mardi 28 février 2023

Comment les pingouins ont sauvé Veronica - Hazel Prior.


Le cœur ne gèle jamais, même au milieu des icebergs.

Le plus souvent, Veronica, 84 ans, passe ses journées à chercher où elle a mis ses lunettes, à ramasser les déchets sur la plage ou à aboyer des ordres à sa dame de compagnie, Eileen. Depuis peu, la vieille dame s'interroge : que faire d'utile durant les années qu'il lui reste et, surtout, à qui laisser sa fortune considérable ? Quand elle a soudain une illumination : et si elle mettait tout en œuvre pour sauver les pingouins d'Antarctique ? 


L'irruption dans sa vie de Patrick, un petit-fils disparu, orphelin à six ans après le suicide de sa mère, va tout changer. Comme deux animaux sauvages, ils vont devoir s'apprivoiser au milieu des icebergs.



« Je trouve aujourd’hui que les pingouins sont le seul réconfort dans la vie… On ne peut pas être en colère quand on regarde un pingouin. » John Ruskin


Notre protagoniste, Veronica McCreedy, n’a rien de sympathique. On pourrait même la qualifier de hautaine, méprisante et antipathique. Se mettant à la recherche d’une descendance, elle trouve un petit-fils de 27 ans, Patrick, mais celui-ci n’est pas à la hauteur de ses espérances. Il faut dire que Patrick, sans emploi et avec les blessures fraîches d’une rupture sentimentale, n’était pas au mieux de sa forme lors de leur rencontre. Face au piètre état que son petit-fils présente, Veronica est rebutée et les tentatives polies et maladroites de Patrick pour être aimable avec elle ne la rendent que plus méfiante. Il en veut certainement après son argent, elle en est persuadée ! C’est ainsi que, après l’avoir jugé sans le connaître, Veronica décide de ne pas poursuivre de relation avec ce jeune homme et retourne chez elle, devant les documentaires animaliers qu’elle affectionne tant.



Il faut dire que Veronica préfère de loin la compagnie des animaux à celle des humains (ce qui est compréhensible). Voilà pourquoi, après un documentaire fort émouvant sur les manchots d’Adélie, Veronica décide sur un coup de tête d’aller sauver les manchots de l’île au médaillon en s’imposant auprès d’un groupe de scientifiques qui effectuent leurs recherches sur place, malgré les réticences et le manque de moyen des scientifiques, tapant presque du pied comme une gamine pourrie gâtée en mode « Je veux voir les manchots !! ».



Que ce soit auprès de Patrick, son petit-fils, ou du petit groupe de scientifiques (Terry, Mike et Diedrich), Mamie McCreedy ne fait pas l’unanimité et laisse même mauvaise impression dès le départ. On comprend pourquoi. C’est une chose admirable de vouloir s’engager dans la sauvegarde des animaux, c’est autre chose que s’imposer dans un endroit qui n’a pas les capacités (en matériel, confort, énergie) d’accueillir une personne de plus. Ainsi, en plus de leur travail, les scientifiques doivent veiller sur une vieille dame.



À gauche, le roman en version originale ; à droite, la suite du roman,
encore non traduite en français.


La cohabitation ne se passe donc pas sous les meilleurs auspices au début et il faudra du temps pour que Veronica et les scientifiques apprennent à mieux se connaître et à s’apprivoiser, notamment grâce à l’aide d’un petit pingouin orphelin et fort attachant. Au fil du temps, Veronica s’adoucit et repense à son passé. Repensant à son petit-fils, elle décide de lui envoyer le journal intime qu’elle tenait dans sa jeunesse, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Une bonne façon pour permettre à Patrick, comme aux lecteurs, de mieux connaître et comprendre Veronica. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’on découvre une toute autre femme. Une femme joyeuse, aimant danser, s’amuser, sa petite famille, avant que les épreuves de la vie ne s’abattent sur elle. On ne peut alors s’empêcher de la prendre en pitié et en sympathie et, comme Patrick, on rêve d’en lire plus… toujours plus…



