Pour aller plus loin :
Emprunt bibliothèque fac.
Quatrième de couverture :
La vengeance est un plat qui se mange froid, mais certains offensés l'assaisonnent avec raffinement tel qu'ils l'élèvent au rang d'une gastronomie. Edmond Dantès, le héros du Comte de Monte-Cristo, est de ceux-là. Jeune marin, âme candide et fils modèle, il semble promis au bonheur et à une brillante carrière dans la marine, quand soudain tout s'écroule.
Du jour au lendemain, il se voit précipiter dans un abîme de détresse et de ténèbres. Arrêté comme comploteur, il est enfermé au château d'If, la prison de Marseille, pour y croupir jusqu'à la fin de ses jours. Sa faute ? S'être attiré la jalousie de deux rivaux. Sa malchance ? Avoir affaire à un magistrat arriviste et malhonnête.
Mais, au bout de quatorze ans, Dantès s'évade et reparaît, après complète métamorphose en richissime aristocrate, pour châtier les trois misérables responsables de ses malheurs.
Mon avis :
Avant de commencer cette (longue) critique, je tiens à préciser que j'ai piqué ce résumé sur Livraddict car l'édition que j'ai emprunté à la bibliothèque de la fac est une ancienne édition qui ne possède pas de quatrième de couverture, ainsi j'ai tâché d'en recopier une ici, histoire d'offrir à ce billet un résumé de l'oeuvre. Honnêtement, je ne m'imaginais pas lire un Alexandre Dumas cette année, le tout premier écrit que j'ai lu de lui remonte à deux ans et il s'agissait d'une nouvelle qui racontait une histoire de vampires dans les Carpates et je m'étais toujours imaginée que si jamais je devais tenter un autre écrit du Monsieur, ce serait sans doute avec son célèbre Trois Mousquetaires ; cependant j'ai fait la découverte ce mois-ci de Gankutsuou, un anime adaptant une version futuriste et quelque peu libérée du Comte de Monte-Cristo mais qui pourtant était si géniale, si prenante qu'il m'avait fallu lire absolument l'oeuvre d'origine et bon sang, quelle aventure ce fut !
L'histoire commence avec Edmond Dantès, un jeune marin candide et honnête avec un cœur d'or à qui la chance sourit : à seulement 19 ans, il est sur le point de devenir capitaine du navire Le Pharaon sur lequel il est en service, ce qui le sauvera lui et son père de la misère et de la faim, et il va bientôt épouser la femme qu'il aime, la belle catalane, Mercédès. Seulement, ce bonheur ne plaît pas à tout le monde et fait des envieux, notamment chez Danglars, le comptable du navire, et Fernand Mondego, désespérément amoureux de la belle Mercédès. L'un jaloux et l'autre désespéré, ces deux rivaux mettent en place un plan pour se débarrasser d'Edmond Dantès et voici que le soir de ses fiançailles, Edmond Dantès est arrêté, faussement accusé de bonapartisme dans une France en pleine Restauration, et envoyé en prison par un magistrat malhonnête au château d'If. C'est d'abord dans l'incompréhension et dans le désespoir le plus profond que le jeune Edmond passe ses premières années en prison, avant de rencontrer l'abbé Faria, un détenu qui lui fera son éducation et qui l'aidera à s'enfuir et c'est au bout de 14 ans d'emprisonnement qu'Edmond parvient à s'échapper. Devenu riche, il se fait une nouvelle identité et devient le comte de Monte-Cristo, et il entend bien se venger de ceux qui l'ont plongé dans la misère, et le jeune Albert, fils de Fernand Mondego, devenu le comte de Morcerf, se révèle être l'instrument parfait pour approcher ses ennemis...
Ayant lu la version intégrale, j'ai eu droit à un véritable pavé de 1400 pages, et je me suis consacrée à 100 pages tous les jours, sauf pour les derniers jours où je lisais 200 pages tellement j'étais dans l'histoire. Pour une première "vraie" découverte d'Alexandre Dumas, je dis wouaah ! Un vrai roman d'aventure, entre exotisme et le Paris du premier XIXe siècle, agrémenté de nombreux rebondissements, de personnages tous les plus intéressants les uns les autres, une histoire riche dans laquelle rien n'est laissé au hasard. Le comte de Monte-Cristo, c'est... une oeuvre magistrale, un vrai roman d'aventure à coups de trésors, d'orientalisme, de secrets du passé, de machinations... la vengeance est un plat qui se mange froid et qui met du temps dans sa préparation pour que le plat soit grandiose et Monte-Cristo est un virtuose de la vengeance ! C'est également un roman sur les relations humaines qui ici se mettent en place ou se développent, entre trahison, regrets, détermination, pouvoir, richesses et autres hantises et possessions de l'être humain. C'est exotique aussi, on ne se contente pas de connaître le Paris du premier XIXe siècle, Alexandre Dumas nous fait voyager dans la Méditerranée, dans les campagnes militaires de Janina, sur l'île de Montecristo, dans les carnavals d'Italie... c'est aussi des histoires de duel, trahison, secrets, de voyages, de tromperie, faux-semblants, art du déguisement dont Monte-Cristo est passé maître !
