J'avais seize ans. Je ne
possédais rien, ni biens matériels, ni confort spirituel. Je n'avais pas d'ami,
pas d'amour, je n'avais rien vécu. Je n'avais pas d'idée, je n'étais pas sûre
d'avoir une âme. Mon corps, c'était tout ce que j'avais.
Blanche est une jeune fille solitaire et
discrète que personne ne remarque à la fac. Et voilà qu'un beau jour,
Christa, belle, séduisante,
audacieuse, brillante, qui plaît à tous, vient la voir et lui parler.
Blanche n'en revient pas, c'est comme un miracle ! Quelqu'un l'a
remarqué et veut bien lui parler et rester avec elle un moment, et pas n'importe
qui ! La coqueluche de la fac, une jeune fille qui a tout pour plaire. Pour la
garder auprès d'elle et tâcher d'être une amie serviable et aimable, elle
n'hésite pas à tout lui donner, allant jusqu'à lui proposer de s'installer chez elle la semaine au lieu de
prendre le train plusieurs heures pour retourner chez elle. Ses parents, ravis de savoir que leur fille a enfin
une amie, acceptent très rapidement Christa qui se fait passer
pour une fille parfaite. En revanche, Blanche se rend compte
bien vite dans quelle situation elle s'est embarquée en laissant entrer
Christa dans sa vie et sa maison. Car Christa
n'est qu'une manipulatrice, mythomane et tentatrice dissimulée sous les
traits d'une jeune fille parfaite...
Narrée par Blanche,
cette histoire est une véritable description des tourments de l'adolescence.
C'est une jeune fille solitaire, discrète, timide, sans amis qui essaye de
comprendre si elle a un but dans sa vie, que faire de sa vie, comment grandir.
Assez mal dans sa peau, elle a du mal à croire qu'on puisse s'intéresser à elle
jusqu'à ce que Christa ne débarque. Mais celle-ci impose une
version cruelle et perverse de l'amitié, une relation dominé-dominant se noue vite entre elle.
Christa est un personnage ambigu. Elle est cruelle oui, mais pourquoi a-t-elle fait tout ça ? Qui est-elle vraiment ? Elle se protège presque par son prénom, alors qu'en réalité, comme le dit Blanche, elle n'est pas Christa mais Antéchrista. C'est le surnom que lui donne Blanche. L'Antéchrist est, après tout, une figure d'imposteur maléfique qui se fait passer pour le Messie, peu avant l'Apocalypse. C'est deux faces différentes d'une personne. Elle est vraiment l'exact opposé de Blanche : cruelle, audacieuse, séductrice, sûre d'elle, magnifique, extravertie... Blanche, elle, est sensible, intravertie, discrète, fragile et manque cruellement de confiance en elle.
Ce roman montre bien comment une personne peut manipuler son entourage,
dominer quelqu'un à l'extrême, envahir la vie et le foyer d'une autre, la
manipuler, la martyriser psychologiquement... Je me suis retrouvée pas mal de
points communs avec Blanche, j'étais - sous certains aspects -
comme elle durant mon adolescence et je suis restée assez discrète et timide.
Heureusement que je n'ai connu et ne connais pas de Christa ! Ce roman m'a fait
réfléchir : aurais-je fais comme elle ? est-ce que je serais aussi tombée dans
le piège Christa ? Aurais-je décidé d'agir ou de laisser passer
? Christa, elle, a ce désir d'exercer son pouvoir sur certaines
personnes, elle veut se sentir supérieure et elle parvient très bien à se faire
passer pour une gentille fille, elle se fait immédiatement adopter par la
famille de Blanche qui avouent clairement leur préférence à
Christa par rapport à Blanche. Selon eux,
c'est une fille admirable, irréprochable, courageuse et bien. Comme
quoi, Christa fait une excellente actrice, elle ment à tout le
monde, même sur sa propre vie.
C'est une histoire à proprement dit
banale, c'est un problème que des personnes rencontrent et pourtant, l'auteur
sait la rendre intéressante, ce livre court se lit très rapidement, on a envie
de lire la suite, sans s'arrêter. On est presque subjugué par cette horreur
décrite, cette manipulation cruelle. On voit si Blanche va réussir à régler ce
problème épineux, à se débarrasser de son bourreau... bref, encore un bon
Nothomb !
Jusqu’à ma rencontre avec Christa, l’un des bonheurs de ma vie d’adolescente avait consisté à lire: je me couchais sur mon lit avec un livre et je devenais le texte. Si le roman était de qualité, il me transformait en lui. S’il était médiocre, je n’en passais pas moins des heures merveilleuses à me délecter de ce qui ne me plaisait pas en lui, à sourire des occasions manquées.
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