Nous avons donc la formule classique du personnage antipathique suite à des blessures du passé mais qui va apprendre à s’ouvrir de nouveau au monde. Sous un caractère peu avenant, Veronica cache de lourds traumatismes qui lui ont forgé un fort tempérament, mais qui l'ont également plongé dans une profonde solitude. La recette n’est donc pas inédite, mais elle fonctionne alors pourquoi s’en priver ? Elle nous offre d’autant plus le cadre original de l’Antarctique, plus particulièrement dans un centre d’étude sur les manchots Adélie, apprendre à connaître et à apprécier les membres de cette petite communauté scientifique et notamment la jeune Terry qui tient un blog sur ses précieux manchots et s’attache à cette petite dame âgée qui cache une certaine vulnérabilité sous sa cuirasse. J'ai donc vraiment bien aimé la description des interactions entre tous ces personnages, dans cet environnement restreint, ce qui les oblige tous à cohabiter et à s’apprivoiser.



Nous avançons dans l’intrigue avec une alternance des points de vue entre celui de Veronica et celui de Patrick, sans oublier les articles du blog de Terry qui partage des informations instructives sur les manchots Adélie. Si Veronica est l’âme du roman, Patrick reste touchant. C’est un pauvre jeune homme paumé dans sa vie, mal dans sa peau, que l’arrivée de sa grand-mère va tout bouleverser, et davantage après lecture de son journal et lorsqu’il est appelé à la rejoindre. J’ai pris plaisir à le voir s’épanouir dans sa vie sous de nombreux aspects (sentimentale, familiale, professionnelle, etc). Il a bien mérité son happy ending.



C’est un joli petit roman qui aborde des sujets graves mais qui reste plein d’espoir, et qui porte un message important sur la préservation de la nature et des espèces animales. Il y a des moments tendres, des moments durs, avec de l’humour et de la légèreté malgré tout. La force de ce roman reste dans le développement des relations humaines mais aussi son cadre, sans oublier les manchots avec une mention spéciale au petit Pip que l’équipe a adopté !



En résumé, c’est un roman fluide et instructif, fort dans le développement de ses personnages et des relations entre eux, avec une héroïne pleine de contradiction qu'on va devoir apprivoiser pour l'apprécier pleinement.


— Vous n’imaginiez tout de même pas qu’ils seraient tout propres comme dans les dessins animés ou sur les cartes de vœux, si ?

Dans un sens, c’est exactement ce que je m’étais imaginé. Mais ma déception s’estompe rapidement pour laisser place à l’excitation. Ces manchots ne sont pas de jolies illustrations dans un livre mais des créatures bien vivantes, de chair, d’os et de plumes, à la présence physique affirmée. Les voici, pleins de peps, menant leur existence au sein d’une grande communauté débordant d’activité. Brouillonne, bruyante, dissipée, vibrante de vie et d’énergie. Je me sens immensément privilégiée. Être ici, les observer à l’état sauvage, splendides et légèrement comiques dans leur tenue noire et blanche ! Malgré la présence du guano, quelle vision merveilleuse ! Leurs cris rauques emplissent mes oreilles. Mais voilà que j’ai un problème aux yeux. Ils se mettent à piquer, à brûler, et à se remplir de larmes. Ça doit être à cause du froid. Je les cligne plusieurs fois pour en chasser l’humidité.

Il y a des manchots partout. Certains font leur toilette, d’autres sont allongés sur le ventre, endormis, d’autres encore semblent échanger des commérages. Et puis il y a ceux qui se tiennent debout immobiles, contemplant l’horizon d’un air stoïque. Qu’il s’agisse du groupe ou des individus, ils semblent avoir tout compris à la vie. Notre présence ne paraît pas les perturber le moins du monde.

dimanche 26 février 2023

Blossom Spring Challenge, édition 2023.



Le Cold Winter Challenge touchant à sa fin, il est temps pour moi de penser au challenge saisonnier suivant. Le Blossom Spring Challenge revient cette année pour une nouvelle édition et qui se déroule du 1er mars au 31 mai 2023 sur le même principe que les autres challenges saisonniers auxquels je participe. Une occasion de bien préparer le printemps tout en lecture, en attendant le retour des beaux jours.

Plus d'informations disponibles :

Surle blog du Boudoir

Sur la vidéo de présentation







- Hadès et Perséphone (T.1) A Touch of Darkness, de Scarlett St. Clair.

Perséphone n'est la déesse du printemps qu'en titre. Depuis qu'elle est toute petite, les fleurs se ratatinent à son contact. Après s' être installée à New Athens, elle espérait mener une vie discrète, dans la peau d'une journaliste mortelle. Tout change lorsqu'elle s'assied dans une boîte de nuit clandestine pour jouer une partie de cartes avec un étranger hypnotique et mystérieux.

Hadès, le dieu des morts, a bâti un empire du jeu dans le monde des mortels et ses paris favoris sont réputés impossibles. Mais rien ne l'a jamais intrigué autant que la déesse qui lui offre une aubaine laquelle il ne peut résister. Après sa rencontre avec Hadès, Perséphone se retrouve liée par un contrat avec le Dieu des morts, et ses conditions sont impossibles : Perséphone doit créer la vie dans le monde souterrain ou perdre sa liberté à jamais. Le pari ne se limite cependant pas à exposer l'échec de Perséphone en tant que déesse. Alors qu'elle s'efforce de semer les graines de sa liberté, son amour pour le Dieu des ténèbres grandit - un amour à la fois envoutant et interdit.




- Spy x Family, de Tatsuya Endo.


Twilight, le plus grand espion du monde, doit pour sa nouvelle mission créer une famille de toutes pièces afin de pouvoir s’introduire dans la plus prestigieuse école de l’aristocratie. 

Totalement dépourvu d’expérience familiale, il va adopter une petite fille en ignorant qu’elle est télépathe, et s’associer à une jeune femme timide, sans se douter qu’elle est une redoutable tueuse à gages. 

Ce trio atypique va devoir composer pour passer inaperçu, tout en découvrant les vraies valeurs d’une famille unie et aimante.




- Contes des royaumes oubliés (T.4) Le beau et la bête, de Isabelle Lesteplume.

Entre la belle et la Bête, le plus dangereux n’est pas celui que vous croyez...

Il était une fois un chasseur de monstres à la beauté redoutable nommé Silas. Sans attaches et désabusé, il ne rêve que d’une chose : prendre une retraite anticipée. C’est pourquoi, lorsque le seigneur Gaston lui offre plus d’argent qu’il n’en a jamais vu pour lui ramener la tête d’une effroyable Bête, il accepte sans hésiter. L’affaire semble facile, puisque le monstre ne quitte jamais les ruines d’un château au fond de la forêt.

Mais il aurait dû se méfier, car les apparences sont trompeuses...

Piégé dans le château par un coup du sort, Silas doit élucider plusieurs mystères... Et décider si c’est la tête ou le cœur de la Bête qu’il veut remporter.







- Cinq petits cochons, de Agatha Christie.


Cinq témoignages accablants ont fait condamner à la détention perpétuelle Caroline, la femme d'Amyas Crale, peintre renommé, mort empoisonné. 

Seize ans après, Hercule Poirot, le détective belge qu'Agatha Christie a rendu célèbre, prend l'affaire en main. 

Ne s'arrêtant pas aux évidences, tirant parti du moindre indice, il fait éclater une vérité à laquelle personne ne s'attendait.






- Mémoires de la forêt : les souvenirs de Ferdinand Taupe, de Mickael Brun-Arnaud et Sanoe.

Dans la forêt de Bellécorce, au creux du chêne où Archibald Renard tient sa librairie, chaque animal qui le souhaite peut déposer le livre qu’il a écrit et espérer qu’il soit un jour acheté. 

