jeudi 18 juillet 2013

Un certain Dr Watson - David Stuart Davies.



L'auteur :


David Stuart Davies, né en 1946, est un écrivain anglais. Il a tout d'abord été enseignant avant de devenir un éditeur et écrivain à plein temps. Éditeur de la revue Sherlock Holmes : The Detective Magazine, il est également connu pour être l'auteur de nombreux ouvrages sur Sherlock Holmes, de fiction ou non-fiction : pastiches, pièces de théâtre ou des études/documents.









Quatrième de couverture :


Médecin militaire en Afghanistan en 1880, John Walker fuit l’horreur des combats pour se réfugier dans l’alcool. Déshonoré, il est chassé de l’armée et renvoyé en Angleterre. Lors du voyage de retour, il tombe entre les mains d’un mystérieux réseau aux activités troubles. Il découvre bientôt que le chef en est le professeur Moriarty, qui le rebaptise Watson et lui confie la mission d’espionner un jeune détective dont la réputation ne cesse de croître à Londres, Sherlock Holmes. Mais Watson et Holmes se lient bientôt d’amitié et le docteur s’efforce alors de se défaire de l’emprise de Moriarty. Une entreprise mortelle


Mon avis :


Il existe une foule de pastiches holmesien, bien qu'il soit risqué de toucher au grand détective et son acolyte car j'ai rencontré bien de rares ouvrages avec des critiques élogieuses mais il est d'autant plus difficile de ne pas toucher à l'univers tant il est séduisant de reprendre les célèbres personnages de Conan Doyle et de leur créer une aventure. Pour ma part, le résumé de ce roman était alléchant, très alléchant. L'idée de base est en effet géniale, tout dépend ensuite de comment l'histoire ainsi que les personnages sont traités, et que l'histoire soit plausible. Avec l'univers et les caractères des personnages fidèles au canon holmesien, ce roman peut être une vraie réussite, dans le cas contraire, c'est l'auteur qui s'est bien ramassé la figure car aussi alléchante l'idée de base est-elle, le risque à prendre en prenant un tel scénario est grand. Je crois que David Stuart Davies a fait un gros pari en tentant cette histoire. Pour ma part, excepté quelques points négatifs que j'ai pu relever, j'ai passé un bon moment de lecture et serais même prête à tenter un autre pastiche holmesien de l'auteur (dès que l'argent se pointera dans le porte-monnaie, ceci dit)

Inutile de vous dire de quoi est fait le roman, la quatrième de couverture le fait bien, toujours est-il que David Stuart Davies, spécialiste en "holmesologie" a ici imaginé un Watson en espion à la solde de Moriarty parti espionner Sherlock Holmes pour le compte du Napoléon du crime. Tombé entre les griffes du mathématicien criminel dans un moment de faiblesse et de désespoir ; forcé d'obéir à la pègre de Londres, John Walker, rebaptisé Watson, emménage au 221B Baker Street pour espionner le détective pour découvrir au final un homme intelligent, fascinant et attachant malgré ses défauts et son orgueil, et il devient alors difficile pour le docteur de continuer sa mission. L'idée est séduisante, mais risquée. Quelle audace de revisiter ainsi le canon holmesien ! Mais puisque l'auteur est reconnu comme étant un expert dans le domaine, j'ai laissé coulé. Surtout que dès qu'il s'agit de Sherlock Holmes, en général je fonce.

Au final, l'univers et les personnages sont le plus fidèle possible au canon, on voit bien toute l'influence qu'a eu le canon d'Arthur Conan Doyle sur l'auteur, malgré son écart dans l'histoire originale, il s'en est relativement bien sorti. Sa manipulation du canon est plausible et il parvient à s'en sortir sans se casser les dents. Son intrigue est originale et tient la route, est amenée aussi fidèlement possible au canon et les personnages ressemblent aux originaux, ils sont réalistes et pareil au canon, plus particulièrement le docteur Watson, c'est surtout avec lui que l'auteur s'est permis un grand écart dans son roman et il s'en est bien sorti pour nous pondre un Watson aussi fidèle et attachant qu'aux histoires de Conan Doyle. Autant la plupart des adaptations (quoique cela s'arrange depuis les dernières adaptations sur écran comme la série Sherlock ou les films de Guy Ritchie), Watson n'est qu'un bon gros toutou idiot, tout juste bon à applaudir les performances de Holmes et qui se fait lamentablement écraser par ce dernier ou d'autres personnages (dis donc, si Watson est aussi stupide que ces adaptations le montrent, je me demande comment il peut, de un : supporter Holmes et ses manies car il faut avouer que le bonhomme n'est pas toujours vivable et sociable ; de deux : être médecin militaire en Afghanistan et supporter toutes les horreurs de la guerre ; et de trois : devenir médecin... à moins qu'il ait trouvé son diplôme de médecine dans une pochette surprise ?), autant dans ce roman il est fidèle au canon : d'une loyauté de fer envers Holmes, romantique, courageux, attachant, avec une intelligence modeste, capable et ça, ça fait plaisir à voir ! Car, plus qu'une fan de Sherlock Holmes, je suis une grande fangirl de Watson devant l’Éternel...