C'est également une plongée dans l'histoire : une ou deux rencontres avec Louis XVIII, une France en pleine Restauration, le régime de Juillet, des nobles et aristocrates déchirés entre le monarchisme et le bonapartisme, ce qui engendra des conflits, des crises politiques ou judiciaires, des débats... l'Histoire ne sert pas de décors ici car des événements de cette époque entraîne les actions de certains personnages, comme le juge Villefort, un monarchiste qui tente néanmoins de sauver un père bonapartiste et fier de l'être de la justice. Pendant une bonne partie du roman, nous suivons Edmond Dantès heureux et fiancé, puis son emprisonnement, son éducation par l'abbé Faria jusqu'à son évasion, sa nouvelle vie, d'abord en travaillant dans l'équipage d'un bateau italien puis après, le chapitre XXXI nous introduit deux nouveaux personnages : Franz d'Epinay et Albert de Morcerf et peut-être faudra-t-il un moment, selon le lecteur, pour s'apercevoir qu'Edmond Dantès est revenu sous le personnage froid et énigmatique du comte de Monte-Cristo.
Nous avons une panoplie de personnage, si bien qu'il peut être difficile de retenir qui est qui, qui fait quoi, et pénible de lire les histoires de chaque personnage, vu comme ça, ça peut être ennuyeux et on se demande pourquoi s'éloigner ainsi de l'histoire ou quel intérêt. C'est riche et Alexandre Dumas prend le temps de nous faire connaître pratiquement chaque personnage et leur vie, certes ça peut ennuyer, mais l'auteur n'a rien écrit au hasard ! Au fur et à mesure de la lecture, on finit par s'apercevoir qu'un élément de la vie ou que le vécu, le passé d'un personnage déclenchera un élément de l'intrigue, servira à l'histoire, se révélera important pour la suite du roman. Ainsi, lorsque Bertuccio, un des domestiques du comte, révélera au comte son passé ou que l'on est plongé dans le passé du juge de Villefort ou celui de son père, ce n'est pas par hasard ! Ces éléments vont revenir par la suite et servir à l'histoire !
Je parlerai en premier lieu d'Albert de Morcerf qui est l'un des personnages à m'avoir bien marqué. Fils de Mercédès et de Fernand, il est vicomte de Morcerf et est un jeune homme bien vif, j'ai été touché par son incroyable attachement à sa mère dont il semble plus tenir que de son père, c'est quelqu'un de sincère mais dans le sens où s'il a quelque chose de bien ou de mal à dire, il le dit ; ce qu'il pense, il le dit, il est très franc de ce côté-là, il est aussi très attaché au comte qu'il admire et respecte plus que tout, il est jeune et impétueux, courageux aussi bien que selon certaines scènes (comme celle où il est retenu prisonnier par les bandits de Luigi Vampa), on se demande si c'est du courage ou de la folie, mais il faut avouer qu'il force un peu le respect de ce côté-là... de là à avoir impressionné le célèbre bandit Vampa en ne se montrant pas traumatisé par son expérience et en remerciant même Vampa. C'est aussi un noble cœur plein d'humilité, la scène du duel le montre bien assez et j'ai été ravie de voir que Monte-Cristo ne lui en tenait pas rancœur et se montrait même attaché à Albert, compatissait parfois avec lui malgré sa première conviction que le fils doit payer les péchés du père. Je crois que c'est chanceux pour ces deux-là qu'Albert tienne plus de sa mère que de son père, bien que j'ai longtemps nourri l'espoir [ qu'Albert soit en fait le fils de Monte-Cristo, j'aurais aimé un tel retournement de situation ! ]
J'ai aussi beaucoup aimé son amitié avec le journaliste Beauchamps, à part ça, nous avons Eugénie Danglars, musicienne de talent et féministe avant l'heure qui préférerait s'enfoncer une fourchette dans la main que de se marier, savourant sa liberté plus que tout ; Noirtier de Villefort, ancien bonapartiste, un esprit fort malgré sa condition et qui tient sincèrement à sa petite-fille ; la famille Morrell qui a été l'un des rares soutiens à Edmond Dantès et qui a bien souffert ; Villefort, implacable dans son métier de juge mais désorienté chez lui surtout lorsqu'une vague de décès surviendra dans son foyer, des trois traîtres qui ont détruit la vie de Dantès, il doit être le seul à avoir la fin la plus terrible et que j'ai regretté, des trois ce n'était pas lui le plus mauvais, j'aurais plus dit Danglars, banquier qui ne jure que par son argent. Nous avons également l'épouse Danglars, Héloïse et Valentine de Villefort, Haydée la jeune esclave du comte dont son passé jouera un rôle dans l'histoire, l'abbé Faria qui a vraiment sauvé Edmond du désespoir, qui l'a éduqué, sauvé de la folie, aidé à s'évader... il aura été une figure paternelle essentielle à la vie d'Edmond... bref, toute une panoplie de personnages que je ne peux pas tous citer ici, et que je laisserais aux futurs lecteurs de ce roman découvrir.
