militaires extraordinaires à travers de nombreuses contrées pour étendre son empire au-delà des limites du monde connu, cherchant également à mélanger les civilisations pour qu'elles ne forment plus qu'une seule civilisation unie, entre Grecs et Barbares...
Ptolémée, incarné par Anthony Hopkins. |
Je ne vais pas raconter sa vie, des livres et internet le feront mieux à ma place, toujours est-il qu'Alexandre est un personnage complexe et sans doute charismatique et il a eu des rêves de grandeur et de conquête dont sa propre personne n'a pas survécu puisqu'il meurt à l'âge de 32 ans en 323 av JC. Une vie courte mais bien remplie. Oliver Stone nous offre une fresque historique intéressante. Alexandre est vu à la fois comme une légende mais aussi comme un homme, parfois dépassé par sa propre gloire, pouvant être généreux et violent et j'ai beaucoup aimé cet aspect du film. Oliver Stone nous montre le côte très humain de cette légende. On le découvre enfant, tiraillé entre ses deux parents, avec un père qui le croit faible et une mère qui le pousse au rang de divin, adolescent et adulte. C'est un homme capable du meilleur comme du pire. Il est très tendre avec Héphaïstion, son ami d'enfance, son général et meilleur ami et supposé amant, ils partagent des scènes de complicité très touchantes. Mais Alexandre est aussi un roi à la fois généreux et cruel, c'est quelqu'un au sang chaud. Comme son père, il ne maîtrise plus ses actions quand il boit et il buvait beaucoup, or il est violent et ne se domine plus quand le vin lui monte à la tête.
Mais ce film nous montre aussi Alexandre, le prince raffiné, intellectuel, amateur d'épopée, parfois ombrageux et paranoïaque quand on remet en cause son autorité. C'est également un génie militaire, très proche de ses compagnons d'armes. Colin Farrell a endossé ce rôle à la perfection, il fait un Alexandre tout à fait convainquant. Angelina Jolie, que j'imaginais mal jouer un rôle féminin convainquant, a réussi à me convaincre dans son rôle de la reine d'Olympias, mère d'Alexandre, et après réflexions, ce rôle lui va bien, je ne vois personne d'autre qu'elle jouer Olympias, la terrible reine que l'on dit magicienne, proche des Dieux, très (trop) protectrice de son fils qu'elle couve comme un serpent. Elle a même adopté un accent pour le film que je trouve adorable. Par contre, j'ai été surprise au départ de voir Anthony Hopkins jouer le rôle d'un Ptolémée âgé, mais il est surtout présent en tant que narrateur et on le voit surtout en début puis fin de film.
C'est cependant davantage un péplum psychologique qu'Oliver Stone nous présente : il s'agit de comprendre le personnage d'Alexandre, comment il est arrivé à faire ce qu'il a fait et, si possible, comprendre son ascension... et sa chute. Il y a un vrai parallèle avec les mythes et les enseignements d'Aristote : rares sont les hommes et les héros qui ont accédé à la gloire sans en payer le prix. Alexandre, qui se montrait comme égal d'Achille et descendant de Zeus, qui a cherché à aller plus loin que n'importe qui, a fini par sombrer par excès, par passion. Cela a causé la perte d'Achille. Sans doute est-ce pour cela aussi que les relations entre Alexandre et Héphaïstion sont montrées de façon chaste, subjectives. Aristote disait qu'une relation basée sur l'entente, l'harmonie, sans sombrer à la passion et les excès pouvait prétendre à atteindre la perfection et comme Alexandre compare parfois Héphaïstion à Patrocle, ami et supposé amant d'Achille... peut-être Alexandre ne voulait-il pas gâcher sa relation avec son ami en cédant à la passion.
On peut reprocher à ce film des longueurs, et le film ne suit pas l'histoire d'Alexandre de façon linéaire. Passé, présent et futur s'entremêlent et peuvent donner un aspect plutôt désordonné du film mais je trouve plutôt que ça dynamisme le film et forme un ensemble cohérent. Les scènes de batailles sont impressionnantes mais longues : la bataille de Gaugamèles par exemple, on se perd en action, il y a aussi la bataille en Asie, plus impressionnante mais attention aux âmes sensibles, le sang coule davantage et un soldat macédonien se fait, à un moment, écraser par un éléphant et ce n'est pas joli à voir. Des scènes parfois crues sont donc présentes dans ce film, et surtout dans la version longue, avec la nuit de noce d'Alexandre avec la sauvage Roxanne, une scène où Alexandre est nu au lit avec son eunuque, Bagoas..., au contraire, ses relations avec Héphaïston, que l'on suppose d'être son amant, sont montrées avec pudeur mais on voit bien les liens forts qui unissent les deux hommes (« Il n'y a que toi au monde que j'aime, Héphaïstion » haaaaa) Je ne vais pas être objective : je préfère largement la version revisitée à la version cinéma. La version revisitée est certes plus longue mais elle est plus prenante, plus proche des personnages, plus cohérente, avec un meilleur montage.