Depuis que ses souvenirs le fuient, Ferdinand Taupe cherche désespérément à retrouver l’ouvrage qu’il a écrit pour compiler ses mémoires, afin de se rappeler les choses qu’il a faites et les gens qu’il a aimés. Il en existe un seul exemplaire, déposé à la librairie il y a des années. Mais justement, un mystérieux client vient de partir avec… 

À l’aide de vieilles photographies, Archibald et Ferdinand se lancent sur ses traces en forêt, dans un périple à la frontière du rêve, des souvenirs et de la réalité.




- Arte, de Kei Ohkubo.

Florence, début du 16e siècle. 

Dans ce berceau de la Renaissance, qui vit l’art s’épanouir dans toute sa splendeur, une jeune aristocrate prénommée Arte rêve de devenir artiste peintre et aspire à entrer en apprentissage dans un des nombreux ateliers de la ville… 

Hélas ! Cette époque de foisonnement culturel était aussi celle de la misogynie, et il n’était pas concevable qu’une jeune femme ambitionne de vivre de son art et de son travail. Les nombreux obstacles qui se dresseront sur le chemin d’Arte auront-ils raison de la folle énergie de cette aristo déjantée ?







- Et à la fin, ils meurent : La sale vérité sur les contes de fées, de Lou Lubie.

De l'Antiquité à Perrault et Grimm, Lou Lubie présente les versions authentiques et croustillantes des contes, où la fin heureuse s'arrose à la vodka et le prince n'est pas si charmant. 

À travers ces récits savoureux, l'autrice aborde avec humour une réflexion sur l'éthique des contes : violence, sexisme, racisme... une exploration culturelle et littéraire passionnante !





- Ma vie de geisha, de Mineko Iwasaki et Rande Brown.


« Mon nom est Mineko. Ce n’est pas le nom que mon père m’ a donné à ma naissance. C’est celui qu’ont choisi les femmes chargées de faire de moi une geisha, dans le respect de la tradition millénaire. Je veux raconter ici le monde des fleurs et des saules, celui du quartier de Gion. Chaque geisha est telle une fleur par sa beauté particulière et tel un saule, arbre gracieux, souple et résistant. On a dit de moi que j’étais la plus grande geisha de ma génération ; en tout cas j’ai frayé avec les puissants et les nobles. Et pourtant, ce destin était trop contraignant à mes yeux. Je veux vous raconter ce qu’est la vraie vie d’une geisha, soumise aux exigences les plus folles et récompensée par la gloire. Je veux briser un silence vieux de trois cents ans. »

Un témoignage exclusif, des révélations à couper le souffle, Mineko Iwasaki nous livre ici un témoignage surprenant sur un art de vivre aussi fascinant que cruel.





- L'Ickabog, de JK Rowling.

La Cornucopia est un petit pays prospère gouverné par le naïf roi Fred.

Mais ce pays coloré vit sous la menace d'un monstre : l'Ickabog. Un monstre devenu légende, que personne n'a jamais vu mais que le roi va décider de poursuivre afin de satisfaire ses sujets. 

Arrivé dans les Marécages, rien ne se passe comme prévu et cette quête est le début de nombreux problèmes qui va résulter à la lente descente aux enfers du pays.







- Guardians of Childhood (T.2) E. Aster Bunnymund and the warrior eggs at the Earth's core, de William Joyce.

E. Aster Bunnymund (aka The Easter Bunny) is anything but average. Highly skilled in martial arts and one of the oldest magical beings on earth, Bunnymund is the architect behind an unrivalled network of tunnels, which combined with his supernatural speed, gives him secret access to almost any place of the planet. He's apt to be in anyplace at any time, but his all-time favourite place to be is an underground metropolis on Easter Island where eggs are worshiped and Bunnymund is king.

There's something foul in the state of Eggonooloo. Pitch, Nightmare King, has sent a venomous serpent to attack Bunnymund's royal guard of warrior eggs--and, for Bunnymund, this is about much more than fixing a few rotten eggs. E. Astor, with the help of MiM and Sand Mansnoozy, links up with Nicholas St. North to get one step closer to saving Dreamland and ridding the world of Pitch and his Nightmare Men.