Monte Cristo n'est pas en reste, bien-sûr : personnage absolument fascinant et charismatique, il est celui qui agite les ficelles de "ses" marionnettes, qui met en scène les événements de ce roman, il crée de ses mains, change la vie de ceux qui l'ont trahis et la façonne à sa manière pour qu'elle se dirige dans le sens où il le veut. On ne s'en rend pas compte au début mais progressivement on devine que c'est lui qui est derrière tout ça, une simple conversation, un simple geste de lui peut être à l'origine du changement du cour de la vie de ceux qui l'ont trahis, il n'agit pas toujours directement, le point fort chez lui est qu'il opère indirectement. Pour sa vengeance, il utilise un personnage de son entourage ou séduit un personnage pour l’amener à faire ce qu'il veut, tout comme il a séduit madame de Villefort alors qu'il lui parlait des différents types de poisons, comment il a orchestré l'enlèvement d'Albert de Morcerf pour s'en faire un ami, pour entrer plus facilement dans l'aristocratie de Paris et en savoir plus sur ces nobles, et même comment Haydée, l'esclave qu'il a acheté de Grèce, jouera, sans qu'elle le sache, un rôle dans sa vengeance.
Vu comme ça, il paraît être quelqu'un de machiavélique mais Monte-Cristo n'est pas vraiment l'antagoniste du roman, il est le protagoniste, le personnage central du roman car tout finit par revenir vers lui, tout est lié à lui, et il est bien difficile de lui en vouloir. On ne peut s'empêcher, au contraire, d'éprouver de l'empathie et de la compassion à son égard. Quand on a lu la vie qu'il a mené alors qu'il était en prison, entre incompréhension et désespoir, toute sa tristesse, sa souffrance dépeinte avec justesse et horreur, on peut comprendre son besoin de vengeance et on lui pardonne, surtout lorsqu'on s'aperçoit qu'il est resté humain, malgré tout, il éprouve du remords quand sa vengeance à l'égard d'un des personnages va trop loin, il parvient à voir Albert pour lui-même et non plus comme le fils de l'un de ceux qui l'a trahi et éprouve même de l'affection pour le jeune homme. Donc, devenu comte de Monte-Cristo ou pas, il semblerait qu'il soit resté un peu d'Edmond Dantès en lui, un homme qui souffre, qui doute, qui a été traumatisé par son emprisonnement et l'injustice dont il a été la victime car son seul tord a été d'être heureux et d'avoir un brillant avenir devant lui, c'est un personnage complexe, c'est un homme au cœur brisé.
Alexandre Dumas est un génie des affaires et des relations humaines, plus que la vengeance, c'est une palette d'émotions et d'actions humaines, qu'elles soient grandioses ou mesquines, un vrai monstre ! Je n'avais pas été aussi emballée que ça depuis ma lecture des Liaisons Dangereuses. C'est plus qu'une histoire de vengeance, c'est une histoire d'amour, de haine, d'intelligence, de machinations, de secrets, de justice, avec du respect, de l'amitié, de l'humour, de l'humanité... le tout avec un style agréable à lire, une panoplie de personnages intéressants et un scénario époustouflant ! Et j'ai bien été surprise par le style de Dumas, j'avais oublié à quel point ses descriptions dans La dame pâle m'avaient envoûté et que j'ai redécouvert avec plaisir dans ce roman, plus que ça, j'ai également été surprise par son talent de conteur et l'humour qu'il employait parfois dans sa narration, l'un des passages à m'avoir le plus marqué doit être celui-là :
Peut-être faut-il être quelqu'un de littéraire pour comprendre le comique du passage mais j'ai adoré, cette mention à Rousseau m'a fait pouffer de rire et si Alexandre Dumas est aussi, si ce n'est plus, drôle dans ses autres romans, je continuerai prochainement ma découverte de ce merveilleux, merveilleux auteur ! Certes, le style du roman était parfois lourd, avec des longueurs, mais j'étais si emballée par l'histoire que même les longueurs et lourdeurs ne m'ont pas gêné plus que ça. Je me suis délectée à lire cette fresque du XIXe siècle, à m'immerger dans ce labyrinthe de complots, de sentiments... Bref, un excellent roman que j'ai eu du mal à quitter. Mais ce qui est sûr, c'est que je lirais à nouveau Alexandre Dumas et cette fois-ci, ce sera avec ses célèbres Trois Mousquetaires.
Là, dans ce cabinet, assis devant une table de noyer qu’il avait rapportée d’Hartwell, et que, par une de ces manies familières aux grands personnages, il affectionnait tout particulièrement, le roi Louis XVIII écoutait assez légèrement un homme de cinquante à cinquante-deux ans, à cheveux gris, à la figure aristocratique et à la mise scrupuleuse, tout en notant à la marge un volume d’Horace, édition de Gryphius, assez incorrecte quoique estimée, et qui prêtait beaucoup aux sagaces observations philologiques de Sa Majesté.
Tout homme d'esprit qu'il était, Louis XVIII aimait la plaisanterie facile.
Chapitre X. Le Petit Cabinet des Tuileries.
Ayant lu la version intégrale, j'ai eu droit à un véritable pavé de 1400 pages, et je me suis consacrée à 100 pages tous les jours, sauf pour les derniers jours où je lisais 200 pages tellement j'étais dans l'histoire. Pour une première "vraie" découverte d'Alexandre Dumas, je dis wouaah ! Un vrai roman d'aventure, entre exotisme et le Paris du premier XIXe siècle, agrémenté de nombreux rebondissements, de personnages tous les plus intéressants les uns les autres, une histoire riche dans laquelle rien n'est laissé au hasard. Le comte de Monte-Cristo, c'est... une oeuvre magistrale, un vrai roman d'aventure à coups de trésors, d'orientalisme, de secrets du passé, de machinations... la vengeance est un plat qui se mange froid et qui met du temps dans sa préparation pour que le plat soit grandiose et Monte-Cristo est un virtuose de la vengeance ! C'est également un roman sur les relations humaines qui ici se mettent en place ou se développent, entre trahison, regrets, détermination, pouvoir, richesses et autres hantises et possessions de l'être humain. C'est exotique aussi, on ne se contente pas de connaître le Paris du premier XIXe siècle, Alexandre Dumas nous fait voyager dans la Méditerranée, dans les campagnes militaires de Janina, sur l'île de Montecristo, dans les carnavals d'Italie... c'est aussi des histoires de duel, trahison, secrets, de voyages, de tromperie, faux-semblants, art du déguisement dont Monte-Cristo est passé maître !
C'est également une plongée dans l'histoire : une ou deux rencontres avec Louis XVIII, une France en pleine Restauration, le régime de Juillet, des nobles et aristocrates déchirés entre le monarchisme et le bonapartisme, ce qui engendra des conflits, des crises politiques ou judiciaires, des débats... l'Histoire ne sert pas de décors ici car des événements de cette époque entraîne les actions de certains personnages, comme le juge Villefort, un monarchiste qui tente néanmoins de sauver un père bonapartiste et fier de l'être de la justice. Pendant une bonne partie du roman, nous suivons Edmond Dantès heureux et fiancé, puis son emprisonnement, son éducation par l'abbé Faria jusqu'à son évasion, sa nouvelle vie, d'abord en travaillant dans l'équipage d'un bateau italien puis après, le chapitre XXXI nous introduit deux nouveaux personnages : Franz d'Epinay et Albert de Morcerf et peut-être faudra-t-il un moment, selon le lecteur, pour s'apercevoir qu'Edmond Dantès est revenu sous le personnage froid et énigmatique du comte de Monte-Cristo.
