Enfants, dans leur petite ville de Derry, Ben, Eddie, Richie et la petite bande du « Club des ratés », comme ils se désignaient, ont été confrontés à l’horreur absolue : ça, cette chose épouvantable, tapie dans les égouts et capable de déchiqueter vif un garçonnet de six ans…
Vingt-sept ans plus tard, l’appel de l’un d’entre eux les réunit sur les lieux de leur enfance. Car l’horreur, de nouveau, se déchaîne, comme si elle devait de façon cyclique et régulière frapper la petite cité.
« Ils flottent, Georgie. ». Sans avoir vraiment lu le célèbre roman de Stephen King, je pense que cette phrase est devenue suffisamment culte avec les années pour l'associer au terrible clown décrit par le maître de l'horreur des années auparavant. Ça n'est pourtant pas le roman que j'aurais pensé lire un jour, pour la simple et bonne raison que l'horreur n'est pas une thématique qui m'attire dans la littérature. Cependant vous connaissez la chanson : il ne faut jamais dire jamais, ou encore : il y a une première fois à tout. Et, je l'avoue, j'ai été tentée de découvrir ce roman après avoir visionné le téléfilm de 1990 par curiosité. Alors, ça passe ou ça casse ? Nous allons voir ça tout de suite !
Mais d'abord, de quoi ça parle ?
D'un clown tueur qui terrorise des enfants.
Oui, mais pas que ! Notre aventure débute en 1957 à Derry, ville américaine tout à fait normale, exceptée le monstre qu'elle abrite. Car en effet, depuis des siècles, Derry est hantée par une étrange créature inconnue qui se terre dans les égouts. Un jour, un petit garçon nommé Georgie s'amuse sous la pluie avant de rencontrer la créature qui se présente à lui sous le nom de Grippe-Sou le clown. Une funeste rencontre puisque le clown en question s'attaque au pauvre Georgie qui y laissera la vie. Les mois passent suivant cette tragédie, les enfants de Derry disparaissent petit à petit. Les rescapés raconteront avoir fait une étrange rencontre avec une créature ayant revêtu la forme de leur plus grande peur. Parmi ces survivants, un groupe de sept amis auquel fait partie Bill Denbrough, le grand frère de Georgie. Afin de découvrir l'identité de la créature terrorisant les enfants de Derry et pour l'empêcher de nuire, les sept enfants décident d'affronter leurs peurs et leurs traumatismes d'enfance pour vaincre la créature qu'ils ont baptisé Ça…
Stephen King, maître incontesté de la fiction d'horreur. |
Car oui, l'intrigue du roman est divisée en deux périodes différentes et se poursuit de façon non linéaire entre ces deux époques. Ainsi, nous découvrons peu à peu les événements qui ont pris place pendant ces deux périodes presque en même temps, à l'inverse du téléfilm de 1990 et du premier volet de la nouvelle adaptation, sortie cette année, qui ont d'abord choisi de raconter l'enfance de nos héros et les premières rencontres avec Ça, puis de passer aux années d'adulte avec la confrontation finale avec le clown. En fait, si nous alternons entre ces deux périodes, c'est que nos personnages adultes essayent de reconstruire ce passé, épisode par épisode. Car oui, avant de vaincre une bonne fois pour toute le monstre, il est nécessaire de se remémorer le passé et de comprendre ce qu'il s'est passé la dernière fois qui a permis de mettre en déroute le clown.
Au centre de l'histoire, sept enfants, tous bizutés à l'école et connaissant presque tous une situation familiale difficile. Nous avons Eddie, un asthmatique ayant une mère ultra-protectrice ; Richie, le comique de service virant un peu sur l'impertinent ; Beverly, la seule fille du groupe ; Mike, un Afro-Américain victime du racisme local ; Ben, rondouillard féru de l'histoire de Derry, Stan, Juif passionné par les oiseaux, et enfin Bill, souffrant d'être bègue et de parents indifférents depuis la mort de Georgie. C'est lui qui dirige le groupe qui s'est auto-nommé le Club des Ratés car les autres enfants voient en lui un leader, et là où chaque garçon du groupe en pince un peu pour Beverly, tous vouent une admiration sans borne pour Bill. Ces sept personnages forment l'une des amitiés les plus touchantes et les plus soudées que j'aie eu l'occasion de lire jusqu'à présent. Une amitié d'une force incroyable. Lorsqu'ils sont ensemble, on sait qu'ils sont à leur juste place, et le roman nous le montre bien. Chacun est mis en valeur, et chacun a une force égale à leur traumatisme, et c'est un pur bonheur de lire sur eux.
Le Club des Ratés, par Rich Kelly. |
À côté de nos héros et du clown psychopathe, nous avons quelques personnages secondaires et tertiaires : les parents des enfants, leur famille une fois adulte, d'autres enfants détestables et dérangés qui n'ont presque rien à envier au clown en terme de cruauté. Les habitants de Derry, enfants comme adultes, sont influencés parfois indirectement par Ça, donc du coup on a une bande de tordus, racistes, homophobes. Aussi, des adultes soit indifférents, soit qui n'ont aucune emprise sur les événements et laissent leurs enfants se faire tuer ou entre-tuer sans pouvoir faire quoique ce soit, comme s'ils n'étaient pas conscients de ce qui se déroule, comme si le clown les rendaient aveugles de ce qu'il se passe réellement.
Mais finalement, est-ce que ça fait peur ?
La réponse est oui, ça fait peur, l'ambiance est pesante et menaçante, nous sommes sur le qui vive car on s'attend à rencontrer le clown (ou les petites brutes de l'école) à tout moment et cette ambiance, cette anticipation, résonne avec la peur des enfants. Donc oui, on peut dire que ça fait peur car l'auteur ne lésine pas avec les scènes horrifiques, mais on peut dire aussi que ça met surtout mal à l'aise. Si Ça a son lot de scènes terrifiantes (on en survit, rassurez-vous ! Moi qui suis une grande froussarde, je n'ai pas été traumatisée), nous avons aussi des scènes plutôt malsaines, donc attention aux âmes sensibles car le roman contient de nombreuses évocations de pédophilie, une scène où un enfant torture et tue un animal, une scène de sexe infantile… qui m'ont fait reposer le livre à plusieurs reprises et où il est aisé de comprendre pourquoi les différentes adaptations de Ça ont choisi de ne pas adapter ces scènes sur l'écran.
Néanmoins ces scènes malsaines ne sont pas parsemées partout dans le roman, et le roman n'en demeure pas moins palpitant et plaisant à lire (aussi plaisant un roman sur un clown tueur d'enfants peut-il être). Ce roman cherche avant tout à nous faire entrer dans l'horreur et le malaise de la ville de Derry, et il y parvient ! On s'imprègne totalement de Derry, son atmosphère, son histoire, ses habitants. Mais, n'ayez crainte, ce roman ne contient pas que scènes d'horreur et scènes malsaines, même s'il s'agit d'un roman d'horreur, car ce roman c'est aussi une histoire sur l'enfance, le courage et sur l'amitié et Stephen King décrit merveilleusement bien ces thèmes. Ses héros, enfants comme adultes, sont le cœur du roman et ils le portent magnifiquement bien et ce n'est pas que la force de leur imagination et de leur conviction qui aide nos personnages à survivre, c'est aussi les liens profonds qui les unissent.
En somme, une première rencontre avec King plutôt satisfaisante. Je suis prête à retenter l'expérience un jour avec un nouveau roman du maître de l'horreur !
En somme, une première rencontre avec King plutôt satisfaisante. Je suis prête à retenter l'expérience un jour avec un nouveau roman du maître de l'horreur !
*a wild Pennywise appears* |
Peut-être que ces histoires de bons ou mauvais amis, cela n'existe pas; peut-être n'y a-t-il que des amis, un point c'est tout, c'est-à-dire des gens qui sont à vos côtés quand ça va mal et qui vous aident à ne pas vous sentir trop seul. Peut-être vaut-il toujours d'avoir peur pour eux, d'espérer pour eux, de vivre pour eux. Peut-être aussi vaut-il la peine de mourir pour eux, s'il faut en venir là. Bons amis, mauvais amis, non. Rien que des personnes avec lesquelles on a envie de se trouver; des personnes qui bâtissent leur demeure dans votre cœur.