D'ailleurs, le réalisateur a vraiment soigné son film, ça se voit, ça se ressent. On a beaucoup de paysages superbes, de la Macédoine hellénisée à l'Orient, plus sauvage mais raffiné et riche, Babylone richement reconstituée. Des décors naturels grandioses, de magnifiques reconstitutions des palais orientaux, des costumes somptueux, une musique qui accompagne bien le film, un bon casting, un soucis du réalisme et enfin es effets spéciaux pour servir le film et pas en mettre plein la vue !
L'ordre des scènes n'est plus le même dans la version revisitée. C'est d'ailleurs celle-ci que je possède chez moi et que j'ai commandé, un coffret pas cher pour ce qu'il propose : un premier CD contient la version revisitée, plus longue et disponible uniquement en VOSTFR, on retrouve dans le second CD la version cinéma disponible en VF ou VO/VOSTFR et un troisième CD propose quelques bonus : interview du réalisateur et de quelques acteurs (les principaux, j'ai regretté de ne pas avoir trouvé d'interview de Jared Leto qui interprète Héphaïstion, il aurait pu raconter plein de chose sur ce discret mais ô combien important personnage et sa relation avec Alexandre, huhu), le making-off du film et un documentaire historique de 50m sur Alexandre le Grand.
Pour terminer cet avis qui commence à se faire long, Alexandre fut pour moi une belle découverte, d'autant plus que je voulais découvrir ce personnage historique depuis longtemps, j'ai beaucoup aimé découvrir ce péplum qui se révèle psychologique mais pas dénué d'intérêt ou d'action pour autant ! je ne pense cependant pas que ce film, et surtout la version cinéma, pourraient plaire à tous, il y a des longueurs, ce film se veut surtout dans l'optique de comprendre le personnage, et le fait de montrer la vie d'Alexandre en entremêlant passé, présent et futur peut en déconcerter et agacer certains...
oublie ma question sur mon blog, j'ai la réponse sur ton article... ;)
RépondreSupprimerje n'ai malheureusement pas vu cette version longue mais je comprends ce que tu veux dire car il m'était advenu la même chose avec Kingdom for Heaven de Ridley Scott...
pour en revenir à Alexandre, j'ai bien aimé que le réalisateur ne cache rien de ses défauts, et les expose au même titre que ses qualités, laissant ainsi le spectateur se faire son propre jugement...
comme mon personnage préféré est Philippe de Macédoine, j'attendais les scènes avec Val Kilmer avec impatience... j'ai d'ailleurs adoré la composition de l'acteur...
bref, ce film fut pour moi une belle découverte... et j'aime le revisionner de temps à autre... ;)
quand j'étais petite, j'avais vu la version avec Richard Burton ! :)
ps: si tu veux, tu peux comptabiliser ce billet pour le challenge grec...
J'espère que tu auras l'occasion de voir cette version un jour, elle est très intéressante à voir et plus cohérente. Comme toi, j'ai aussi aimé que le réalisateur ne cache rien des défauts d'Alexandre, il est présenté comme un homme, avec ses qualités et ses défauts, et pas seulement comme étant un grand conquérant. C'est intéressant de voir peint, derrière ce grand conquérant, un homme tout simplement, mais quel homme, un homme qui est allé au delà des autres de par ses rêves et ambitions.
SupprimerJe ne savais pas que je pouvais le compter pour le challenge, j'avais des doutes car ça se passe davantage en Macédoine qu'en Grèce (mais la Macédoine est comme une partie de la Grèce me diras-tu... enfin, j'imagine), en tout cas merci de me prévenir, je vais le rajouter au challenge :)
il est vrai que la Macédoine était considérée comme Barbare par les Grecs de l'Antiquité mais comme l'époque hellénistique découle des expansions territoriales d'Alexandre, soyons fous ! ;)
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