mardi 7 février 2023

Sous la glace - Agatha Christie.



Qui a dit qu’hiver rimait avec plaid, vin chaud et feu de cheminée ? Certainement pas les fins limiers de ce recueil de 12 nouvelles, pour qui l’art de passer un hiver paisible implique une méfiance absolue envers les possibles congères mortelles, repas empoisonnés, cadeaux malintentionnés et autres joyeusetés qui accompagnent les rigueurs de la saison froide.

Sous la glace rassemble dans toute leur diversité les plus grands enquêteurs de la reine du crime : d’Hercule Poirot à Miss Marple, sans oublier les plus atypiques, tels que le futé Parker Pyne ou le mystérieux Harley Quinn. Un recueil incontournable pour tous les amateurs de cosy mystery.




Derrière cette jolie couverture aux couleurs douces, presque pastel, se cache un recueil de douze nouvelles d’Agatha Christie où l’on retrouve ses personnages : le célèbre Hercule Poirot bien entendu, Miss Marple, mais aussi Parker Pyne, Harley Quinn (un détective et non une psychiatre d’Arkham devenue criminelle), Tommy et Tuppence, ou encore  Sattherthwaite.


Ces différentes nouvelles ont toutes (ou presque) comme point commun de se dérouler en hiver ou pendant la période des fêtes. Il s’agit souvent d’affaires qui se sont déroulées des années de cela et qui sont racontées par un ou plusieurs personnages, comme une histoire que l’on se raconte au coin du feu. Rien de tel qu’un bon mystère pour faire frissonner et un bon feu ou une boisson chaude pour se réchauffer.


J’ai retrouvé avec plaisir Hercule Poirot et découvert les autres détectives d’Agatha Christie, et notamment Miss Marple qui a éveillé ma curiosité. Bien-sûr, ces nouvelles ont des intérêts inégaux. Certaines m’ont plu, d’autres beaucoup moins. À l’inverse d’Arthur Conan Doyle où je préférais le format de nouvelles pour les aventures de son détective, ma préférence va chez les romans pour Agatha Christie et non les nouvelles où je trouve les affaires bien vite résolues, normal me direz-vous car c’est pour mieux suivre le format d’histoire courte. Toutefois, certaines histoires étaient plutôt savoureuses à découvrir et l’auteure aura réussi à me surprendre… encore une fois.


Sous la glace regroupe ainsi douze nouvelles, qui sont les suivantes :


La boîte de chocolats : Hastings interroge son ami Hercule Poirot. A-t-il déjà, au cours d’une enquête, échoué à trouver le véritable coupable ? Poirot lui raconte alors une ancienne enquête, celle où un homme d’Église a trouvé la mort, et où une boîte de chocolat est soupçonnée d’empoisonnement… Une histoire plutôt intéressante où l’on découvre que même le célèbre Hercule Poirot a ses limites, et les holmesiens trouveront que l’auteure s’est ici une nouvelle fois inspirée de Sherlock Holmes.


Tragédie de Noël : Miss Marple est amenée à raconter à son entourage une bien curieuse histoire. Persuadée qu’un certain M. Sanders cherchait à se débarrasser de sa femme, mais personne ne veut croire l’honorable vieille dame qui se retrouve seule à essayer d’empêcher ce drame. Mais Mme Sanders meurt brutalement, sous le choc de son mari. Véritable choc ou parfait comédien ? Est-il bien le tueur ou quelqu’un est-il passé avant lui ? Ma première rencontre avec Miss Marple, et pas la dernière ! Le procédé et l’issue étaient assez ingénieuse, j’ai tiré des conclusions hâtives et j’ai été surprise sur la fin.


L’arrivée de M. Quinn : Le soir de la Saint Sylvestre, M. Sattherthwaite et ses invités reçoivent la visite inattendue d’un certain M. Quinn dont la voiture est tombée en panne. Il s’avère qu’il connaissait plutôt bien M. Capel, l’ancien propriétaire de la maison des Sattherthwaite qui s’est donné la mort par balle des années de cela, ce qui conduit tout ce petit monde à discuter de ce tragique événement. Mais qu’est-ce qui a pu pousser cet homme, à priori sans histoire, joyeux et plein de projets d’avenir, à se suicider ? Les personnages s’interrogent… Une nouvelle sympathique, sans plus, mais qui fait l’affaire.


Le mystère du bahut de Bagdad : Poirot et Hastings se remémorent une ancienne enquête du détective sur le meurtre d’un certain M. Clayton retrouvé poignardé dans un meuble que l’ami du défunt, le Major Rich, a apporté de Moyen-Orient. Plusieurs regards extérieurs trouvant l’amitié de Mme Clayton et du Major Rich assez étroite pour en tirer la conclusion que le mobile du meurtre est déjà tout trouvé. Mme Clayton s’adresse à Poirot pour qu’il l’aide à innocenter le Major. J’ai beaucoup aimé cette histoire, le plan est tout simplement diabolique, c’est un exemple du crime parfait, celui que l’on commet en public sans que personne ne le remarque.


