Au cœur des Carpates dans le sombre château de Brankovan, les princes Grégoriska et Kostaki s'affrontent pour conquérir la belle Hedwige. 

Or Kostaki est un vampire qui revient chaque nuit assouvir sa soif de sang auprès de la jeune femme devenue l'objet d'une lutte sans merci entre les deux frères. 

Une étrange histoire pleine de romantisme et de fantastique où l'angoisse le dispute au romanesque...


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D'Alexandre Dumas, je connaissais ses mousquetaires et son comte de Monte-Cristo, mais j'ignorais qu'il avait également valsé avec les vampires.


La Dame Pâle est une histoire courte qui nous plonge dans les Carpates du XIXe siècle. Cette histoire, c'est celle d'Hedwige, une jeune noble qui quitte sa Pologne natale lorsqu'elle est en guerre contre la Russie, dans l'espoir de traverser les monts Carpates pour rejoindre un monastère qui saura l'héberger et lui offrir sécurité. C'est malheureusement dans une région infestée de brigands que son convoi traverse et qui se retrouve attaqué par des bandits. Hedwige ne doit son salut qu'à l'intervention de Grégoriska, prince héritier d'une ancienne et noble famille, celle des Brankovan. Ce dernier lui offre l'hospitalité au sein de son château où vivent sa mère et son demi-frère, Kostaki. Les deux jeunes gens ne tardent pas à s'éprendre l'un de l'autre et coulent des jours heureux... jusqu'à ce que, chaque nuit, Hedwige ne soit témoin d'événements étranges qui la laissent faible et pâle le lendemain.


Bien-sûr, dès qu'on parle de Carpates dans une histoire fantastique, on sait généralement à quoi s'attendre ! Le lecteur du XXIe siècle ne s'étonnera donc pas de voir un vampire pointer le bout de son nez... ou de ses canines dans l'histoire, bien que le vampire en question arrive assez tardivement dans l'histoire, se faisant attendre pour vraiment arriver qu'en dernière partie de l'histoire ! Cependant, il faut garder à l'esprit que la figure du vampire était beaucoup moins connue à l'époque de Dumas et que ce dernier a écrit cette histoire plusieurs décennies avant que Bram Stoker ne révolutionne le genre avec son célèbre Dracula.


Le récit est court et n'a pas le temps de lasser les lecteurs, les pages se tournent rapidement, l'écriture est fluide et l'histoire intéresse assez pour qu'on ait envie de découvrir la suite. L'histoire reste cependant pour moi un peu trop dans la suggestion et dans l'anticipation et nous maintient dans l'expectative quasiment jusqu'aux dernières pages. Je me suis souvent demandée quand les dents longues allaient enfin se montrer... stratégie de l'auteur ? Elle est efficace dans ce cas. Ce genre de récit fantastique qui est dans la suggestion a un certain charme, mais j'en suis ressortie un peu frustrée. Ce récit m'a laissé un goût de trop peu, il ne laisse pas le temps de s'attacher aux personnages. Ils remplissent leur rôle, sans plus. 


Cela dit, bien que courte, l'histoire ne manque pas de qualité. Cela reste un petit récit fantastique avec de bons vieux vampires classiques. J'ai aimé cette plongée dans les Carpates avec cette ombre de mystère, de fantastique, de romantisme qui se voit obscurci par les mystères entourant la famille Brankovan. L'écriture est fluide et élégante, l'atmosphère est purement gothique, mélangée à du fantastique et du romantisme à travers de magnifiques descriptions : paysages brumeux, château lugubre, une région sauvage et sombre, un château isolé, des personnages mystérieux et romantiques, une malédiction familiale, un combat qui se termine dans le sang et la mort, deux frères se battant l'amour d'une femme... Cela ne manque pas de charme, indéniablement.


En résumé, une histoire courte mais assez divertissante où le gothique côtoie le romantisme et le fantastique, une intrigue qui se suit sans aucun ennui mais qui ne recèle aucune surprise. Une lecture agréable mais complètement dispensable.




Nos monts Carpates ne ressemblent point aux montagnes civilisées de votre Occident.
Tout ce que la nature a d'étrange et de grandiose s'y présente aux regards dans sa plus complète majesté. Leurs cimes orageuses se perdent dans les nues, couvertes de neiges éternelles ; leurs immenses forêts de sapins se penchent sur le miroir joli de lacs pareils à des mers ; et ces lacs, jamais une nacelle ne les a sillonnés, jamais le filet d'un pêcheur n'a troublé leur cristal, profond comme l'azur du ciel ; la voix humaine y retentit à peine de temps en temps, faisant entendre un chant moldave auquel répondent les cris des animaux sauvages : chant et cris vont éveiller quelque écho solitaire, tout étonné qu'une rumeur quelconque lui ait appris sa propre existence
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I. Les monts Carpates.