mardi 20 septembre 2011

Le Portrait de Dorian Gray - Oscar Wilde.

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'Vows are spoken to be broken
Feelings are intense, words are trivial
Pleasure remain, so does the pain
Words are meaningless and forgettable.'

- Enjoy the silence, Depeche Mode -
 
 
Articles connexes :
- Le fantôme de Canterville (et autres contes).


Lecture en ligne
ici (en VF) ou ici (en VO).




Quatrième de couverture :

'Au centre de la pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d'un jeune fomme d'une extraordinaire beauté physique, devant lequel, à peu de distance, se tenait assis le peintre lui-même, Basil Hallward, celui dont, il y a quelques années, la disparition soudaine a, sur le moment, tant ému le public et donné lieu à d'étranges conjectures.' Or Dorian Gray, jeune dandy séducteur, a fait ce voeu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et, de fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian.


Mon avis :

J'avais d'abord prévu de découvrir, il y a plusieurs mois, Oscar Wilde avec ce titre, mais finalement je me suis dit que ce serait commençer gros, alors j'ai décidé de commençer petit en attaquant quelques contes puis une pièce de théâtre avant de me décider à découvrir ce titre célèbre de l'auteur. Je ne vois pas pourquoi je me suis inquiètée, c'est un classique très abordable, simple et agréable à la lecture. Certes pas un coup de coeur, mais une lecture agréable et intéressante, je ne regrette pas la découverte de ce grand classique, ça me donne encore plus envie de découvrir l'auteur et ses oeuvres.

Le livre s'ouvre sur le peintre lui-même, Basil Hallward, qui termine de peindre ce qu'il dit être l'oeuvre de sa vie. Fasciné par le modèle lui-même, Basil parle de ce fameux Dorian Gray à son ami Lord Henry, ainsi de ce que représente pour lui cette muse si exceptionnelle qui a capté son regard dès le début. Devant tant d'enthousiasme, Lord Henry se retrouve frappé par la curiosité et se retrouve bien vite intéressé par ce jeune homme d'une beauté rare et extraordinaire, semblant être à l'apogée de la jeunesse de Dorian. Et alors que Basil continue de peindre Dorian, Lord Henry attire l'attention du jouvenceau naïf en lui parlant de sa beauté exceptionnelle et que de ce fait, tout lui appartient car il possède la jeunesse et la beauté, mais qu'il doit chérir ce temps tant qu'il en est encore temps car la jeunesse est chose éphémère. Il conseille donc à Dorian de profiter de sa jeunesse le temps qu'elle dure, avant qu'il ne vieillisse et que sa beauté ne se fane avec le temps et que, par conséquent, Dorian perdra tout. Frappé par ces paroles, Dorian prend en considérations les dires de Lord Henry, préoccupé, désespéré par cette nouvelle réalité qui le frappe soudain à la figure. Pris de panique, une partie de sa naïveté s'en est allé avec le discours d'Harry/Henry, il prend conscience de sa jeunesse et sa beauté, deux choses qui l'ont béni et soudain la peur de les perdre le désespére profondément. Lorsqu'il voit enfin le chef d'oeuvre de Basil terminé, il émet le souhait de rester jeune à jamais, comme l'est son portrait. Si seulement, se dit-il, il pouvait rester jeune et beau tandis que le Dorian du tableau vieillira à sa place, inversant ainsi les rôles : le modèle restera jeune et le portrait subira les dommages du temps et de la vieillesse.

