lundi 27 juillet 2020

T.Rex Superstar - Jean Le Loeuff.

Amazon.fr - T. rex superstar - Le Loeuff, Jean - Livres
S'il ne doit en rester qu'un, ce sera sans doute lui. A la question quel dinosaure connaissez-vous, 90% des gens répondent : le tyrannosaure ! De quoi déprimer les paléontologues qui ont décrit les quelque mille autres espèces de dinosaures...  Mais pas Jean Le Loeuff qui, d'une plume érudite et irrésistiblement drôle, dresse le portrait de cet archétype du grand prédateur qu'est Tyrannosaurus, à la lumière des découvertes scientifiques les plus récentes. Vous saurez enfin si le « roi des lézards tyrans » avait des plumes, à quoi pouvaient bien lui servir ses bras minuscules et à quelle vitesse il vous aurait fallu courir voici 68 millions d'années pour lui échapper. 

Passionnante plongée dans l'histoire de la paléontologie, T. rex superstar décrypte aussi comment, de Balzac à Louis Figuier en passant par Pif le chien et, bien sûr, la saga des Jurassic Park, T. rex, s'est imposé dans la culture scientifique et populaire comme le véritable roi des dinosaures.




Si on venait à nous demander de ne citer qu'un dinosaure, le Tyrannosaure ferait partie de la grande majorité des réponses, et avec raison ! Cet impressionnant dinosaure a su s'imposer dans la culture scientifique et populaire, et voir sa popularité s'accroître suite au succès des films Jurassic Park, depuis des années. Il est le roi des dinosaures par excellence, et l'auteur nous explique le pourquoi de cette popularité et s'applique à nous faire (re)découvrir cette superstar préhistorique sous de nombreux aspects, tant scientifique et culturel qu'historique.

Espéraza. Après avoir trouvé l'ampélosaure, Jean Le Loeuff a ...
L'auteur, Jean Le Loeuff.
Dans un fil logique, avant de nous pencher sur le vif du sujet, l'auteur a choisi de nous faire découvrir le contexte des premières découvertes des dinosaures à travers leurs fossiles. Nous n'avons pas attendu les grandes découvertes du XIXe siècle pour découvrir les dinosaures, les fossiles ne sont pas apparus comme par magie à cette période uniquement, toutefois le XIXe siècle est la période où les scientifiques ont identifié ces fossiles comme appartenant à des dinosaures. Des découvertes de ces fossiles ont été faites tout au long de l'Histoire, nous ignorions cependant qu'il s'agissait de dinosaures car nous ne savions pas ce qu'étaient les dinosaures. Ces fossiles ont longtemps été perçus comme étant des os de géants de la Bible ou des os d'éléphants, puisqu'il était inconcevable, pendant des siècles et sous l'autorité de l'Eglise, d'imaginer que la création du monde n'a pas commencé avec les hommes mais avec des animaux préhistoriques et que Dieu ait pu faire des "erreurs", c'est-à-dire en créant des animaux devenus éteints.

Nous passons ensuite aux grandes découvertes des XVIIIe et XIXe siècles, où les scientifiques ont su identifier les fossiles découverts comme appartenant à plusieurs espèces qu'ils nommeront dinosaures et où naît une nouvelle branche scientifique : la paléontologie. L'auteur nous parle du grand dinosaure carnivore en vogue à l'époque, avant qu'il ne soit détrôné par le Tyrannosaure plus tard, le Mégalosaurus qui, avec l'Iguanodon, ont été les deux premiers dinosaures à avoir fait l'objet d'une description scientifique ainsi que leur popularité dans les arts et les sciences, allant jusqu'à inspirer les écrivains, friants de cette nouvelle science.

On peut alors se demander : et le Tyrannosaure dans tout ça ? Cette superstar jurassique se fait certes attendre, mais elle se doit de soigner son entrée, et finalement elle entre en scène, pour notre plus grand bonheur ! Tout commence en Amérique où, après la ruée vers l'or, débute une ruée vers l'os ! En effet, la découverte des fossiles entraînait non seulement un intérêt scientifique mais aussi économique. Tout le monde veut du dinosaure, et les musées exposent leurs premiers fossiles et squelettes reconstitués. Tout est bon pour attirer le public. Le paléontologue qui nous intéresse ici est Barnum Brown, celui qui a découvert le Tyrannosaure dans le Montana, sans oublier H-F Osborn, qui a dirigé l'American Museum of Natural History et qui a donné son nom au roi des dinosaures. L'auteur nous parle de la découverte du T-Rex lors des fouilles de Barnum Brown et le temps qu'il a fallu pour l'extraire (deux ans !), ses techniques de fouille mais aussi les difficultés de cette dernière.

