jeudi 24 juin 2010

Dracula, mon amour - Syrie James.


Sept longues années se sont écoulées depuis la fin tragique de l'aventure qui nous a opposés au Comte Dracula, moi, Mina Harker, mon mari, Jonathan, et trois de nos amis. 

 Et pourtant... je me souviens de chaque trait de son visage, de chaque muscle de son corps, comme s'il n'avait jamais cessé de m'étreindre. Aujourd'hui, je ne peux plus supporter le poids de la culpabilité et je me dois d'écrire ce qui s'est réellement passé. Loin du monstre qu'il pouvait être parfois, il était aussi un homme magnifique, d'une beauté terrifiante et d'une intelligence remarquable. Je l'ai aimé au premier regard, d'une passion dévorante, charnelle et interdite. Et j'aime à croire que cet amour incendiaire fut partagé.

Voici mon journal intime. Voici la véritable histoire de Dracula.

 


J'avoue que malgré ma méfiance face à des suites ou réécritures de romans cultes, j’étais curieuse de lire ce roman. Après l'immense déception de la pseudo-suite, Dracula l'Immortel, je m'étais dit qu'on ne pouvait pas faire pire.


J'ai été vite prise dans le roman, le style d'écriture est fluide. J’ai aimé cette immersion dans l'Angleterre Victorienne et me plonger dans la tête de Mina. Elle était retranscrite fidèlement…. Au début. Et là, prenez garde mes bons, parce que ça va spoiler !


L'auteure reprend le même schéma que le livre d'origine : Mina Murray décide de passer quelques jours à Whitby avec son amie d'enfance Lucy Westenra, alors que son fiancé est envoyé en Transylvanie dans le cadre du travail. Elle y coule des jours heureux... à partir de là, l'auteure introduit dans son roman l'arrivée d'un gentleman autrichien nommé Mr Wagner, un être magnifique et cultivé pour qui Mina éprouvera malgré elle une attirance immédiate. C'est pourquoi elle s'interdit tout contact avec ce beau gentleman, après tout elle est fiancée à un homme qu'elle aime. Toutefois, malgré toutes ses bonnes résolutions, elle n'arrive pas à résister aux charmes de ce mystérieux inconnu. À ses sentiments interdits se mêle son inquiétude… non seulement elle n'a plus de nouvelles de Jonathan, son fiancé, mais voilà que Lucy, de nouveau atteinte de somnambulisme, devient pâle et souffre d’un mal étrange…



J’ai souvent eu l'impression d'avoir un peu le film de Francis Ford Coppola retranscrit dans le roman, mélangé au roman original, surtout pour la relation Mina/Dracula car on se doute bien de l'identité de M. Wagner qui est bien-sûr le célèbre vampire, j'ai nommé Dracula. Comme dans le film, il se présente à Mina en parfait gentleman, beau, cultivé, mystérieux, qui essaye de la mordre mais renonce, qui l'emmène dans de jolis coins, dans un restaurant, une promenade dans un bateau. Mina est attirée, ne peut s'empêcher de céder, mais elle culpabilise car elle est fiancée, elle aime Jonathan, même Lucy est davantage celle du film que du roman d’origine, à être davantage sensuelle et séductrice qu’innocente et chaste.



Froncement de sourcils. Bon, pourquoi pas ? Si elle se permet d'être séduite par Wagner mais qu'elle aime de tout son cœur Jonathan, qu'elle s'inquiète pour lui, qu'elle se refuse à le tromper, pourquoi pas ? Le vampire est après tout la séduction incarnée, la tentation. Je peux comprendre que ce soit difficile pour Mina de rester indifférente et résister aux charmes du vampire. Même si… rolala qu’il est beau et cultivé, il danse super bien, sait charmer, Mina peut discuter littérature et science avec lui, donc intellectuellement elle est davantage comblée qu’avec Jonathan. Car oui, l’auteure nous présente une Mina qui est insatisfaite sexuellement par Jonathan, qui ne lui offre pas les discussions cultivées qu'elle a avec Wagner….


Progressivement, cette version du personnage de Mina m’a agacé, avec son déchirement entre deux hommes, un dilemme qu’on entend parler tout le long du roman. J’ai été agacée par ses « non ! je résisterais à Wagner, la prochaine fois, je dirais non ! » alors qu’elle finit par succomber à chaque fois, y compris lorsqu’elle apprend qui est exactement son bien-aimé. Quelle tête à claque ! On passe d'une jeune fille libre et intelligente, à une femme soumise et docile, guimauve.