Donc, côté fidélité au canon, les fans de Holmes seront ravis et les écarts pris au canon sont plausibles et tiennent la route... oui, enfin presque ! [spoiler] je n'ai pas toujours adhéré au fait que presque tout les personnages soient à la botte de Moriarty... même la pauvre bonne Mrs Hudson - même si elle s'avoue à elle-même s'être attaché au 221B et ses colocataires - et, pire que tout, Mycroft Holmes ! Je suis tombée sur le c*l à cause de ça. Mycroft, de mèche avec Moriarty ?? Sans être pour autant méchant, il préférera la compagnie de Moriarty à son frère qu'il ne voit que trop peu et dont il ne ressent ni haine ni attachement. J'avoue être beaucoup attachée à Mycroft et le voir ainsi de mèche avec Moriarty m'a déçu, dérangé et déconcertée, d'ailleurs j'aurais aimé le voir moins effacé, juste histoire de voir quel jeu il jouait exactement [/spoiler] et parfois, c'est trop fidèle au canon (alors oui, je me plains quand ce n'est pas fidèle au canon mais que voulez-vous, je suis une difficile parfois), à un point où l'auteur reprend plusieurs phrases du canon mot-à-mot, reprend des affaires du canon sans innover un peu, la plupart des enquêtes sont des reprises et ne sont que légèrement modifiées. L'auteur étant spécialiste de Sherlock Holmes, je m'attendais à plus d'innovations et nouveautés comme il a montré s'en être sorti avec brio en transformant Watson en espion de Moriarty mais sans dénaturer le personnage. Non, il reprend trop souvent le canon, canon que je connais très bien, et donc parfois, je me suis ennuyée car il n'y avait rien de nouveau. Ce qui est bien, c'est qu'il ne s'attarde pas sur ces enquêtes que les holmesiens connaissent mais pour ceux qui ne connaissent pas si bien que ça Sherlock Holmes... il est rapide dans la résolution des enquêtes, alors je veux bien croire qu'il fait ça car on connait ces enquêtes mais quand même... certaines affaires se résolvent en quelques pages à peine ! Parfois, il y a des coupures brusques ou les choses vont trop vite, comme la rencontre entre Watson et Mary Morstan. Donc, la rapidité des événements peut gêner...

Cependant, à part ces quelques déceptions, j'ai passé un agréable moment de lecture. Ce roman se lit vite, trop vite même, les chapitres sont courts et c'est un plaisir de lire une histoire où le canon et les personnages sont fidèles dans l'ensemble, même les écarts tiennent la route, malgré les libertés, ça tient la route et reste fidèle au canon. J'ai pris plaisir à suivre Watson, à le voir évoluer, voir comment il allait se défaire de Moriarty, et comment et quand Holmes allait s'en apercevoir (pas si, parce qu'on parle de Holmes !) et comment tout cela allait se terminer. Malgré les défauts que j'ai pu citer, c'est un bon pastiche holmesien, et je ne serais pas contre lire d'autres pastiches de l'auteur, comme Le livre des morts qui a rejoint ma wish-list.



Extrait :


- Ah oui, et cela fait parti du jeu, de la partie de plaisir. Il y a bien-sûr toujours un danger. Que serait la vie s'il n'y avait plus de danger ? Mais ce sera votre travail de minimiser les risques. Vous allez être son ami le plus dévoué dans tous les domaines, si l'on exclut votre allégeance à moi. Quand le crime n'aura rien à voir avec mes équipes, vous ferez tout votre possible pour aider Holmes à livrer le malfaiteur à la justice. Mais quand le méfait sur lequel vous enquêtez sera lié à mon organisation, vous m'informerez des avancées de Holmes, et vous ferez tout ce qu'il y a en votre pouvoir pour faire obstruction à ses avancées. [ ... ] Pensez-y, Watson, comme à une merveilleuse charade.

- Et si je refuse ?

- La Tamise est très froide en cette période de l'année.

- Je vois, murmurai-je, alors que mes yeux s'embuèrent de peur et de frustration.

J'avais envie de bondir sur l'homme pour l'estourbir mais je savais à quel point un tel emportement serait futile.

Chapitre 6. (Extrait du journal de John Walker)

7 commentaires:

  1. Bon tu sais ce que je pense de ce roman. ^^ Heuresuement que le personnage de Watson est réussi !
    Ah toi aussi ça t'a dérangé tous les personnages à la solde de Moriarty !

