dimanche 14 décembre 2008

Dracula - Bram Stoker.


Répondant à l'invitation du comte Dracula qui prépare son prochain voyage en Angleterre, Jonathan Harker découvre à son arrivée dans les Carpates un pays mystérieux. Un pays aux forêts ténébreuses et aux montagnes menaçantes. Un pays peuplé de loups dont les habitants se signent au nom de Dracula. 

Malgré  la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Ce comte, qui contrôle son courrier et verrouille les porte de son château, ne se reflète pas dans les miroirs et se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur... 

Jonathan Harker doit se rendre à la terrifiante évidence : il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...




C'est suite au visionnage du film de Francis Ford Coppola que j'ai eu envie de découvrir le livre, et donc de me plonger pour la première fois dans la littérature vampirique. Je voulais découvrir la « véritable » histoire de Dracula, entendons par là le roman original de Bram Stoker, qui s’est lui-même inspiré des légendes et de l'histoire de Vald Tepes. Dracula étant la figure du vampire par excellence, je ne pouvais pas passer à côté.


L'histoire de Dracula commence par le voyage de Jonathan Harker, un jeune clerc anglais, fiancé et plein d'avenir, en Transylvanie. Il doit se rendre chez un hôte bien mystérieux, le comte Dracula, pour mener à bien la vente d'une vieille demeure d'Angleterre. Jonathan découvre à son arrivée dans les Carpates un pays pour le moins mystérieux et sauvage, aux forêts ténébreuses, aux montagnes menaçantes, à cette nature indomptée peuplée de loups, un pays où les habitants se signent au nom de Dracula. Tout prête à croire que le terreur règne autour du comte Dracula, et l'on conjure Jonathan de ne pas s'aventurer au château.



Jonathan fait oreille sourde aux avertissements des paysans et décide de continuer la mission qui lui a été confiée. Pourtant, malgré la courtoisie et la bienveillance de son hôte, Jonathan ne peut s'empêcher d'éprouver des doutes de plus en plus grandissants envers ce comte qui semble se rendre maître des loups, qui contrôle son courrier, qui verrouille les portes du château, qui semble être le seul habitant de la demeure, qui n'apparaît jamais le jour, qui se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur, qui ne se reflète pas dans les miroirs, qui ne semble pas se nourrir… Tous ces éléments qui amènent Jonathan à découvrir l'évidence terrible qui fait qu'il est prisonnier de ce château et d'un homme qui ne semble ne pas faire parti du commun des mortels...



De son côté, en Angleterre, Mina Murray est loin de se douter de la situation de son fiancé et profite de son séjour chez son amie Lucy Westenra qui finira par souffrir d'un mal étrange après une nuit mouvementée... qu'arrive donc t-il à sa chère amie ? Et alors que le temps passe, des événements de plus en plus étranges surviennent à Londres. Le docteur John Seward s'active à soigner son amie Lucy, et fait appel pour cela à son maître et vieil ami le professeur Van Helsing qui soupçonnera la véritable origine du mal de Lucy et la cause du mal qui semble rôder en Angleterre... mais tout ne s'arrête pas là, bien au contraire…



Bram Stoker (1847 - 1912)
Je suis ressortie ravie de ma lecture, c'est vraiment mon coup  de cœur de l'année 2008, et il s’offre une place de choix parmi mes livres préférés. Des vampires « classiques » comme je les aime ! Le genre qu’on détruit à coup de pieux, d'eau bénite et de vade retro satanas, ceux qui craignent le soleil, qui ne se reflètent pas dans un miroir. Au niveau du style, le livre est sous forme de journaux intimes, d'extraits de journaux de la presse, de comptes rendus, de carnets de bord, de lettres, de télégrammes mais le tout écrit sous forme de récit. Ce fut parfois laborieux avec quelques longueurs et une sensation de lourdeur dans le récit, mais dans l’ensemble le récit est fluide et très imagé. Dracula est un classique très abordable, très riche, variant les points de vue avec divers personnages tous très sympathiques à suivre. L'alternance des points de vue avec les divers journaux intimes vaut au moins le fait de mieux découvrir en profondeur la plupart des personnages. Chacun nous relate ses peurs, ses angoisses, ses convictions, son quotidien, sa foi, ses raisonnements, ses pensées les plus intimes.