C’était intéressant d’en savoir plus sur son passé, comment elle a connu Jonathan et Lucy, même l’histoire de sa famille était… euh… étrange [spoiler] Mina avec du sang noble et puis du sang de gitans qui lui permet de prédire l’avenir. Okaaaaaaay dubitatif. Ensuite, que la sœur jumelle de l’épouse de Dracula fut enlevée par les tziganes et que la mère de Mina peut descendre de cette famille, ce qui est une preuve pour Dracula que lui et Mina sont faits l’un pour l’autre. Double okaaaaaaaaaaay. [/spoiler]



Concernant les autres personnages, on voit rarement Seward, Arthur, Quincey, présentés comme tout simplement « les hommes », mais j'ai bien aimé Jonathan pour qui j’ai eu pitié et sympathie. Pour moi, il est la victime dans l'histoire [spoiler] le pauvre veut se venger du mal que lui a fait Dracula, et a plein de projet pour lui et sa femme, il la gâte et elle le trompe, en prévoyant de s'enfuir avec Dracula [/spoiler]. Van Helsing est présenté comme quelqu'un qui ne sait pas ce qu'il dit, un idiot, un incompétent, un incapable en ce qui concerne de détruire les vampires, présenté comme le grand méchant, moqué par Dracula. Arrêtez de le dénaturer !!



Concernant Dracula... ouch... arrêtez de vouloir faire de lui un personnage incompris, le faux méchant de l’histoire ! Je suis tombée des nues lorsque l’auteure raconte que Dracula [spoiler] n'est pas Vlad Tepes, comme le disait Van Helsing, en fait c'est son frère tout doux, tout gentil, qui n'a jamais voulu être vampire et qui n'a aspiré qu'à rencontrer quelqu'un comme Mina. Mensonges de Dracula ou pas ? N'empêche, savoir que Dracula... n'est pas Dracula, celui auquel je pensais, je me suis sentie trompée. J’aime aussi à croire qu'il séduit Mina pour son compte et non parce qu'il l'aime, car rien ne prouve que ses sentiments sont sincères, surtout vu la fin du roman. Peut-être qu'il se servait de Mina, rien de plus. [/spoiler] Bref, Dracula en innocent incompris incapable de maîtriser ses pulsions vampiriques, je n’adhère pas. Il était intéressant et mystérieux au début, mais il a perdu toute sa saveur en faisant la cour à Mina.


En conclusion : une déception, malgré une bien jolie plume. Je n’ai pas du tout adhéré au Dracula à la sauce de l’auteure. J’ai eu l’impression de lire une fanfiction, ça tourne en rond avec ce triangle amoureux, et c'est exaspérant ! On parle dans la quatrième de couverture d'un amour incendiaire, hum, pas vu... on parle d'un monstre, hum, pas vu non plus ... j’ai surtout vu Dracula le séducteur cul cul la praline que Dracula le redoutable vampire. Ce roman peut plaire, c’est certain, mais je ne suis pas du tout le bon public pour l’apprécier… 

 
Juste à cet instant, un bruit insolite a ébranlé la fenêtre. Sautant sur ses pieds, Lucy a soulevé le store. En sursautant, j'ai distingué une vaste créature ailée qui, légère sous la lune, virevoltait dans les parages.
- Qu'est-ce que c'est ? ai-je demandé. Un gros oiseau ?
- Une chauve-souris.
J'avais déjà vu de ces bêtes, mais celle-ci était plus grosse et plus noire que la moyenne, et ses ailes étaient proprement immenses. Une ou deux fois, elle s'est approchée tout près de la croisée et - je l'ai peut-être imaginé, cependant - il m'a semblé que ses petits yeux perçants se fixaient sur moi. Puis elle a filé vers l'orient.
L'air rêveur de Lucy s'était évaporé, remplacé par une sorte de volupté que je ne lui connaissais pas. Se rallongeant, elle a laissé échapper un rire bizarre qui m'a ébranlée.
- Lucy ! Pourquoi ris-tu ainsi ?
- Comme si tu ne le savais pas, Mina chérie.
Après un ultime regard sensuel, elle m'a tourné le dos et a aussitôt sombré dans le sommeil.
Le lendemain, tout a basculé.

 
Chapitre 4.

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