- Freddie Mercury, de Alfonso Casas.

La biographie illustrée du leader de Queen, l'un des mythes les plus puissants du XXe siècle.

Qui n'a pas chanté "I Want To Break Free"? Ou dramatisé avec la livraison totale "Bohemian Rapsody"?

Derrière ces chansons, qui font partie de l'histoire de la musique et de notre histoire personnelle, se trouve un nom: Freddie Mercury. Avec sa moustache, sa veste jaune et sa voix unique, le chef de Queen est une icône pour une génération qui a dansée ses mélodies accrocheuses et a pleuré sa mort en 1991.

Mais qui était Freddie? Quelle est votre histoire? Dans cette biographie illustrée, Alfonso Casas accompagne Freddie Mercury, originaire de Tanzanie, où il est né, au Royaume-Uni, où il mourut et devint immortel en chantant "Show Must Go On".

Un charisme sur scène, une gamme vocale impressionnante et des looks iconiques ont rompu avec le modèle classique de la rock star faisant de Freddie Mercury une légende.

- Vénère : Être une femme en colère dans un monde d'hommes, de Taous Merakchi.

"Parce que je suis une femme, j’ai peur de sortir seule la nuit, de porter des vêtements qui me plaisent, d’exprimer mon opinion ou mes émotions. Ces peurs sont à l’origine d’une immense colère que j’essaie de contenir tant bien que mal. Cette colère, ça fait désormais trente-quatre ans que je vis avec et qu’elle me ronge les tripes, au point de se retourner régulièrement contre moi. Lassée d’être seule à en subir les conséquences, j’ai donc cherché à comprendre quels en étaient les origines et les éléments déclencheurs, afin de l’assainir et de la diriger non plus contre moi-même, mais contre ceux qui la méritent. »

Taous Merakchi prend ici la parole pour toutes les femmes qui n’en peuvent plus d’avoir peur, de ne pas être prises au sérieux et de toujours devoir se justifier.




C'est tout pour la PAL.

Un bon challenge à toutes et à tous !

mardi 7 février 2023

Sous la glace - Agatha Christie.



Qui a dit qu’hiver rimait avec plaid, vin chaud et feu de cheminée ? Certainement pas les fins limiers de ce recueil de 12 nouvelles, pour qui l’art de passer un hiver paisible implique une méfiance absolue envers les possibles congères mortelles, repas empoisonnés, cadeaux malintentionnés et autres joyeusetés qui accompagnent les rigueurs de la saison froide.

Sous la glace rassemble dans toute leur diversité les plus grands enquêteurs de la reine du crime : d’Hercule Poirot à Miss Marple, sans oublier les plus atypiques, tels que le futé Parker Pyne ou le mystérieux Harley Quinn. Un recueil incontournable pour tous les amateurs de cosy mystery.




Derrière cette jolie couverture aux couleurs douces, presque pastel, se cache un recueil de douze nouvelles d’Agatha Christie où l’on retrouve ses personnages : le célèbre Hercule Poirot bien entendu, Miss Marple, mais aussi Parker Pyne, Harley Quinn (un détective et non une psychiatre d’Arkham devenue criminelle), Tommy et Tuppence, ou encore  Sattherthwaite.


Ces différentes nouvelles ont toutes (ou presque) comme point commun de se dérouler en hiver ou pendant la période des fêtes. Il s’agit souvent d’affaires qui se sont déroulées des années de cela et qui sont racontées par un ou plusieurs personnages, comme une histoire que l’on se raconte au coin du feu. Rien de tel qu’un bon mystère pour faire frissonner et un bon feu ou une boisson chaude pour se réchauffer.