Modèle de la première reconstitution d'un Tyrannosaure réalisée par Osborn pour une exposition de
l'American Museum of Natural History

Le public s'arrachant le Tyrannosaure, il était logique que la culture s'en empare et notamment la littérature. J'ai trouvé intéressant que l'auteur fasse un historique des œuvres de fiction où l'on retrouve le T-Rex, avant la publication de Jurassic Park de Michael Crichton, et qu'il illustre son propos par de nombreux extraits, nous permettant de voir comment les auteurs ont écrit le Tyrannosaure, souvent comme un monstrueux reptile, intelligent, sautant comme un kangourou, que les héros doivent chasser ou fuir... ou parfois comme un géant plus bête que méchant. Vint ensuite la période d'après guerre où le dinosaure ne faisait plus recette, où la paléontologie fut victime de restrictions budgétaires et un changement des priorités scientifiques. Suite à la découverte du premier squelette en 1908, il a fallu attendre 60 ans pour que soit découvert un nouveau squelette de Tyrannosaure et, avec lui, un renouveau des dinosaures dans les années 1970 grâce, non pas à des paléontologues mais plutôt des sociétés et collectionneurs privés achetant des fossiles et effectuant des fouilles. L'un des T-Rex les plus connus découverts à cette période est la célèbre Sue.

Après nous avoir parlé de la découverte du roi des dinosaures, il était logique que l'auteur nous parle de ce que les scientifiques ont découvert sur le Tyrannosaure. Avait-il des plumes ? Comment différencier un mâle d'une femelle ? Était-il un prédateur ou un charognard ? Quel était son mode de vie (la chasse, la reproduction, les œufs, était-il social, etc) ? À quoi lui servaient ses petits bras ? Quelle était son espérance de vie et de quelles maladies souffrait-il ? L'auteur répond à ces questions dans ce qui est l'un des chapitres les plus intéressants de l'ouvrage, et nous permet de mieux cerner le Tyrannosaure et comment la science a pu découvrir ces éléments.

On ne peut bien-sûr pas parler de Tyrannosaure sans évoquer Jurassic Park, qui est d'abord un roman avant sa célèbre adaptation en 1993 et ses suites, ainsi que le fulgurant succès que le film engendra, déclenchant une nouvelle popularité du Tyrannosaure, notamment en France où il avait eu bien du mal à se faire aimer avant la sortie du film. L'énorme succès du film cuisina le T-Rex à toutes les sauces à travers de nombreux articles, produits dérivés ainsi que sa place à présent bien sécurisée dans la culture populaire. Le T-Rex fait vendre, et personne ne s'en prive pour attirer l'attention du public ! J'ai apprécié la partie "Un film à ne pas interdire aux enfants" car je fais partie de la génération qui a grandi avec ce film, et que mon amour pour ce film a étonné mes parents, surpris de ne pas me voir traumatisée par les dinosaures (à l'inverse des Gremlins, mais ça c'est une autre histoire...). Il est aussi présent dans d'autres médias, tels Casimir ou Le petit dinosaure et la vallée des merveilles. l'auteur termine son ouvrage sur une réflexion sur l'avenir du Tyrannosaure.

Reconstitution de "Sue", l'un des plus grands et des plus complets spécimens de T-Rex, exposée au musée Field (Chicago).

En résumé, c'est un ouvrage intéressant et bien documenté qui ne pourra que ravir les amoureux des dinosaures. L'auteur maîtrise très bien son sujet, et l'on ne s'en étonnera pas, puisqu'il est paléontologue (à l'instar d'un célèbre personnage de fiction de la franchise Jurassic Park, mais espérons seulement que Jean Le Loeuff ne sera jamais invité à visiter un parc avec des vrais dinosaures !) et qu'il dirige le Musée des Dinosaures d'Espéraza dans l'Aude, dans le sud de la France. L'ouvrage est ponctué de nombreux schémas ainsi que des illustrations, pour compléter ses propos. Il peut s'agir d'illustrations et de gravures d'époque, ce qui est intéressant car cela nous permet de découvrir certains dinosaures tels qu'ils étaient perçus à l'époque, et la plupart ont mal vieilli ! Ces dinosaures n'ont plus la même bibine ni la même posture, puisqu'au départ, on a longtemps cru tous les dinosaures comme étant quadrupèdes, alors que certains, et surtout les carnivores, se sont révélés être bipèdes. La plume de l'auteur est d'autant plus savoureuse par son humour, sans pour autant transformer le livre en un ouvrage parodique, mais plutôt une étude sur le roi des dinosaures avec des réflexions qui prêtent parfois à sourire, ce qui rend la lecture encore plus agréable.

Je n'ai plus qu'à me demander : à quand un livre semblable à celui-ci sur mes chouchous, les Raptors (je plaide coupable, c'est la faute à Jurassic Park !) ?

L'animal souffrait encore d'autres pathologies sans doute liées à un mode de vie malsain, car il ne respectait visiblement pas le sage prétexte de cinq fruits et légumes par jour. À force de s'envoyer au contraire cinq hadrosaures et cératopsiens par jour, il souffrait aussi de la goutte ! Non, ce n'est pas une blague : T.rex avait des gros problèmes d'acide urique. Des creusements des os des mains et des pieds caractéristiques de cette maladie ont été trouvés sur plusieurs spécimens (...) Bref, la vie ne fut pas un long fleuve tranquille pour Sur, sorte de Tatie Danielle du Mésozoïque, et on lui pardonnera ses excès à l'aune de ses souffrances...
Chapitre 13. T.rex sous toutes les coutures.

mercredi 8 juillet 2020

Les tags "Période historique"

School of History - University of St Andrews


Récemment, j'ai effectué quelques modifications sur ce blog. Rien de bien méchant. Avec les années, je me suis aperçue que mes lectures avaient changé et que j'étais plus attirée par certains genres littéraires que d'autre (ce qui a toujours été le cas, mais je pense pouvoir affirmer que les lectures présentées sur ce blog étaient diversifiées), et notamment le roman ou le document historique. Puisque je lis de plus en plus d'ouvrages en rapport avec l'histoire, j'ai jugé utile d'ajouter de nouveaux mots clés indiquant la période historique que traite le livre, que voici :

Préhistoire (à venir)

L'Antiquité


Moyen-âge (476 ap JC - 1492)

Renaissance (1492 - 1599)

Epoque moderne (1600 - 1799)

- Révolution française. (à venir)

Epoque contemporaine (1800-1975)

- La Belle Epoque (1901-1914)
- Entre deux guerres (1919 - 1939)
- Les Trente Glorieuses (1946-1975)

À partir des années 1980, je considère qu'il s'agit d'une histoire proche et je ne prévois pas de lire de livres historiques sur cette période. Toutefois, si c'est le cas, le mot-clé serait probablement juste "Epoque contemporaine".

Ces dates sont celles que j'ai choisies, car les dates de début et/ou de fin d'une période (je pense notamment au Moyen-âge et à la Renaissance) peuvent varier : différentes dates ont été retenues par différents historiens. N'étant pas historienne donc, je ne prétends pas détenir le savoir absolu et affirmer avec certitude que le Moyen-âge s'est terminé en 1492 ou que la Renaissance a commencé à la fin du XIIIe siècle, d'autant plus que la date varie en fonction de la zone géographique.

Mes articles ne seront tagués avec ces mots-clés que si le contexte historique est important, et non juste brièvement évoqué. C'est-à-dire que certains romans peuvent se situer ou avoir été écrit à la Belle Epoque ou l'ère victorienne par exemple, mais si elle n'est pas évoquée, l'article ne sera pas tagué en ce sens. Il faut que l'intrigue du roman se place dans son contexte social et historique, et on peut dire, que ce contexte n'est pas important dans les histoires d'Hercule Poirot ou Arsène Lupin, par exemple.

Voilà, j'espère que cette initiative se révélera utile et rendra la navigation du blog plus aisée :)

lundi 6 juillet 2020

La goûteuse d'Hitler - Rosella Postorino.


1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l'idée que l'on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa.

Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s'exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l'étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l'hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu'autoritaire.

Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c'est à la fois vouloir survivre et accepter l'idée de mourir.



Chaque politicien, pour peu qu'il ait de l'influence, est sujet aux risques d'atteinte sur sa personne, en passant aux attentats jusqu'à l'empoisonnement de sa nourriture. C'est ainsi que bon nombre d'entre eux ont des goûteurs à leur service, des personnes chargées de goûter au préalable ses plats, afin de prévoir tout risque d'empoisonnement. Adolf Hitler ne fut pas différent, et employa plusieurs femmes à son service avec pour mission de goûter ses plats, ce sont les goûteuses. Le roman s'inspire du témoignage d'une ancienne goûteuse du Führer, Margot Woelk, et met en lumière un aspect méconnu de la vie du dictateur.

Rosa Saeur est une jeune Berlinoise, dont le mari est parti combattre au front, qui a décidé de quitter la capitale, alors sous les bombes, pour vivre auprès de ses beaux-parents, à la campagne en Prusse Orientale. Son quotidien bascule lorsqu'elle est choisie pour être goûteuse d'Hitler. Tous les jours, elle doit suivre les SS venus la chercher pour l'emmener au quartier général d'Hitler pour s'acquitter de sa mission. C'est avec la faim lui creusant l'estomac mais la peur au ventre que Rosa mange, chaque bouchée pouvant être la dernière. Après ce repas, toujours 100 % végétarien car Hitler ne mangeait jamais de viande, Rosa et d'autres femmes sont surveillées par des SS, chargés d'attendre une heure pour voir si les plats ont été empoisonnés. Le même schéma se répète jour après jour.

Ce roman évoque un pan de l'Allemagne de la Seconde Guerre mondiale sous un autre aspect. Il n'y a pas que des Nazis, il y a aussi la population qui subissait également cette guerre et la violence du régime, où tout refus de collaborer est réprimé par une violence extrême. Il n'y a aucune sympathie pour les goûteuses de la part des soldats, elles sont là pour faire leur travail, peu importe leur bien-être. L'important est de savoir si le plat est empoisonné, pour préserver ainsi leur Führer. En cas d'empoisonnement, sauver la vie de la goûteuse n'est pas la priorité, mais plutôt de savoir la cause du poison et la provenance des produits.


Nous ne mangions pas toutes la même chose, nous n'étions pas vouées à un destin identique. Quel que soit le plat empoisonné, certaines d'entre nous mourraient, d'autres non. 
"Ils vont peut-être nous envoyer un médecin, dit Leni pas du tout convaincue d'être hors de danger, on peut nous sauver." 
Je me demandais si un médecin en aurait les moyens. 
"Ça leur est égal de nous sauver." 
Elfriede s'était levée. Son visage de pierre semblait s'effondrer pendant qu'elle ajoutait : "Ils s'en moquent, ils veulent juste savoir ce qui nous a empoisonnées. Il leur suffira d'en autopsier une demain et ils le découvriront."


Rosa n'est pas nazie, elle n'est pas sympathisante du régime mais ne déteste pas vraiment Hitler. C'est un personnage qui n'y connaît rien en politique et qui se plie à son rôle de goûteuse davantage parce qu'elle n'a pas d'autre choix. Si la peur d'être empoisonné est constante, Rosa finit par s'habituer à son rôle et à son quotidien entre le réfectoire, avec les autres goûteuses et le domicile de ses beaux-parents à la campagne. Les goûteuses mangent ainsi tous les jours à leur faim, mais la boule au ventre. L'auteure retranscrit très bien cette angoisse permanente, en ajoutant à cela le confinement dans le quartier général d'Hitler où elles doivent vivre avec des compagnes d'infortune qu'elles n'ont pas choisies et sous la surveillance de soldats peu empathiques, voire parfois brutaux. Quelle étrange situation, alors que tant de monde meurt de faim, que d'avoir peur de mourir parce que l'on a mangé, et d'avoir l'eau à la bouche en voyant tous ces plats délicieux, l'estomac criant famine, avec toutefois la boule au ventre face à la possibilité d'avoir un plat empoisonné.