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    1. Sur le coup, oui, ça me paraissait beaucoup ^___^
      Mais je suis d'accord avec toi, le gros point fort du roman, c'est le personnage de Watson ! Rien que pour ça, je tenterai bien l'autre pastiche de l'auteur traduit en français, Le Livre des Morts, l'intrigue m'a l'air intéressante et je me demande comment l'auteur a abordé Holmes et Watson...

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  2. Je suis sortie de cette lecture assez mitigée aussi (et ton avis me rassure, car jusque là je n'avais lu que des avis dythirambiques). Autant je trouve que l'auteur a bien su monter son truc et autant j'ai adoré certains aspects, autant je suis quand même ressortie assez déçue, surtout par la dernière partie qui n'apporte rien et passe beaucoup trop vite.

    En plus je réalise qu'en rédigeant mon avis plus de deux semaines après avoir achevé ma lecture, j'ai complètement oublié de parler de certaines choses que tu évoques dans tes spoilers et qui ne m'avaient pas du tout convaincue sur le coup. Au final, il faut croire qu'elles ne m'ont pas tant marquée que ça pour que je n'y pense plus.

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    1. Ne t'inquiète pas, si je n'avais pas lu la critique de Luthien, j'aurais aussi pensé comme toi, à me dire que j'étais un monstre parce que les autres critiques sont très positives alors que la mienne, bien que positive dans l'ensemble, relève quand même quelques points négatifs. Sinon, je suis complètement passé à côté de ta critique, j'irais la lire et la commenter tout à l'heure :)

      Sinon, tu penses lire l'autre pastiche qui a été traduit en français et qui est sorti pratiquement en même temps qu'Un certain Dr Watson ?

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  3. Je n'avais jamais lu le résumé du bouquin, du coup il ne me tentait pas, mais en fait maintenant si ! Ça m'a l'air assez chouette et ça fait un petit moment que je n'ai pas lu de pastiches, du coup je me le note.

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    1. Oui, il est plutôt chouette malgré les quelques écarts au canon, mais la plupart tiennent la route je trouve, et le gros point fort du roman reste le personnage de Watson. Je pense (enfin j'espère) qu'il te plaira quand même :)

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  4. [Lecteurs n’ayant pas lu ce livre, ne lisez PAS mon commentaire ! IL EST TRUFFÉ DE SPOILS. Merci.]

    On est d’accords sur de nombreux points en tout cas ! L’idée de base est tellement originale qu’elle accroche bien, d’ailleurs, comme je suis en train de relire quelques nouvelles du Canon, je m’amuse à me dire « Tient, là, Watson était encore espion. ». Et malgré les nombreux défauts que j’ai aussi relevé, remercions Davies d’avoir fait de Watson le "personnage principal" de ce pastiche : ça fait plaisir de voir que certains auteurs n’oublient pas ce brave bonhomme. Cela dit, je n’aurais pas refusé que Davies fasse Watson "un peu plus méchant" au début, façon « je ne connais pas ce Sherlock Holmes, ça me fait des sous, pourquoi ça m’empêcherait de dormir ? », un peu plus aigri à cause de ce qu’il a vécu à la guerre, en somme et que son attachement au détective soit plus progressive. (Comme on connaît leur relation, on s'y attend trop et il n'y a pas tellement d'évolution en fait)
    Par contre, je suis d’accord : le coup avec Mycroft est impardonnable… Et beaucoup d’auteurs se permettent de montrer Mycroft sous un mauvais jour (dans la BBC, c’est plus acceptable car Sherlock est un "sale petit con" j’ai envie de dire et il y a un côté gamin dans leur relation fraternelle, d’ailleurs, j’attends de voir l’évolution du perso’ après le drame de la fin de la saison 2~). Surtout que cette alliance n’apportait rien à l’histoire… L’Interprète Grec aurait pu apparaître sans que Mycroft soit du côté de Moriarty et il n’a pas eu beaucoup d’influence concernant le mariage de Watson et Mary (Moran suffisait).

    Idem pour le canon, Davies était si bien parti, j’ai été déçue par le nombreux de pages qui reprennent tant d'aventures déjà connues… Surtout que, quelqu’un qui n’a jamais lu Une Étude en Rouge risque d’être perdu sur certains passages.

    Mais enfin, un pastiche quand même très sympa !
    D’ailleurs, je me demande si Guy Ritchie, Moffat et Gatiss n’aurait pas lu ce livre (Davies est réputée chez les holmésiens après tout) car j’ai cru reconnaître l’ambiance de ce livre dans les films de 2009 et 2011 et la série BBC !

    Ho et merci au fait ! Je suis un chouilla pointilleuse mais j’aime quand une autre holmésienne dit Holmes et non Sherlock, surtout quand on parle du Holmes du Canon (je dis Sherlock uniquement pour le moderne, pour bien marquer la distinction). Je chipote, je chipote, mais je suis obligée de le préciser car ça me fait vraiment plaisir !

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