La fille du pasteur et La Maison Rouge : une aventure de Tommy et Tuppence. Monica Deane, fille de pasteur, vit dans la pauvreté avec sa mère lorsqu’elle hérite de la maison d’une vieille tante. Les offres affluent pour que Monica vende la maison, ce qu’elle refuse. Puis un jour, les tableaux se décrochent, les meubles bougent de place, bruits effrayants… Esprit frappeur, simples farceur ou autre ? Une intrigue plutôt sympathique même si ce n’est pas vraiment l’enquête qui m’a intéressé mais plutôt nos deux enquêteurs bien hauts perchés que j’ai pris plaisir à suivre.


L’express de Plymouth : Halliday, un riche Américain, fait appel à Poirot pour élucider le meurtre de sa fille, retrouvée poignardée dans une cabine de train. La jeune femme était en instance de divorce, ne voyageait jamais sans sa mallette à bijoux, et a inexplicablement modifié ses plans de trajets. Ce n'est pas la meilleure nouvelle du détective belge, mais elle se laisse lire avec plaisir.


L’intrigante de Pollensa : Alors en vacances, M. Parker Pyne est visité par une dame le conjurant de sauver son fils d’un mariage qui, selon elle, lui gâchera la vie. Et cette pauvre mère n’est pas au bout de ses peines ! Voilà qu’une dame diablement séduisante semble avoir mis le grappin sur son fils chéri. Qui entre la fiancée et cette nouvelle intrigante fera-t-elle la guerre ? Une intrigue qui semble classique mais son dénouement parvient à surprendre !


Droit d’asile : Bunch, femme de pasteur, découvre dans son église un homme bien mal en point demandant le droit d’asile avant de décéder. Le diagnostic du médecin de ville est formel, on a tiré sur le malheureux. Présenté comme dépressif par sa famille, il est conclu à un suicide. Bunch n’en est pas si sûre, d’autant que la famille du défunt insiste beaucoup trop pour récupérer ses affaires et notamment son veston. Persuadée qu’il y a anguille sous roche, Bunch s’en va retrouver sa marraine, Miss Marple… Sans doute une des nouvelles du recueil que j’ai beaucoup aimé ! Aussi bien pour l’intrigue que pour ses personnages, Bunch est la digne filleule de Miss Marple.


Le mystère de Hunter’s Logde : On retourne avec Hercule Poirot, grippé et en quarantaine, qui envoie son ami Hastings dans le Derbyshire, accompagner un baron dont l’oncle a été sauvagement assassiné. Une nouvelle plutôt intéressante nous prouvant que Poirot n’a pas besoin d’être sur place pour dénicher les coupables.


Le bout du monde : On retrouve Sattherthwaite, en vacances en Corse en compagnie d’une duchesse. Ils croisent sur leur route une artiste plutôt détachée de la vie. Je dois avouer ne pas avoir retenu grand-chose de cette histoire qui n’a pas su m’intéresser.


L’émancipation d’Edward Robinson : Edward Robinson découvre, en revenant de balade, un collier de diamants à l’intérieur de sa voiture et comprend bien vite que qu’un voleur a confondu sa voiture avec la sienne. Découvrant un message dans le vide proche donnant rendez-vous au voleur en un certain endroit, il décide sur un coup de tête de se faire passer pour le voleur… Quelle aventure cette nouvelle fut, et pourtant je l'ai trouvé laborieuse à la première lecture.


On termine avec Une aventure de Noël que je ne résumerai pas car j’ai eu l’occasion de la lire dans Christmas Pudding. Néanmoins, je l’ai relu avec grand plaisir. Elle retranscrit très bien les noëls des campagnes anglaises tout en nous offrant une petite intrigue sympathique.

Je n'ai pas grand chose à redire sur ce recueil, il se laisse lire avec plaisir et nous offre une panoplie d'affaires et d'enquêteurs variés, pour maintenir l'intérêt du lecteur. Si elles ne présentent pas toutes le même intérêt, ces nouvelles se laissent lire avec plaisir, comme souvent avec la reine du crime. En résumé, un sympathique recueil à lire pour la période hivernale, ou après.


Ce bon inspecteur croit à la matière en mouvement, murmura Poirot tandis que notre ami s’éloignait. Il voyage ; il mesure les empreintes de pas ; il ramasse la boue et les cendres de cigarette ! Il est extrêmement actif ! Zélé au-delà de toute expression ! Et si je lui parlais de psychologie, savez-vous ce qu’il ferait, mon ami ? Il sourirait ! Il se dirait : « Pauvre vieux Poirot ! Il vieillit. Il devient sénile. » Japp représente la « jeune génération qui frappe à la porte ». Et, ma foi, ils sont tellement occupés à y frapper, à cette malheureuse porte, qu’ils ne s’aperçoivent même pas qu’elle est grande ouverte !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire