L'ascension et la chute des dieux nordiques du point de vue du plus grand des tricheurs et des menteurs, Loki : sa naissance au royaume des Géants, sa place en Asgard, ses nombreux exploits au nom d'Odin, sa chute et sa trahison. Loki, c'est moi. Loki, le porteur de lumière, bel homme, modeste et insaisissable, héros incompris de ce tissu de mensonges. Lisez cela avec prudence, tout y est au moins aussi vrai que la version officielle, et, j'ose le dire, bien plus divertissant.
Jusque-là, l'histoire, telle qu'on la connaît, m'a réservé un rôle assez peu flatteur.
Mais désormais, c'est à mon tour d'entrer en scène. À moi de raconter !
Férue de mythologie, et notamment le personnage de Loki, je me suis penchée sur ce titre à la couverture attrayante et dont le sujet promettait quelque chose d'intéressant. Loki est en effet l'une des divinités les plus célèbres et intéressantes du panthéon nordique. Dieu fripon, capable de se métamorphoser, père de plusieurs monstres, à la nature changeante et ambiguë. Ainsi, c'est un personnage intéressant à exploiter, et découvrir l'histoire (à savoir les divers mythes nordiques) à travers ses yeux promettait de donner quelque chose d'intéressant !
Au final, je ressors assez mitigée de ce roman. La plupart des critiques au sujet de ce livre ayant été excellentes, je m'attendais à tomber sous le charme également, mais peut-être ne suis-je tout simplement pas le bon public pour ce roman car je me suis forgée ma propre image de Loki, tout comme l'auteur s'est forgée la sienne. L'histoire a ses bons et ses mauvais côtés. J'ai trouvé très intéressant le fait que l'auteur se penche de plus près sur la mythologie nordique, une mythologie assez méconnue malgré la célébrité des personnages de Thor, Odin et Loki grâce aux films Marvel, mais les films Marvel ont pris des libertés avec la mythologie ainsi il est intéressant de faire découvrir, à travers ce roman, la mythologie nordique à travers un grand nombre de ses épisodes, en commençant par le commencement, la création des différents mondes, l'Ordre et le Désordre, le Chaos, jusqu'à la fin avec le Ragnarök, l'apocalypse et la plupart de ces aventures ont été plutôt plaisantes à suivre !
Loki tel que représenté dans un manuscrit du XVIIIe siècle. |
Ce qui m'a beaucoup posé problème, c'est le personnage de Loki. De par sa nature ambiguë, c'est un personnage intéressant mais difficile à cerner complètement, ainsi chacun peut se faire sa propre interprétation du personnage. Est-il 100% mauvais, un anti-héros, un être capable de faire le bien comme le mal ? Chacun se fait sa propre image de Loki, mais la mienne ne correspond pas trop à celle de l'auteur. Loki est loin d'être un personnage à être sympathique dans ce roman. Certes, c'est un peu le but car Loki est un dieu trompeur, et connaissant un minimum la mythologie nordique, je sais qu'il n'est pas tout blanc et qu'il est capable de cruauté comme il est capable d'utiliser sa ruse, son intelligence et ses dons pour aider les autres dieux. Seulement, sous la plume de l'auteur, si Loki fait de bonnes actions, c'est essentiellement par intérêt (ce qui peut se tenir, je l'avoue). L'auteur le décrit également comme un mauvais père (non cruel mais assez indifférent) et un mauvais mari (alors que, excusez-moi, mais si Sigyn est restée auprès de lui lors de son ultime punition, à le protéger comme elle le pouvait du venin du serpent, ce n'est pas pour rien !), ce qui est vraiment dommage car l'un des aspects les plus intéressants de Loki, c'est ses enfants : il a notamment engendré des monstres, comme Fenrir le loup, Hel la déesse du royaume des morts, le serpent Jürmungand et le cheval à huit jambes Sleipnir et j'ai toujours imaginé Loki comme un bon parent. L'auteur sous-entend également quelque chose à la fin du roman [spoiler] après l'apocalypse, c'est le noir complet et Loki a cette phrase assez étrange : "Que la lumière soit." Donc l'auteur sous-entendrait que Loki est... dans un sens, le dieu créateur dans la Bible, ou alors qu'il a initié le judaïsme/christianisme, et... je n'adhère pas, même si l'idée a un quelque chose d'ingénieux [/spoiler]. Il y a quelques moments, des chapitres où Loki nous est sympathique. On le plaint car il est souvent humilié, insulté, menacé par les autres dieux, et Loki fait souvent preuve d'humour et d'ingéniosité ; malgré cela j'ai... parfois eu du mal avec ce roman à cause du personnage. Après, je le répète, chacun a sa propre interprétation de Loki et je n'adhère pas à celle de l'auteur...
Wolf's Father de Sceith-A's (DeviantART), représentant Loki et son fils Fenrir. |
Heureusement, il y a des scènes sympathiques, notamment lorsqu'il y a de l'entente entre Thor et Loki, ou Odin et Loki. Ces derniers forment d'ailleurs dans le roman une relation intéressante : Odin est le premier dieu que Loki rencontre, et il y a une sorte d'entente entre eux. Odin veut dans un premier temps faire confiance à Loki, et Loki semble parfois apprécier la compagnie d'Odin. Le fait que Loki soit également attiré par Odin s'explique aussi par le fait que ce dernier possède une part sombre que seul Loki comprend. Il y a beaucoup de complexité et une certaine tragédie dans leur relation, que j'ai vraiment trouvé intéressant : les deux sont incapables de se faire pleinement confiance, il y a des périodes d'entente mais ça ne dure jamais, comme l'Ordre et le Chaos peuvent se frôler, se croiser, se rencontrer mais jamais s'accorder.
Mon gros soucis avec ce livre reste le fait que je n'adhère pas à la version de Loki de l'auteur. Outre ce fait, ce roman est un bon moyen pour découvrir avec une plume moderne et fluide la mythologie nordique avec sa panoplie de divinité. Toutefois, avis à ceux.elles qui ne sont pas familiers.ères avec cette mythologie, celle-ci a des épisodes aussi, voire plus, étranges que ceux de la mythologie grecque !
Nous avions revêtu l'aspect du Peuple, ne portions ni arme ni symbole de statut. Et je dois reconnaître que partir chasser avec seulement une fronde et une poignée de pierres, dormir à la dure sur une couverture, à la belle étoile, et laisser derrière moi Asgard et ses tensions politiques, me plaisait. Faire semblant d'être quelqu'un d'autre, quelqu'un d'insignifiant, m'amusait. Et pourtant, cela restait une mascarade. Odin et moi le savions tous les deux. Une sorte de jeu, l'illusion de ce qui aurait pu advenir si lui et moi avions été capables de nous faire confiance, pour changer. Alors, nous avons chassé, et chanté, et ri, et échangé des histoires soigneusement censurées du bon vieux temps, pendant que chacun de nous surveillait l'autre du coin de l’œil et se demandait quand tomberait le couperet.
Leçon 11 : Rançon. (Livre II - Ombre)
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