Les auteurs : Alan Moore, né le 18 novembre 1953, est un écrivain et un scénariste de bande-dessinée britannique, notamment connu pour les comics Watchmen, V pour Vendetta et From Hell. David Lloyd, né en 1950, est un dessinateur de bande-dessinée anglais.
Quatrième de couverture :
Dans les années 1980, une guerre mondiale éclate ; l'Europe, l'Afrique et les États-Unis d'Amérique sont réduits en cendres par des armes nucléaires. La Grande Bretagne est épargnée par les bombardements mais pas par le chaos et les inondations issues des dérèglements climatiques. Dans cette société anglaise post-apocalyptique, un parti fasciste, Norsefire, prend en main le pouvoir et tente de rétablir le pays après avoir procédé à une épuration ethnique, politique et sociale sans pitié.
En 1997, au moment où le parti semble avoir la situation sous contrôle, un anarchiste commence une campagne pour ébranler tous les symboles du pouvoir. Cet anarchiste qui se fait appeler « V » porte un masque représentant le visage de Guy Fawkes, le plus célèbre membre de la conspiration des poudres. Lors de sa première action d'éclat, le dynamitage du Palais de Westminster, V sauve Evey, une jeune fille de 16 ans qui risquait d'être violée puis exécutée pour prostitution.
Emprunt médiathèque.
Mon avis :
Nous sommes à Londres, en novembre 1997. Un conflit nucléaire mondial a rayé de la carte l'Europe, l'Afrique et les Etats-Unis. La Grande-Bretagne, quant à elle, est devenue un état totalitaire depuis une quinzaine d'année. Le parti à la tête du pouvoir a effectué une grande purification dès son arrivée au pouvoir et tout est contrôlé, y compris l'accès au plaisir, à la culture et au divertissement. Dans ce contexte sombre, V, un anarchiste, souhaite ébranler le pouvoir et redonner espoir au peuple de lui redonner sa liberté. Quoi de mieux que d'attaquer les emblèmes du gouvernement ?
On ne présente plus V pour Vendetta, on connaîtra davantage le film que la bande-dessinée. C'est d'ailleurs parce que je connais et aime le film que j'ai tenté la lecture de la bande-dessinée. Cependant, malgré quelques similitudes, on peut noter des différences entre les deux, ce qui n'empêche pas le plaisir de la lecture ! Je dirais même que connaître le film m'a permis de mieux suivre l'intrigue car elle est dense, il y a beaucoup de personnages, beaucoup d'aller et venues.
Peut-être est-ce parce que je n'ai plus de souvenirs précis du film, outre les scènes marquantes, mais la société dépeinte dans cette oeuvre me paraît plus sombre, plus inquiétante. Tout est contrôlé en permanence, les marginaux (homosexuels, étrangers, opposants politiques) sont emprisonnés et éliminés. La guerre et l'Etat ont mis fin aux libertés et aux plaisirs. Cet Etat se présente sous plusieurs formes : la Voix qui parle au peuple et le tient sous le joug de la peur, la Main qui fait régner ordre et discipline, la Bouche qui représente les médias (sous monopole de l'Etat), l’Œil qui surveille les agissements de tous, l'Oreille qui tend ses antennes et est à l'affût de tout, le Nez qui est la police scientifique et enfin la Tête où se base le commandement du pays.
C'est dans ce contexte sombre qu'apparaît le personnage le plus emblématique de l'univers de V pour Vendetta : un homme masqué nommé V, qui souhaite mettre à mal cette société et le gouvernement et éveiller les consciences. Cet espèce d'anti-héros est un sauveur peu conventionnel car violent et moralisateur mais c'est aussi un personnage attachant et marquant, au charisme formidable et amateur de Shakespeare qui a pris la jeune Evey sous son aile. J'ai beaucoup aimé la reconstitution du passé de V ainsi que l'exploration de sa psychologie, cela nous permet de comprendre ce qui l'a poussé à en arriver là. C'est vraiment le personnage emblématique, surtout avec son casque de Guy Fawkes (qui est, si vous l'ignorez, un noble du XVIIe siècle célèbre pour avoir voulu tuer le roi d'Angleterre et faire sauter le Parlement). Comme dans le film, son identité est gardée secrète mais je n'ai pas trouvé cela frustrant. L'identité de V, c'est comme le nom du Docteur dans Doctor Who, une certaine partie de nous est curieuse mais l'autre partie sait très bien qu'apprendre ce secret, de percer ce mystère risque d'être encore plus décevant que la révélation elle-même du secret. Puis, de cette façon, V peut être personne et n'importe qui à la fois, cela lui permet d'être un symbole.
J'ai beaucoup aimé aussi sa relation avec Evey, jeune fille de 16 ans, qu'il a sauvé de policiers qui voulaient la violer. Evey peut paraître naïve et niaise aux yeux de certains lecteurs, mais elle a été écrite au départ pour représenter le peuple britannique : innocent mais inconscient, car endormi, elle n'a pas réellement conscience de l'horreur de la société dans laquelle elle vit, elle ne se rend pas compte de tout ce qui se trame, et le retour à la réalité sera brutal. Avec V, Evey va peu à peu ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure et, à son tour, vouloir se rebeller et commencer à se libérer. Outre ces deux personnages, on suit d'autres personnages, dont des personnes du gouvernement à la recherche de V qu'ils considèrent comme étant un terroriste. On jongle de l'un à l'autre.
Un seul petit bémol : le graphisme et les couleurs (qui semblent délavées) peuvent rebuter, j'ai eu moi-même du mal au départ mais en m'accrochant à l'histoire, j'ai fini par m'y faire. Le fait est que V pour Vendetta est une histoire terrible (dans le bon sens), et qu'il ne faut pas se laisser rebuter par les graphismes et les couleurs parce que l'histoire en vaut la peine ! D'autant plus que tout n'est pas à jeter dans le graphisme. Les couleurs peuvent être sombres et ombrées, ce qui se marie très bien au récit car il donne une ambiance sombre, une atmosphère inquiétante. Petit avertissement aussi : il faut aimer lire (beaucoup). V pour Vendetta est une bande-dessinée, certes, mais une grande place est laissée au texte, donc petite mise en gare à ceux qui aiment les bandes-dessinées légères.
Peut-être est-ce parce que je n'ai plus de souvenirs précis du film, outre les scènes marquantes, mais la société dépeinte dans cette oeuvre me paraît plus sombre, plus inquiétante. Tout est contrôlé en permanence, les marginaux (homosexuels, étrangers, opposants politiques) sont emprisonnés et éliminés. La guerre et l'Etat ont mis fin aux libertés et aux plaisirs. Cet Etat se présente sous plusieurs formes : la Voix qui parle au peuple et le tient sous le joug de la peur, la Main qui fait régner ordre et discipline, la Bouche qui représente les médias (sous monopole de l'Etat), l’Œil qui surveille les agissements de tous, l'Oreille qui tend ses antennes et est à l'affût de tout, le Nez qui est la police scientifique et enfin la Tête où se base le commandement du pays.
C'est dans ce contexte sombre qu'apparaît le personnage le plus emblématique de l'univers de V pour Vendetta : un homme masqué nommé V, qui souhaite mettre à mal cette société et le gouvernement et éveiller les consciences. Cet espèce d'anti-héros est un sauveur peu conventionnel car violent et moralisateur mais c'est aussi un personnage attachant et marquant, au charisme formidable et amateur de Shakespeare qui a pris la jeune Evey sous son aile. J'ai beaucoup aimé la reconstitution du passé de V ainsi que l'exploration de sa psychologie, cela nous permet de comprendre ce qui l'a poussé à en arriver là. C'est vraiment le personnage emblématique, surtout avec son casque de Guy Fawkes (qui est, si vous l'ignorez, un noble du XVIIe siècle célèbre pour avoir voulu tuer le roi d'Angleterre et faire sauter le Parlement). Comme dans le film, son identité est gardée secrète mais je n'ai pas trouvé cela frustrant. L'identité de V, c'est comme le nom du Docteur dans Doctor Who, une certaine partie de nous est curieuse mais l'autre partie sait très bien qu'apprendre ce secret, de percer ce mystère risque d'être encore plus décevant que la révélation elle-même du secret. Puis, de cette façon, V peut être personne et n'importe qui à la fois, cela lui permet d'être un symbole.
Image tirée du film |
J'ai beaucoup aimé aussi sa relation avec Evey, jeune fille de 16 ans, qu'il a sauvé de policiers qui voulaient la violer. Evey peut paraître naïve et niaise aux yeux de certains lecteurs, mais elle a été écrite au départ pour représenter le peuple britannique : innocent mais inconscient, car endormi, elle n'a pas réellement conscience de l'horreur de la société dans laquelle elle vit, elle ne se rend pas compte de tout ce qui se trame, et le retour à la réalité sera brutal. Avec V, Evey va peu à peu ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure et, à son tour, vouloir se rebeller et commencer à se libérer. Outre ces deux personnages, on suit d'autres personnages, dont des personnes du gouvernement à la recherche de V qu'ils considèrent comme étant un terroriste. On jongle de l'un à l'autre.
Un seul petit bémol : le graphisme et les couleurs (qui semblent délavées) peuvent rebuter, j'ai eu moi-même du mal au départ mais en m'accrochant à l'histoire, j'ai fini par m'y faire. Le fait est que V pour Vendetta est une histoire terrible (dans le bon sens), et qu'il ne faut pas se laisser rebuter par les graphismes et les couleurs parce que l'histoire en vaut la peine ! D'autant plus que tout n'est pas à jeter dans le graphisme. Les couleurs peuvent être sombres et ombrées, ce qui se marie très bien au récit car il donne une ambiance sombre, une atmosphère inquiétante. Petit avertissement aussi : il faut aimer lire (beaucoup). V pour Vendetta est une bande-dessinée, certes, mais une grande place est laissée au texte, donc petite mise en gare à ceux qui aiment les bandes-dessinées légères.
Je pourrais continuer à dire beaucoup sur cette BD, mais ma critique risque d'être un peu trop redondante avec les nombreuses critiques qui existent sur cette oeuvre, et les mots ne suffisent pas pour décrire l'impression que m'a laissé V pour Vendetta. Si je devais seulement résumer la bande-dessinée en quelques mots : profond, sombre et puissant.