Alexandre Dumas. |
Nous avons une panoplie de personnage, si bien qu'il peut être difficile de retenir qui est qui, qui fait quoi, et pénible de lire les histoires de chaque personnage, vu comme ça, ça peut être ennuyeux et on se demande pourquoi s'éloigner ainsi de l'histoire ou quel intérêt. C'est riche et Alexandre Dumas prend le temps de nous faire connaître pratiquement chaque personnage et leur vie, certes ça peut ennuyer, mais l'auteur n'a rien écrit au hasard ! Au fur et à mesure de la lecture, on finit par s'apercevoir qu'un élément de la vie ou que le vécu, le passé d'un personnage déclenchera un élément de l'intrigue, servira à l'histoire, se révélera important pour la suite du roman. Ainsi, lorsque Bertuccio, un des domestiques du comte, révélera au comte son passé ou que l'on est plongé dans le passé du juge de Villefort ou celui de son père, ce n'est pas par hasard ! Ces éléments vont revenir par la suite et servir à l'histoire !
Je parlerai en premier lieu d'Albert de Morcerf qui est l'un des personnages à m'avoir bien marqué. Fils de Mercédès et de Fernand, il est vicomte de Morcerf et est un jeune homme bien vif, j'ai été touché par son incroyable attachement à sa mère dont il semble plus tenir que de son père, c'est quelqu'un de sincère mais dans le sens où s'il a quelque chose de bien ou de mal à dire, il le dit ; ce qu'il pense, il le dit, il est très franc de ce côté-là, il est aussi très attaché au comte qu'il admire et respecte plus que tout, il est jeune et impétueux, courageux aussi bien que selon certaines scènes (comme celle où il est retenu prisonnier par les bandits de Luigi Vampa), on se demande si c'est du courage ou de la folie, mais il faut avouer qu'il force un peu le respect de ce côté-là... de là à avoir impressionné le célèbre bandit Vampa en ne se montrant pas traumatisé par son expérience et en remerciant même Vampa. C'est aussi un noble cœur plein d'humilité, la scène du duel le montre bien assez et j'ai été ravie de voir que Monte-Cristo ne lui en tenait pas rancœur et se montrait même attaché à Albert, compatissait parfois avec lui malgré sa première conviction que le fils doit payer les péchés du père. Je crois que c'est chanceux pour ces deux-là qu'Albert tienne plus de sa mère que de son père, bien que j'ai longtemps nourri l'espoir [ qu'Albert soit en fait le fils de Monte-Cristo, j'aurais aimé un tel retournement de situation ! ]
J'ai aussi beaucoup aimé son amitié avec le journaliste Beauchamps, à part ça, nous avons Eugénie Danglars, musicienne de talent et féministe avant l'heure qui préférerait s'enfoncer une fourchette dans la main que de se marier, savourant sa liberté plus que tout ; Noirtier de Villefort, ancien bonapartiste, un esprit fort malgré sa condition et qui tient sincèrement à sa petite-fille ; la famille Morrell qui a été l'un des rares soutiens à Edmond Dantès et qui a bien souffert ; Villefort, implacable dans son métier de juge mais désorienté chez lui surtout lorsqu'une vague de décès surviendra dans son foyer, des trois traîtres qui ont détruit la vie de Dantès, il doit être le seul à avoir la fin la plus terrible et que j'ai regretté, des trois ce n'était pas lui le plus mauvais, j'aurais plus dit Danglars, banquier qui ne jure que par son argent. Nous avons également l'épouse Danglars, Héloïse et Valentine de Villefort, Haydée la jeune esclave du comte dont son passé jouera un rôle dans l'histoire, l'abbé Faria qui a vraiment sauvé Edmond du désespoir, qui l'a éduqué, sauvé de la folie, aidé à s'évader... il aura été une figure paternelle essentielle à la vie d'Edmond... bref, toute une panoplie de personnages que je ne peux pas tous citer ici, et que je laisserais aux futurs lecteurs de ce roman découvrir.
Monte Cristo n'est pas en reste, bien-sûr : personnage absolument fascinant et charismatique, il est celui qui agite les ficelles de "ses" marionnettes, qui met en scène les événements de ce roman, il crée de ses mains, change la vie de ceux qui l'ont trahis et la façonne à sa manière pour qu'elle se dirige dans le sens où il le veut. On ne s'en rend pas compte au début mais progressivement on devine que c'est lui qui est derrière tout ça, une simple conversation, un simple geste de lui peut être à l'origine du changement du cour de la vie de ceux qui l'ont trahis, il n'agit pas toujours directement, le point fort chez lui est qu'il opère indirectement. Pour sa vengeance, il utilise un personnage de son entourage ou séduit un personnage pour l’amener à faire ce qu'il veut, tout comme il a séduit madame de Villefort alors qu'il lui parlait des différents types de poisons, comment il a orchestré l'enlèvement d'Albert de Morcerf pour s'en faire un ami, pour entrer plus facilement dans l'aristocratie de Paris et en savoir plus sur ces nobles, et même comment Haydée, l'esclave qu'il a acheté de Grèce, jouera, sans qu'elle le sache, un rôle dans sa vengeance.
