« Prends garde aux Ides de Mars. »
A l’approche du mois de mars, internet prépare blagues et memes à l’occasion des Ides de Mars, une façon se de moquer gentiment de la mort de Jules César, journée devenue mémorable sur les réseaux sociaux. A cette occasion, j’ai décidé de me coller enfin à la pièce de Shakespeare. Au final, je termine cette pièce le 30 mars (à 15 jours près, ça va, ça passe xD)
Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu de pièce de théâtre. L’avantage, c’est que ça se lit vite. Ce qui m’a aussi rendu la lecture agréable est que cela touchait une période historique qui me passionne, à savoir la Rome antique, et plus particulièrement la fin de la République romaine. Les événements de la pièce n’ont donc pas été une surprise pour moi, mais c’était intéressant de voir ce tableau historique peint par Shakespeare et comment il a choisi de représenter les personnages.
Parmi les personnages, nous avons Brutus, qui m’a bien surprise car il est souvent représenté comme le pire des traîtres. Ici, il est décrit comme un personnage noble et moral, peut-être même le seul dans cette œuvre, tiraillé entre son affection pour César et sa crainte que celui-ci n’abuse de ses pouvoirs et ne devienne un tyran, mettant à mal la démocratie à Rome. Au final, s’il décide de se joindre aux conspirateurs, ce n’est pas de gaieté de cœur, mais pour le bien public, car il craint que César ne devienne un tyran, mais jamais il n’aura un mot visant à salir César. Néanmoins, je pensais tomber sur une histoire père-fils tourmentée et tragique, ce qui n’est pas tant le cas. Brutus est davantage une figure tragique car il est influencé et entraîné dans l’histoire bien malgré lui, ce qui lui vaudra sa perte, alors qu’il ne voulait que le bien commun.
Nous avons également Cassius, un des conspirateurs, qui est un paradoxe. Homme envieux et sans scrupule, il est prêt à tout pour convaincre Brutus de se joindre à la conspiration mais il voue d’ailleurs à Brutus une amitié et une loyauté qui vont jusqu’à la dévotion presque amoureuse. Ensuite, Marc-Antoine, proche de César, j’ai beaucoup apprécié sa loyauté envers César, mais aussi son intelligence, on peut même dire son côté calculateur et fourbe que l’on voit parfaitement illustré dans son discours funèbre au peuple, auprès de la dépouille de César, qui fut tout simplement un délice à lire lorsqu’il fait mine de ne pas avoir de griefs pour les conspirateurs tout en les accusant indirectement et en attisant la colère du peuple sur eux. Le peuple est ici vu comme une girouette, elle a un côté versatile qui est assez comique mais aussi réaliste. Il faut se l’avouer, le peuple a toujours été ainsi, se faire amadouer par nos politiciens.
Finalement, le seul qui soit plus discret dans cette œuvre, c’est bien celui qui donne à la pièce son titre, alias Jules César lui-même. Après la première moitié du 3e acte, exit le grand César, terrassé par les conspirateurs. Mais, au final, que ce soit avant et après les Ides de Mars, César est au cœur même de l’intrigue. Tout d’abord, à travers les conspirations visant à l’assassiner, puis après sa mort, lorsque Octave, petit-neveu de César, et Marc-Antoine vont s’atteler à venger César et à traquer les conspirateurs.
Je n’ai pas grand-chose à dire concernant César. Shakespeare a su en faire un personnage humain. Il est au sommet de sa gloire mais on sent la fragilité de l’âge et, peut-être, de nombreuses années de guerres. Shakespeare reste énigmatique finalement sur la question : César voulait-il abuser de son autorité pour devenir roi et régner sans partage, ou les conjurés ont-ils anticipé un péril qui n’avait pas lieu d’être ?
J’ai aimé me plonger dans cette fresque historique, entre complots, assassinat, tensions politiques et guerre civile. La tragédie monte en intensité au fur et à mesure qu’arrive le meurtre de Jules César puis la dernière partie est tout aussi intense dans la guerre que se livrent Brutus et Cassius d’un côté et Octave et Marc-Antoine de l’autre, jusqu’à la victoire d’un camp. Un classique que je ne regrette donc pas d’avoir découvert, de par l’histoire qu’elle met en scène, où l’Histoire se mêle à l’histoire de nos personnages qui sont complexes et finalement humains.
Ô jugement tu t’es réfugié chez les bêtes brutes, et les hommes ont perdu leur raison ! Veuillez me supporter avec patience ; mon cœur est ici dans ce cercueil avec César, et il faut que je m’arrête jusqu’à ce qu’il me revienne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire