dimanche 22 décembre 2019

Le spectacle de Noël - Anne Perry.

C'est à Whitby, petit village de pêcheurs ou le comte Dracula aurait fait sa première apparition – selon le roman éponyme de Bram Stoker –, que Joshua Fielding a décidé de produire sa troupe théâtrale. Avec sa femme Caroline, la mère de Charlotte Pitt, il s'apprête à livrer une adaptation inédite du fameux roman. La première est un désastre, mais l'apparition d'un étranger masqué, suivi d'un meurtre inattendu, viennent donner la dimension dramatique qui manquait à la pièce...

Sous les noirs augures du maître des vampires, le bien et le mal s'affrontent dans un conte de Noël aux accents gothiques !



Dans ma recherche de livres pour le Cold Winter Challenge, je suis tombée sur ce livre qui m’a attiré par sa jolie couverture et son résumé qui promettait une histoire de Noël truffée de références sur Dracula.

Dans cette histoire, Alice, une jeune fille de noble famille, cherche à adapter le roman de Bram Stoker, Dracula, qui est devenu très populaire à Londres, en pièce de théâtre à présenter à des invités le soir de Noël. Pour ce faire, elle demande l’aide d’acteurs pour interpréter les personnages du roman dont Joshua, le mari de notre héroïne, Caroline. Les nombreuses répétitions se passent avec des hauts et des bas, d’autant plus que nos personnages sont coincés au manoir d’Alice et ses parents par la neige et le vent. Cette tempête fait surgir au sein du manoir un étrange inconnu qui demande l’hospitalité et qui provoquera chez nos personnages diverses réactions.

Bien que Noël est peu présent, j’ai aimé ce mélange entre conte de Noël et d’hiver et histoire horrifique où se mêlent une enquête criminelle et les vampires. Le lieu de l’histoire s’y prête puisque l’auteur situe son roman à Whitby, un petit village de pêcheurs où le cercueil du comte Dracula s’échoua, lors de son voyage entre la Transylvanie et l’Angleterre. Le lieu présente déjà un aspect effrayant, d’autant plus que la neige et le vent forcent nos personnages à demeurer au sein d’un manoir. Un huis clos. Quoi de plus parfait pour y commettre un meurtre. Cette méthode a déjà fait ses preuves, notamment dans Dix Petits Nègres d’Agatha Christie. Un étranger débarque en plein milieu des répétitions qui provoque d’abord l’effroi chez nos personnages et qui déclenchera l’effroi et la méfiance chez certains personnages. Un autre élément pour créer un meurtre !

Pourtant, le meurtre se fait attendre et ne se produit qu’une fois passée la moitié du roman, ce qui peut s’avérer frustrant, d’autant plus que le meurtre manque de complexité. J’ai trouvé intéressant que Caroline soit celle qui enquête et interroge, ce qui la fait passer au premier plan après avoir été relayée au second plan pendant une bonne partie du roman. En effet, n’étant pas actrice, elle n’a rien à apporter à la pièce et se contente d’observer et de participer à quelques conversations hors répétitions. C’est d’autant plus intéressant car elle a un gendre qui travaille pour la police et qu’elle aurait perdu une de ses filles dans des circonstances horribles. Cela explique donc sa capacité à enquêter, en plus de sa capacité à observer, mais il est dommage que cette partie de sa vie ne soit pas expliquée et qu’au final on ne sache pas ce qui est exactement arrivé à sa fille. Toutefois, la quatrième de couverture évoque sa fille mariée, ce qui me laisse supposer que c'est un personnage important dans un de ses romans et qu'il est possible que des œuvres antérieures évoquent également le passé de Caroline.

L’affaire est résolue en une trentaine de pages environ, avec Caroline pour effectuer les interrogatoires et se poser des questions pour découvrir le coupable et son mobile. Ce n’est pas l’enquête la plus palpitante que j’aie pu lire, mais elle reste divertissante et ce fut agréable de voir Caroline à l’action. Il reste que nous sommes loin des romans d’Agatha Christie où le meurtre se produit assez vite et que l’enquête se déroule tout le long du roman. L’enquête est divertissante et efficace, mais je pense que les amateurs du genre policier peuvent se retrouver frustrés, d’autant plus que l’enquête avait tous les éléments pour (huis clos, un étranger débarquant de nulle part, etc)

Ce que j’ai aimé dans l’histoire, c’est son ambiance à la fois oppressante car il s’agit d’un huis clos et que cela crée certaines tensions au sein de la troupe d’acteurs et inquiétante car la figure du vampire est présente tout au long du roman, ce qui est compréhensible car les acteurs adaptent Dracula mais la figure du vampire en elle-même est discutée par nos personnages. J’ai trouvé intéressant que soit exploitée la figure du vampire dans un conte de Noël. Le vampire fascine comme il fait peur et Ballin, l’étranger qui rejoint la troupe en donnant des conseils, se montre comme un spécialiste de la scène comme des vampires d’autant plus que, comme Dracula, Ballin inspire méfiance comme fascination chez nos personnages, d'autant plus que le roman a été publié récemment dans notre histoire et que les vampires impressionnent et terrifient les esprits de l'époque.

L’univers de la scène est également présent, et j’ai trouvé intéressant de voir tout le travail décuplé par les acteurs. Il faut dire qu’adapter un roman en pièce de théâtre n’est pas chose facile, et nos acteurs doivent supprimer plusieurs scènes, faire des changements dans l’histoire et chez les personnages du célèbre roman de Bram Stoker, adapter aussi le décor pour déclencher la peur avec une façon de jouer avec des gestes et la lumière.

Pour terminer, je dirai que c'est un roman qui se lit très vite et avec beaucoup de fluidité, l'ambiance de l'histoire est intéressante. Si les amateurs du genre policier peuvent être, comme moi, frustrés de l'affaire criminel, elle n'en reste pas moins divertissante et j'ai beaucoup apprécié les références à Dracula ainsi qu'au monde du théâtre. Un sympathique conte de Noël !

Alice l'ignora et s'adressa à Mr. Ballin. 
- Arriverons-nous à vous faire croire aux vampires, ne serait-ce que le temps d'une représentation ? lui demanda-t-elle. 
- Alice ! protesta Netheridge. 
Ballin leva sa main puissante aux longs doigts avec une grâce peu commune. 
- Je vous en prie ! Mettre notre incrédulité de côté est un jeu auquel nous devons tous jouer, ne fût-ce que momentanément. Noël n'est-il pas la période où l'on doit croire aux miracles ? Le fils de Dieu est venu sur terre sous la forme d'un petit enfant vulnérable et sans défense, comme nous le sommes tous, même lorsque nous pensons le moins l'être. Ne s'ensuit-il pas que les créatures du diable doivent elles aussi frapper à la porte, attendant que quelqu'un les laisse entrer ?


Cold Winter Challenge

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 Stalactites ensanglantées 
(Polar / Thriller / Policier / Roman à énigmes)

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