Sous la glace rassemble dans toute leur diversité les plus grands enquêteurs de la reine du crime : d’Hercule Poirot à Miss Marple, sans oublier les plus atypiques, tels que le futé Parker Pyne ou le mystérieux Harley Quinn. Un recueil incontournable pour tous les amateurs de cosy mystery.
Derrière
cette jolie couverture aux couleurs douces, presque pastel, se cache
un recueil de douze nouvelles d’Agatha Christie où l’on retrouve
ses personnages : le célèbre Hercule Poirot bien entendu, Miss
Marple, mais aussi Parker Pyne, Harley Quinn (un détective et non
une psychiatre d’Arkham devenue criminelle), Tommy et Tuppence, ou
encore Sattherthwaite.
Ces différentes
nouvelles ont toutes (ou presque) comme point commun de se dérouler
en hiver ou pendant la période des fêtes. Il s’agit souvent
d’affaires qui se sont déroulées des années de cela et qui sont
racontées par un ou plusieurs personnages, comme une histoire que
l’on se raconte au coin du feu. Rien de tel qu’un bon mystère
pour faire frissonner et un bon feu ou une boisson chaude pour se
réchauffer.
J’ai retrouvé avec plaisir Hercule
Poirot et découvert les autres détectives d’Agatha Christie, et
notamment Miss Marple qui a éveillé ma curiosité. Bien-sûr, ces
nouvelles ont des intérêts inégaux. Certaines m’ont plu,
d’autres beaucoup moins. À l’inverse d’Arthur Conan Doyle où
je préférais le format de nouvelles pour les aventures de son
détective, ma préférence va chez les romans pour Agatha Christie
et non les nouvelles où je trouve les affaires bien vite résolues,
normal me direz-vous car c’est pour mieux suivre le format
d’histoire courte. Toutefois, certaines histoires étaient plutôt
savoureuses à découvrir et l’auteure aura réussi à me
surprendre… encore une fois.
Sous la glace
regroupe ainsi douze nouvelles, qui sont les suivantes :
La
boîte de chocolats : Hastings interroge son ami Hercule Poirot.
A-t-il déjà, au cours d’une enquête, échoué à trouver le
véritable coupable ? Poirot lui raconte alors une ancienne enquête,
celle où un homme d’Église a trouvé la mort, et où une boîte
de chocolat est soupçonnée d’empoisonnement… Une histoire
plutôt intéressante où l’on découvre que même le célèbre
Hercule Poirot a ses limites, et les holmesiens trouveront que
l’auteure s’est ici une nouvelle fois inspirée de Sherlock
Holmes.
Tragédie de Noël : Miss Marple est amenée
à raconter à son entourage une bien curieuse histoire. Persuadée
qu’un certain M. Sanders cherchait à se débarrasser de sa femme,
mais personne ne veut croire l’honorable vieille dame qui se
retrouve seule à essayer d’empêcher ce drame. Mais Mme Sanders
meurt brutalement, sous le choc de son mari. Véritable choc ou
parfait comédien ? Est-il bien le tueur ou quelqu’un est-il passé
avant lui ? Ma première rencontre avec Miss Marple, et pas la
dernière ! Le procédé et l’issue étaient assez ingénieuse,
j’ai tiré des conclusions hâtives et j’ai été surprise sur la
fin.
L’arrivée de M. Quinn : Le soir de la Saint
Sylvestre, M. Sattherthwaite et ses invités reçoivent la visite
inattendue d’un certain M. Quinn dont la voiture est tombée en
panne. Il s’avère qu’il connaissait plutôt bien M. Capel,
l’ancien propriétaire de la maison des Sattherthwaite qui s’est
donné la mort par balle des années de cela, ce qui conduit tout ce
petit monde à discuter de ce tragique événement. Mais qu’est-ce
qui a pu pousser cet homme, à priori sans histoire, joyeux et plein
de projets d’avenir, à se suicider ? Les personnages
s’interrogent… Une nouvelle sympathique, sans plus, mais qui fait
l’affaire.
Le mystère du bahut de Bagdad : Poirot
et Hastings se remémorent une ancienne enquête du détective sur le
meurtre d’un certain M. Clayton retrouvé poignardé dans un meuble
que l’ami du défunt, le Major Rich, a apporté de Moyen-Orient.
Plusieurs regards extérieurs trouvant l’amitié de Mme Clayton et
du Major Rich assez étroite pour en tirer la conclusion que le
mobile du meurtre est déjà tout trouvé. Mme Clayton s’adresse à
Poirot pour qu’il l’aide à innocenter le Major. J’ai beaucoup
aimé cette histoire, le plan est tout simplement diabolique, c’est
un exemple du crime parfait, celui que l’on commet en public sans
que personne ne le remarque.