J'ai beaucoup aimé les descriptions de la Transylvanie, des Carpates, de ces lacs froids, ces forêts sauvages, ces paysages sombres, menaçants et inquiétants, des coutumes et mœurs du pays, du château de Dracula, de l'histoire de Dracula, tout est très bien décrit, c'est beau, frais et dépaysant. Il y a un vrai travail de recherche sur ces contrées, sur le personnage de Dracula et de ses ancêtres et leurs histoires. Bram Stoker a fait un bon travail de recherche et nous expose les dernières pratiques et technologies du siècle (chirurgie, psychologie, linguistique, trépanation, médecine, étude des forces occultes et du paranormal, parapsychologie), car certains personnages sont très cultivés : Dracula, Van Helsing, et n'oublions pas John Seward qui travaille en tant que docteur mais aussi dans un asile de fous et ses notes sur un patient qu'il suit sont très intéressantes, il s'agit de Renfield dont l'état psychologique a radicalement changé depuis sa rencontre avec Dracula. Bercé dans sa douce folie, sa dévotion pour son maître, son intérêt chez les insectes qu'il élève ou mange ; la plupart du temps fou et même fou-furieux, il peut devenir bien éduqué, lucide et charmant et l'instant d'après replonger dans sa folie, il reste un cas et donc un personnage très intéressant à exploiter et je comprends l'intérêt de Seward pour lui car il est un personnage clé du roman.



Si vous voulez découvrir Dracula, le vrai, je vous conseille de lire ce livre. Il n’est pas, à l’inverse de nombreux films, le gentleman cultivé amoureux de Mina, torturé par sa condition de vampire, et cela ne peut pas plaire à tout le monde. Ici, Dracula est le mal incarné. On l'aime et on le déteste. Il est à la fois repoussant et ignoble puisqu'il incarne le diable et qu'il est l'auteur de nombreux crimes et des atrocités, mais il est également un homme fascinant, cultivé, rusé, malin, fort, il est la beauté éternelle par excellence. S'il paraît vieux et plutôt laid au début du roman, il se révèle par la suite un prédateur au charme fou, assoiffé de sang et de vengeance. Il a un but à mener et il fera tout pour l'achever. On le hait pour ce qu'il est mais on le plaint pour ce qu'il ne sera jamais : un homme tout simplement. Et seule Mina le comprend alors que tout le reste des personnages ne voit en lui qu'un monstre sanguinaire. Quel merveilleux antagoniste et quel formidable adversaire il est pour nos héros !



Les personnages principaux (minus Dracula), imaginés par Nathan Anderson sur Tumblr
De gauche à droite : Jonathan, Mina, Lucy, Van Helsing, Arthur, Jack et Quincey


Concernant les personnages, comment ne pas tous les aimer ?



Mina Murray est humble, profondément humaine, intelligente, courageuse, pieuse, elle a un grand rôle dans le roman et aidera les hommes à plusieurs reprises dans la traque de Dracula. Une simple femme qui a assez de liberté, d'indépendance, de courage et d'intelligence pour participer activement à la traque de Dracula, même si je regrette qu’elle soit mise de côté par les hommes au bout d’un moment, bien que ce soit pour sa sécurité, et que ces chers messieurs aient mis du temps à se rendre compte du mal qui la rongeait…



Jonathan Harker, qui semble naïf au début pour ignorer tous les avertissements concernant Dracula (cependant, n’oublions pas que les lecteurs de l’époque, et par conséquent l’Angleterre du XIXe siècle, ne connaissent que peu ou pas la figure du vampire), plus intelligent qu’il n’y paraît, avec une force incroyable car il a survécu à Dracula et ses épouses, il ressort traumatisé de sa séquestration au château de Dracula mais participe à sa traque et il est un excellent soutien pour Mina dont l’amour et la dévotion qu’il a à son égard ne peuvent que nous toucher.



J'ai également aimé le docteur Jack (ou John) Seward, l'ancien élève de Van Helsing, médecin travaillant dans un asile de fou, et en particulier le trio qu'il forme avec Quincey Morris, l'américain, et Arthur Holmwood, l'aristocrate anglais et fiancé de Lucy. Trois amis différents réunis pour leur affection profonde pour Lucy, tous trois proches, qui chasseront ensemble le vampire, leur amitié et solidarité seront leur force principale.



Comment oublier la douce Lucy Westenra, pauvre victime dans l'histoire surtout quand on sait ce qui adviendra d'elle.



Mais le personnage qui m'a le plus plu et marqué était sans conteste le professeur Abraham Van Helsing. Un personnage haut en couleur, cultivé, intelligent, déterminé, parfois impétueux, croyant mais savant, très attaché à ses amis et son ancien élève, il y a un véritable combat intellectuel entre lui et Dracula. Le vampire et le chasseur de vampire. Au niveau des personnalités, les personnages sont bien fouillés, tous très intéressants et attachants à leur manière, quoique un peu trop manichéens pour certains mais ça s'arrête là.



J’ai ressenti quelques longueurs vers la fin, fin qui est d'ailleurs plutôt précipitée, ce qui m’a quelque peu déçu, mais j'en ai ressentie un profond soulagement et l'on est enfin délivré de l'atmosphère lourde et inquiétante du récit.


La légende, sa majesté des vampires, incarnée par trois acteurs de légende, eux-aussi :
Christopher Lee, Bela Lugosi et Gary Oldman



Au final, Dracula est un récit gothique, fantastique, qui nous offre des personnages très intéressants et attachants, une intrigue intéressante qui tient en haleine, on découvre le vampire par excellence, c'est plein d'émotion. Le style de Bram Stoker est hypnotisant, et si le roman ne fait pas si peur que ça au final (peut-être était-ce plus effrayant pour l'époque ?), l'histoire est passionnante, bien recherchée, on sent tout de travail de l'auteur, c'est une bonne histoire de vampire de la littérature classique, un bon récit gothique et fantastique qui m'aura enfin permis de découvrir Dracula. Vraiment, c'est un excellent roman, une très bonne surprise !



Avis toutefois à ceux qui ont vu le film de Coppola : ne vous attendez pas à retrouver une histoire d'amour entre Mina et Dracula, sous peine d'être déçu. S'il y a des rencontres entre les deux personnages dans le roman, ils ne sont en aucun cas amants !


Le professeur fut interrompu d'une manière plus que surprenante. Hors de la maison, une détonation creva le silence. La fenêtre vola en éclats et la balle, ricochant sur le haut de l'embrasure, alla frapper le mur du fond. J'ai bien peur de n'être qu'une faible femme, car je me suis mis à hurler. Les hommes bondirent tous sur leurs pieds. Lord Godalming se précipita vers la fenêtre qu'il ouvrit sans hésiter. 
En même temps, nous entendîmes la voix de Mr. Morris : 
- Excusez-moi ! Je crains de vous avoir alarmés. Je monte vous expliquer tout de suite ! 
Une minute plus tard, il rentra dans la pièce et dit : 
- C'était bien idiot de ma part, et je vous prie de m'excuser, Mrs Harker, bien sincèrement ! Je vous ai sans doute terriblement effrayée. C'est sans doute insensé mais, pendant que le professeur nous parlait, une grande chauve-souris est venue se poser sur le rebord de la fenêtre. Depuis ces derniers événements, ces animaux m'inspirent une telle horreur que je ne puis plus les supporter. Je suis donc sorti l'abattre, comme je l'ai fait depuis plusieurs soirées déjà. Vous êtes-vous assez moqué de moi, Art ! 
- L'avez-vous touchée ? demanda le docteur 
- Je ne crois pas, car elle s'est envolée en direction des bois. 
Sans ajouter une parole, il reprit sa place et le professeur poursuivit.
Chapitre XVIII. (Journal de Mina Harker)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire