mardi 17 janvier 2023

Là où réside l'hiver - Laetitia Arnould.


À dix-sept ans, Edda Nightingale est une jeune fille solitaire et hypersensible. Orpheline, elle vit avec sa belle-mère et la fille de cette dernière. Même mise à l'écart, elle veille chaque jour sur le manoir de son enfance et les bois de Moonland.

Garant des glaciers, Jack Frost est la quintessence de l'hiver. Pourtant, qui connaît encore son nom ? Invisible pour les hommes, délaissé des fantômes, Jack œuvre sans relâche : il roussit les feuilles, souffle le givre et fait danser les flocons...

Est-ce le vent du nord, un étang gelé ou une aurore boréale qui va mettre Edda et Jack sur le même chemin ? Si la première découvrira un univers de conte, le second devra côtoyer les humains, ces Ephémères qui l'ont laissé pour compte.

Quand les rêves de neige disparaissent et que la Terre surchauffe, Edda et Jack devront s'apprivoiser et s'allier aux Veilleurs de l'Hiver, pour que demeure l'équilibre des saisons...


Lorsque j’ai entendu parler de ce roman avant sa sortie, j’étais très emballée et j’ai tout fait pour avoir une copie, alors que j’étais arrivée tard pour la campagne autour du roman. Le livre en lui-même est un très bel objet, relié avec sa languette bleue, ainsi que de jolies illustrations et une couverture sublime aux motifs et couleurs de l’hiver. Le résumé « teaser » que l’on avait au départ avait attisé ma curiosité. Une histoire fantastique autour de l’hiver et du personnage de Jack Frost – que j’affectionne beaucoup après l’avoir découvert dans le film Les Cinq Légendes - voilà qui me semblait prometteur !



Mais… voilà. Après lecture, je dois avouer ne pas avoir été très convaincue par son histoire qui me semblait pourtant pleine de promesses.



Je n’ai absolument pas adhéré au personnage d’Edda Nightingale dont même le nom de famille fait Mary-Sue. C’est une hypersensible (entendons là une fille specialz, dans le sens où elle est sensible à la magie, à ce que nous ne pouvons pas voir habituellement), amoureuse de l’hiver (dans tous les sens du terme, hélas), sensible, imaginative, incomprise de tous, pure, désintéressée… bref, la fille parfaite quoi et donc inintéressante pour moi. L’auteure a voulu lui donner un vécu tragique avec son statut d’orpheline et le cliché de la belle-mère méchante qui traite plus ou moins Edda comme une sorte de Cendrillon. Que l’auteure me pardonne, je n’y ai pas été sensible même si je la remercie de ne pas s’être enfoncée davantage dans le cliché en créant une rivalité entre Edda et Ally, sa demi-sœur et que je trouve leur lien plutôt attachant.



J’ai largement préféré à Edda le personnage de Jack Frost. Son tempérament, ses pouvoir, son histoire et ses tourments qui lui rendent cette humanité qu’il a perdue en devenant l’incarnation même de l’hiver. C’est un personnage imparfait, énigmatique et touchant et j’aurais voulu en apprendre plus sur lui et son passé. Je déplore cependant le fait que l’auteure ait crée une romance entre Jack Frost et Edda, d’autant plus que le rapprochement est trop rapide à mon goût, sans vraisemblance. Ils s’attachent vite (trop vite) l’un à l’autre. Je l’avoue que mon ressenti est aussi dû au fait que je ne m’attendais pas à une romance, ni n’en attendait une, même si elle n’est clairement pas le focus du roman, et je déplore une fois de plus le fait que les romans YA se sentent toujours obligés d’ajouter une romance à leur intrigue, fut-elle secondaire ou non et qu’il est impossible pour eux de faire une amitié garçon-fille, qu’elle soit fusionnelle ou pas, sans en faire une romance.



J’ai toutefois aimé l’ambiance qui se dégage globalement du roman. Il adopte des sonorités de contes par sa magie et son folklore, son monde caché et ses êtres surnaturels. Ce roman n’est ni plus ni moins qu’une ode à l’hiver, une lettre d’amour pour cette saison et cet amour est palpable et communicatif. Il nous rend nostalgique des hivers d’autrefois et nous donne envie de se promener dans des bois enneigés et enchanteurs. J’ai également trouvé intéressant le fait que chaque saison a non seulement sa propre personnification mais les mois de l’année également et que l’on appelle les Veilleurs de l’An, capables de revêtir une forme humaine mais aussi animale, et qui jouent un rôle dans les saisons. Je trouve cependant plutôt exagéré que l’auteure ait rendu Edda encore plus spéciale en [spoiler] faisant de sa mère décédée l’esprit du mois de Décembre. C’est bon, on a fini avec ses caractéristiques qui font d’elle une fille spéciale et parfaite pour l’hiver ? [/spoiler].



J’ai également apprécié et trouvé intéressant que l’auteure confronte ce folklore – en grande majorité hivernal – à des problématiques plus actuelles, notamment notre dure réalité écologique car la problématique que le roman nous dépeint ni plus ni moins est la mort progressive des saisons et surtout de l’hiver. Nous pouvons le voir par nous-mêmes. La neige se fait plus rare, il y a également la fonte des glaces, des hivers de plus en plus doux, et cela impacte les saisons et les veilleurs de l’an dans ce roman, qui vont essayer de sauver ce qu’ils peuvent sauver, de préserver l’hiver, de faire prendre conscience à tous de la gravité de la situation. Le message est fort, car le bouleversement climatique ici est associé à une mort programmée du folklore et de l’imaginaire et, peut-être même de manière indirecte, notre enfance. J’ai trouvé que c’était très bien amené et j’ai apprécié cet aspect du roman, d’autant plus que, sans faire une fin où tout le monde est sauvé, le réchauffement climatique n’est plus, les oiseaux chantent, le soleil brille… ça n’aurait pas été réaliste d’avoir une conclusion heureuse aussi soudaine. Ainsi l’auteure ne nous offre pas un véritable happy ending ni de fin malheureuse mais entre les deux, une fin douce et amère à la fois qui est plus crédible.



Sans m'être ennuyée, je n'étais pas non plus complètement immergée dans cet univers si attrayant de prime abord. Cela reste quelque chose de très personnel et je ne doute pas que beaucoup de personnes arrivent à se laisser porter, savourant simplement l'univers qui nous est proposé ici ainsi que d’adorer ses personnages et la relation qui se lie entre nos deux protagonistes, ce qui est pourquoi j’ai choisi de me séparer de ce livre pour l’envoyer à quelqu’un qui, je l’espère, saura mieux l’apprécier que moi et être envoûté par sa magie. Pour conclure, ce livre n’est pas une déception dans le sens où c’est un livre mauvais. Il n’est pas dénué de qualité et j’ai apprécié certains aspects du roman. Il y en a cependant qui m’ont beaucoup plus chagriné et qui m’empêchent d’apprécier le livre et de le trouver mémorable, mais je ne doute pas que ce livre trouve amplement son succès ailleurs.


Comment avons-nous pu en arriver à cet instant, à cette époque où les saisons ont fini par perdre leurs repères ? Ça me dépasse. L'équilibre du monde ne tient qu'à un fil mais j'estime qu'il est du devoir de chacun de tout faire pour qu'il ne se rompe pas. Nous avons déjà trop tardé.

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