L'écriture de Oscar Wilde est vraiment un délice, et la traduction était simple, je n'ai eu aucun problème de vocabulaire. On retrouve dans cette oeuvre nombre de citations devenues célèbres de l'auteur (comme le 'Le meilleur moyen de résister à la tentation est d'y succomber'), mais il y a aussi panoplie de réflexions qui prêtent à réfléchir, rien que sur les femmes via les paroles de Lord Henry qui reste quand même un personnage assez intéressant et inoubliable : les propos sur les femmes sont certes un peu misogyne mais parfois débordants d'une étonnante vérité. Il y a aussi cette description de la société anglaise du XIXe siècle assez moqueuse et ironique, l'auteur nous peint d'une façon plaisante et intéressante la société dans laquelle il a vécu, avec ses codes et ses règles... et ses gens qui passent leur temps à les enfreindre joyeusement et à suivre la mode, comme Lord Henry et son épouse : ils ont beau être mariés, ils vivent leur vie séparément.

Ce livre est aussi un vrai questionnement sur l'importance de la beauté et de la jeunesse, jusqu'à quel point une personne est prête pour retarder sa vieillesse, pour rester jeune et belle le plus longtemps possible, un problème qui reste encore d'actualité. Ici, Dorian fait le voeu de rester jeune et beau tandis que son portrait vieillira à sa place et son souhait se réalise. Et alors que même à 30 ou 40 ans, Dorian reste jeune, ses amis vieillissent, prennent des rides mais son âme devient vieille, laide et noire. C'est après une histoire d'amour ayant mal finie que Dorian se rend compte que les conséquences de ses actes se reflètent sur son portrait qui s'enlaidit à chaque fois que Dorian commet un acte irréparrable. La question est jusqu'où il serait capable d'aller sans devoir répondre de ses actes, il a ce refus de vieillir et il est prêt à n'importe quoi pour garder son enveloppe jeune et belle à jamais. Souhaiterons-nous aussi de rester jeune et beau, du moment qu'un portrait de nous vieillira à notre place ? Combien seraient prêts à vendre leur âme pour l'éternelle jeunesse ? Comme Faust, pourrions-nous nous condamner nous-même en échange de la satisfaction de nos désirs ? On a donc beaucoup de réflexions, sur l'éternelle jeunesse et beauté, sur la société anglaise et même sur l'art, beaucoup de paragraphes consacrés à l'art, ce qui a changé ma façon de percevoir l'art. Oscar Wilde consacre beaucoup de pagaraphes pour toutes ces réflexions à travers les découvertes de Dorian, donc oui, ça se perd en blabla et parfois je me dis 'c'est bien intéressant tout ça mais ça traîne en longueur' ça commençait à devenir un peu ennuyeux mais heureusement, ça n'a pas duré.

L'auteur nous offre des personnages haut en couleur et très intéressants. Prennez Dorian par exemple : il a, au début du roman, toute la naïveté de la jeunesse, il est timide, discret, il ne ferait pas de mal à une mouche mais au contact de Lord Henry, cette naïveté qui le rendait innocent s'en va vite. D'abord effrayé devant les paroles d'Harry, il finit par être d'accord avec lui et il change à cause de cette nouvelle fréquentation. Sa naïveté qui faisait pitié au lecteur s'en va alors que Dorian change et qu'il prend conscience de sa beauté et de sa jeunesse et à quel point ces deux atouts peuvent lui servir et lui apporter bien des avantages : le monde peut lui appartenir, les gens tomberont à ses pieds ! Dorian prend alors une fascination presque obsessionnelle pour sa beauté et sa jeunesse. Il commet parfois des actes odieux, méprise certaines personnes, devient excécrable, vaniteux et on le déteste pour ça (bien que 'détester' est un mot bien fort), mais en même temps, on le voit en proie à diverses émotions qui contredisent son être : il peut penser A puis penser B la minute suivante, tout en étant en proie à des doutes, il se prend à avoir peur, à regretter mais ignore comment se racheter. Tantôt bouleversé d'une action mauvaise qu'il aurait faite, il peut devenir indifférent après. Il n'y a pas un seul Dorian Gray, il y a plusieurs facettes de lui, c'est un personnage assez ambigü, ambivalent, confus. Il est intéressant à exploiter en fait, je n'éprouve pas de haine envers lui, je trouve qu'il est intéressant, j'ai pitié de lui parfois.

