mardi 3 octobre 2023

Nous ne sommes qu'ombre et poussière - Lyndsay Faye.



Londres, automne 1888. Les atrocités commises sur deux prostituées assassinées dans le quartier de Whitechapel vont convaincre l'inspecteur Lestrade de solliciter le célèbre spécialiste des affaires criminelles. Qui mieux que Sherlock Holmes, aidé du Dr Watson, saurait traquer l'homme qui sème désormais la terreur parmi la population de l'East End ?


Mais le grand détective ne sortira pas indemne de cette enquête. Pour démasquer son insaisissable adversaire, dont le nom, Jack l'Éventreur, restera longtemps gravé dans les mémoires, il devra enfreindre bien des règles, briser les codes, et tenter de sauver sa vie autant que sa réputation.




Confronter Sherlock Holmes à Jack l’Éventreur, il faut l’avouer, c’est une entreprise ambitieuse et assez casse gueule ! De nombreux auteurs s’y sont essayés avec plus ou moins de succès. Je garde un avis très mitigé du roman d’Ellery Queen et les extraits et avis du livre de Bob Garcia ne me donnent pas envie de m’approcher de ce roman, même armée d’une fourche, et quoique long j’avais aimé le jeu vidéo de Frogwares qui confrontait ces deux personnages.



Concernant Mme Lindsay Faye, je dois avouer qu’elle s’en est sortie avec brio et qu’elle nous offre une enquête qui tient la route et qui se lit même avec plaisir. Bien que ce ne fut pas un coup de cœur, j’ai tout de même passé un agréable moment de lecture et je repense encore à ce roman, plus d’une semaine après l’avoir achevé.



On retrouve avec plaisir Sherlock Holmes et le Dr Watson mais aussi l’inspecteur Lestrade. Nos personnages sont bien campés. J’y ai trouvé le genre de Watson que j’aime. Certes pas à la cheville du détective au niveau de l’intelligence, mais pas incapable pour deux sous. Notre docteur est débrouillard et ne manque pas de courage et d’humanité, et il a des moments fort sympathiques qui le mettent à l’honneur. Sherlock Holmes reste redoutable, intelligent, parfois froid, mais déterminé et pas dénué de sentiments pour autant. Son attachement pour son ami le montre bien, et même le grand détective est ébranlé par les crimes de la barbarie de Jack l’Éventreur. Nous faisons également la connaissance de nouveaux personnages, dont Miss Monk, une femme qui vit pauvrement et qui va se retrouver sur la route de Holmes et l’aider dans son enquête en devant ses yeux et ses oreilles dans Whitechapel et apporter un souffle d’air frais au roman.



De Baker Street à Whitechapel, on suit avec intérêt l’enquête du détective et sa traque du célèbre assassin. Sans être Ripperologue, je pense pouvoir affirmer que l’auteure s’en est bien sortie pour retranscrire ce que l’on sait des scènes de crimes et ce qui en avait été déduit à l’époque mais aussi la misère dans laquelle Whitechapel était plongée. Sans être révolutionnaire, l’enquête saura contenter également les holmésiens car l’auteure a su rester dans un cadre de cohérence digne de l’univers de notre détective et on sent, à travers son écriture, son amour et sa connaissance de l’univers.



J’ai été séduite et j’ai frémi devant l'ambiance glauque et sordide des ruelles sombres de Whitechapel mais aussi devant la cruauté impitoyable des meurtres, faisant s’intensifier les tourments d’Holmes et de Watson. Si l’intrigue peut sembler lente par moment, elle ne manque pas de rebondissements. On y retrouve du suspense, du mystère, de l’amitié, un peu d’humour pour alléger le récit déjà sombre, des fausses pistes, des courses poursuites, des guets apens, un assassin qui donne bien du fil à retordre et des tourments à notre détective.



Je me suis d’ailleurs demandée quelle option l’auteure allait privilégier, entre celle de Holmes qui met la main sur l’assassin mais qu’une raison valable l’oblige à taire l’identité de Jack l’Éventreur ou si ce serait une enquête que Holmes lui-même ne parviendrait pas à résoudre, car cette affaire reste l’un des plus grands mystères de l’Histoire. Les suspects étaient multiples, les pistes nombreuses et brouillées plus d’une fois… L’auteure a finalement choisi la première option et de nous rendre cette révélation plausible !



En résumé, un roman que l’on repose avec un pincement au cœur tant j’ai pris plaisir à retrouver les personnages de Doyle et à les suivre dans cette enquête sombre et passionnante. Indéniablement un pastiche qui tient bien la route et saura ravir les holmésiens !


Au cours des années qui suivirent, excepté lors de ce matin-là, jamais plus nous ne parlâmes de cette chambre. Chaque fois qu'il m'est arrivé par la suite de songer à l'enfer, à ce à quoi il devait ressembler, j'ai eu l'image de cette pièce. Des fissures lézardaient le mur humide. Une bougie était fixée sur un verre à vin cassé, des braises mouraient dans la cheminée, un lit de bois occupait un angle et l'odeur métallique du sang saturait l'atmosphère. Car, sur ce lit, était allongé un cadavre. Plus exactement, sur le lit et sur la table avaient été disposés différents morceaux de ce qui avait été le corps d'une femme.

Holmes était adossé au mur, blanc comme un linge.

- La porte était ouverte, bredouilla-t-il. Je suis passé et... la porte était ouverte.

- Holmes, murmurai-je, horrifié.

- La porte était ouverte.

Puis, il se cacha le visage dans les mains.

Chapitre 29. Le cœur

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