jeudi 27 octobre 2022

L'épouvanteur (T.5) L'erreur de l'épouvanteur - Joseph Delaney.

 « — Lève-toi, m’ordonna-t-elle d’une voix dure. L’heure est venue, le danger est proche. Nos ennemies ne vont pas tarder.

Nos ennemies ? soufflai-je. Il y en a plusieurs ?

Bien sûr, petit ! La fille du Malin ne sera pas seule. Les sorcières d’eau convergent de tous les côtés vers cette colline. Le combat est imminent. »

Plus que jamais, l’obscur menace le Comté. John Gregory envoie Tom dans le nord, pour qu’il poursuive sa formation auprès d'un autre épouvanteur, Bill Arkwright. Ce dernier habite un moulin hanté, non loin de dangereux marécages, et il se montre un maître implacable. Tom a du mal à supporter ses méthodes ! Or, le Malin charge sa propre fille, une puissante sorcière d’eau, d’anéantir Tom. C’est alors que Bill Arkwright commet une erreur, et le garçon se retrouve seul pour affronter sa redoutable adversaire.


Il y a un peu plus de dix ans (déjà ! Que le temps passe), j’avais découvert la série L’épouvanteur et dévoré les quatre premiers tomes en deux mois. La bibliothèque ne possédant pas les tomes suivants, j’avais mis en pause la saga. Puis, j’ai lu d’autres livres et j’ai laissé L’épouvanteur de côté… Les années ont passé et la série a commencé à refaire surface dans mon esprit. L’univers me manquait et j’étais désireuse de connaître la suite, par chance, depuis le réseau de bibliothèque avait fait l’acquisition des tomes suivants ainsi ai-je repris ces derniers mois la lecture en relisant tout d’abord les quatre premiers tomes pour me remettre dans le bain et me remémorer ce que j’avais oublié. J’ai redécouvert avec beaucoup de plaisir l’univers et les personnages, constatant que la magie opérait toujours et que je dévorais chaque page, chaque chapitre, comme il y a quelques années. Entre deux, j’ai appris avec tristesse la mort de Joseph Delaney qui, même si je n’avais pas grandi avec ses livres, avait toujours su me charmer par ses mots, son univers et ses personnages.


Me voici donc, mes relectures achevées, à reprendre officiellement la série, en partant en terrain inconnu avec L’erreur de l’Epouvanteur.


Dans le tome précédent, les sorcières de différents clans s’étaient réunies pour invoquer le Malin et le relâcher sur Terre afin qu’il accomplisse leur dessein, celui de tuer le jeune Tom Ward. Bien qu’il ait échoué à cette tâche, le Diable est à présent libéré de toute contrainte et libre d’arpenter où bon lui semble. Depuis, la situation s’obscurcit dans le Comté. Craignant que le Malin ne cherche à s’en prendre à Tom et incapable de lui enseigner une forme d’entraînement, qu’avec son âge il ne peut lui prodiguer, John Gregory envoie son apprenti passer six mois chez un autre Epouvanteur, Bill Arkwright, pour qu’il poursuive son apprentissage. Arkwright est un ancien apprenti de Gregory et vit dans un moulin hanté par les fantômes de ses parents, en compagnie de Croc et Griffe, deux chiens féroces. Tom a bien du mal à s’acclimater, d’autant plus qu’Arkwright est très exigeant, sévère et porté sur la boisson, et que les ennuis parviennent malgré tout à le trouver sous la forme d’une monstrueuse sorcière. Arkwright lui révèle qu’il s’agit de Morwène, une redoutable sorcière des eaux, qu’il pourchasse depuis des années et qui sème la terreur depuis des siècles…


À l’instar des tomes précédents, j’ai dévoré ce livre et, alors que je prévoyais une lecture progressive, je n’ai pas su résister et je l’ai terminé en quelques heures. L’écriture de Joseph Delaney est toujours aussi efficace, il parvient à nous entraîner aisément dans son histoire et à nous faire tourner les pages avec avidité. Il sait manier le suspense, nous surprendre, nous attendrir comme nous faire ressentir de l’appréhension.


Avec ce tome, Joseph Delaney nous entraîne ici à la découverte des sorcières d'eau, selkies, skelts et autres créatures des marais. Son folklore continue ainsi à s’étoffer à mesure que la saga progresse. J’ai beaucoup aimé le changement d’environnement, on se retrouve dans un cadre marécageux, brumeux mais toujours sombre et inquiétant, où vivent des créatures inquiétantes.



J’ai retrouvé avec plaisir les personnages et même si j’aime toujours Tom, je déplore le fait qu’il ait moins brillé dans ce tome par rapport aux précédents, qu’il reste encore celui qui se fourre malgré lui dans les ennuis et qui doit être sauvé par AliceGregory ou un autre personnage. Je suis bien consciente que Tom est encore en stade d’apprentissage et qu’il fait face à des créatures bien plus puissantes que lui, mais même lorsqu’il est en déroute face à des humains, j’aurais aimé qu’il soit un peu plus débrouillard, comme ce fut le cas dans les tomes précédents. Même à son moment le plus intense, celui où il a du combattre Morwène, il ne l’a pas fait seul et s’est battu avec un autre personnage qui a fini par achever le travail et sauver Tom. J’espère vraiment que Tom brillera davantage dans les tomes suivants car il en a les capacités, il l’a déjà prouvé, et que nous lecteurs aimerions voir la certitude que, oui, Tom est bien le meilleur apprenti que Gregory ait jamais eu, comme l’affirment certains personnages.




