mardi 22 octobre 2024

Orgueil et Préjugés - Jane Austen.



Élisabeth Bennet a quatre sœurs et une mère qui ne songe qu’à les marier. Quand parvient la nouvelle de l’installation à Netherfield, le domaine voisin, de Mr Bingley, célibataire et beau parti, toutes les dames des alentours sont en émoi, d’autant plus qu’il est accompagné de son ami Mr Darcy, un jeune et riche aristocrate. Les préparatifs du prochain bal occupent tous les esprits… Jane Austen peint avec ce qu’il faut d’ironie les turbulences du cœur des jeunes filles et, aujourd’hui comme hier…




Orgueil et Préjugés est l’un de ces classiques qui reste, à ce jour, acclamé par les critiques, si bien qu’il se présente comme un « must » à lire dans la littérature classique. Forcément, je m’attendais à être conquise et j’étais très curieuse de débuter ce roman.



Au final, je suis complètement passée à côté. Si ma lecture a été divertissante et intéressante sous certains aspects, je dois avouer que le charme n’a malheureusement pas opéré chez moi et que j’ai un peu de mal à comprendre tout l’engouement qu’on prête à ce roman, tout en lui reconnaissant ses qualités. Je ne sais si c’est du au style d’écriture ou aux personnages, pour la plupart oubliables et peu attachants, ou si ce n’était tout simplement pas le bon moment pour moi de découvrir ce roman.



Concernant les personnages, il n’y a bien que Darcy et Elizabeth pour se démarquer. Le premier n’étant pas toujours sympathique mais suffisamment énigmatique et intéressant pour me subjuguer et me faire attendre chacune de ses scènes. Quant à Elizabeth, elle a une répartie qui fait plaisir, une certaine indépendance, un comportement qui frise parfois l’insolence jusqu’à me faire lever les yeux aux ciel mais qui laisse de la place à un développement de personnage plutôt intéressant. En effet, blessée dans son orgueil suite à une remarque que Darcy a faite à son sujet, Elizabeth a décidé de se forger sa propre opinion de Darcy, alimentée par les ragots d’une tierce personne, et de se montrer insolente et provocatrice en sa présence, comme pour se venger de la mauvaise impression qu’il lui a laissé au départ. Bien-sûr, tous deux sont en tord. Darcy a fait une remarque sur Elizabeth sans avoir pris la peine de la connaître avant et Elizabeth, offusquée, a décidé de le détester depuis ce jour et s’est formée sa propre image de lui avec les préjugés qu’elle lui porte. Tous deux se sont faits une image de l’autre, sans apprendre à le connaître.



Au fil du roman, nos deux futurs tourtereaux vont apprendre à se connaître, avec Darcy qui va finalement tomber sous son charme et je dois avouer que c’était très divertissant de le voir aussi courtois avec elle avec notre héroïne qui ne se doute pas un instant de la raison de son étrange comportement et qui se demande bien quelle mouche l’a piquée. J’ai aimé leur dynamique, avec un Darcy d’abord fort peu courtois puis maladroit dans sa façon d’agir avec Elizabeth pour finir par tomber sur son charme et toutes les attentions qu’il fera pour elle, puis les piques d’Elizabeth qui finira par voir que, malgré sa clairvoyance dont elle est si fière, la vanité et sa fierté l’auront bien aveuglé parce qu’elle a été froissée par Darcy à leur première rencontre. Tous deux ont un développement de personnage plutôt intéressant, une occasion pour l’auteure de nous faire ces morales intemporelles : il ne faut pas toujours se fier à la première impression, les apparences sont parfois trompeuses, il faut apprendre à connaître avant de juger, etc.



Les autres personnages sont assez oubliables et peu attachants, outre une petite poignée. Je pense notamment à Jane, sœur aînée d’Elizabeth, qui sont toutes les deux très proches, autant des amies et confidentes que des sœurs, Mr Bennet est assez amusant dans son humour grinçant (ses remarques à l'encontre de ses filles ou de sa femme sont cependant parfois cruelles, même si elles sont drôles...) et Mrs Bennet est amusante aussi mais à travers le ridicule de son comportement avec son insistance à marier toutes ses filles à tout prix et les sempiternelles allusions à ses « pauvres nerfs ». Sinon, les autres personnages et notamment la sœur de Bingley ou les autres sœurs d’Elizabeth (surtout Lydia) sont tout simplement agaçants.