Le château d'If, près de Marseille, qui fut la prison d'Edmond Dantès pendant 14 ans. |
Vu comme ça, il paraît être quelqu'un de machiavélique mais Monte-Cristo n'est pas vraiment l'antagoniste du roman, il est le protagoniste, le personnage central du roman car tout finit par revenir vers lui, tout est lié à lui, et il est bien difficile de lui en vouloir. On ne peut s'empêcher, au contraire, d'éprouver de l'empathie et de la compassion à son égard. Quand on a lu la vie qu'il a mené alors qu'il était en prison, entre incompréhension et désespoir, toute sa tristesse, sa souffrance dépeinte avec justesse et horreur, on peut comprendre son besoin de vengeance et on lui pardonne, surtout lorsqu'on s'aperçoit qu'il est resté humain, malgré tout, il éprouve du remords quand sa vengeance à l'égard d'un des personnages va trop loin, il parvient à voir Albert pour lui-même et non plus comme le fils de l'un de ceux qui l'a trahi et éprouve même de l'affection pour le jeune homme. Donc, devenu comte de Monte-Cristo ou pas, il semblerait qu'il soit resté un peu d'Edmond Dantès en lui, un homme qui souffre, qui doute, qui a été traumatisé par son emprisonnement et l'injustice dont il a été la victime car son seul tord a été d'être heureux et d'avoir un brillant avenir devant lui, c'est un personnage complexe, c'est un homme au cœur brisé.
Alexandre Dumas est un génie des affaires et des relations humaines, plus que la vengeance, c'est une palette d'émotions et d'actions humaines, qu'elles soient grandioses ou mesquines, un vrai monstre ! Je n'avais pas été aussi emballée que ça depuis ma lecture des Liaisons Dangereuses. C'est plus qu'une histoire de vengeance, c'est une histoire d'amour, de haine, d'intelligence, de machinations, de secrets, de justice, avec du respect, de l'amitié, de l'humour, de l'humanité... le tout avec un style agréable à lire, une panoplie de personnages intéressants et un scénario époustouflant ! Et j'ai bien été surprise par le style de Dumas, j'avais oublié à quel point ses descriptions dans La dame pâle m'avaient envoûté et que j'ai redécouvert avec plaisir dans ce roman, plus que ça, j'ai également été surprise par son talent de conteur et l'humour qu'il employait parfois dans sa narration, l'un des passages à m'avoir le plus marqué doit être celui-là :
Madame de Villefort fit un mouvement de joie, et ramena l’enfant plus près d’elle encore :
— Édouard, dit-elle, vois-tu ce bon serviteur : il a été bien courageux, car il a exposé sa vie pour arrêter les chevaux qui nous emportaient et la voiture qui allait se briser. Remercie-le donc, car probablement sans lui, à cette heure, serions-nous morts tous les deux.
L’enfant allongea les lèvres et tourna dédaigneusement la tête.
— Il est trop laid, dit-il.
Le comte sourit comme si l’enfant venait de remplir une de ses espérances ; quant à madame de Villefort, elle gourmanda son fils avec une modération qui n’eût, certes, pas été du goût de Jean-Jacques Rousseau si le petit Édouard se fut appelé Émile.
(Chapitre XLVII : L'Attelage gris pommelé)
Peut-être faut-il être quelqu'un de littéraire pour comprendre le comique du passage mais j'ai adoré, cette mention à Rousseau m'a fait pouffer de rire et si Alexandre Dumas est aussi, si ce n'est plus, drôle dans ses autres romans, je continuerai prochainement ma découverte de ce merveilleux, merveilleux auteur ! Certes, le style du roman était parfois lourd, avec des longueurs, mais j'étais si emballée par l'histoire que même les longueurs et lourdeurs ne m'ont pas gêné plus que ça. Je me suis délectée à lire cette fresque du XIXe siècle, à m'immerger dans ce labyrinthe de complots, de sentiments... Bref, un excellent roman que j'ai eu du mal à quitter. Mais ce qui est sûr, c'est que je lirais à nouveau Alexandre Dumas et cette fois-ci, ce sera avec ses célèbres Trois Mousquetaires.
