dimanche 20 juillet 2025

Reine d'Égypte - Chie Inudoh.


C'est le début d'une nouvelle ère dans l'Égypte des Pharaons : le mariage de la jeune Hatchepsout et de son demi-frère Séthi fait de ce dernier l'héritier légitime du trône, sous le nom de Thoutmôsis II. Représentants des dieux sur terre, ils resplendissent sous leurs parures, et forment à première vue un couple parfait. Mais sous ses airs d'épouse idéale, Hatchepsout cache une colère profonde... Elle ne veut pas être simple reine, mais plutôt devenir pharaon elle-même, comme son guerrier de père ! Enfant, elle n'a cessé d'humilier Séthi au combat à l'épée, et elle est imbattable au tir à l'arc. Pourquoi ne serait-elle pas digne d'accéder au rang suprême, juste parce qu'elle est née femme ?

Pour Hatchepsout, c'est le début d'un combat pour s'affranchir des conventions ancestrales d'une des plus grandes civilisations du monde !



Reine d’Égypte est un manga en neuf tomes qui raconte la vie de la reine-pharaon Hatchepsout et comment l’Égypte a prospéré sous son règne. Je ne connais que très peu la vie de cette célèbre souveraine, ainsi je ne peux pas m’avancer sur la fidélité du manga concernant son histoire et la véracité des faits racontés mais sans doute que la mangaka a tissé une version romancée de la vie de cette pharaonne, comme le fait la plupart des fictions historiques.



Cependant, j’ai trouvé intéressant cette fenêtre sur l’Égypte antique. La mangaka touche à tout concernant cette époque : l’importance de l’art et notamment de l’architecture, la religion et ses rituels, les rites funéraires, le commerce, la guerre et l’armée, la vie du peuple comme des nobles ou des prêtres, la musique, etc. Le tout sans que cela donne l’impression d’un condensé d’informations, tout est montré et expliqué de façon fluide. Par ailleurs, les décors représentant l’Égypte, ses paysages, ses palais, les vêtements et tout le reste, sont très joliment représentés. On sent que la mangaka s’est bien documentée !



J’ai trouvé intéressant que l’histoire ne soit pas édulcorée et que la mangaka n’ait pas peur d’évoquer, voire de montrer, des thèmes un peu plus sombres avec des scènes assez violentes. Il est parfois question de viol, de meurtre, de fausse-couche. On a aussi quelques scènes de nudité, ou des scènes assez sanglantes. Toutefois, la mangaka ne montre pas cela pour attirer du public, ou juste pour montrer de la violence comme ont tendance à le faire la plupart des fictions historiques.



Hatchepsout est dépeinte comme une femme forte, têtue et ambitieuse ayant une volonté d’acier, décidée à rester seule maîtresse de sa destinée et à prouver qu’elle est capable de régner malgré son sexe. C’est une figure féministe, bien que ce soit à prendre avec des pincettes puisqu’elle entretient une relation conflictuelle avec son sexe tout au long de la série. Elle veut prouver être capable de régner malgré son sexe et que celui-ci n’est pas un frein, pourtant elle se travesti, souhaite se faire représenter comme homme dans ses statues, elle n’aime pas être considérée ou représentée comme femme (j’ai par ailleurs trouvé très intéressant ses scènes avec Meryet, sa (future) belle-fille, dans les derniers tomes, lui permettant ainsi de mieux accepter son identité de femme et qu’elle ne doit pas dénigrer cette identité pour prouver qu’elle est une bonne souveraine).

Hatchepsout est un personnage que j’ai pris plaisir à la suivre sans toutefois m’attacher spécialement à elle ou aux personnages en général. J’ai souvent déploré ses choix, ne sachant pas toujours sur quel pied danser avec elle, et déplorant des choix que je trouvais durs voire illogiques. Paradoxalement, c’est un aspect que j’ai trouvé intéressant chez ce personnage, le fait qu’elle ne soit pas édulcorée, ni parfaite mais tout simplement humaine.



Son ambition de devenir pharaon et son rôle une fois qu’elle l’est devenue la pousse à prendre des décisions qu’on peut juger contestables. Ses décisions sont politiques et souvent en décalage avec le bien-être de son entourage, voire même son propre bien-être. Elle ne pense jamais à elle en tant que femme ou personne, elle n’hésite pas à faire des choix difficiles, même pour elle-même, pour assurer la bonne continuité de son règne et pour l’Égypte, comme éloigner des personnes qui lui sont chères (mon cœur saigne encore quand je repense à sa relation avec Senmout), ce qui fait d’elle une reine froide, rationnelle, ambitieuse par le lecteur comme par ses proches. Toutefois, j’ai aimé qu’elle soit montrée ainsi, pas le cliché de la reine parfaite, douce, contre la violence, mais une diplomate qui n’hésite pas à sacrifier son bonheur et à se salir les mains, à être une guerrière impitoyable comme une reine généreuse et accueillante. J’ai aimé la voir grandir, évoluer tout au long de son règne jusqu’à ses dernières années.




On a aussi toute une panoplie de personnages, outre Hatchepsout, tous les plus colorés les uns que les autres. Ils sont soit bons, mauvais, calculateurs, loyaux, sournois, certains évoluent, d’autres restent ne changent pas. Ceux qui nous semblent être des menaces vont changer et mûrir, d’autres qui semblent loyaux se révèlent plus sombres que prévu. Parmi les personnages récurrents, nous avons Hapouseneb, prêtre d’Amon et proche conseiller de la reine, Senmout architecte et amant de la reine, Djehouty (alias Thoutmosis III) le beau-fils de la reine et l’héritier au trône, Néférouré, la fille d’Hatchepsout, Panéhésy le chancelier, Thoutmotis II le frère et époux d’Hatchepsout. Le récit est rythmé entre Hatchepsout et ses relations avec ces différents personnages, entre épreuves, machinations, trahisons, scènes tendres ou drôles.



Après, ça reste de la fiction historique, une version très romancée de la vie d’Hatchepsout et donc à prendre avec des pincettes. Sans bien connaître son histoire, je pense que la mangaka a pris beaucoup de libertés et s’est aussi basée sur des suppositions. Cela reste toutefois un manga historique que j’ai pris plaisir à suivre. Il m’a manqué un je-ne-sais-quoi pour que ce soit un coup de cœur, mais c’est une découverte sympathique que je recommande pour ceux et celles qui s’intéressent à l’Égypte ancienne.



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