Derrière les portes closes de la Chapelle Sixtine, cent dix-huit cardinaux venus des quatre continents vont participer à l'élection la plus secrète qui soit.
Ce sont tous des hommes de foi. Mais ils ont des ambitions. Et ils ont des rivaux.
En secret, les alliances se préparent.
Ce n'est plus qu'une question d'heures... L'un de ces cardinaux va devenir la figure spirituelle la plus puissante au monde. Sur la place Saint-Pierre, deux cent cinquante mille chrétiens attendent de voir la fumée blanche apparaître.
En avril, l’annonce de la disparition du Pape et le conclave à venir m’ont plongé dans le visionnage de nombreux films et documentaires, parmi eux le film Conclave qui aura bien fait parler de lui. Le visionnage de ce dernier m’a poussé par la suite à découvrir le roman dont il s’inspire.
Le Pape est mort, vive le Pape !
Le cardinal Lomeli (Lawrence dans le film), le doyen du collège des cardinaux, est chargé d’organiser le conclave qui élira le prochain à siéger sur le trône de Saint Pierre. Les cardinaux du monde entier se retrouvent pour voter et cohabiter ensemble. Lomeli entend bien que ce conclave se déroule dans les meilleures conditions possibles, mais il découvre bien vite que des mystères entourent la mort du Pape et que les cardinaux ont tous des secrets et des scandales qu’ils tentent de cacher. Entre les jeux de pouvoirs et les manigances, qui sera le nouveau pape ? Jusqu’où l’ambition des cardinaux peut-elle aller ?
J’ai beaucoup aimé ce huis-clos, dans lequel nos cardinaux sont enfermés et coupés du reste du monde. Ici, point de cadavre mais des magouilles, des scandales et secrets bien gardés, des révélations inattendues et des complots déjoués. Ce huis-clos devient plus plus oppressant au fur et à mesure que l’élection se poursuit, qui ravive peu à peu les tensions au fur et à mesure que les scandales et les secrets sont dévoilés. Les favoris des premiers scrutins tombent en disgrâces et de nouvelles figures de proues se dévoilent, certaines étant même assez inattendues.
Il s’agit ni plus ni moins qu’un thriller politique où les ambitions de chaque cardinal sont dévoilées petit à petit. Chacun clame vouloir servir l’Église et les hommes, mais l’Église n’en reste pas moins une puissance politique mondiale que chaque cardinal entend obtenir pour sa propre ambition. Comme dans chaque élection, il y a des jeux d’alliances, des intérêts qui guident dans l’ombre certains électeurs, des coups bas également pour affaiblir la crédibilité d’autres candidats.
Les cardinaux ne sont certes pas présentés comme des Saints mais ils ne sont pas des démons non plus, ce sont tout simplement des hommes avec leurs secrets, des ambitions, des qualités comme des défauts, quel que soit leur niveau de spiritualité ou leur rang ecclésiastique. J’ai même apprécié certains d’entre eux, notamment notre personnage principal, Lomeli, qui devient enquêteur malgré lui, et que chaque secret, chaque scandale découvert, a mis sa foi en l’homme et en l’Église à rude épreuve, ainsi que le cardinal Bellini et le cardinal Benitez, crée in pectore par le Saint Père. Et, bien qu’elle ne soit pas cardinal, Sœur Agnès en impose !
J’ai beaucoup aimé cette intrigue, pourtant rien ne le prédisait au départ. Je trouvais même l’histoire un peu longue, elle se laissait lire mais sans plus. Sans doute le roman aurait gagné en intensité avec quelques coupes et un rythme plus soutenu car l’intrigue a souvent été alourdie par de nombreuses descriptions. J’ai souvent eu l’envie de survoler certains passages. Cependant, j’ai persévéré et c’est progressivement que l’intrigue a capté mon intérêt et qu’elle est devenue un véritable coup de cœur. Ayant déjà vu le film, les rebondissements et la révélation finale sur l’identité du nouveau Pape ne m’auront pas surprise, cependant j’ai redécouvert l’histoire avec un réel plaisir, même si ce fut long au démarrage, mais mieux vaut tard que jamais !
C’était comme un roman policier où notre protagoniste principal enquête pour découvrir, bien malgré lui, les secrets de ses collègues cardinaux, le tout dans le contexte d’un conclave où les cardinaux électeurs sont tous enfermés pendant plusieurs jours en vue d’élire le prochain pape. À première vue, ça ne semble pas très palpitant, mais le conclave est un événement en lui-même que je trouvais déjà fascinant de prime abord. Je me rappelle avoir longuement scruté la cheminée, dans l’attente d’une fumée, en me demandant à quoi toute cette élection pouvait bien ressembler et l’auteur a fait un sacré travail de recherche, s’étant même rendu jusqu’au Vatican et interrogeant des cardinaux pour avoir le plus de détails possible et nous offrir un roman réaliste.
Ce scénario se déroule dans un contexte, encore d’actualité, d’attentats terroristes et de persécutions religieuses dans le monde. Il est aussi question de modernité dans l’Église avec, notamment, le sujet du divorce, de l’homosexualité, ou de la place de la femme, là où certains cardinaux souhaiteraient un retour aux traditions, au conservatisme d’antan avec les messes en latin ou un schéma plus traditionnel de la famille, ce qui nous pousse à réfléchir aux contractions d’une Église, une institution ancienne, confrontée au monde moderne.
Conclave est donc un thriller bien construit, qui sait maintenir en haleine, qui est brillamment construit, avec un travail de recherche remarquable pour nous rendre l’histoire la plus réaliste possible. Le conclave comme si on y était ! J’aurais tant aimé découvrir ce livre pendant le vrai conclave de mai 2025, mais ce livre était déjà emprunté à ce moment-là, victime de son succès… et de l’actualité ! Robert Harris a donc su faire mouche avec son Conclave, je serais tentée de découvrir ses autres romans dans le futur, notamment son Pompéi qui me fait de l’œil… histoire de rester encore un peu en Italie !
Ô Seigneur, Tu m’as chargé de l’organisation de ce très saint conclave… mon devoir est-il simplement de m’assurer du bon déroulement des délibérations de mes confrères, ou ma responsabilité m’oblige-t-elle à intervenir et à influencer l’issue du scrutin ? Je suis Ton serviteur et tout entier soumis à Ta volonté… Quelles que soient les mesures que je prendrai, l’Esprit-Saint ne manquera pas de nous orienter vers un pontife digne… Guide-moi, Seigneur, je T’en supplie, dans l’accomplissement de Tes désirs… Serviteur, tu dois trouver seul ton chemin…
Par deux fois, il [Lomeli] se leva de son lit et s’approcha de la porte, et par deux fois, il retourna s’allonger. Évidemment, il savait bien qu’il ne recevrait aucune révélation fulgurante, qu’il ne serait envahi par aucune certitude soudaine. Il n’attendait rien de tel. Dieu ne s’exprimait pas de cette façon. Il lui avait envoyé tous les signes dont il avait besoin. C’était à présent à lui d’agir. Et peut-être s’était-il toujours douté qu’il devrait en arriver là, ce qui expliquait pourquoi il n’avait pas rendu le passe et l’avait gardé dans le tiroir de sa table de chevet.