L'île de Montecristo, entre la Corse et l'Italie, dans l'archipel toscan. |
Extrait :
Là, dans ce cabinet, assis devant une table de noyer qu’il avait rapportée d’Hartwell, et que, par une de ces manies familières aux grands personnages, il affectionnait tout particulièrement, le roi Louis XVIII écoutait assez légèrement un homme de cinquante à cinquante-deux ans, à cheveux gris, à la figure aristocratique et à la mise scrupuleuse, tout en notant à la marge un volume d’Horace, édition de Gryphius, assez incorrecte quoique estimée, et qui prêtait beaucoup aux sagaces observations philologiques de Sa Majesté.
— Vous dites donc, Monsieur ? dit le roi.
— Que je suis on ne peut plus inquiet, sire.
— Vraiment ? auriez-vous vu en songe sept vaches grasses et sept vaches maigres ?
— Non, sire, car cela ne nous annoncerait que sept années de fertilité et sept années de disette, et, avec un roi aussi prévoyant que l’est Votre Majesté, la disette n’est pas à craindre.
— De quel autre fléau est-il donc question, mon cher Blacas ?
— Sire, je crois, j’ai tout lieu de croire qu’un orage se forme du côté du Midi.
— Eh bien, mon cher duc, répondit Louis XVIII, je vous crois mal renseigné, et je sais positivement au contraire qu’il fait très beau temps de ce côté-là.
Chapitre X. Le Petit Cabinet des Tuileries.
Il y a quelques années, j'ai vu un article de l'adaptation dont tu parles et j'avoue que les graphismes et les couleurs originales m'ont énormément emballés, je n'avais pas cherché à voir les épisodes cependant (certains animes font ça : en preview, c'est magnifique et les épisodes sont finalement moches comme tout, j'avais véritablement peur que cela me réserve cette même mauvaise surprise...)
RépondreSupprimerMais forcément, j'ai aussi été attirée par le livre de Dumas et ta chronique me décide à l'inscrire véritablement dans mes projets lectures. (Et je fonctionne souvent comme ça : l'original, l'adaptation ensuite, donc j'y passerai sûrement !)
Après, je suis très fan de classiques, bien que je touche rarement aux français mais ça me fera l'occasion :D Donc les longueurs ne me font pas reculer et l'époque m'attire déjà pas mal.
J'avoue que j'ai un peu lu ta chronique en diagonal car j'ai peur d'en comprendre trop mais le personnage déjà d'Edmond Dantès, de ce que j'ai lu de ton avis, semble très intéressant et je reviendrai relire tout ça une fois que j'aurai lu le livre à mon tour !
Merci pour cette chronique~
Ça me plairait de voir ce genre de preview, je cherche en ce moment à découvrir un nouvel anime (bah oui, je fais ma fainéante, je veux voir plutôt que de lire en ce moment) mais je ne sais pas lequel, surtout que je n'ai pas de demandes spécifiques, je peux voir n'importe quoi du moment que ce n'est pas trop crack ou trop "gore" mais sérieusement, je te conseille Gankutsuou qui est juste magnifique quoi. La perfection n'existe pas mais pour moi, Gankutsuou s'en rapproche, et pour une adaptation futuriste et quelque peu libérée d'un grand classique français, c'est une réussite ! Et la soundtrack est juste... wouah quoi ! Si je devais te conseiller quelques morceaux : Kaishou, Tsukiyo, Montecristo et Anger Edmond Kara no Tegami qui figurent parmi les musiques que je préfère dans cet anime, surtout la première.
SupprimerAh mince alors, je suis désolée d'avoir un peu spoilé le roman, je devrais peut-être me relire ou mieux mettre en spoiler mais si je t'ai donné en partie envie de découvrir ce classique, je suis contente :) je ne lis pas assez de classiques (surtout pas assez de classiques français) mais ce titre est pour moi un pur chef d'oeuvre à ne pas manquer :)
Honnêtement, niveau anime à te conseiller, je ne sais pas du tout... J'avoue que ça fait bien 3 ou 4 ans que je ne me suis pas mise d'actualité bien que je me souvienne de mes coups de cœur comme Black Butler (bien que le manga dépasse selon moi et de loin car plus mature, plus sombre, etc), Nabari no Ou (bon, la fin... Voilà quoi. Je m'en serai passée même si ça m'a fait pleurer comme une madeleine) et Hetalia. Je pense que tu les connais donc je n'apporte rien de nouveau malheureusement... xD
SupprimerNon, justement ! Je ne sais pas si tu en as trop dit ou pas assez mais comme la chronique est relativement longue, j'ai justement peur d'en connaître trop alors qu'il s'agit d'un roman, bah... Où je ne connais rien du tout ! Donc voilà, ça va me permettre une découverte totale ! T'embêtes pas à relire ou modifier, c'est n'est pas ce que j'insinuais ! ;)
Tu connais Black Butler et tu préfères le manga à l'anime ?? Dis, tu veux bien m'épouser ? On vivra avec des livres et des chats :D plus sérieusement, j'aime découvrir tout ce qu'on a en commun et Black Butler est juste génial comme manga quoi, je l'ai découvert en 2010 et j'aime toujours autant, depuis il n'a pas délogé de sa première place dans ma liste des mangas préférés. Puis en plus, si tu connais aussi Hetalia... en revanche, je ne connais pas Nabari no Ou, je prends note ^___^
SupprimerAh, ouf tu me rassures :) je commençais à me demander si je devais pas modifier ma chronique ou prévenir que je spoilais un peu...
