Mais depuis que Holmes a découvert l’existence du Professeur Moriarty, un criminel aussi génial que lui, l’idée de l’arrêter tourne à l’obsession. Un duel sans pitié s’engage entre eux, un duel qui les mènera au bord du précipice...
Et dont personne ne ressortira indemne.
Le 13 avril marquait pour moi la sortie de deux choses très attendues pour moi : le troisième volet des Animaux Fantastiques, Les Secrets de Dumbledore, et le deuxième tome des Amants de Baker Street ! Après un premier tome que j'avais dévoré en novembre dernier, il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour me mettre le deuxième tome sous la dent.
Ce second tome s'annonce plus sombre que le premier avec une intrigue placée dans l'ombre du professeur Moriarty, la célèbre Némésis de Sherlock Holmes. Toute personne ayant lu le canon holmesien connaît l'histoire de leur affrontement près des chutes de Reichenbach en Suisse, [spoiler] résultant en la mort du professeur, la survie de Holmes qui a pourtant dû se faire passer pour mort pendant trois ans afin de démanteler tout le réseau de Moriarty [/spoiler]. Moriarty s'affiche comme un spectre menaçant Londres ainsi que la vie d'Holmes et Watson tout au long du roman, même après Reichenbach il laisse sa trace dans les esprits de nos deux héros.
Nous commençons l'histoire avec une première enquête, celle de la fameuse affaire du rat géant de Sumatra. J'ai trouvé qu'il s'agissait d'une appropriation prenante et originale de cette affaire dont Watson, dans le canon de Doyle, ne nous a révélé que le titre, et qui se lie très bien avec l'intrigue principale autour de Moriarty et qui a lancé le jeu mortel entre le détective et le Napoléon du crime, tel un jeu d'échec, où chacun essaye de déjouer les plans de l'autre, avoir un train d'avance, se mettre des bâtons dans les roues. S'il est peu présent au final, Moriarty se révèle être un criminel fort efficace, un digne adversaire pour Holmes, avec son intelligence et son redoutable bras droit, le chasseur et colonel Sebastian Moran. Corruption, espionnage, pièges mortels, faux semblants... L'auteur nous offre une histoire prenante de la confrontation Holmes/Moriarty, nous montrant une fois de plus que ce n'est pas qu'une romance Holmes/Watson, c'est un roman policier regorgeant de péripéties !
J'ai beaucoup aimé l'approche de l'auteure sur le hiatus, en nous montrant les vies d'Holmes et Watson loin de l'autre, l'un désespérant de pouvoir revenir à Londres auprès de son amant, et l'autre croyant son amour disparu à tout jamais et portant son deuil.
A thousand apologies, de FerioWind (DeviantART) |
D'un côté, nous avons Holmes sans cesse traqué par les alliés de feu Moriarty, devant vivre caché, déguisé, toujours sur le qui-vive, s'attendant à trouver le moindre danger partout où il est, ne pouvant se fixer longtemps dans un endroit tandis qu'il travaille d'arrache-pied à démanteler le réseau de Moriarty et cacher la nouvelle de sa survie à ses proches afin de les protéger. Il supporte souvent difficilement cette vie et il aurait été prêt à abandonner tout espoir de revenir si ce n’était que la pensée de Watson pour le faire tenir.
De l'autre, Watson qui sombre dans la dépression, n'ayant plus le goût de rien, la vie perdant ses couleurs avec l'absence de Holmes s'imposant comme un spectre le hantant sans cesse, un personnage à part entière, l'Absence avec un grand A. J'ai ensuite observé avec fascination [spoiler] le début de son affaire à Whitechapel où il s'attelait à soigner gratuitement les personnes démunies de ce quartier pauvre et misérable, se lier avec leurs habitants, participer à des combats de boxe, gagnant le respect et la protection des gangs de Whitechapel [/spoiler] ; puis son travail en tant que médecin légiste pour Scotland Yard (que nous retrouvons dans la série Granada Sherlock Holmes il me semble).
