mardi 31 octobre 2023

Trick or Treat: A History of Halloween - Lisa Morton.


Every year, children and adults alike take to the streets dressed as witches, demons, animals, celebrities, and more. They carve pumpkins and play pranks, and the braver ones watch scary movies and go on ghost tours. There are parades, fireworks displays, cornfield mazes, and haunted houses—and, most important, copious amounts of bite-sized candy. 

The popularity of Halloween has spread around the globe to places as diverse as Russia, China, and Japan, but its association with death and the supernatural and its inevitable commercialization has made it one of our most misunderstood holidays. 

How did it become what it is today? In Trick or Treat, Halloween aficionado Lisa Morton provides a thorough history of this spooky day. 




Quelle meilleure façon de bien s’imprégner et profiter de cette période automnale qu’avec un ouvrage retraçant la riche histoire d’Halloween ? Une fête qui est bien plus qu’une célébration où l’on se déguise et part faire la chasse aux bonbons et où l’on s’amuse à se faire peur, ainsi que nous le dévoile Lisa Morton !



L’auteure commence au commencement, à savoir les origines d’Halloween. Elle nous parle ainsi de Samhain, une fête celtique qui marquait le passage d’une année à une autre ainsi que l’ouverture du monde des morts, une période propice aux événements magiques, et qui semble prendre davantage ses racines en Irlande. L’auteure évoque également le lien étroit entre Halloween et d’autres événements comme la Toussaint, mais aussi le 05 novembre (qui célèbre la conspiration de Guy Fawkes) et les bonfires. J’avoue que cette partie m’a moins intéressée, le 05 novembre et les bonfires parlant plus aux anglophones et qui restent méconnus en France. Nous en apprenons également plus sur l’importation d’Halloween aux États-Unis par les immigrés irlandais et les nombreuses transformations de cette fête jusqu’à prendre la forme que nous lui connaissons maintenant.



Quand on parle d’Halloween, on pense aux sorcières, aux squelettes, aux vampires et autres monstres, aux citrouilles. L’auteure nous explique justement comment ces symboles ont été associés à Halloween, ainsi que les couleurs orange/noir, on y apprend notamment que les chasses aux sorcières, les épidémies de peste, les danses macabres dans l’art médiéval, et le roman Dracula de Bram Stoker sont en lien avec cette association. Nous apprenons également pourquoi nous faisons la chasse aux bonbons à Halloween, et que bonbons et costumes étaient faits maisons avant que l’industrie ne s’empare d’Halloween pour proposer des bonbons et costumes déjà préparés à la vente. Nous en apprenons également plus sur la popularité des cartes d'Halloween et jeux que l'on associe à cette période (le jeu qui consiste à attraper une pomme, les mains liées, dans une bassine d'eau, ou celui de regarder dans un miroir à minuit et que cela nous montre le visage de notre futur mari, etc)



Halloween est également évoqué pour son aspect culturel et social. C’est une fête que l’on associe généralement aux enfants pour qui Halloween est une occasion de s’amuser en se promenant déguisé dans les rues mais aussi de faire parler leur gourmandise en faisant la chasse aux bonbons. Pourtant, c’est une fête que les adultes ont su s’approprier de différentes façons : en portant des costumes inspirés de ceux des films d’horreur, à travers les soirées d’Halloween, les maisons hantées (où l’on apprend que le parc Disneyland a été à l’origine de la popularité de ces attractions), voire même à travers des activités pour les familles, pouvant inclure enfants comme parents (les concours de citrouille très populaires aux États-Unis, les pumpkin farms, etc).


Halloween est ainsi synonyme d’amusement aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Parfois, cependant, l’amusement peut aller trop loin, ainsi que nous l’explique l’auteure dans son chapitre consacré aux dérives d’Halloween, ces farces qui vont trop loin (par exemple, des adultes mal intentionnés qui donnent des bonbons piégés aux enfants) mais aussi par d’autres aspects, comme les problématiques autour de l’hypersexualisation des costumes pour femmes, des écoles qui bannissent la célébration d’Halloween car cette fête est vue comme une fête satanique ou bien les écoles voient en Halloween une atteinte à la religion. Compte-tenu des symboles d’Halloween (les sorcières avec leur chat noir, le diable, les monstres), le lecteur ne s’étonnera pas d’apprendre qu’Halloween a déjà subi de nombreuses interdictions ou restrictions.