J’ai retrouvé avec plaisir Hercule Poirot et découvert les autres détectives d’Agatha Christie, et notamment Miss Marple qui a éveillé ma curiosité. Bien-sûr, ces nouvelles ont des intérêts inégaux. Certaines m’ont plu, d’autres beaucoup moins. À l’inverse d’Arthur Conan Doyle où je préférais le format de nouvelles pour les aventures de son détective, ma préférence va chez les romans pour Agatha Christie et non les nouvelles où je trouve les affaires bien vite résolues, normal me direz-vous car c’est pour mieux suivre le format d’histoire courte. Toutefois, certaines histoires étaient plutôt savoureuses à découvrir et l’auteure aura réussi à me surprendre… encore une fois.


Sous la glace regroupe ainsi douze nouvelles, qui sont les suivantes :


La boîte de chocolats : Hastings interroge son ami Hercule Poirot. A-t-il déjà, au cours d’une enquête, échoué à trouver le véritable coupable ? Poirot lui raconte alors une ancienne enquête, celle où un homme d’Église a trouvé la mort, et où une boîte de chocolat est soupçonnée d’empoisonnement… Une histoire plutôt intéressante où l’on découvre que même le célèbre Hercule Poirot a ses limites, et les holmesiens trouveront que l’auteure s’est ici une nouvelle fois inspirée de Sherlock Holmes.


Tragédie de Noël : Miss Marple est amenée à raconter à son entourage une bien curieuse histoire. Persuadée qu’un certain M. Sanders cherchait à se débarrasser de sa femme, mais personne ne veut croire l’honorable vieille dame qui se retrouve seule à essayer d’empêcher ce drame. Mais Mme Sanders meurt brutalement, sous le choc de son mari. Véritable choc ou parfait comédien ? Est-il bien le tueur ou quelqu’un est-il passé avant lui ? Ma première rencontre avec Miss Marple, et pas la dernière ! Le procédé et l’issue étaient assez ingénieuse, j’ai tiré des conclusions hâtives et j’ai été surprise sur la fin.


L’arrivée de M. Quinn : Le soir de la Saint Sylvestre, M. Sattherthwaite et ses invités reçoivent la visite inattendue d’un certain M. Quinn dont la voiture est tombée en panne. Il s’avère qu’il connaissait plutôt bien M. Capel, l’ancien propriétaire de la maison des Sattherthwaite qui s’est donné la mort par balle des années de cela, ce qui conduit tout ce petit monde à discuter de ce tragique événement. Mais qu’est-ce qui a pu pousser cet homme, à priori sans histoire, joyeux et plein de projets d’avenir, à se suicider ? Les personnages s’interrogent… Une nouvelle sympathique, sans plus, mais qui fait l’affaire.


Le mystère du bahut de Bagdad : Poirot et Hastings se remémorent une ancienne enquête du détective sur le meurtre d’un certain M. Clayton retrouvé poignardé dans un meuble que l’ami du défunt, le Major Rich, a apporté de Moyen-Orient. Plusieurs regards extérieurs trouvant l’amitié de Mme Clayton et du Major Rich assez étroite pour en tirer la conclusion que le mobile du meurtre est déjà tout trouvé. Mme Clayton s’adresse à Poirot pour qu’il l’aide à innocenter le Major. J’ai beaucoup aimé cette histoire, le plan est tout simplement diabolique, c’est un exemple du crime parfait, celui que l’on commet en public sans que personne ne le remarque.


La fille du pasteur et La Maison Rouge : une aventure de Tommy et Tuppence. Monica Deane, fille de pasteur, vit dans la pauvreté avec sa mère lorsqu’elle hérite de la maison d’une vieille tante. Les offres affluent pour que Monica vende la maison, ce qu’elle refuse. Puis un jour, les tableaux se décrochent, les meubles bougent de place, bruits effrayants… Esprit frappeur, simples farceur ou autre ? Une intrigue plutôt sympathique même si ce n’est pas vraiment l’enquête qui m’a intéressé mais plutôt nos deux enquêteurs bien hauts perchés que j’ai pris plaisir à suivre.


L’express de Plymouth : Halliday, un riche Américain, fait appel à Poirot pour élucider le meurtre de sa fille, retrouvée poignardée dans une cabine de train. La jeune femme était en instance de divorce, ne voyageait jamais sans sa mallette à bijoux, et a inexplicablement modifié ses plans de trajets. Ce n'est pas la meilleure nouvelle du détective belge, mais elle se laisse lire avec plaisir.


L’intrigante de Pollensa : Alors en vacances, M. Parker Pyne est visité par une dame le conjurant de sauver son fils d’un mariage qui, selon elle, lui gâchera la vie. Et cette pauvre mère n’est pas au bout de ses peines ! Voilà qu’une dame diablement séduisante semble avoir mis le grappin sur son fils chéri. Qui entre la fiancée et cette nouvelle intrigante fera-t-elle la guerre ? Une intrigue qui semble classique mais son dénouement parvient à surprendre !


Droit d’asile : Bunch, femme de pasteur, découvre dans son église un homme bien mal en point demandant le droit d’asile avant de décéder. Le diagnostic du médecin de ville est formel, on a tiré sur le malheureux. Présenté comme dépressif par sa famille, il est conclu à un suicide. Bunch n’en est pas si sûre, d’autant que la famille du défunt insiste beaucoup trop pour récupérer ses affaires et notamment son veston. Persuadée qu’il y a anguille sous roche, Bunch s’en va retrouver sa marraine, Miss Marple… Sans doute une des nouvelles du recueil que j’ai beaucoup aimé ! Aussi bien pour l’intrigue que pour ses personnages, Bunch est la digne filleule de Miss Marple.


Le mystère de Hunter’s Logde : On retourne avec Hercule Poirot, grippé et en quarantaine, qui envoie son ami Hastings dans le Derbyshire, accompagner un baron dont l’oncle a été sauvagement assassiné. Une nouvelle plutôt intéressante nous prouvant que Poirot n’a pas besoin d’être sur place pour dénicher les coupables.


Le bout du monde : On retrouve Sattherthwaite, en vacances en Corse en compagnie d’une duchesse. Ils croisent sur leur route une artiste plutôt détachée de la vie. Je dois avouer ne pas avoir retenu grand-chose de cette histoire qui n’a pas su m’intéresser.


L’émancipation d’Edward Robinson : Edward Robinson découvre, en revenant de balade, un collier de diamants à l’intérieur de sa voiture et comprend bien vite que qu’un voleur a confondu sa voiture avec la sienne. Découvrant un message dans le vide proche donnant rendez-vous au voleur en un certain endroit, il décide sur un coup de tête de se faire passer pour le voleur… Quelle aventure cette nouvelle fut, et pourtant je l'ai trouvé laborieuse à la première lecture.


On termine avec Une aventure de Noël que je ne résumerai pas car j’ai eu l’occasion de la lire dans Christmas Pudding. Néanmoins, je l’ai relu avec grand plaisir. Elle retranscrit très bien les noëls des campagnes anglaises tout en nous offrant une petite intrigue sympathique.

Je n'ai pas grand chose à redire sur ce recueil, il se laisse lire avec plaisir et nous offre une panoplie d'affaires et d'enquêteurs variés, pour maintenir l'intérêt du lecteur. Si elles ne présentent pas toutes le même intérêt, ces nouvelles se laissent lire avec plaisir, comme souvent avec la reine du crime. En résumé, un sympathique recueil à lire pour la période hivernale, ou après.


Ce bon inspecteur croit à la matière en mouvement, murmura Poirot tandis que notre ami s’éloignait. Il voyage ; il mesure les empreintes de pas ; il ramasse la boue et les cendres de cigarette ! Il est extrêmement actif ! Zélé au-delà de toute expression ! Et si je lui parlais de psychologie, savez-vous ce qu’il ferait, mon ami ? Il sourirait ! Il se dirait : « Pauvre vieux Poirot ! Il vieillit. Il devient sénile. » Japp représente la « jeune génération qui frappe à la porte ». Et, ma foi, ils sont tellement occupés à y frapper, à cette malheureuse porte, qu’ils ne s’aperçoivent même pas qu’elle est grande ouverte !