bonjour Marion
RépondreSupprimerJ'aime bien le comte de Monté Cristo , un bon roman de Dumas. Il y' a une adaptation télé avec l'acteur Jacques Weber dans le rôle d'Edmond Dantes ,feuilleton en six épisodes de 60 minutes qui date de 1979 et plutôt bien réussit, de bonne qualité je trouve (disponible en DVD il me semble) . par contre l'autre version de 1998 en 4 fois 100 minutes avec Gérard Depardieu mon avis perso je dis bof pas la meilleure.
pour cet été , je serais à Paris surement vers la deuxième ou troisième semaine d'aout ?(date à confitmer) donc si tu as toujours l'occasion d'y venir , comme nous en avions parlé il y' a quelques temps de cela , je pourrais faire le guide into the french capitale !!!! .
bises et A+ du troubadour Emmanuel
Coucou !
SupprimerJe ne connais pas la première adaptation dont tu parles, justement je recherche une bonne adaptation du Comte de Monte-Cristo. J'ai d'abord vu La Vengeance de Monte-Cristo qui n'est pas très très fidèle au roman. De nombreux personnages importants ont été évincés, la vengeance de Monte-Cristo ne se déroule pas de la même façon et l'histoire ne se termine pas de la même façon, ceci dit j'avais aimé intéressante la possibilité qu'Albert de Morcerf soit en fait le fils de Monte-Cristo... et parce que j'avais trouvé hilarants les airs de je-m'en-foutisme du procureur de la prison d'If. J'ai ensuite cherché à voir l'adaptation avec Depardieu mais on me l'a fortement déconseillé et en m'expliquant toutes les infidélités au roman donc je passerai mon tour pour cette adaptation.
Une visite à Paris, c'est tentant mais il faudrait d'abord que j'attende d'avoir mes résultats de mes derniers examen à la fac (que c'est loooong) et voir comment ma famille va planifier ses vacances, pour le moment rien n'est prévu pour août, je ne promet rien mais j'essayerai de persuader ma famille d'y aller... mais comme j'ai dit, je ne promet rien, je te tiendrais au courant :)
bises et a+ !!
Je trouve la version avec Depardieu dans le rôle assez très chouette ; c'est peut-être pare que je l'ai découverte petite, mais en tout cas je te la conseille.
SupprimerJe ne sais pas... il paraît qu'elle n'est pas très fidèle à l'oeuvre originale et s'il y a trop d'infidélités, je ne suis pas sûre d'apprécier... enfin je verrais bien, je peux toujours changer d'avis !
SupprimerJe suis ravie que le bouquin t'ait plu :D Ta critique est très intéressante (surtout quand tu parles de l'empathie qu'on a pour le comte malgré ses "méchancetés") et tu me donnes envie de le relire pour le coup.
RépondreSupprimerLes trois mousquetaires sont d'un genre différent, mais tu devrais autant apprécier.
Merci :) pour ma part, même si le Comte peut être considérer comme le méchant de l'histoire (s'il doit y en avoir un et même si les pourritures, à l'origine, c'est Danglars, Mondego et Villefort), mais considérant son vécu et ses souffrances, c'est compréhensible ce qu'il fait dans l'ensemble, bien que pas toujours très pardonnable mais le Comte lui-même s'aperçoit qu'à un moment, il est allé trop loin.
SupprimerLes Trois Mousquetaires me tente beaucoup, j'adorerais me plonger dans la France de Louis XIII dans une histoire d'aventure, de cape et d'épées :D dès que j'aurais un peu d'argent, je crois que c'est ce livre que je vais me procurer en premier lieu.