Bien qu’Halloween puise ses origines en Irlande, elle a tant bien su s’installer en Amérique du Nord que l’on pourrait jurer qu’Halloween est une fête purement américaine (on peut d’ailleurs dire qu’Halloween, dans sa forme définitive, est davantage américain qu’irlandais), pourtant elle a su s’imposer en Europe. Toujours selon l’auteure, la Roumanie a su très bien profiter à la fois de la popularité d’Halloween et celle de Dracula, en proposant notamment des visites guidées pour Halloween des sites roumains emblématiques du roman, notamment le Col de Borgo, le château de Bran (considéré comme étant le château de Dracula) ainsi que la ville de naissance de Vlad Tepes. L’auteure nous fait un tour d’horizon de l’Europe et comment Halloween a été introduit, comment il a été perçu et comment il est célébré. J’ai trouvé intéressant ce tour d’horizon, toutefois je pense que ce livre n’est plus tout à fait à jour depuis l’année de sa publication, en 2013. Par exemple, l’auteure explique qu’Halloween est très peu célébré en France et, compte-tenu de la Toussaint, la population ne voit pas l’intérêt d’Halloween et qu’ainsi, cette célébration est moins populaire que chez ses voisins anglophones. S’il est vrai qu’Halloween s’est implanté difficilement en France, et que cette fête a vu sa popularité décroître, je pense pouvoir dire qu’Halloween bénéficie d’un regain d’intérêt depuis quelques années, en témoignent la multiplication des soirées et autres visites thématiques au cours de cette période, les magasins qui proposent une offre plus nombreuse et diversifiée au niveau des costumes et des décorations, voire même les boulangeries et autres commerces qui proposent de plus en plus des pâtisseries autour d’Halloween.




L’auteure évoque bien d’autres sujets, notamment Halloween dans la culture, à travers les arts (peintures comme cartes vintage), la littérature (Dracula, Sleepy Hollow, Harry Potter, etc), le cinéma (films d’horreur, L’étrange Noël de Monsieur JackJe déplore toutefois l’absence d’Hocus Pocus qui est tout de même un des classiques à visionner pour Halloween), mais mon article commençant à s’allonger, je vais de ce pas le conclure !



Trick or Treat: A History of Halloween est ainsi un ouvrage riche en informations et très intéressant à lire. Bien que je pense que ce n’est plus à jour concernant certaines informations (notamment Halloween en France) et que certaines parties souffrent de longueurs, je ne peux pas nier avoir passé un bon moment de lecture. C’est un livre enrichissant qui m’a permis d’en apprendre plus sur Halloween, d’autant plus que l’auteure présente cette fête sous de nombreux aspects : culturel, social, historique, géographique. L’ouvrage est également accompagné d’illustrations, notamment vintage, ce qui ne rend la lecture que plus agréable et enrichissante.


Halloween has endured centuries of political and religious criticism, economic downturns, real terror and attempts to ban it even as it’s been adopted by new generations and movements. It has repeatedly been resurrected and modified to be celebrated anew, and it is now enjoyed by much of the world. The celebration’s playful use of frightening ideas and images seems to hold an appeal that transcends nations and eras, and that speaks of a universal human need to mock and transform death and darkness – even as winter approaches.

mercredi 18 octobre 2023

Les contes interdits : La légende de Sleepy Hollow - Simon Rousseau.




Un homme au bord du gouffre à la recherche d’un vieil ami disparu.

La dangereuse manie d’un maître chanteur à se faire trop d’ennemis pour son propre bien.

L’obsession d’un peintre misanthrope reproduisant la même toile, encore et encore.

Un neurochirurgien retraité fasciné par la cryptozoologie qui préfère vivre en marge de la société.

La légende d’un cavalier fantôme hantant depuis des siècles le pittoresque village de Val-Dormant.





La légende de Sleepy Hollow est une histoire que j'aime beaucoup, ainsi c'est toujours intéressant de la voir remaniée de différentes façons. L'adaptation libre de Tim Burton fait partie de mes films préférés et le roman Horseman de Christina Henry a été un de mes coups de cœur lors du Pumpkin Autumn Challenge de l'an dernier. Lorsque j'ai découvert que la saga des Contes Interdits proposait une réécriture de cette histoire, je n'ai pas hésité, d'autant que la couverture est très attrayante et juste parfaite pour la saison automnale/Halloween.


L'histoire se situe de nos jours, dans la bourgade du Val Dormant au Québec, un petit village d'apparence tranquille où chacun se connaît. Nous suivons en alternance Ichabod Crane et son ami, Eliott, informaticien de génie et pro dans le piratage informatique, à quelques semaines d'intervalle. Ichabod Crane souhaite changer de vie et emménage au Val Dormant où il officie en tant que facteur. Il ne tarde pas à se lier aux autres habitants et plus particulièrement Katrina van Tassel, institutrice adorée de tous, et dont il n'est pas insensible aux charmes. Quelques semaines plus tard, Elliott reçoit un message d'Ichabod sur son répondeur qui ne laisse rien présager de bon. Elliott décide de se rendre au Val Dormant et y apprend la disparition de son ami. Elliott mène donc l'enquête pour découvrir la raison et les coupables derrière la disparition d'Ichabod.


J'ai aimé l'ambiance qui se dégage du roman à travers le village du Val Dormant. Cela m'a rappelé les romans de Stephen King car on y retrouve des ingrédients chers au maître de l'horreur : une petite bourgade semblant sans histoire, où chacun se connaît. Nous faisons la connaissance de ses habitants, entrons dans leur vie privée et découvrons peu à peu leurs secrets [SPOIL] une épouse qui séquestre son mari devenu handicapé et se venge des violences conjugales qu'elle a subies, une belle serveuse qui trompe son mari, une petite-fille victime de maltraitance, un prêtre qui s'adonne à des activités pas très catholiques, etc [/SPOIL]. Qui de mieux qu'un facteur pour découvrir les petits secrets de chacun ? Car Ichabod Crane n'est pas aussi innocent qu'il en a l'air. Ichabod Crane est un véritable maître chanteur et il entend bien semer le trouble afin d'obtenir ce qu'il veut. Pour Elliott, il n'y a pas de doute. Ichabod a été découvert par un habitant qu'il faisait chanter et qui a veillé à le faire taire. Elliott garde pourtant espoir de retrouver son ami vivant et se met en quête du moindre indice pouvant le mener jusqu'à Ichabod, accompagné bien malgré lui de Loranger, un habitant qui a ses comptes à régler avec Ichabod.


J'ai trouvé intéressant que le roman alterne entre l'enquête d'Elliott et le quotidien d'Ichabod, quelques semaines avant sa disparition, son installation au Val Dormant, comment il s'est lié avec les habitants, comment il en est venu à découvrir leurs secrets et à les faire chanter, certains pour son propre profit, d'autres dans un certain sens de justice. J'ai pris un plaisir malsain, je l'avoue, à découvrir ces secrets et voir certains habitants récolter ce qu'ils méritaient. J'ai également apprécié l'étrange duo formé par Elliott et Loranger et les suivre dans leur enquête, à remonter la piste les menant à Ichabod et découvrir le fin mot de l'histoire, et c'est là où le côté horrifique propre aux Contes Interdits atteint son paroxysme.


La résolution est tout simplement horrible et nous retourne les tripes. Découvrir le secret de la disparition d'Ichabod ainsi que le véritable antagoniste de l'histoire et son mode opératoire, sans oublier ce qu'il advient d'Elliott et son compagnon. Je ne m'en remets toujours pas. Je ne pense pas avoir été déçue, même si ce n'est clairement pas ce à quoi je m'attendais. J'avais même espéré une autre résolution pour Elliott et Loranger, mais c'était oublier que ce livre fait partie des Contes InterditsSimon Rousseau a frappé fort pour marquer son public et il l'a fait avec efficacité. Je ne suis pas prête d'oublier ce roman et surtout la fin. J'avoue ressentir tout de même une certaine frustration concernant [SPOIL] l'histoire, les pouvoirs et la véritable nature de Katrina [/SPOIL], j'aurais voulu en apprendre plus, pour mieux cerner ce personnage, mais je comprends que l'auteur ait choisi de ne pas tout dévoiler pour garder une part de mystère.


En résumé, une réécriture moderne et intéressante de Sleepy Hollow qui ne laisse pas indifférent !


En dépit de son aversion pour les magouilles du maître chanteur, Elliot ne pouvait s’empêcher d’être impressionné par sa capacité à déterrer autant de sombres secrets sur tant de gens en si peu de temps. Chaque dossier mettait en lumière des actes abominables et difficilement pardonnables. Celui de Chantale Talbot, la mère de Marguerite, parut frapper particulièrement l’esprit de Loranger. C’était le dernier qu’ils avaient analysé, et le trafiquant ne semblait pas vouloir lâcher l’écran des yeux, tellement ce qu’il y voyait le choquait.

— Qu’est-ce que t’en penses ? osa demander Elliot par-dessus son épaule. Ils auraient tous un solide mobile pour en vouloir à Ichabod… Mais est-ce qu’il y en aurait un ou une là-dedans qui serait vraiment passé à l’action ?

Chapitre 20

mardi 3 octobre 2023

Nous ne sommes qu'ombre et poussière - Lyndsay Faye.



Londres, automne 1888. Les atrocités commises sur deux prostituées assassinées dans le quartier de Whitechapel vont convaincre l'inspecteur Lestrade de solliciter le célèbre spécialiste des affaires criminelles. Qui mieux que Sherlock Holmes, aidé du Dr Watson, saurait traquer l'homme qui sème désormais la terreur parmi la population de l'East End ?


Mais le grand détective ne sortira pas indemne de cette enquête. Pour démasquer son insaisissable adversaire, dont le nom, Jack l'Éventreur, restera longtemps gravé dans les mémoires, il devra enfreindre bien des règles, briser les codes, et tenter de sauver sa vie autant que sa réputation.




Confronter Sherlock Holmes à Jack l’Éventreur, il faut l’avouer, c’est une entreprise ambitieuse et assez casse gueule ! De nombreux auteurs s’y sont essayés avec plus ou moins de succès. Je garde un avis très mitigé du roman d’Ellery Queen et les extraits et avis du livre de Bob Garcia ne me donnent pas envie de m’approcher de ce roman, même armée d’une fourche, et quoique long j’avais aimé le jeu vidéo de Frogwares qui confrontait ces deux personnages.



Concernant Mme Lindsay Faye, je dois avouer qu’elle s’en est sortie avec brio et qu’elle nous offre une enquête qui tient la route et qui se lit même avec plaisir. Bien que ce ne fut pas un coup de cœur, j’ai tout de même passé un agréable moment de lecture et je repense encore à ce roman, plus d’une semaine après l’avoir achevé.



On retrouve avec plaisir Sherlock Holmes et le Dr Watson mais aussi l’inspecteur Lestrade. Nos personnages sont bien campés. J’y ai trouvé le genre de Watson que j’aime. Certes pas à la cheville du détective au niveau de l’intelligence, mais pas incapable pour deux sous. Notre docteur est débrouillard et ne manque pas de courage et d’humanité, et il a des moments fort sympathiques qui le mettent à l’honneur. Sherlock Holmes reste redoutable, intelligent, parfois froid, mais déterminé et pas dénué de sentiments pour autant. Son attachement pour son ami le montre bien, et même le grand détective est ébranlé par les crimes de la barbarie de Jack l’Éventreur. Nous faisons également la connaissance de nouveaux personnages, dont Miss Monk, une femme qui vit pauvrement et qui va se retrouver sur la route de Holmes et l’aider dans son enquête en devant ses yeux et ses oreilles dans Whitechapel et apporter un souffle d’air frais au roman.



De Baker Street à Whitechapel, on suit avec intérêt l’enquête du détective et sa traque du célèbre assassin. Sans être Ripperologue, je pense pouvoir affirmer que l’auteure s’en est bien sortie pour retranscrire ce que l’on sait des scènes de crimes et ce qui en avait été déduit à l’époque mais aussi la misère dans laquelle Whitechapel était plongée. Sans être révolutionnaire, l’enquête saura contenter également les holmésiens car l’auteure a su rester dans un cadre de cohérence digne de l’univers de notre détective et on sent, à travers son écriture, son amour et sa connaissance de l’univers.



J’ai été séduite et j’ai frémi devant l'ambiance glauque et sordide des ruelles sombres de Whitechapel mais aussi devant la cruauté impitoyable des meurtres, faisant s’intensifier les tourments d’Holmes et de Watson. Si l’intrigue peut sembler lente par moment, elle ne manque pas de rebondissements. On y retrouve du suspense, du mystère, de l’amitié, un peu d’humour pour alléger le récit déjà sombre, des fausses pistes, des courses poursuites, des guets apens, un assassin qui donne bien du fil à retordre et des tourments à notre détective.



Je me suis d’ailleurs demandée quelle option l’auteure allait privilégier, entre celle de Holmes qui met la main sur l’assassin mais qu’une raison valable l’oblige à taire l’identité de Jack l’Éventreur ou si ce serait une enquête que Holmes lui-même ne parviendrait pas à résoudre, car cette affaire reste l’un des plus grands mystères de l’Histoire. Les suspects étaient multiples, les pistes nombreuses et brouillées plus d’une fois… L’auteure a finalement choisi la première option et de nous rendre cette révélation plausible !



En résumé, un roman que l’on repose avec un pincement au cœur tant j’ai pris plaisir à retrouver les personnages de Doyle et à les suivre dans cette enquête sombre et passionnante. Indéniablement un pastiche qui tient bien la route et saura ravir les holmésiens !


Au cours des années qui suivirent, excepté lors de ce matin-là, jamais plus nous ne parlâmes de cette chambre. Chaque fois qu'il m'est arrivé par la suite de songer à l'enfer, à ce à quoi il devait ressembler, j'ai eu l'image de cette pièce. Des fissures lézardaient le mur humide. Une bougie était fixée sur un verre à vin cassé, des braises mouraient dans la cheminée, un lit de bois occupait un angle et l'odeur métallique du sang saturait l'atmosphère. Car, sur ce lit, était allongé un cadavre. Plus exactement, sur le lit et sur la table avaient été disposés différents morceaux de ce qui avait été le corps d'une femme.

Holmes était adossé au mur, blanc comme un linge.

- La porte était ouverte, bredouilla-t-il. Je suis passé et... la porte était ouverte.

- Holmes, murmurai-je, horrifié.

- La porte était ouverte.

Puis, il se cacha le visage dans les mains.

Chapitre 29. Le cœur