La fille du pasteur et
La Maison Rouge : une aventure de Tommy et Tuppence. Monica Deane,
fille de pasteur, vit dans la pauvreté avec sa mère lorsqu’elle
hérite de la maison d’une vieille tante. Les offres affluent pour
que Monica vende la maison, ce qu’elle refuse. Puis un jour, les
tableaux se décrochent, les meubles bougent de place, bruits
effrayants… Esprit frappeur, simples farceur ou autre ? Une
intrigue plutôt sympathique même si ce n’est pas vraiment
l’enquête qui m’a intéressé mais plutôt nos deux enquêteurs
bien hauts perchés que j’ai pris plaisir à suivre.
L’express
de Plymouth : Halliday, un riche Américain, fait appel à Poirot
pour élucider le meurtre de sa fille, retrouvée poignardée dans
une cabine de train. La jeune femme était en instance de divorce, ne
voyageait jamais sans sa mallette à bijoux, et a inexplicablement
modifié ses plans de trajets. Ce n'est pas la meilleure nouvelle du
détective belge, mais elle se laisse lire avec plaisir.
L’intrigante de Pollensa : Alors en vacances, M.
Parker Pyne est visité par une dame le conjurant de sauver son fils
d’un mariage qui, selon elle, lui gâchera la vie. Et cette pauvre
mère n’est pas au bout de ses peines ! Voilà qu’une dame
diablement séduisante semble avoir mis le grappin sur son fils
chéri. Qui entre la fiancée et cette nouvelle intrigante
fera-t-elle la guerre ? Une intrigue qui semble classique mais son
dénouement parvient à surprendre !
Droit d’asile
: Bunch, femme de pasteur, découvre dans son église un homme bien
mal en point demandant le droit d’asile avant de décéder. Le
diagnostic du médecin de ville est formel, on a tiré sur le
malheureux. Présenté comme dépressif par sa famille, il est conclu
à un suicide. Bunch n’en est pas si sûre, d’autant que la
famille du défunt insiste beaucoup trop pour récupérer ses
affaires et notamment son veston. Persuadée qu’il y a anguille
sous roche, Bunch s’en va retrouver sa marraine, Miss Marple…
Sans doute une des nouvelles du recueil que j’ai beaucoup aimé !
Aussi bien pour l’intrigue que pour ses personnages, Bunch est la
digne filleule de Miss Marple.
Le mystère de
Hunter’s Logde : On retourne avec Hercule Poirot, grippé et en
quarantaine, qui envoie son ami Hastings dans le Derbyshire,
accompagner un baron dont l’oncle a été sauvagement assassiné.
Une nouvelle plutôt intéressante nous prouvant que Poirot n’a pas
besoin d’être sur place pour dénicher les coupables.
Le
bout du monde : On retrouve Sattherthwaite, en vacances en Corse en
compagnie d’une duchesse. Ils croisent sur leur route une artiste
plutôt détachée de la vie. Je dois avouer ne pas avoir retenu
grand-chose de cette histoire qui n’a pas su
m’intéresser.
L’émancipation d’Edward
Robinson : Edward Robinson découvre, en revenant de balade, un
collier de diamants à l’intérieur de sa voiture et comprend bien
vite que qu’un voleur a confondu sa voiture avec la sienne.
Découvrant un message dans le vide proche donnant rendez-vous au
voleur en un certain endroit, il décide sur un coup de tête de se
faire passer pour le voleur… Quelle aventure cette nouvelle fut, et
pourtant je l'ai trouvé laborieuse à la première lecture.
On
termine avec Une aventure de Noël que je ne résumerai pas car j’ai
eu l’occasion de la lire dans Christmas Pudding. Néanmoins, je
l’ai relu avec grand plaisir. Elle retranscrit très bien les noëls
des campagnes anglaises tout en nous offrant une petite intrigue
sympathique.
Je n'ai pas grand chose à redire sur ce
recueil, il se laisse lire avec plaisir et nous offre une panoplie
d'affaires et d'enquêteurs variés, pour maintenir l'intérêt du
lecteur. Si elles ne présentent pas toutes le même intérêt, ces
nouvelles se laissent lire avec plaisir, comme souvent avec la reine
du crime. En résumé, un sympathique recueil à lire pour la période
hivernale, ou après.
Ce bon inspecteur croit à la matière en mouvement, murmura Poirot tandis que notre ami s’éloignait. Il voyage ; il mesure les empreintes de pas ; il ramasse la boue et les cendres de cigarette ! Il est extrêmement actif ! Zélé au-delà de toute expression ! Et si je lui parlais de psychologie, savez-vous ce qu’il ferait, mon ami ? Il sourirait ! Il se dirait : « Pauvre vieux Poirot ! Il vieillit. Il devient sénile. » Japp représente la « jeune génération qui frappe à la porte ». Et, ma foi, ils sont tellement occupés à y frapper, à cette malheureuse porte, qu’ils ne s’aperçoivent même pas qu’elle est grande ouverte !
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