J’ai eu beaucoup de mal à avancer dans ma lecture. Il faut dire qu’il ne se passe vraiment pas grand-chose. On suit simplement la famille Bennet et le train train quotidien de la petite bourgeoisie anglaise du XIXe siècle avec ses bals et autres rencontres mondaines, les éternels cancans, et qu’est-ce qu’il y en a ! à peine un personnage quittait la pièce, les autres occupants de la pièce s’empressent de raconter sur son dos. Ça jacasse, ça caquette, ça raconte sans cesse sur les uns et les autres, et qu’est-ce que c’est agaçant ! Je me rends pourtant bien compte que c’était délibéré de la part de Jane Austen qui a choisi, dans son roman, de nous peindre, voire dénoncer et se moquer de la petite bourgeoisie anglaise de son époque. Comme quoi, l’Humanité n’a pas changé depuis tout ce temps !



Bien-sûr, j’admets bien volontiers que, derrière ces occupations frivoles, les thèmes abordés par Jane Austen sont plus profonds et portent sur la condition féminine à son époque. Il n’y a en effet pas de vie pour une femme en dehors du mariage, et si les tentatives de Mrs Bennet de marier à tout prix ses filles peuvent nous paraître dérisoires, il se cache une réalité plus dure. C’est pour échapper à la disgrâce ou la pauvreté et la misère que ces filles sont poussées au mariage. Le mariage leur apporte une place dans la société mais c’est surtout une sécurité, c’est la garantie d’avoir quelqu’un pour subvenir à ses besoins, lui offrir un foyer qu’elle devra gérer, en plus de la descendance à assurer. Le fait que Jane Austen ait pu dénoncer tout cela à son époque force quand même l’admiration !



Le roman n’est donc pas dénué d’intérêt, et je lui reconnais bien volontiers ses qualités. Le fait est que je me suis quand même ennuyée pendant une bonne partie de ma lecture. Peut-être avais-je besoin d’une intrigue pour que ce roman me passionne, ou d’un contexte autre que cette vie au quotidien, ou peut-être ce contexte de quotidien de cette gentry n’a tout simplement pas suffi à m’intéresser, notamment avec la vie oisive de ces dames et messieurs qui n’ont comme soucis que les papotages, les mariages, les réceptions, les chasses, etc.



Darcy (Matthew Macfadyen) et Elizabeth (Keira Knightley)
dans l'adaptation de 2005


Heureusement qu’il y a des dialogues pour rendre le récit plus vivant et quelques touches d’humour et de sarcasmes toujours bienvenues. Cela dit, je n’ai pas toujours adhéré au style d’écriture. Jane Austen a une jolie plume mais son charme n’a pas entièrement opéré sur moi, j’ai même parfois trouvé son écriture alambiquée, avec de grandes phrases pour ne pas dire grand-chose au final et certaines scènes, que j’aurais aimé voir à travers des dialogues, qui ne sont que des paragraphes [spoiler] par exemple, la seconde demande en mariage de Darcy et Elizabeth qui consent, et le bonheur qu’ils partagent suite à cela [/spoiler]



J’aurai donc enfin découvert ce classique. Je ne suis malheureusement pas tombée sous le charme, ni ai compris tout l’engouement autour de ce roman. Cela dit, il n’est pas dénué d’intérêt ou de qualités, il possède de nombreux aspects positifs, mais ma lecture fut tout de même très laborieuse et je me suis souvent ennuyée. Cela dit, je suis contente d’avoir enfin pu découvrir cette œuvre majeure de la littérature anglaise, et de faire enfin connaissance avec Monsieur Darcy !


- Arrivez ici, mademoiselle, lui cria son père dès qu'elle parut. Je vous ai envoyé chercher pour une affaire importante. Mr Collins, me dit-on, vous aurait demandée en mariage. Est-ce exact ? 

- Très exact, répondit Elizabeth.

- Vous avez repoussé cette demande ?

- Oui, mon père.

- Fort bien. Votre mère insiste pour que vous l'acceptiez. C'est bien cela, Mrs Bennet ?

- Parfaitement ; si elle s'obstine dans son refus, je ne la reverrai de ma vie.

- Ma pauvre enfant, vous voilà dans une cruelle alternative. À partir de ce jour, vous allez devenir étrangère à l'un de nous deux. Votre mère refuse de vous revoir si vous n'épousez pas Mr Collins et je vous défends de reparaître devant moi si vous l'épousez.

Elizabeth ne put s'empêcher de sourire face à cette conclusion inattendue.

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