Nous faisons aussi connaissance des autres goûteuses, des femmes que la même peur lie, et qui vont vivre ensemble de 1943 à 1944 dans le même réfectoire. Des affinités se créent, mais parfois quelques tensions et jalousies, des révélations improbables, mais des épreuves qui vont les rapprocher [spoiler] lorsqu'une des goûteuses doit avorter, ou que la plus jeune, Léni, est agressée sexuellement [/spoiler]. J'ai beaucoup aimé suivre chacune de ces femmes et leur évolution, voir des amitiés naître, découvrir les tensions et épreuves, voir ces femmes s'amuser et sortir, offrant un contraste avec la peur lorsque vient le moment de manger, et s'entraider, notamment Rosa qui prend sous son aile la plus jeune d'entre elles, Léni, ou sa fascination pour Elfriede parfois si inaccessible et sans doute l'un des personnages les plus intéressants du roman, dont la révélation sur sa personne m'a surprise. Je déplore toutefois que Rosa ne semble plus penser à elles lorsqu'elle s'enfuit du réfectoire, avec la complicité d'un officier, et ne semble pas s'inquiéter de leur sort, et qu'on entende plus parler d'elles dans la troisième partie du roman.

J'ai d'ailleurs trouvé cette troisième et dernière partie plutôt brouillon, précipitée. J'ai moins apprécié ma lecture durant cette partie que pendant les deux premières où l'on passe du réfectoire à la campagne des beaux-parents de Rosa. Je suis restée sur ma faim, cette troisième partie était bien trop courte et la fin ne m'a pas satisfaite, elle laisse un goût d'inachevé. Beaucoup de blanc restent dans l'histoire de Rosa, et j'aurais voulu également savoir ce que sont devenues les autres goûteuses et ZieglerParlons justement de ce cher lieutenant Ziegler avec qui [spoiler] Rosa va vivre une histoire cachée. Cette relation ajoute un certain grain de sel pour assaisonner l'histoire, il ne s'agit pourtant pas d'une romance pure et dure. Ce sont deux personnages loin de ceux qu'ils aiment et qui trouvent réconfort dans les bras de l'autre. Ziegler est parfois violent et indéchiffrable, comme il peut se montrer agréable et touchant. Il tient à Rosa, à sa propre façon, et j'avoue avoir été intéressée par leur relation [/spoiler] et bien que Ziegler se soit montré franchement antipathique, notamment au début, c'est un personnage mystérieux que j'aurais aimé suivre davantage et découvrir ce qu'il était advenu de lui.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, et je pense que la principale raison a été l'écriture de l'auteure : le va et vient dans le temps, sans transition, il a fallu que je m'habitue au style de l'auteur et d'être complément entrée dans l'histoire pour passer outre et savourer le roman. J'avoue cependant que je m'attendais à ce qu'il y ait une scène avec Hitler ou, du moins, que l'auteur aborde ses psychoses, notamment suite aux attentats auxquels il a échappé et qui ont développé sa paranoïa, mais il n'en est rien ou alors c'est rapidement évoqué. Un peu plus de précisions sur le personnage ainsi qu'un peu plus d'apports historiques ne m'auraient pas déplu car il a manqué, à mon sens, beaucoup d'éléments historiques, soit non évoqués soit tout juste effleurés, comme l'Allemagne qui commence à perdre la guerre à partir de la campagne en Russie, les Allemands qui collaborent contre le Führer, le débarquement en Normandie, les attentats sur Hitler, etc.

Toutefois, malgré les points négatifs que j'ai pu relever, j'ai apprécié ma lecture, et plus particulièrement les deux premières parties. J'ai davantage apprécié ce roman pour cet aspect méconnu de la guerre (l'existence et le rôle des goûteuses), certains personnages et les liens entre les goûteuses que pour son écriture ou l'aspect historique (où je suis restée sur ma faim). C'est un roman intéressant, qui sort un peu du lot compte-tenu du sujet méconnu qu'il traite, d'autant plus basé sur une histoire vraie, qui sait se rendre divertissant et accrocher son lectorat, malgré les points faibles qu'il contient. Une lecture sympathique, dans l'ensemble.


Quand le temps opaque et démesuré de notre digestion a marqué la fin de l'alerte, les soldats ont réveillé Leni et nous ont dirigé en file indienne vers l'autocar qui nous ramènerait à la maison. Mon estomac ne bouillonnait plus : il s'était laissé coloniser. Mon corps avait absorbé la nourriture du Führer, la nourriture du Führer circulait dans mon sang. Hitler était sain et sauf. Et moi, de nouveau affamée.