Gregory est moins présent dans ce tome, mais c’est toujours un plaisir de le revoir, d’autant qu’on devine bien dans ce tome son inquiétude pour Tom, prouvant qu’il est attaché à son apprenti et ne veut que son bien, et le protéger tout en le préparant au pire, pour qu’il ait une chance de survivre. Il a été difficile de s’attacher à Bill Arkwright, comme ce fut le cas avec Tom qui du mal à se faire à cet Epouvanteur si différent de John Gregory, avec des méthodes brutales, qui se montre antipathique, violent et porté sur la boisson. Au fil des chapitres, Tom et le lecteur sont amenés à comprendre le passé de cet homme et réaliser ce qu’il peut apporter à Tom. Malgré tout, Arkwright a un vécu qui le rend touchant et il nous montre petit à petit d’autres facettes de sa personnalité. Je serais curieuse de voir s’il va apparaître de nouveau dans la série. Bien que je n’ai eu aucune sympathie pour Arkwright au début, sans pour autant le détester, j’ai apprécié de découvrir les méthodes d’un autre Epouvanteur, et qui différent de celles de John Gregory, de voir comment Arkwright voit le rôle d’Epouvanteur et l’exerce, ce qui permet à Tom d’ouvrir ses horizons et de voir que la vision de son maître n’est pas la seule. Cela fait un parallèle intéressant avec la vision que nos personnages se font concernant l’obscur ainsi que d’autres choses, notamment les différences d’opinion concernant Alice.


Alice est très énigmatique dans ce tome. L’attachement qu’elle et Tom se portent est toujours aussi attachant, on ne peut pas être insensible à la loyauté et l’affection qu’ils ont l’un envers l’autre, et combien ils sont prêts à tout pour l’autre. Néanmoins, on sent qu’elle change, que son destin n’est pas tout à fait défini… Si on ne doute pas de son attachement pour Tom, elle n’est pas définie entre « bonne sorcière » ou « mauvaise sorcière ». On ignore quel chemin elle va prendre, ce qu’il va lui arriver, comment elle va évoluer… d’autant plus que ce tome nous révèle des secrets bien surprenants sur Alice et sa famille et qui pourraient faire pencher la balance. Je suis très curieuse de voir ce que l’auteur a en réserve pour nous concernant ce personnage et voir si sa relation avec Tom sera plus forte que son ascendance ou pas…


J’ai été ravie de retrouver Grimalkin, la sorcière assassine. Elle n’est que peu apparue dans le tome quatre mais elle m’avait laissé une forte impression. Son importance se confirme dans ce tome, et laisse deviner que ce sera le cas dans les suivants. C’est vraiment une sorcière pas comme les autres et j’aime beaucoup ses interactions avec Tom. [spoiler] si elle se confirme bel et bien comme alliée, elle sera une alliée de poids pour Tom et elle semble lui être attachée, du moins je l’espère, et j’espère retrouver cette dynamique dans les prochains tomes [/spoiler]


Je ne peux pas parler de ce tome sans parler de l’Adversaire avec un grand A. Le Malin. Celui-ci en impose par sa présence, chacune de ses apparitions ne laisse pas indifférent tant elles semblent figer le temps pour ne laisser que de l’effroi et de l’appréhension. Il est vil, corrupteur, malin et manipulateur. J’ai aimé chacune de ses apparitions ainsi que ses interactions avec Tom pour qui il voue un intérêt glaçant mais fascinant. Je ne demande qu’à découvrir au cours des prochains tomes ses autres apparitions ainsi que découvrir la véritable nature de son intérêt pour Tom.


Même lorsque l’affrontement s’achève, nous ne sommes pas au bout de nos surprises et d’autres éléments s’ajoutent, nous tenant en haleine et nous donnant envie de lire le tome suivant, qui promet notamment le retour de la mère de Tom. Ce tome continue de confirmer mon amour pour la série qui se révèle de plus en plus passionnante. Ce qui ne ressemblait au début qu'à un enchaînement d'aventures fantastiques et effrayantes prend plus d’épaisseur pour devenir une lutte plus globale contre un ennemi de choix.


L’horreur reste vibrante et Joseph Delaney n’hésite pas à amener des événements assez violents dans le récit [spoiler] notamment choquée d’une scène où Tom découvre l’un des chiens de Arkwright mort d’une horrible façon par une sorcière d’eau [/spoiler], bien que ce ne soit pas trop explicite. Les rebondissements ne manquent pas, le rythme est toujours soutenu, l’intrigue ponctuée par de nombreux événements. Bref, encore une belle réussite ! Il me tarde de découvrir le tome suivant… 


Je ne le voyais pas, mais ses pas l'amenaient vers moi. Chaque fois que l'un de ses pieds invisibles se posait sur le plancher, il laissait la marque d'un sabot fendu, qui rougeoyait un instant en grésillant avant de noircir. Grimalkin m'avait dit que, pour leur inspirer la crainte et les forcer à l'obéissance, il étai apparu aux clans de sorcières sous sa véritable apparence, le jour de Halloween. Cette vision était si épouvantable, prétendaient certains, que quiconque y était confronté mourait de saisissement. N'était-ce vraiment qu'un conte de bonnes femmes pour faire frémir à la veillée ? Allait-il me montrer son visage ?

(...) Il était devant moi, en bottes et veste de cuir, tel qu'à notre première rencontre, avec le même sourire amical et confiant.

- Eh bien Tom, me dit-il, comme je te l'ai fait remarquer récemment, au lieu de me nommer le Malin, on pourrait m'appeler l'Ami. Qui veux-tu que je sois pour toi ? Voilà ce que tu devras décider dans les minutes qui suivent. De cette décision dépend le reste de ta vie, ainsi que le sort de tes trois compagnons.

26. L'impensable.

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