mercredi 18 mai 2016

Des enfants dans l'Antiquité - Karine Delobbe.


D'Héraclès à Romulus et Remus, l'enfant est présent dans la mythologie gréco-romaine. Quant aux enfants nés de mortelles, encore faut-il qu'ils soient acceptés. En cas d'abandon, le nouveau-né, s'il n'est pas adopté par une autre famille, est condamné à la mort ou à l'esclavage. 

En Gaule romaine toutefois, l'apport celtique humanise ces pratiques : l'enfant semble mieux accueilli. Penseurs grecs et romains jettent les bases d'une éducation de l'enfant auxquelles nous faisons référence aujourd'hui encore. Mais ces principes ne concernent que les enfants des citoyens, eux-même futurs citoyens. 

Au-delà du statut de l'enfant, c'est de sa vie - parfois courte - que nous parle cet album : sa nourriture, ses vêtements, mais aussi ses jeux favoris.



Cela faisait un petit bout de temps depuis que je n'avais plus mis le nez dans un livre d'histoire (ni sur ce blog d'ailleurs mais c'est une autre histoire...). Comme beaucoup de livres, je suis tombée dessus par hasard alors que je recherchais des livres sur l’Égypte Antique, mais le sujet m'a paru assez intéressant pour que je l'emmène avec moi.

C'est un court ouvrage (environ une trentaine de pages), plutôt destiné à un public jeune au vu des nombreuses images et de la simplicité du texte et du vocabulaire employé (entendons que ce n'est pas de l'ouvrage produit par des gros chercheurs en la matière, utilisant un vocabulaire bien spécifique et scientifique). Cependant, ouvrage jeunesse ou pas, ce livre est une opportunité pour apprendre beaucoup de choses sur l'enfance et les enfants dans l'Antiquité.

L'enfant est d'abord présent dans la mythologie antique, et surtout la mythologie grecque et romaine. C'est d'ailleurs davantage dans la mythologie qu'on a d'abord eu une approche des enfants à cette époque que dans les textes antiques et découvertes archéologiques, plus rares. Nombreux sont, en effet, les récits mythologiques qui parlent de dieux et de leur abondante descendance, et c'est sur ce point que le livre commence. On peut d'ailleurs citer l'enfance de héros comme Héraclès, dont les premiers exploits remontent dès l'enfance, ainsi que l'enfance de Remus et Romulus, les mythiques fondateurs de Rome.

La célèbre statuette représentant une louve
allaitant Remus et Romulus.


Dans une volonté de progression logique, le livre débute avec la naissance et se termine sur le passage à l'âge adulte

L'ouvrage est très axé sur le monde grec et le monde romain, beaucoup moins sur autres civilisations antiques comme l’Égypte ou la Gaule. Cela peut paraître déplorable, même s'il faut tenir en compte le fait qu'on ait davantage de sources et d'éléments sur les civilisations grecque et romaine et que ces dernières sont les racines de notre propre civilisation. Il y a cependant quelques anecdotes sur l'enfant celte-gaulois et l'enfant égyptien. Les Celtes et Égyptiens, par exemples, élèvent tous leurs enfants et n'en rejettent aucun. De tendres liens unissent notamment les Celtes à leurs enfants et vice-versa, et ils savent faire preuve d'un immense chagrin lorsque la mort sépare des parents de leurs enfants, comme peuvent en témoigner les stèles funéraires. C'est chose normale pour nous, mais il faut savoir que Grecs ou Romains abandonnaient parfois leurs enfants. Souvent s'il y avait malformation, si le bébé est né chétif, malade, hors-mariage ou s'il s'agissait d'une fille non désirée. Le père peut reconnaître l'enfant s'il l'accepte au sein de la famille. Dans le cas contraire, l'enfant est exposé devant la porte du logis ou sur une décharge publique, et le recueille qui voudra.

Ce chapitre nous révèle d'autres informations, comme le déroulement de la naissance, le portrait de la sage-femme. Nous avons également un chapitre dédié aux nourrices, leur rôle, l'emmaillotage, comment on choisissait une nourrice. Il est aussi question des maladies et mortalités infantiles, un sujet sur lequel les historiens sont peu renseignés. Ces maladies étant courantes, les médecins de l'époque s'en sont peu intéressés et les prescriptions ont souvent eu des effets négatifs. C'est d'ailleurs souvent à cause des fréquentes mortalités infantiles que les parents ne préfèrent pas s'attacher à leur enfant.

Un bœuf à roulettes datant du IIIe millénaire,
assez semblable aux jouets à roulette de notre époque...

Ensuite, on ne parle pas d'enfance sans parler de l'éducation. L'auteur nous parle de l'école, de la différence d'éducation selon les cités en Grèce avec deux exemples précis : Sparte et Athènes. Sparte est un état militaire, donc il s'agit de former des guerriers, c'est une éducation à la dure ! On l'entraîne à une vie sauvage, même les filles. Celles-ci sont entraînées à devenir mères d'enfants rigoureux. À Athènes, la cité la plus puissante de Grèce, l'éducation se fait d'abord par la mère et la nourrice. Puis à sept ans, c'est l'école pour les garçons, les filles restent à la maison pour apprendre à être fidèles, vertueuses et habiles aux travaux domestiques.

L'auteur aborde d'autres sujets comme la vie quotidienne des enfants : comment ils emploient leur temps dans une journée, le rôle bénéfique de la musique dans leur vie, l'importance des jeux. Les fouilles archéologiques ont permis la mise au jour de nombreux jouets et de sortes de jeux. Les photos illustrant ce chapitre et les règles de certains de ces jeux nous montrent d'ailleurs que la plupart de ces jeux ne nous sont pas inconnus, cela montre bien que les enfants de toutes les époques ont des goûts semblables. Nous retrouvons aussi bien des jeux d'éveil comme le hochet, le cheval à roulettes, des petites charrettes en bois que des jeux d'adresse comme des billes (qui sont souvent des châtaignes, glands, olives, noisettes, noix), la noix est beaucoup utilisée dans les jeux à Rome (comme billes ou pions pour jeux de société) et c'est pourquoi l'expression romaine « quitter les noix» signifie sortir de l'enfance. On retrouve aussi des jeux de patience comme le puzzle d'Archimède, des jeux avec règles précises comme l'osselet, des poupées, des balançoires... comme quoi, comme le disait si souvent ma professeur d'archéologie, on n'a rien inventé ! (ou presque)

Je n'ai pas grand chose à rajouter au sujet de cet ouvrage. En bref, c'est un livre court mais intéressant. Il ne faut pas s'arrêter au fait qu'il s'adresse à un public jeune car on y apprend des choses intéressantes sur un sujet où l'on est finalement peu renseigné et qu'on ne connaît pas (à moins de faire des études poussées en histoire ou que l'on aime les livres ou documentaires d'histoire). Il est aussi intéressant de noter qu'il existe plusieurs tomes de cette série : Les enfants au Moyen-âge, à la Renaissance, ... , qu'il pourrait être intéressant de découvrir :)

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