D'un côté, il a provoqué tant de drames, il en est l'auteur, il est fautif, tantôt blanc tantôt noir mais d'un autre côté, c'est aussi la faute de Lord Henry qui l'a involontairement poussé à faire ces actes. Les paroles de Lord Henry, toutes ces conversations ont influençé Dorian, l'ont changé profondément. Lord Henry considère Dorian comme une expérience, c'est un jouvenceau qu'il se plaît à voir se modifier, voir à quel point ses paroles ont eu un impact sur Dorian qui est jeune et influencable. Il modofie Dorian à sa manière, il est fasciné par ce jeune dandy, mais pas de le même manière que Basil car Basil prend les intérêts de Dorian à coeur, il l'admire et le respecte profondément. Il est un peu la bonne influence que Dorian aurait pû avoir si seulement il s'en était donné la peine mais malgrè toute l'amitié que Dorian avait envers le pauvre Basil, il préfère encore la compagnie de Lord Henry qui est diaboliquement ironique, moqueur et machiavélique. J'aurais aimé aussi que l'auteur s'attarde plus sur certains personnages ou moments : sur Alan Campbell par exemple qu'on voit peu mais que j'ai adoré tout de suite, j'aurais aimé savoir comment il en est venu à rencontrer Dorian, à tomber dans ses griffes, à éxécuter (bien qu'à contre coeur) ce que Dorian exigeait de lui ; ou les moments où James Vane et sa mère [ apprennent le suicide de Sybil Vane, le chagrin de la mère et le désir de James de venger sa soeur, les années de traque de James pour retrouver celui qui avait brisé sa soeur : Dorian ], je m'attendais aussi à ce qu'il y ait plus de méfaits de Dorian, à voir plus de sa déchéance, j'aurais presque souhaité que le livre dure plus longtemps... mais quelle fin, n'empêche !

Un classique bien intéressant, passionnant, offrant des personnages haut en couleur, j'aurais presque voulu que la lecture dure plus longtemps et voir certaines scènes, malgrè les longs monologues et les réflexions sur l'art qui traînent parfois en longueur, c'est un très bon roman qui a sû me captiver, et qui donne matière à réflexir, surtout que les maux et questionnements de ce livre sont encore d'actualité. Machiavélique et formidable, parfois malsain mais toujours aussi intéressant, c'est un classique qui vieillit bien, je comprends son succès même si je n'ai pas découvert ce livre avec le même enthousiasme que d'autres lecteurs. Ce n'était pas une lecture inoubliable, mais j'ai franchement adoré, je voudrais lire plus de l'auteur car il est sûr que l'auteur m'a captivé.

Extrait :

Il [Dorian] se jeta dans un fauteuil et médita. Soudain, ce qu'il avait dit dans l'atelier de Basil Hallward le jour où ce tableau avait été achevé lui revint à l'esprit. Oui, il s'en souvenait parfaitement. Il avait exprimé un souhait insensé : que lui-même restât jeune tandis que le portrait vieillirait ; que sa propre beauté demeurât sans tache, tandis que le visage sur la toile payerait le prix de ses passions et de ses péchés ; que l'image peinte fût marquée au fer de la souffrance et de la pensée, tandis que lui garderait la délicate efflorescence et la joliesse de la juvénilité dont il venait de prendre conscience. Ce n'était tout de même pas son souhait qui avait été réalisé ? De telles choses n'arrivent pas. Ne fût-ce qu'y penser semblait monstrueux. Et pourtant, le tableau était là, devant lui, avec cette touche cruelle dans la bouche.

7.

2 commentaires:

  1. Tiens tu m'as donné envie de lire ce livre...

    Je l'ajoute à ma liste de livres à lire ;)!

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    1. Il en vaut la peine, ce n'est pas un célèbre classique pour rien, et niveau écriture, c'est très abordable (ou alors, est-ce juste mon édition ?), il n'y a pas de difficultés de compréhension :)

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