mardi 14 novembre 2023

Notre-Dame des Loups - Adrien Tomas.


En 1868, Jack, Würm, Evangeline, Jonas et les autres sont des Veneurs, des chasseurs de loups-garous. Ils ne peuvent plus être définis autrement, ils ont renoncé à tout le reste afin d’accomplir leur devoir : décimer les meutes, protéger les colons, et surtout, pourchasser celle par qui tout a commencé, la légendaire Notre-Dame des Loups.

A travers une Amérique glaciale, battue par les vents et couverte de neige, insensibles au froid, à la fatigue et au découragement, les Veneurs avancent, encore et toujours. Guidés par des chiens de guerre, équipés d’armes crachant des balles d’argent, protégés du Mal par la mystérieuse sorcellerie de leurs amulettes, ils pourchassent, malmènent, et acculent les loups-garous, qui n’ont d’autre choix que les affronter… et mourir.

Mais l’ennemi n’est pas le seul à dissimuler sa véritable nature…


Ce roman m'a été conseillé par Anders, que je ne remercierai jamais assez pour la découverte de ce roman page turner que je peux classer parmi mes coups de cœur du Pumpkin Autumn Challenge 2023.


Nous suivons une panoplie de personnages qui forment un groupe, la Vénerie, et qui parcourent les États-Unis du XIXe siècle, à la poursuite de la Dame, une louve-garou au pelage blanc, aussi cruelle qu’intelligente, qui sème la mort par où elle passe. Consciente d'être traquée, elle traverse bois et forêt et rassemble ses troupes, les meutes de loup-garous (ici, nous parlerons plutôt de wendigos) pour exterminer les chasseurs, sinon les ralentir. Au plein cœur de la forêt, nos personnages sont sans cesse sur le qui vive, devant à la fois affronter l'hiver rude et les Rej (les rejetons/wendigos obéissant à la Dame) qui peuvent attaquer à tout moment.



Le roman s’enchaîne avec une alternance de points de vue. Chaque chapitre est consacré à un personnage de notre groupe, ce qui nous permet de mieux les cerner, découvrir leur personnalité, leur histoire, comment ils ont fait partie de la Vénerie et ce qu'il advient d'eux [SPOIL] oui car le roman partage une similitude avec Dix Petits Nègres/Ils étaient dix d'Agatha Christie : nos personnages meurent un à un [/SPOIL]. Ainsi, nous faisons la connaissance d’Aidan Malcom Arlington, ancien journaliste et tireur d’élite, Jonas Jorgensen, armateur, Billy Winters, jeune cowboy, Wilhelm Friedrich Würst, ancien acteur de théâtre et responsable de la Vénerie, Evangeline, muette, ancienne esclave et maîtresse et éleveuse de chiens de chasse, Jack le maître de chasse, et Waukahee Oowesha, une jeune indienne avide de vengeance après avoir vu sa tribu décimée par les wendigos.



De façon globale, les personnages ne m'ont pas paru marquants ou attachants, j'ai toutefois pris plaisir à les suivre et les découvrir plus en tant que groupe qu’en tant qu'individus. Le groupe qu'ils forment, la Vénerie, avec ses codes, ses mœurs et son histoire, et comment chaque personnage qui la constitue est venu à connaître et faire partie de la Vénerie. Quelques personnages auront toutefois réussi à se démarquer et à m'intéresser, notamment Jack, le meneur têtu, pas forcément sympathique mais qui m'a intéressé, surtout dans sa dynamique avec la Dame, la jeune Waukahee et Würst. Sans m'être attachée aux personnages, j'ai quand même espéré leur victoire jusqu'au bout, surtout avec une adversaire comme la Dame.



Nos antagonistes ne sont pas en reste. La mythologie autour des wendigos est intéressante. Loup la nuit, humain la journée, la contamination, leur rapport avec les humains le jour, leur intelligence, leur cruauté. Comment ne pas parler non plus de la Dame. C'est l'Ennemie avec un grand E. Redoutable, rusée, cruelle, narguant nos personnages. L'auteur lui consacre d'ailleurs un chapitre qui me mitige. D'un côté, c'est intéressant d'en apprendre plus sur la Dame, ses origines, son histoire, comment elle est devenue ce qu'elle est. D'un autre côté, son histoire me paraît un peu invraisemblable [SPOIL] faire d'elle l'apprentie de Circé, pourquoi pas, faire d'elle la mère adoptive de Remus et Romulus, fondateurs de Rome, ça me paraît un peu gros, d'autant plus que son chapitre s'achève brutalement, avec la scission entre la Dame et Rome et qu'elle ne résume que brièvement le reste [/SPOIL] et m'a laissé frustré.



L’une des forces du roman est son ambiance. La tension ne redescend pas, nos personnages comme le lecteur sont sans cesse sur le qui vive car une attaque peut se dérouler à n’importe quel moment. Ils avancent dans leur périple avec une épée de Damoclès qui ne cesse de planer au-dessus de leurs têtes. S’ajoute à cette tension l’environnement hostile dans lequel nos personnages évoluent. Les wendigos ne sont pas la seule menace du roman. Nous nous situons dans des régions reculées de l’Ouest sauvage, en pleine saison hivernale où le froid est mordant, dans des forêts enneigées qui sont semblables à des labyrinthes, où les munitions et provisions menacent de s’appauvrir. Face à cette double menace, les chasseurs risquent de devenir les chassés à tout moment.



Notre-Dame des Loups est un roman court mais intense, dont la tension monte peu à peu au fil des pages, au fur et à mesure que les chasseurs se rapprochent de la Dame. C’est une atmosphère particulière que l’auteur a réussi à retranscrire et j’ai été incapable de lâcher ce livre avant de l’avoir terminer. J’ai d’autant plus aimé le dénouement étonnant qui a su clôturer avec brio cette aventure courte mais intense. J’ai seulement moins apprécié les révélations autour de la Dame, même si ce fut intéressant d’avoir un chapitre la concernant.


Le silence est omniprésent. Il est lourd sur ma nuque et mes épaules. Il m'entoure, m'étouffe, me pèse. À chaque fois que mon cheval traverse de son sabot la couche de neige fraîche, à chaque fois que j'inspire l'air glacé ou que j'exhale un souffle de nuage blanc, j'ai l'impression d'être en train de profaner une église, un temple, ou je ne sais quoi de sacré.

Je n'ai jamais été très porté sur la religion, mais par la Dame, ce que je me sens païen et ignorant dans cet endroit ! La forêt Blanche m'écrase de sa majesté, de son immensité, me réduit à ce que je suis certainement : un intrus, minuscule et vain, dans un territoire qui ne lui appartient pas.

1. Cathédrale des Neiges.

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