jeudi 29 septembre 2022

Vampyria (T.3) La Cour des Ouragans - Victor Dixen.

Un océan à feu et à sang.

Le commerce avec les Amériques, qui depuis des siècles assure la richesse de la vieille Europe vampyrique, est menacé par des hordes de pirates. Le plus sinistre d’entre eux, le capitaine Pâle Phœbus, sème un vent de terreur sur toute la côte Atlantique. Louis XIV l’Immuable ordonné à sa protégée Diane d’épouser ce flibustier sanguinaire afin d’en faire un corsaire à la solde de la France.

Un cœur à la dérive.

Diane se nomme en réalité Jeanne : c’est une roturière qui sert secrètement la Fronde. L’organisation rebelle lui demande elle aussi de séduire Pâle Phœbus, mais pour l’enrôler dans la lutte contre le joug des vampyres. Quelle que soit l’issue, le destin de la jeune fille ne lui appartient plus. Est elle Diane ? Est elle Jeanne ? A moins que les ouragans n’emportent tous ses masques, pour révéler un terrifiant visage qu’elle n’a jamais osé regarder en face…



Nous voici donc arrivés à la fin, non pas celle de la série, non pas celle des aventures de Jeanne, mais la fin de cette première trilogie. Après La Cour des Ténèbres qui nous avait emmené dans les intrigues de la cour de Versailles et La Cour des Miracles qui nous avait emmené dans les ruelles sombres et dangereuses de Paris puis ses catacombes, La Cour des Ouragans nous fait embarquer en pleine mer, à la rencontre de Phoebus, pirate insaisissable et mystérieux qui donne bien du soucis à Sa Majesté des Ténèbres, l’Immuable Louis, qui compte bien s’en faire un allié, en lui proposant pour épouse Jeanne. Cette dernière se serait bien passée de ce mariage, mais elle compte mettre à profit cette mission pour faire gagner Phoebus à la cause de la Fronde et espérer avoir ainsi un allié de taille dans sa lutte contre Louis et ses vampires.



Son voyage ne sera pas tranquille pour autant. Le capitaine du navire, Hyacinthe, est un vampire cruel et sadique qui a pour mission de transmuter Jeanne et son fiancé en vampire sitôt les fiançailles annoncées. Bien que Jeanne puisse compter sur la compagnie de son amie, la pétillante Poppy, une autre compagnie inattendue pourrait bien compliquer ses plans… Prudence, la cousine de la vraie Diane de Gastrefriche, qui pourrait très bien découvrir que sa cousine n’est pas ce qu’elle semble être. Comble de la surprise lorsque Jeanne découvre qu’elle n’est pas la seule à convoiter la main du capitaine Phoebus



J’avais beaucoup aimé le premier tome et si j’avais aimé le second tome également, c’était à un degré moindre, j’avais été moins comblée. J’ai été ravie de découvrir une lecture prenante et palpitante dans ce troisième tome qui a su se renouveler et nous offrir un rythme soutenu tout le long du roman avec de nombreuses péripéties et des rebondissements qui s’enchaînent. Je ne cache pas avoir eu quelques… surprises lors de ma lecture, qui m’ont bien déconcerté, notamment lorsque le roman prenait des airs sur The Bachelor [spoiler] avec Phoebus et sa clique qui décident tout bonnement de faire s’affronter les prétendantes dans plusieurs épreuves, dont une où des pirates décident de voter pour la plus belle et la moins belle est condamnée à mourir, mais quoiiii ?? [/spoiler], même si la plupart des épreuves étaient aussi divertissantes que le voyage jusqu’au navire de PhoebusVictor Dixen nous montre qu’il sait aussi bien raconter des aventures maritimes digne de Pirate des Caraïbes que les intrigues de la cour. C’était dépaysant car nous voyageons à travers de différentes contrées maritimes et que l’action ne désemplit pas. L’univers de Vampyria continue de s’approfondir, pour mon plus grand plaisir, et se penche davantage sur l’alchimie, les expériences ratées qui produisent des êtres humains d’un genre… nouveau, les travaux pour le retour de la lumière. Je ne suis pas sûre d’avoir tout saisi mais ce fut intéressant.



Concernant les personnages que nous connaissons déjà :



Jeanne, bien-sûr. Son personnage s’étoffe de plus en plus, l’auteur enchaîne les surprises et révélations autour d’elle, notamment ses origines, pourquoi elle arrive à comprendre les créatures des ténèbres, le don qu’elle a reçu de la gorgée du Roy déclenche chez elle des flash-back de son passé, lorsqu’elle était un nourrisson et dont elle ne se souvient plus. L’auteur a su nous surprendre en nous dévoilant sa véritable nature.



Zacharie, qui était alors un personnage tertiaire, est un peu plus sur le devant de la scène. S’il nous apparaît d’abord antipathique, il va se dévoiler peu à peu et se révéler être un personnage attachant dont le passé va se dévoiler, et nous permettre de comprendre les motivations du personnage, notamment autour de l’abolition de l’esclavage en Amérique qu’il souhaite.



J’ai retrouvé avec plaisir Poppy, toujours aussi pétillante et attachante, qui nous régale par sa fraîcheur, son humour et son élégance. Alexandre a malheureusement quelque peu perdu de sa superbe et m’a paru plus risible et ridicule dans ses gaucheries et sa fourberie, alors qu’il m’était plus attachant dans les précédents tomes.



Au niveau des nouveaux personnages, nous en avons une poignée, pour la plupart intéressants. Le capitaine Hyacinthe est cruel à souhait qui m’a surpris dans son sadisme et j’ignore dans quelle direction Victor Dixen va nous mener avec ce personnage mais également celui de Rafaël, l’amant secret de Suraj, un écuyer du Roy, et qui [spoiler] a été contraint de boire un philtre d’amour, tombant amoureux de son bourreau Hyacinthe, alors qu’il pleure également la perte de son amant Suraj [/spoiler]. J’ai été bien surprise de la tournure de l’histoire concernant ce personnage, et je me demande avec une certaine appréhension ce que va nous réserver l’auteur car il va consacrer sa prochaine trilogie de Vampyria à ce personnage.



Concernant Pâle Phoebus, je ne peux pas dire m’être attachée au personnage mais il est définitivement intriguant de par sa nature particulière (causant le froid autour de lui, ne supportant pas les couleurs vives, capable de provoquer des tempêtes par sa musique) et par son passé rempli de mystères que l’on va découvrir petit à petit au fil des pages. J’ai été ravie de constater qu’un personnage important dans la vie de Louis XIV était présent dans ce roman [spoiler] à savoir Madame de Maintenon, son ancienne favorite et épouse [/spoiler], apportant un peu plus de nuance au personnage de Louis, dévoilant un peu plus de ses mystères, comment il est devenu ce qu’il est. Cela me fait me demander si nous avons une chance de revoir ce personnage et s’il y aurait des retrouvailles avec Louis.



Ce troisième opus laisse aussi sa part à la romance… Poppy qui se languit de Zacharie. Une romance plutôt mignonne, sans plus. En revanche, j’ai été surprise et un peu déçue de constater que Victor Dixen a tout de même donné une romance à son héroïne, même si cette romance n’arrive pas tout de suite, alors que Jeanne n’avait jamais porté le moindre intérêt, la moindre envie d’une romance, préférant se consacrer à sa mission. Quelle ne fut pas non plus ma surprise de découvrir l’objet de ses sentiments… [spoiler] un vampire, à qui elle accepte sans broncher de donner son sang, ce cher Sterling Raindust [/spoiler]. Désolée Monsieur Dixen, même si ce personnage m’a paru plus sympathique par rapport au tome précédent, je n’adhère pas à ce couple. J’ai trouvé cette romance sortie de nulle part, car rien ne m’avait laissé présager que Jeanne éprouvait ce genre de sentiment pour ce personnage.



En conclusion, Victor Dixen clôture avec réussite son premier cycle Vampyria, laissant entrevoir une suite intrigante à découvrir, bien que le personnage de Rafaël ne m’attire pas de prime abord. Toutefois, j’aime assez l’univers pour vouloir m’y replonger à travers de nouvelles aventures. Pour en revenir au troisième tome, malgré des scènes que j’ai trouvé déconcertantes et la romance sortie de nulle part, j’ai beaucoup aimé voir s’étoffer l’univers et découvrir d’autres aspects de ce monde vampirique à travers un cadre plus maritime. J’ai aimé la dimension dimension aventureuse de ce tome ainsi que l’univers des pirates qui démontrent une nouvelle fois tout le talent et l’imagination de l’auteur.


« Louis était l’être le plus solaire que j’eusse jamais rencontré, se remémore-t-elle (…) De fait, il avait fait du soleil son emblème – lui qui était le roy des astres et l’astre des roys. Son ardeur enflammait les troupes sur les champs de bataille. Il aimait danser, et illuminait la scène de sa seule présence. Lorsque son regard se posait sur vous dans la galerie des Glaces, c’était comme un rayon de midi qui vous aveuglait de son incandescence. Mais il pouvait se montrer doux aussi, dans l’intimité, tel le soleil d’une aube de mai. »

J’ai du mal à me représenter l’Immuable, ce géant de glace et de sévérité, sous les traits d’un être de feu et de passion. C’est pourtant bien la chaleur qui fait vibrer la voix de madame M., le brasier d’un amour encore ardent après toutes ces années.

« Cependant, tout soleil doit un soir se coucher, soupire-t-elle. Dans sa vieillesse, Louis s’est refroidi. À l’approche de la mort, il s’est terni. L’existence lui semblait soudain effroyablement courte pour tout ce qu’il avait encore à accomplir. C’est ainsi qu’avec ses médecins, il a commencé à s’intéresser aux secrets interdits de l’alchimie. J’ai essayé de l’en dissuader, car j’étais à l’époque fort pieuse, et l’ancienne Eglise aujourd’hui disparue condamnait les actes occultes. Mais plus je lui demandais de cesser ses travaux blasphématoires, plus il s’entêtait… et plus il s’éloignait de moi. »

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