Bien-sûr, les retrouvailles entre Holmes et Watson étaient touchantes, ce que j'ai attendu le plus de lire. Tout au long du roman, ils sont toujours aussi complices et amoureux, sans mièvrerie ou de guimauve, avec beaucoup de tendresse, de loyauté et de passion. Chaque scène entre eux, chaque plaisanterie, chaque geste ou parole tendre, chaque discussion, est un bonheur à lire. Bien évidemment, comme il fallait s'y attendre, ces trois années d'absence ont laissé leur marque en eux et dans leur relation. Même si Holmes ressort victorieux de son duel contre Moriarty et qu'il finit par revenir à Londres sans cette menace, ce n'est pas sans conséquence pour lui comme pour Watson.
C'était intéressant de découvrir les traces psychologiques laissées par l'affaire Moriarty et le hiatus de trois ans. Holmes a bien du mal à revenir à la vie civile après avoir passé toutes ces années, caché. Il garde des réflexes de cette vie de cavale, s'attendant à être attaqué, espionné, le moindre bruit lui paraissant suspect et lui faisant craindre le pire. Et malgré le retour de Holmes, Watson a du mal à se dire que c'est bien réel et non un fragment de son imagination. Il a du mal à se remettre dans ses habitudes domestiques avec Holmes, à rire, à faire taire les craintes et les cauchemars. On ressent bien que le Watson d'avant Reichenbach n'est plus le même que celui des événements de l'affaire de la Maison Vide. Même s'il reste lui-même profondément, il a changé et aura du mal à se remettre complètement de ce qu'il a vécu. Et quel bonheur est-ce au final de les voir se retrouver définitivement et goûter au bonheur qui leur a fait longtemps défaut, sans crainte... ou presque.
Moriarty, de Umino-aka-Morskaya (DeviantART) |
L'auteure nous rappelle, en effet, l'homophobie encore présente de l'époque, notamment en dernière partie de roman lorsqu'elle évoque à de nombreuses reprises l'affaire Oscar Wilde, condamné pour ses mœurs et amours homosexuelles. Au terme de trois procès retentissements, évoqués dans le roman, l'écrivain a fini ruiné et condamné à deux ans de travaux forcés en prison. Une affaire qui a beaucoup ébranlé Holmes et Watson qui doivent, plus que jamais, faire preuve de prudence.
Outre Moriarty, les enquêtes et le couple Holmes/Watson, j'ai retrouvé Mrs Hudson, Mycroft, Mary et Lestrade avec beaucoup de plaisir. J'ai constaté avec plaisir l'évolution du personnage de Gregson et j'ai beaucoup aimé sa dynamique entre lui, sa femme et l'inspecteur Lestrade, ils forment un trio proche et très attachant.
J’ai, en outre, repéré quelques références sympathiques : Reginald Jeeves, Hercule Poirot, Sigmund Freud... puis-je espérer une référence à Arsène Lupin dans le tome 3 ?
En résumé : un très bon tome, aussi prenant que le premier, et dévoré en peu de temps ! J’ai hâte de lire le tome 3 prévu pour fin décembre !
Il voulait de nouveau écrire. Il voulait écrire sur lui. Sur eux. Il voulait offrir au papier, et au monde, le souvenir de l’être extraordinaire que son compagnon avait été. Il choisit une affaire un peu au hasard, un moment joyeux qui n’impliquait rien de personnel pour son détective et lui. Cette histoire avec Irène Adler, par exemple. Bon sang, qu’est-ce qu’il avait ri, à l’époque…
Il traça la première lettre et les mots commencèrent à se déverser sur le papier comme un torrent libéré des digues qui l’entravaient. Et soudain, l’espace d’un instant, une fraction de seconde arrachée au temps, il fut de retour à Baker Street. Holmes fumait sa pipe dans son fauteuil, des odeurs de cuisine montaient du rez-de-chaussée, des bruits de fiacre passaient dans la rue, le feu dansait dans la cheminée…
Le temps d’un saut entre les mots, Holmes fut présent de nouveau. Cher, cher Holmes… Dans sa douleur, il avait presque oublié à quel point il l’aimait et l’admirait. Il écrivit longtemps ce soir-là, en ne s’arrêtant que pour sécher ses larmes.
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